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Confidences
26 mars 2003


Lundi,j'attends depuis deux heures. Deux heures à essayer de ne pas écouter les conversations qui flottent autour de moi dans cette salle. Deux heures avant de me faire dire que, peut-être je suis enceinte. Cette annonce me chavire,chamboule mon humeur et mon esprit. Les pensées coulent en mon coeur comme l'eau d'une rivière mise en furie par des pluies torrentielles. Je suis inquiète sans savoir pourquoi. Je n'ai jamais voulu d'enfants et je suis déjà préparée mentalement à un avortement. Aucune larme ne sera versée pour un foetus, qui n'a aucune importance, je le sais déjà. Mais ce qui m'effrait, c'est cette longue aiguille qui devra m'injecter de la morphine si le test est positif. C'est ce qui me fait le plus peur. Peut-être aussi d'annoncer à quelqu'un, un ami, un amant : Je suis enceinte. je vais me faire avorter et tu n'as rien à dire ni à faire. En fait ce n'est pas une crainte, mais un inconfort d'envisager la réaction de l'autre. Mon cerveau embrumé par ce nuage impromptu, je n'ai plus envie de rien. je n'ai pas envie d'aller à l'école, et je me résous à ne pas m'y rendre. Je marche sans m'en rendre compte. Mes pieds ne semblent plus m'appartenir. Puis un arrêt d'autobus me ramène à la réalité et me rappelle que j'ai rendez-vous avec quelqu'un cet après-midi-là. J'attends cet autobus, je me rends au CÉGEP sans me trouver une raison valable d'y aller.Je suis un fantôme palpable. je fais acte de présence, mais mon esprit est ailleurs. Je me rends ensuite à mon rendez-vous. Automate parmis les autres robots socialisés. Regard vide, j'avance sans m'en rendre compte. La seule chose qui me différencie d'eux, c'est la raison qui me pouse à leur ressembler. Mon ami me retrouve, et comprend tout de suite que quelque chose cloche. Il m'interroge, apprend et conseille. Je reviens peu à peu à une humeur plus stable. Je rentre chez moi. je mange sans passion. Puis je me rends avec mon père à la pharmacie. J'achète les antibiotiques prescrits et le test de grossesse. Je reviens à la maison, je fais le test et comprends au bout d'une très longue minute que mes peurs étaient irraisonnées. Je prends mes médicaments et me couche, prise de maux de coeur. Mais malgré le sommeil lourd et la réponse négative qui me réjouit, je ne retrouve pas la tranquilité d'esprit. Depuis deux jours, je navigue de par un océan troublé et colérique. Je souris par automatisme. Les gens qui m'approchent me semble autant d'aiguilles qui tentent de faire éclater ma bulle. Cette bulle qui n'est qu'une protection illusoire et dérisoire. Je ne comprends même pas mes sentiments. Je me suis projeté involontairement dans un néant, qui se remplit à l'occasion, de pensées auxquelles je n'arrive pas à m'accrocher. Tout ça serait tellement plus facile s'il n'y avait qu'un seul point de vue, aussi négatif soit-il, que plusieurs qui me font douter de tout, même de moi-même. Je me retrouve propulsée un mercredi sans vraiment savoir où le mardi est passé, ou ce que j'en ai fait. Il y a des phases de questionnements dans chaque existence. Mais que de néant et de découragement représentent ces phases...