Site hosted by Angelfire.com: Build your free website today!
le soccer sport d'intégration

soccersociologiesoccersociologie
Qui a dit que le baseball était mort?


accueil



148 PAGES: 20$

commander une copie du livre

Copyright © droits réservés pour le contenu de ce site.

Le baseball est mort?

Le soccer aussi, grace à La Fédération de Soccer et de la Fédération du Sport-Étudiant

Le foot américain à l'école financé par l'école

le foot européen dehors!.. financé par les parents!

Lorsque j'ai communiqué avec la fédération ils m'ont dit ne pas avoir trouvé de ballon de soccer...

Ce cliché accueillait le visiteur au site internet de la FQSE (en 2006)avant que la photo ne soit retiré... cherchez pas ...ils n'y a pas de ballon de soccer!

La reforme du soccer québécois est chose faite. Bravo M Francis Milien et Mme Brigitte Frot vous avez transformé le soccer , les frais de participation vont augmenter pour financer les équipes élite

Au même moment, le foot américain s'installe dans le système scolaire et bénéficie de toute la machine des trois piliers gouvernementale pour son financement! Vous vous êtes vanté de votre bonne gestion maintenant vous n'avez plus besoin de l'état pour vous financer. Deux fois bravo.

Dans la région de Lanaudière SECTION NORD la Commission scolaire des Samares à MÊME donné le mandat a l'un de se directeurs d'école primaire de faire pousser des équipes de football américain en se laissant affecter dans une nouvelle école une fois la mission accomplie.

TOUT CELA EST INCONCEVABLE QUE les 2 COMMISSION SCOLAIRES DE LANAUDIÈRE SONT EN TRAIN D'IMPOSER A VOS ENFANTS ( LES ÉLÈVES) TOUTE LA CULTURE GUERRIÈRE DES USA QUI VIENT AVEC LE FOOTBALL AMÉRICAIN.

Comme les lutins, avec lesquels on les confond parfois, les farfadets s'occupent volontiers des chevaux, dont ils frisent et emmêlent les crinières, et sont généralement serviables. Il est difficile de les décrire car ils demeurent la plupart du temps invisibles, à moins qu'ils ne prennent des apparences animales. 'Le baseball est mort une première fois à Montréal,en 1959.

Le soccer allait-il prendre enfin sa place comme sport estival de prédilection?Certains l'ont cru. Un court moment. Mais la passion est demeurée celle des nouveau Québécois. Le soccer profitera-t-il de la 2é mort annoncée du baseball?Dans ce livre, Jooseph Morelli raconte, affirme, accuse,politise et inspire le débat. Mais quant à moi, il m'a appris la petite histoire du soccer de chez nous.

Petite histoire qui deviendra grande'

-Pierre Trudel, Journaliste CKAC

introduction


EXTRAITS DU LIVRE: "Le problème? Intéresser les Canadiens français au soccer. Ce n'est un secret pour personne, la majorité des adeptes du soccer au Canada sont de récents ou anciens immigrants venus d'Europe. Pour la plupart, ils sont maintenant des Canadiens au sens strict du mot et leur effort pour s'acclimater, se faire un nouveau mode de vie, s'adapter à des coutumes nouvelles et même à un climat différent, leur a valu la sympathie de tous les Canadiens français. Dans plusieurs domaines d'activités, ils se sont mêlés si bien aux nôtres qu'ils en ont adopté le mode de vie, la mentalité et plusieurs d'entre eux comptent parmi nos meilleurs amis. Dans le sport, ils ont souvent été invités à devenir participants, mais lorsqu'il s'agit de soccer, c'est une histoire toute différente. L'invitation ne doit pas venir de la part des nôtres, mais des Néo-Canadiens. Ce n'est pas d'hier que les Européens ont apporté ce sport ici et qu'ils le pratiquent dans la plupart des provinces canadiennes. Mais à cause des moyens trop modestes dont ils disposent, ils ont été forcés de restreindre leurs activités sportives et ils ont recruté parmi les nouveaux venus d'Europe. Nous ne saurions les en blâmer, mais nous croyons que pour populariser ce sport au pays, il faut intéresser les Canadiens, et dans le cas qui nous occupe, ceux de langue française. Et nous croyons qu'à cause du nombre plus grand d'immigrants depuis une dizaine d'années et de groupements qui leur permettent de mettre leurs efforts en commun, ils peuvent disposer de quelques sous pour vendre leur marchandise.

L'expérience a prouvé que les Canadiens n'ont réussi à implanter solidement dans d'autres pays leur sport national, le hockey, qu'en y recrutant des joueurs de ce pays. Nous croyons que dans le cas du soccer, les dirigeants de ligues et de clubs nourrissent d'ailleurs cette ambition afin de stimuler l'intérêt de tous les Canadiens. Sur ce sujet, nous avons appris avec joie la formation d'une ligue de soccer pour écoliers, dans les écoles catholiques de Verdun, et l'organisation de nouvelles ligues, par la direction des terrains de jeux et parcs de la ville de Montréal. Certains clubs se sont déclarés très enthousiastes de ces développements.

Cela peut signifier que dans quelques années, il sera possible de former une équipe entièrement canadienne française, disons qu'on l'appellerait " le Canadien ". Nous croyons que ce serait un apport important pour la ligue, une attraction qui amènerait de plus fortes assistances aux joutes de la Ligue Montréal de soccer. Ce sont des possibilités qu'il nous est facile d'exposer, mais ne sont pas impossibles à réaliser. Avec un peu plus de publicité, nous avons vu les assistances se maintenir à un niveau assez intéressant aux joutes du Cantalia. Nous connaissons nombre de clubs de base-ball de la province qui seraient heureux de compter des assistances de 2 000 et 2 500 spectateurs à chacune de leurs parties. Avec quelques améliorations à leur stade, une meilleure réclame auprès de leur compatriotes et dans les journaux, les dirigeants du Cantalia ont prouvé qu'il est possible d'atteindre un plus haut sommet. Avec un meilleur encouragement du public, les athlètes sont forcés de fournir leurs meilleures performances et le calibre du jeu devient de plus en plus intéressant à surveiller."

Paul-Émile Prince, rédacteur sportif au journal La Presse, 1955.


Le soccer, pratiqué aux États-Unis et au Canada depuis le début du 20e siècle, n'a jamais réussi à s'enraciner dans les moeurs des Nord-Américains. Le seul fait que le soccer ait été exporté par l'empire britannique (perçu particulièrement chez les Américains comme anciens colonisateurs) a sans doute contribué à sa marginalisation comme sport majeur en Amérique du Nord. Malgré leur indépendance politique de l'Angleterre, les Américains sont encore en voie de libération de l'influence culturelle sportive de l'empire. C'est donc avec l'intention de développer leur propre culture sportive qu'ils remplaceront le cricket par le base-ball et le rugby par le football américain. Dans leur affirmation nationale, ils feront du base-ball et du football des outils de promotion de leur propre culture sportive " Made In America ", culture qui sera diffusée autant à domicile qu'à l'étranger. Néanmoins, remplacer le rugby n'aura pas été aussi facile que de remplacer le cricket. Avant qu'ils ne trouvent les règlements qui feront du football un jeu authentique, un grand nombre de jeunes joueurs y ont laissé leur vie.

En 1905, devant un jeu devenu trop violent, les universités de Princeton, Rutgers, Yale, Columbia et Harvard abandonnent le football américain. Pour un court laps de temps, elles envisagent l'idée d'adopter le soccer, mais Harvard les persuade de se tourner plutôt vers le rugby traditionnel. Le docteur Floyd B. Eastwood, du Los Angeles State Collège, a mené une étude entre 1931 et 1954 dans laquelle il a constaté une moyenne de 17 décès par année, imputables à la pratique du football américain. Dans la seule année de 1949, il rapporte 26 décès. Entre 1950 et 1954, il en dénombre 93. Et si son étude avait débuté en 1905, il en aurait constaté 23 cette année-là, puis 26 uniquement en 1909!

Ce sera le prix que les Américains devront payer pour se donner un rempart contre l'omniprésence de la culture sportive de l'empire britannique. Des remparts qui seront d'une utilité inestimable face à l'immigration massive européenne du 20e siècle qui arrive sur le continent nord-américain avec un seul sport en tête : le soccer! Aujourd'hui encore, aux yeux de l'établissement sportif nationaliste américain, le soccer reste le sport des immigrants et ce sport représente une menace à l'identité sportive américaine et un danger pour le base-ball.

Pourtant, le soccer et le base-ball ont déjà tenté de faire vie commune. En 1894, un groupe de magnats du base-ball prennent pour la première fois en charge le soccer professionnel. Non pas tant pour en faire la promotion que pour rentabiliser les stades de base-ball vides pendant la saison morte. Ils mettent sur pied une ligue professionnelle et recrutent des joueurs dans l'Association américaine de soccer. L'expérience dure trois semaines. Depuis, le soccer est toujours resté dans la mire de promoteurs peu scrupuleux pour qui l'ultime objectif était de faire rapidement un coup d'argent. Le soccer a toujours eu un potentiel énorme de remplir les stades; il suffit d'importer des équipes entières de l'étranger.

En 1927 par exemple, au Polo Grounds de Brooklyn, 40 000 spectateurs assistent à une partie entre l'équipe Hakoah d'Autriche et une sélection locale. Un promoteur n'a qu'à mettre sur le terrain des joueurs de qualité, et les stades se remplissent. Le problème, pour certains, c'est qu'ils s'emplissent d'immigrants! Malgré le fait que le soccer ait été boudé par les Américains du Nord, l'arrivée de nouveaux immigrants, chez qui la pratique du soccer était bien enracinée, a toujours permis au soccer de rester en vie. Toutefois, il faut se demander si le soccer ne se serait pas mieux porté sans leur contribution. Sans les immigrants, les Américains auraient-ils moins senti le besoin de devenir une société sportivement distincte?


1-Le Baseball est Mort
" C'est arrivé! Montréal a perdu son équipe de base-ball! L'herbe sauvage va tranquillement effacer le losange du stade avec pour seul témoin, le silence immense des gradins vides. Éteinte, la clameur des masses admiratrices que le base-ball professionnel attirait à Montréal pendant la saison estivale. Quel sport prendra la relève du base-ball? Le soccer, sans être un nouveau venu, se montre le bout du nez avec audace et confiance. "

Voilà les paroles du journaliste Claude Asselin dans un article du Petit Journal en 1960 intitulé : LE SOCCER VA-T-IL REMPLACER LE BASE-BALL? Il parlait des Royaux de Montréal, de la Ligue inter-nationale de base-ball et du stade Delorimier. Aujourd'hui, un demi-siècle plus tard, on pourrait rééditer l'article pour les Expos. Toutefois, il ne faut pas se faire d'illusions. Même si Montréal perdait encore son équipe de base-ball, rien ne démontre que le soccer en bénéficierait. Ce mauvais calcul a déjà été fait en 1959. Alors, à un an de la disparition des Royaux, un fort courant d'enthousiasme s'est emparé des promoteurs de soccer. Pendant que l'herbe sauvage envahissait le stade des Royaux, les promoteurs de soccer y sont allés à grands coups de rénovations dans le nord de la ville : augmentation de la capacité du stade Faillon de quatre à huit mille spectateurs.

Le Faillon, qui était au coeur de la communauté italienne, était la Mecque du soccer québécois. Quatre équipes montréalaises de niveaux comparables à celui de l'Impact (certains diront plus forts) évoluaient dans la Ligue interprovinciale de Québec-Ontario et elles avaient toutes comme domicile le stade Faillon : le Canadian Alouettes, Hungaria, Ukraina et le Cantalia. Cette dernière était l'équipe de la communauté italienne et, en 1959, elle célébrait ses 4 ans. En cette même année, le soccer montréalais était une fois de plus à la croisée des chemins. Avec quatre grandes équipes montréalaises et deux fois plus en Ontario, le soccer ne pouvait souffrir que d'une chose : avoir trop de potentiel.

Et qui dit potentiel, dit spéculation. Un ex-magnat du base-ball, Bill Cox, expulsé de son sport pour des motifs peu louables, devient du jour au lendemain le messie qui va mettre le soccer sur la carte. Il entraîne avec lui dans une grande aventure de soccer, des promoteurs montréalais qui disposent de jolies sommes à flamber. Établi à New York, Cox met sur pied la Ligue internationale avec des équipes entièrement importées d'Europe et d'Amérique du Sud. La ligue de Cox démontre encore qu'avec de bonnes équipes, il est possible de faire sortir les spectateurs et à partir de là, ce n'était qu'une question de temps avant que le soccer ne se propulse au statut de sport majeur. L'idée de Cox semblait alléchante et personne à Montréal ne voulait manquer le bateau. Deux équipes se livreront une bataille à finir pour faire partie de sa ligue. La disparition des Royaux arrive vraiment comme un signe du ciel.

Les promoteurs montréalais ne doutent plus désormais que bientôt, le soccer remplacera le base-ball comme sport estival à Montréal. Le jour de l'inauguration du stade Faillon, les quatre équipes montréalaises partiront en procession, accompagnées par la Canadian Grenadier Brass Band. Ils amorceront cette procession à la Maison d'Italie sur la rue Jean-Talon, en direction du stade Faillon pour une rencontre amicale entre le Cantalia et le Hungaria.

" Nous sommes témoins de la naissance d'un sport qui prendra une grande envergure à Montréal " déclare lors de la cérémonie d'ouverture le Maire de Montréal, Sarto Fournier. Content d'avoir attiré 6 000 spectateurs à la partie d'inauguration, le propriétaire du Faillon, Michele D'Ambrosio, voyait déjà le jour où le Faillon pourrait accueillir 20 000 spectateurs. Un journaliste francophone écrit à D'Ambrosio : " Vous devez commenter les parties en français et vous devez faire parvenir des statistiques aux journaux et n'oubliez pas les paroles de Léo Dandurand; - Si vous réussissez à faire la promotion du soccer auprès des Canadiens français, votre stade Faillon ne sera pas assez grand! " Mais comment faire la promotion d'un sport qui, en 1959, était déjà depuis belle lurette perçu comme un sport d'immigrants? Comment vendre aux Canadiens français un sport qui, après la deuxième guerre mondiale, était perçu sur le continent nord-américain comme le sport ethnique?

CHAPITRE 2-Pourquoi Sport Ethnique Alessandro Momesso : " Je suis arrivé à Montréal le 11 mai 1951. J'avais 25 ans. Je suis arrivé par avion avec Mucelli. Les autres sont arrivés par bateau. Après quelque temps on m'a trouvé un travail comme charpentier. Je savais à peine manier un marteau. Il a fallu travailler très fort pour gagner de l'argent et faire venir ma fiancée. " Vincenzo DiLalla : " C'est mon frère qui m'a demandé de venir jouer au Canada. Je jouais avec le Termoli. À cette époque, il fallait attendre 9 mois pour avoir tous ses papiers pour émigrer au Canada. C'est Cecchi qui s'est occupé de tout. Trois mois plus tard, j'étais ici. Dès que le championnat a pris fin en Italie, je suis parti. J'ai terminé le championnat avec 67 buts, j'étais champion compteur de la ligue en 1950, à 20 ans. J'ai eu un seul regret, avant de partir, le président du Termoli m'a annoncé que 3 équipes voulaient me mettre sous contrat : Foggia, Pescara et San Benedettese qui était en serie B. Mais j'avais déjà signé pour venir au Canada, je ne pouvais pas changer d'idée. " CHAPITRE 6-Soccer Sport Nationaliste " En 1952, la Montreal Soccer League est présidée par l'Irlandais Johnny McCullough. Avec l'Italien Aldo Cecchi et un francophone, Joe Tetrault, en tant que vice-présidents et un Écossais, John Stevenson, au secrétariat, tous les angles seront couverts ", écrit la presse anglophone. La Toronto and District Association regroupe 47 équipes provenant de 30 pays différents. La Metro League, qui en regroupe 12 et dont la majorité représente des communautés ethniques, attire 7 000 spectateurs lors d'un match d'ouverture de la saison, entre le Tridents et le Sparta. Une troisième ligue ontarienne, la Nationale (Ouest), considérée comme la meilleure ligue canadienne, regroupe 10 équipes dont la majorité est anglo-saxonne. Une quatrième ligue torontoise, la Continentale, qui voit le jour en 1952, regroupe huit équipes de fort calibre dont sept composées entièrement de joueurs nés en Europe continentale. Parmi les nouvelles équipes montréalaises, on retrouve notamment le Kickers, une équipe allemande, et le Tricolore, équipe française sur qui on compte pour faire la promotion du soccer auprès de la communauté francophone.

Georges Schwartz : " Je suis arrivé à Montréal à l'âge de 21 ans, au mois de juillet 1951. Quelques mois après Momesso, Mucelli, Bincoletto et Sandrin qui sont d'ailleurs devenus des bons amis. J'ai eu maille à partir avec Momesso parfois, je lui disais qu'il était très athlétique et costaud et qu'il avait assez de talent pour ne pas avoir besoin de jouer avec rudesse. Il me répondait oui, puis il riait et continuait quand même. Mon cousin jouait pour l'équipe juive Macabees qui avait un contingent Hongrois. Il m'a demandé de me joindre à eux. En 1952, quand l'Union Française a mis sur pied le Tricolore, je me suis joint à cette nouvelle équipe de souche francophone. " Vincenzo DiLalla : " À une époque où un travailleur de la construction gagnait au mieux 70 cents de l'heure, Cancar m'a offert un dollar et quarante. Quand je rencontrais des tifosi qui m'accusaient d'avoir trahi la communauté, parce que c'est comme ça qu'ils l'ont pris, je leur posais la question suivante : toi, pourquoi es-tu venu en Amérique? Pour gagner ta vie? Alors moi aussi et si je peux faire encore plus d'argent en jouant au soccer, c'est tant mieux pour moi. "

Pour Thirkettle, le manque de terrains adéquats était devenu un véritable obstacle au développement du soccer. Les meilleurs terrains alloués au soccer pouvaient contenir au maximum 3 000 spectateurs. Ils n'étaient pas clôturés et leur trop grande accessibilité permettait aux spectateurs de les envahir à la moindre frustration. Thirkettle faisait allusion aux nombreux envahissements de terrain que Toronto avait connu cette saison. Mais le phénomène d'envahissement de terrain n'était pas l'exclusivité du monde du soccer. La Ligue nationale de hockey et le base-ball majeur par exemple, avaient compris qu'il fallait à tout prix éviter les envahissements de terrain. Ces organisations prendront tous les moyens pour s'assurer que cela se produise de moins en moins. Au hockey par exemple, pour ne citer que l'année 1952, le président de l'Association de hockey amateur du Québec, Martin Conway, avertit ainsi les entraîneurs suite à une bagarre générale entre les Citadelles de Québec et les Royaux de Montréal : " Le jeu agressif est allé assez loin au hockey, à partir d'aujourd'hui les joueurs impliqués dans des bagarres seront sévèrement punis. Cela vaut aussi pour les entraîneurs s'ils ne font rien pour contrôler leurs joueurs. Les arbitres ont eu comme directive d'appliquer les règlements à la lettre et ceux qui ne respecteront pas les règles le regretteront. "

Dans le Globe and Mail on peut lire : " Clarence Campbell, président de la Ligue nationale de hockey, devra mettre à l'amende deux hauts dirigeants et les menacer d'expulsion de la ligue s'ils ne cessent pas d'intimider les arbitres. Sans nommer personne, il référait à Bill Tobin et Jack Adams respectivement gérants des Black Hawks de Chicago et des Red Wings de Détroit. " Mais aucune ligue ne peut réussir à courber la violence et se donner une bonne image sans l'appui des médias. Le support des médias est déterminant dans le succès ou l'échec d'un sport majeur. Malheureusement le soccer n'a jamais réussi ni à contrôler la foule ni à s'acquérir la bénédiction des médias. Le hockey, par contre, recevra toujours la bénédiction des médias peu importe ce qui se passe sur les patinoires. Mentionnons par exemple l'incident du jeune hockeyeur Robert Gillies, 17 ans, qui jouait pour les Collingwood Greenshirts et qui, en 1952, suite à une mise en échec, chute contre la bande et décède en route à l'hôpital. Cet événement de violence ultime, considéré " accidentel " ne remettra pas en question la pratique du hockey. On ne songera jamais à fermer les arènes. La violence au hockey était bien souvent banalisée ou carrément censurée. Ce qui ne sera pas le cas pour le soccer.

Le soccer, contrairement au hockey et au base-ball, ne pouvait pas se permettre d'incidents disgracieux, car les médias ne l'auraient jamais protégé, comme elles le faisaient pour les autres sports majeurs dits " d'ici ". Ed Waring rapporte ainsi la première fin de semaine d'activités à Toronto, toutes ligues confondues, lundi le 5 mai 1952 : " Quatorze belles parties ont été jouées en fin de semaine et aucune émeute pour marquer le début d'une saison historique. " À la fin du mois de mai, Waring titre ainsi un autre article : " Spectateurs poursuivent arbitre au soccer, sauvé par la police. " Au mois de juillet : " Une autre émeute au soccer. " Au mois d'août, avec une photo de l'arbitre escorté par deux policiers : " La police sauve arbitre au soccer. "

L'émeute du mois d'août entre partisans du club Ukraina et le Canadiens de la National League à Toronto arrive à l'attention de l'Association canadienne de soccer, qui s'en mêle sans ménager sa réaction. Elle écrit à l'Association ontarienne : " Considérant que la majorité des fiascos sur les terrains de soccer impliquent des équipes constituées d'anciens joueurs européens, le gouvernement canadien devrait jouer un rôle dans l'éducation des nouveaux arrivants et les mettre au parfum des façons de faire dans ce pays. Une lettre à cet effet a été expédiée au département de l'immigration à Ottawa. " Le soccer devenait effectivement trop violent, même pour les policiers anglais. Dans la ville de Sheffield en Angleterre, le chef de police décrète : " Le soccer est devenu trop violent pour les membres de ma division, je recommande la pratique de du soccer torontois et de l'Association canadienne. Là-dessus, une résolution ontarienne, demandant que le département de l'immigration soit mis à contribution pour courber le tapage créé par les équipes d'Europe continentale, sera déposé à l'Association canadienne de soccer. La presse anglophone montréalaise écrit : " Seulement quand les nouveaux venus auront démontré une capacité à gouverner et à être gouverné, l'Association canadienne alors pourra-t-elle accorder un statut à des ligues nationalistes qui veulent se séparer du soccer canadien. " "

À Montréal, un cercle sportif canadien cherche à faire disparaître une association sportive de soccer qui, à leurs yeux, pue de nationalisme européen. Ils ont demandé à l'Association canadienne de soccer de refuser l'affiliation à toute équipe qui, soit par le recrutement de joueurs dans son pays d'origine, ou par tout autre moyens, se détache de la vie sportive canadienne avec l'intention de promouvoir sa nationalité. Des protestations sont également arrivées de l'Ontario, qui demandaient l'intervention du Ministère de l'Immigration pour faire cesser le désordre créé par les clubs européens. " Bonnemer est peu impressionné du fait que la nouvelle ligue, composée en majorité d'équipes ethniques, prétendait vouloir inclure une équipe anglo-saxonne. Bien entendu, Bonnemer refusera d'accorder au comité la possibilité d'aller de l'avant avec leur projet. Il invoque trois objections : le caractère nationaliste de la ligue, l'idée que les clubs étaient obligés de jouer tous leurs matchs dans un seul stade, le nouveau stade Faillon, et troisièmement; le manque de clarté de la constitution de la nouvelle ligue quant à ses objectifs à long terme. Bonnemer ne se laisse pas intimider quand le comité menace d'amener lui aussi l'affaire devant l'Association canadienne de soccer et même au bureau du ministre de l'immigration.

Le soccer torontois et montréalais prenait de plus en plus un visage multiculturel et le fait que les équipes s'organisaient autour des couleurs de leur pays d'origine en agaçait plusieurs. Cette idée, que la pratique de leur sport préféré retarderait leur assimilation, était répandue chez la société dominante et, hélas, elle commençait à faire de plus en plus partie intégrante de la vision de nombreux immigrants. Surtout chez ceux qui voulaient à tout prix recevoir le sceau d'appartenance au nouveau pays. Combien d'entre eux procé-deront au changement ou à la modification de leurs noms et leurs prénoms pour cacher leur origine culturelle? Mais tous ne partageaient pas cette vision qui n'était à leurs yeux rien de moins qu'une autre forme d'impérialisme culturel. Le docteur Charles Bayley, dans une recherche doctorale pour l'université McGill : " Si les immigrants arrivent en grand nombre, ils chercheront à s'approcher les uns des autres. Cela aura pour effet la création d'associations et d'organisations culturelles qui leur permettront de maintenir plus longtemps leurs traditions et leurs modes de divertissements. " La pratique du soccer par les communautés culturelles retardait-elle vraiment leur intégration ou devenait-elle, au contraire, un outil de rapprochement entre les communautés ethniques et une opportunité pour chacune d'elles de sortir de leurs ghettos culturels? Dans la presse italienne, on a du mal à comprendre comment le fait d'appeler des équipes de soccer Italia ou Hungaria portait atteinte à la sécurité nationale ou pouvait créer du désordre. Ce n'est pas le fait qu'ils viennent d'Europe qui les dérange, affirme la presse italienne, mais le fait que les équipes continentales soient meilleures. Le drame atteint son apogée quand la presse anglophone apprend la liste des membres du comité qui avait fait la demande de créer la Cosmopolitain League. Elle tombe en état de choc! " White Heads Soccer Loop ", titre le Montreal Star, " il devait y avoir un peu de flair derrière la cervelle qui a concocté le titre de la Cosmopolitan League. "

" Ceux qui se sont objectés à ce projet parce qu'il représentait des équipes d'Europe continentale et des éléments fraîchement arrivés, doivent se préparer à un choc. Vous n'avez qu'à jeter un coup d'oeil sur la liste des membres du comité. Leur président : Charlie White, jadis un de nos meilleurs défenseurs devenu arbitre puis administrateur à la PQFA. Leur premier vice-président : Connie Leber, ancien joueur des Wanderes de Winnipeg qui s'est fait connaître l'année dernière avec les Kickers. L'autre vice-président : Eddie MacLaine, a débarqué au Canada directement de la ligue Écossaise dans les années 20. En 1925, il a établi un record de 60 buts dans une saison, record qui a tenu jusqu'en 1948. Leur secrétaire trésorier : Charley Fallon, était un autre de nos bons défenseurs qui occupe le poste de trésorier depuis quelques années à la PQFA. Shirley Goldner est leur représentant marketing. " Le comité représentait les clubs Hungaria, Italia, Hakoah, Ukraina, Polonia, Kickers et Tricolore. Des équipes à caractère ethnique mais avec des promoteurs anglophones! Peu importe qui en étaient les promoteurs, chaque époque dans l'histoire du soccer nord-américain a dû se confronter à des obstacles de taille. En 1926 par exemple, à une époque où les immigrants étaient presque uniquement de souche anglo-saxonne, le soccer a presque réussi à s'implanter comme sport majeur. Tout était en place pour lancer la première ligue majeure avec quatre équipes canadiennes : le club Maroons de Montréal, le Montreal Carsteel, le Toronto Ulster, le Toronto City et cinq équipes américaines : Fall River, Philadelphie , New York et New Bedford. " Après seulement un an, la ligue disparaît de façon rapide et mystérieuse, " écrit l'historien de soccer, Colin Jose.

À Toronto aussi, les envahissements de terrains ont continué à empoisonner l'image du soccer. Arnold Schomecker, de l'équipe Olympia, affirme que le seul sport que les nouveaux Canadiens connaissent, c'est le soccer et que la ville devrait leur faciliter la pratique de leur sport. Schomecker répondait ainsi à la menace du responsable des parcs de Toronto, Ross Lipsett, de fermer les parcs publics au soccer si les équipes ne parvenaient pas à empêcher les émeutes. À Montréal, la même menace tombe, sur les équipes de la deuxième division, de la bouche de George Mantha, responsable des parcs. Ces événements troublants ne viendront pas pour autant freiner le projet d'une ligue interprovinciale. Mais le problème de terrains restait entier. À Montréal, le stade Faillon pouvait accueillir un maximum de 3 000 spectateurs et à Toronto, le Fred Hamilton Park, pouvait à peine en contenir plus. Il était arrivé parfois que les parties ne pouvaient débuter à l'heure au Fred Hamilton à cause du trop grand nombre de spectateurs à entasser, plusieurs d'entre eux ne voyant même pas le terrain de jeu. Ed Waring écrit : " Les responsables du soccer local peuvent commencer à chercher pour des terrains plus grands. La démonstration en a été faite encore une fois samedi dernier lors d'un match entre le club Ukraina et le Tridents. Au-delà de 5 000 spectateurs se sont entassés dans le stade Broadview, qui au mieux peut en contenir 3 000! Le soccer, qui vient de compléter sa meilleure saison de l'histoire, a remis à la ville plus de 10 000 dollars en frais de location pour le Shaw Street Plant. Là-dessus, il faut compter environ 10 000 spectateurs qui ont eu accès aux terrains sans passer par les guichets. " Frank Thirkettle, secrétaire de la Ligue nationale, espère que la ville investira cet argent dans l'amélioration des stades. " Il y a plus de joueurs à Toronto qu'à Winnipeg ajoute Waring, mais il nous faudrait des gens comme W.G. Coventry, le commissaire britannique du commerce à Winnipeg qui est à la tête d'un comité qui s'est donné le mandat d'amasser 40 000 dollars pour investir dans l'amélioration du stade Alexander, un stade dévoué uniquement à la pratique du soccer et qui peut contenir de 10 000 à 15 000 spectateurs. " Thirkettle ne mâche pas ses mots : " Il y a trop de législation dans le soccer canadien, particulièrement en Ontario. Si la Nationale League faisait construire un stade à ses frais, elle aurait à satisfaire la Toronto & District Association, l'Association ontarienne et l'Association canadienne avant que la ligue ne puisse le rentabiliser. "