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Le rôle du soccer et l'accès des Québécois à la communauté internationale


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Melting-Pot made in Québec

introduction

Les grandes vagues d’immigration contribuent à replacer de nombreux défis au centre de l’échiquier social et politique. La mise sur pied d’une Commission de consultation sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles révèle à quel point les Québécois semblent plus que jamais désemparés et même divisés sur une politique d’intégration.

Le sport et l’identité nationale

Le sport peut-il servir à forger l’IDENTITÉ DES QUÉBÉCOIS et faire du même coup l’intégration des immigrants?

La langue, la religion, les pratiques culturelles contribuent à constituer l’identité d’un peuple, une fois acceptées par la communauté des nations, ces éléments peuvent devenir distinctifs pour les citoyens qui adoptent cette identité. Le sport aussi est un élément de valorisation de soi et collectif qui joue un rôle majeur dans l’élaboration de l’identité nationale.

Les Canadiens revendiquent l’invention du basket-ball. Si les historiens reconnaissent ce fait historique, cela aura l’effet de renforcer positivement l’identité des Canadiens.

C’est peut-être valorisant pour les Canadiens de savoir qu’ils l’ont inventé, mais de tous les peuples qui l’ont adopté ce sont les Américains qui dominent dans cette discipline sportive. Donc à chaque fois que les États-Unis emportent une médaille d’or aux Jeux Olympiques cela renforce l’identité des Américains. Mais quel pays en retire davantage de valorisation, celui qui l’a inventé ou celui qui en est devenu le meilleur artisan ?

Dans un monde idéal, en plus d’être les inventeurs du basket-ball, pour l’orgueil des Canadiens, il aurait été doublement valorisant s’ils en étaient également les meilleurs praticiens. Alors, le basket-ball aurait constitué pour eux un renforcement positif global.

Mais encore, pour que cela se réalise, il faut que les immigrants qui adoptent le Canada et les Canadiens eux-mêmes, sachent qui a inventé le basket-ball! Voilà l’importance pour le gouvernement canadien d’inonder les ondes de la télévision avec des capsules historiques qui relatent l’invention du basket-ball. Ainsi le gouvernement s’acquitte de sa tâche, par l’entremise de Patrimoine Canada par exemple, de forger l’identité nationale du pays d’accueil.

Par ce geste, l’appareil politique nous confirme qu’effectivement le sport joue un rôle dans l’élaboration de l’identité nationale des Canadiens. Malheureusement, le basket-ball, inventé par les Canadiens, ne stimule pas autant la fibre nationale des Canadiens que le fait le hockey. Habilement récupéré par la politique, cette pratique sportive est l’un des éléments distinctifs de l’identité nationale des Canadiens.

Cela explique pourquoi au Canada le hockey est perçu comme le sport national des Canadiens. Mais faut-il pratiquer le hockey pour éprouver un sentiment d’appartenance à l’identité de ce pays?

Une chose est certaine, le Canada semble avoir réussi ,tant bien que mal , à élaborer une stratégie de valorisation et de promotion de l’identité nationale par le sport. Le hockey en est un bel exemple, suivi non loin derrière par le football.

Le jeu de la double identité

Quelle place entend prendre le Québec dans ce jeu complexe et hautement stratégique de la promotion de l’identité nationale par le sport? Les Québécois parviendront-ils à faire la promotion du Canada et en même temps faire la promotion du nationalisme québécois? Les Québécois s’ont-ils pas pris au piége dans un jeu de la promotion de la double identité?

Dans ce jeu, quelle place est réservée aux nouveaux arrivants?

Sport-Québec, principal voix des Québécois en matière de sport, flanqué du gouvernement du Québec, des commissions scolaires, l'entreprise privée, les MRC et la Fédération québécoise du sport-étudiant(FQSE), nous donne une piste de l’orientation que souhaite prendre le Québec.

Vers une politique d’intégration par le sport

En octobre 2004, Sports-Québec a déposé un mémoire au forum des générations. On y retrouve un certain nombre de stratégies de développement du sport ainsi que le rôle du sport dans la promotion de l’identité québécoise.

Voici deux extraits du mémoire présenté par Sports-Québec :

Extrait 1

« « UN QUÉBEC À PRÉSERVER POUR TOUTES LES GÉNÉRATIONS

D’entrée de jeu, Sports-Québec se réjouit que le gouvernement du Québec précise, dans la vision du Québec présentée sur son portail Internet, que le sport est devenu l'un des centres d'intérêt et l'une des expressions culturelles de la société québécoise »

et que

« Parmi les éléments qui donnent une place prépondérante au Québec dans la francophonie internationale, le sport constitue manifestement un secteur d'activité de choix. »

extrait 2

L’IDENTITÉ DU QUÉBEC, SA CULTURE

Éléments gouvernementaux en lien avec le sport

a. L’identité du Québec, la promotion de ses intérêts et de sa culture o Promouvoir la langue française, la culture québécoise et la francophonie, au Québec, au Canada et dans le monde o Bâtir un Québec inclusif o Accompagner le développement des nations autochtones o Planifier l'immigration et intégrer les nouveaux arrivants • b. La promotion des intérêts du Québec au Canada et dans le monde o Assumer notre leadership o Affirmer la place du Québec sur le plan international » »

Le point qui affirme qu’il faut planifier l’immigration et intégrer les nouveaux arrivants soulève un certain nombre de questions, la plus importante aux yeux de cet auteur étant, comment Sports-Québec entend-il utiliser le sport dans la planification et l’intégration des immigrants?

Entre multiculturalisme et melting-pot

Le Canada s’est longtemps vanté d’avoir une politique multiculturelle qui le distinguait du melting-pot américain, pourtant aujourd’hui il est de plus en plus difficile de dire si le multiculturalisme est encore pratiqué au Canada ?

L’affichage mur à mur du drapeau canadien est un bel exemple d’une nouvelle approche adoptée par Patrimoine Canada , celle qui fait la promotion agressive de l’identité nationale canadienne.

Le principe du melting-pot prétend qu’avec le temps les pratiques culturelles des immigrants fonderont dans la marmite culturelle du pays d’accueil.

Celui-ci accepte d’accommoder (tolérer) certaines pratiques culturelles des immigrants, car il fait le pari qu’avec le temps : les valeurs, la langue, l’histoire, les éléments distinctifs des immigrants seront remplacés par ceux du pays d’accueil. Mais pour que le melting-pot fonctionne deux critères doivent exister.

D’abord, le pays d’accueil doit toujours dépasser en grand nombre à celui de nouveaux arrivants : autrement, comme c’est le cas dans certains États américains ou le nombre de citoyens parlant l’espagnol risque de dépasser ceux qui s’expriment en anglais, les autorités s’empresseront de mettre de côté le principe du melting-pot et imposeront des lois protégeant la langue officielle du pays. Le succès du melting-pot ne repose pas uniquement sur le nombre de citoyens. Il doit son succès sur un véhicule majeur de l’acculturation : l’école.

L’école a longtemps servi à modeler le citoyen désirable, cependant l’évolution de la démocratie lui a retiré une partie du mandat d’acculturation des citoyens. Forcée à se moderniser et à se démocratiser, l’école a dû faire preuve d’ouverture et elle ne peut plus être à la remorque des adeptes d’une culture à imposer. Le retrait des signes religieux catholiques illustre bien cette nouvelle réalité.

Cependant, la société d’accueil souhaite transmettre encore des éléments distinctifs de la culture d’accueil par l’école.

La pratique sportive, moyen idéal, car en apparence sans intention politique ou culturelle, peut avoir une utilité certaine surtout quand elle fait partie-intégrante de l’identité de l’école! A l’intérieur d’un Canada qui est devenu agressif dans la promotion de son identité nationale, il faut se demander comment les Québécois parviendront-ils à forger une identité qui est la leur? Pourront-ils le faire sans abandonner les valeurs humanistes du multiculturalisme?

le hockey élément distinctif de la nationalité des Canadiens

Nous connaissons l’importance du hockey pour l’identité des Canadiens. Ce sport a permis aux Québécois aussi de se valoriser sur la scène locale, canadienne, nord-américaine et même européenne.

Grâce à des idoles comme Maurice Richard, dont la vie a été porté à l’écran, il est possible de constater l’importance de ce sport dans l’élaboration d’une identité nationale québécoise. Il a été le premier grand joueur à s’affirmer et a susciter le respect de ses adversaires, autant sur la patinoire qu’à l’extérieur.

L’action individuelle d’affirmation de soi de Maurice Richard , a été récupérée pour en faire un élément d’affirmation de soi d’une collectivité. Ce qui est tout à fait naturel de faire pour une société qui cherche à se définir. Pour une fois ce n’est pas Patrimoine Canada ou Hollywood qui fait notre éducation historique par le cinéma, mais le mouvement culturel nationaliste québécois!

Les Québécois ont exprimé une fidélité aveugle au hockey, même dans les moments sombres (la perte des Nordiques) ce sport est toujours resté pour eux un élément de renforcement positif.

L’équipe le Canadien de Montréal est encore un élément d’expression commun qui renforce positivement autant les Québécois des villes que des régions. L’ex-entraîneur de hockey Pat Burns affirmait sur les ondes d’un poste de radio montréalais que de « passer derrière le banc du Canadien de Montréal c’est comme aller à l’Université du hockey. »

Il insinuait que les entraîneurs, après avoir reçu une excellente formation en sol québécois, tel des missionnaires exportaient avec grande fierté leur savoir-faire à travers la ligue nationale de hockey.

Un des éléments les plus valorisants pour toute collectivité n’est-il pas d’avoir la conviction de détenir des savoirs et d’avoir la possibilité de les transmettre à ses futures générations?

Pourtant, malgré tout cela, il y à quelque chose qui valoriserait encore plus les Québécois que de savoir qu’ils produisent les meilleurs gardiens de but au hockey, les meilleurs entraîneurs et certains des meilleurs joueurs! Pour plusieurs partisans, la prochaine étape est la mise en place d’une équipe nationale.

En attendant que ce rêve se concrétise, il est intéressant de se demander comment les Québécois nationalistes réussissent-ils encore à s’identifier à une équipe qui les représente dans la LNH et qu’elle se nomme LE CANADIEN de Montréal?

Et si effectivement un jour les nationalistes ont leur équipe , les joueurs, pour garder intact l’identité nationale, seront-ils les bienvenus s’ils portent le nom de famille Esposito ou Rodriguez ?

Le hockey et l’identité perdue

Le hockey, qui a tenté en vain de se vendre aux Américains n’est-il pas en route vers un échec retentissant? Non pas un échec commercial mais la perte de cet élément distinctif de l’identité nationale des Canadiens!

Le peu d’espoir d’étendre la LNH vers le sud des États-Unis porte certains à croire que l’avenir du hockey est en Europe. Malgré que cette idée soit un peu farfelue, certains rêvent d'une super-ligue qui engloberait des équipes européennes. Même si dans l’immédiat l’expansion vers l’Europe est peu probable, il est possible néanmoins d’anticiper les dangers d’une telle ligue pour l’identité des joueurs Canadiens et Québécois.

Le ratio de joueurs étrangers faisant partie d’une équipe professionnelle est un sujet qui a déjà été longuement débattu en Europe dans les grandes ligues de soccer. En Italie et en Angleterre par exemple, les clubs riches se procurent les meilleurs joueurs provenant de pays en développent au détriment de joueurs locaux.

La compétition entre les ligues majeures européennes a produit une libéralisation du soccer qui les a transformées en véritables multinationales. Or quand un grand club de soccer italien se présente sur le terrain dans un match de championnat de ligue, il est constitué presque entièrement de joueurs brésiliens, argentins ou en provenance d’un pays du tiers-monde. Et ça, les Italiens nationalistes ont encore de la difficulté à l’avaler!

Au Québec, le débat sur le ratio des joueurs provenant de l’étranger n’aura pas attendu que la LNH traverse l’atlantique. L’afflux de joueurs européens dans les rangs des équipes nord-américaines fait déjà tout un émoi chez un grand nombre d’amateurs et commentateurs.

Nous n’avons qu’à écouter le discours de commentateurs comme Don Cherry ou de Pat Burns qui se font les porte-parole de l’idéologie conservatrice, même les promoteurs d’un mépris envers les étrangers.

Don Cherry ex-entraîneur de la LNH commente maintenant les matchs à Hockey Night in Canada. Grâce à la CBC ce personnage c’est bâti une solide réputation anti-francophone et anti-européen. Selon lui les joueurs européens sont des mauviettes parce qu’ils portent la visière et refusent d’aller chercher la rondelle dans les coins de la patinoire.

Pat Burns, qui s’offusque si on aborde le sujet de discrimination envers les joueurs québécois dans la NLH( car selon lui, le dénigrement va avec l’emploi) affirmait sur les ondes de CKAC que

« les joueurs européens ne pourront jamais constituer pour leur équipe le gâteau, mais au mieux le glaçage sur le gâteau! »

Burns et Cherry n’auraient pas pu prédire qu'un jour se serait un francais de France qui garderait les buts pour le Canadien de Montréal! Combien de Canadiens et de Québécois qui ont toujours perçu le hockey comme leur sport sont aujourd’hui offensés de voir de plus en plus d’européens débarquer et voler des places aux joueurs d’ici?

Quelle sera la réaction des Québécois (la fin du hockey pour Cherry et Burns) quand un jour le Canadien de Montréal embauchera un entraîneur provenant de la République soviétique? Chose certaine, le hockey ne pourra plus représenter un élément distinctif de l’identité nationale des Canadiens et des Québécois!

Les commentaires de Burns et Cherry reflètent-ils ce que pense une bonne partie de la population? Sont-ils de maladroits porte-parole d’idéologies conservatrices, si non simplement des ex-entraîneurs frustrés?

Chose certaine, le milieu politique et particulièrement celui qui prône l’idéologie du repli-sur soi et adepte d’une culture qui s’impose, ne manque pas l’occasion d’exploiter et de donner à ces commentateurs une place de choix sur les ondes. Ce n’est pas tous les jours que le parlement du Canada reçoit officiellement et honore les individus de la trempe de Don Cherry!

Le football, icône du conservatisme nord-américain

Pour se donner une nouvelle identité les Américains ont entre autres choses inventés leur propre football, l’ont intégré au système scolaire et en ont fait un élément distinctif de la véritable identité de l’élite américaine.

Au Canada, sans l’avouer, on a cherché à imiter les Américains tout en faisant croire que nous n’avons pas tenté de les imiter. Les Canadiens se vantent d’avoir inventé aussi leur propre football. Ils l’appellent le football canadien. Les règles du football canadien le distinguent du football américain autant que se distingue l’anglais parlé au Canada et celui parlé aux États-Unis. Pas grande chose!

C’est pour cette raison qu’il conviendrait mieux de baptiser ce sport Le football nord-américain. Il occupe une place de choix dans le cœur de ceux qui veulent la préservation et la perpétuation de l’identité nord-américaine. Les nationalistes du Canada et des États-Unis trouvent encore dans le football nord-américain l’élément distinctif qui sépare les américains du nord de leur ancien colonisateur, les européens qui pratiquent le football européen.

Si le hockey est promu comme l’élément distinctif de la véritable identité des Canadiens, le football nord-américain obtient une place de choix dans l’élaboration d’une autre identité à préserver, celle d’un citoyen -modèle Nord-Américain.

Le modèle nord-américain pour l’école québécoise

Extrait d’un article paru dans la revue l’ACTUALITÉ :

« « La recette du colonel

À Buckingham, Léo Marleau, ex-militaire, a pris en main une école à problèmes et lui a fait faire un saut de 215 marches au palmarès. Sans un dollar de plus et sans faire de sélection!

par Martin Pelchat

Lorsque l’ex-lieutenant-colonel Léo Marleau a hérité de la direction d’Hormisdas-Gamelin, il y a trois ans, cette école secondaire de l’Outaouais avait des allures de terrain miné. Élèves, profs et parents avaient combattu la commission scolaire, qui avait chassé le précédent directeur en lui reprochant son attitude, qui suscitait des conflits. Les taux de décrochage et de diplomation étaient désolants. Mais depuis, le vent a tourné. Au point qu’on vient maintenant de Joliette ou de Québec chercher des trucs à Buckingham (maintenant fusionnée à Gatineau)! Même un incendie, survenu en décembre 2004, s’est finalement révélé une bénédiction... bien qu’il ait ravagé les deux cinquièmes de l’école.

Sous son commandement, grâce à beaucoup d’audace et de créativité, l’école a fait un bond au palmarès des écoles secondaires, passant du 392e rang en 2001 au 177e cette année. Elle est l’une des écoles ayant le plus progressé depuis cinq ans. La cote globale, alors de 4,7, est maintenant de 6,4. Le taux d’échec, lui, est passé de un élève sur quatre à un sur cinq! Et le pourcentage de décrocheurs au 2e cycle, de 12,3% en 2003, est maintenant de 5,2%.

Le plus étonnant, c’est que toutes ces victoires n’ont pas été une affaire de budget. Le directeur précédent avait défié la commission scolaire pour obtenir plus de ressources. Son successeur était prévenu: il n’aurait pas un sou, pas un prof de plus. Hormisdas-Gamelin comptait 92 enseignants et 1 400 élèves en 2003; elle compte toujours 92 profs, mais... 1 700 élèves! «Je me suis très bien accommodé des ressources que la commission scolaire m’a données, mais on les a utilisées différemment», dit Léo Marleau.

Le roulement du personnel cadre était infernal. L’absentéisme des élèves était en hausse, tout comme la violence et la consommation de drogue. «De septembre à novembre 2002, il y avait eu 19 arrestations d’élèves.» Tout ça dans un contexte de forte croissance des effectifs (le développement de la région, au début des années 1990, avait mené à la construction d’écoles primaires, dont les élèves ont récemment accédé au secondaire). Et au moment où la commission scolaire, en déficit, ne pouvait investir davantage. «Le défaitisme était remarquable, poursuit Léo Marleau. Les employés étaient très préoccupés par le manque de ressources. “Une école de BS”: j’ai dû entendre ça cent fois dans les corridors.» Ce système de voies reposant sur l’intégration des matières a sorti les profs de leur «bulle», se réjouit Micheline Maillé, qui fait partie des 14 chefs de groupe — des enseignants d’expérience libérés d’une partie de leur tâche pour conseiller leurs collègues. La formule de chefs de groupe, inspirée de l’école Grande-Rivière, a été intégrée à la convention collective cette année. «Dans la réforme, on enseigne aux élèves à travailler en équipe, dit Micheline Maillé. Il nous faut aussi acquérir cette compétence en tant qu’enseignants.»

« Hormisdas-Gamelin cartonne en outre là où nombre d’écoles échouent: il n’y a presque pas d’écart entre la réussite des garçons et celle des filles. Pour y arriver, les professeurs y ont mis… du Tigre. Vendredi après-midi. Les élèves ont congé pour le dernier cours, comme c’est le cas trois fois l’an. Par centaines, ils convergent vers la cour, où les Tigres, l’équipe de football de l’école, disputent dans leur uniforme orangé un match de la ligue scolaire. Pendant les temps d’arrêt, la radio de l’école crache des succès hip-hop. Comme un père de famille veillant sur les siens, Léo Marleau, cravate au cou et casquette sur la tête, regarde la partie.

Le football, à Hormisdas-Gamelin, c’est une grosse affaire: 80 joueurs — dont une joueuse —, plus 40 meneuses de claques. Depuis que les enseignants ont eu l’idée d’intégrer les Tigres à la voie sports, le professeur d’éducation physique Carl Élie, 38 ans, entend souvent des joueurs lui confier que, sans l’équipe, ils auraient décroché. «Si l’élève a une seule raison de rester à l’école, dit-il, il va rester.

Même s’il n’aime pas ses cours de maths et de français.» La réussite des gars et la baisse du décrochage reposent en outre sur une idée originale: la voie semestrielle, offerte à partir de la 3e secondaire. Des élèves ayant des échecs dans les matières essentielles à l’obtention du diplôme, souvent le français et les maths, bénéficient d’un accompagnement particulier. Dans de plus petits groupes et avec moins d’enseignants, l’adolescent peut ainsi consacrer la moitié de l’année à reprendre un cours raté l’année précédente, avant de passer, au second semestre, au contenu de l’année courante. «On lui dit: “Tu es rendu là, les autres sont rendus là. Si tu adoptes la formule [de la voie semestrielle], tu peux aller au bal en même temps qu’eux”, explique Léo Marleau. En 4 e et en 5 e, on en perdait 50 par an. Maintenant, ils sont presque tous là en fin d’année. »» L’exemple de l’ex-lieutenant-colonel Léo Marleau et l’école Hormisdas-Gamelin cité dans l’Actualité semble être devenu une mode.

Plusieurs commissions scolaires, la FQSE, avec l’appui des municipalités et l’entreprise privée harmonisent leurs efforts pour mettre en place des programmes de football nord-américain à travers la province. A tel point qu’il faut se demander si le système scolaire québécois n’est pas tombé tête première dans la marmite américaine ?

Au-delà des valeurs pédagogiques revendiquées dans l’article de l’actualité, soit que les programmes de football nord-américain font RACCROCHER LES GARCONS, qu’en est-il des valeurs culturelles que ce sport transmettra aux écoles québécoises ?

Avons-nous pris conscience de tous les éléments idéologiques qui viennent avec la pratique de cette activité sportive, notamment le rôle attribué aux femmes ; soit de faire les poupées-barbies sur la ligne de touche (chear leaders) d’une part et d’autre part la promotion que fait le football nord-américain d’une super-masculinité manifestement homophobe ?

Le football nord-américain est-il l’outil d’expression d’une culture nord-américaine conservatrice? Les Québécois y adhèrent-ils par choix ou cette culture leur sera-t-elle imposée?

Martin Pelchat est journaliste au Soleil de Québec. Il est également l’auteur d’une série d’articles publiés sous la rubrique les leçons du 26 mars( percée politique de L’ADQ). Il est cocasse d’aligner les titres de ces articles :

Premier titre : « Ras-le-bol des solutions montréalaises » Deuxième titre : « La banlieue a parlé... » Troisième titre : « Les libéraux songent à une constitution québécoise (Le gouvernement Charest envisage de doter le Québec de sa propre constitution, une proposition mise de l’avant par l’ADQ dans sa plate-forme électorale).»

Conclusion

En quête d’affirmation, les Québécois gardent encore un goût amer de leur défaite au dernier référendum. Certains ont même attribué aux immigrants une grande responsabilité de leur échec. Mais les immigrants ne sont pas responsables de la difficulté des Québécois à établir une identité collective majoritaire. Les Québécois sont divisés selon plusieurs lignes idéologiques et la crise de l’identité nationale est accentuée par l’adhésion d’un grand nombre de jeunes à l’idée qu’ils sont devenus des citoyens du monde. Pour ces derniers, l’arrivée massive d’immigrants ne crée pas d’angoisse.

Pour d’autres Québécois, les immigrants représentent : le risque de perdre des acquis sociaux, un retour au statut de peuple colonisé et la crainte de voir disparaître l’identité du Québécois pure-laine. Alors, quand les médias montent en épingle le moindre incident a caractère ethnique et quand certains politiciens les récupèrent pour en faire du capital politique, il est naturel pour un bon nombre de Québécois, chez qui habite encore un sentiment d’insécurité, de se tourner vers ce qui leur est connu, vers ce qui les distingue des arrivants.

Priver l’individu ou une collectivité d’aller au bout de son idéal ne fait qu’augmenter son niveau de frustration. De nier au Québécois la possibilité de constituer leur équipe nationale de hockey contribue-t-il à nier au québécois la possibilité de s’exprimer et de renforcer leur identité? Quelles seront les répercussions a long-terme sur l’identité des Québécois le fait d’emprunter à la culture américaine un sport tel que le football nord-américain et de l’institutionnaliser par l’école?

Les nouveaux immigrants et particulièrement les enfants d’immigrants qui fréquenteront l’école québécoise, auront-ils droit au mêmes services peu importe le sport qu’ils choisissent de pratiquer? Les athlètes du Québec auront-ils les mêmes chances d’accéder au financement de l’état qu’ils portent le nom François Gagnon ou Moussa Traoré?

En demandant la mise sur pied de cette commission, L’ADQ ne souhaite-t-il pas identifier les Québécois pour mieux reconnaître les non-Québécois? Avec une politique d’intégration qui oblige les immigrants à s’implanter en région, n’est-il pas déjà une preuve de la volonté de diviser pour mieux assimiler? Les Québécois sont-ils à l’heure du melting-pot, celui fait au Québec? Et en quoi est-il mieux ou pire de celui proposé par les États-Unis?

Une chose est certaine, si nous suivons le chemin tracé par l’idéologie du repli sur-soi, l’Amérique du Nord deviendra le modèle du monde libre, un modèle qui peut aussi s’imposer par le sport !