Site hosted by Angelfire.com: Build your free website today!
Balade de l'exil ( pour nos enfants )

«C’est un dur métier que l’exil»
—Nazim Hikmet


Homme de neige
et de fleurs
vivant selon l’instant
et jouant sur le temps
homme de toutes les saisons
et surtout du printemps
et d’herbe verte
comme l’enfance
ou la terre natale
ou le désir qui fait flamber l’amour
comme le four
où cuit le pain du jour
homme de neige
et de fleurs
l’exil est ta prison

femme-enfant
femme de tête et de cœur
ange gardien des invalides
petite fée des laboratoires
princesse du royaume des livres
femme libre des temps nouveaux
fille de la légende
qui enfante l’histoire
enfant de l’espoir
enfant que l’amour invente
différente
mais souveraine de toi-même

femme-enfant
femme de tête et de cœur
l’exil est ta prison

Christ entouré d’enfants noirs
tu te donnes sans retour
prophète exclusif de la race
tu sépares la communauté de la misère
et bâtis les châteaux de l’amour
sur le sable de la haine
toi qui marchais à mes côtés
sur les eaux calmes de la bonté
aujourd’hui laboureur des hautes mers
coiffé de ta couronne d’éclairs
tu cours à bout de souffle
sur la crête de la tempête
Christ entouré d’enfants noirs
tu te donnes sans retour
l’exil est ta prison

fille de haute lignée
dont la mère aux yeux verts comme la mer
a toujours gardé son regard de clarté
épouse prise dans les flammes du désir
épouse aux doigts de fée
mère transfigurée par le feu de l’amour
mère miraculeuse
tu donnas la vie
aux trois que voilà
et redonnas la vie
à celui-là
qui pour la vie t’aimera
pris dans les flammes de la douleur
transfigurés par la lumière de l’amour
l’exil est notre prison



—Paul Laraque (Extraits de Ce qui demeure, poèmes écrits en 1945 et republiés dans Oeuvres incomplètes, Éditions du CIDIHCA, 1999)