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La théorie de l’attachement

par
Maurice Gaudreault

Ce texte est en partie extrait du mémoire de maîtrise
écrit sous la direction de M.A. Provost professeur à L’UQTR



 
Introduction

Dès ses premiers balbutiements, que ce soit à l'aide de l'introspection, de l'observation ou d'autres techniques, la psychologie accorde une importance particulière au développement socio-affectif des enfants.  Ainsi, plusieurs figures de proue, comme Wallon, Spitz, Erikson et Bowlby, diront que les fondements de la personnalité de l'adulte se construisent à partir de la sociabilité de l'enfant.  Cette affirmation alimente encore la recherche en psychologie du développement dont l'un des objectifs est de mettre en lumière les agents du développement socio-affectif.

Les chercheurs  et les théoriciens tiennent spécialement compte de l'apport de la relation d'attachement en tant que facteur contribuant au développement des habiletés sociales et affectives des jeunes enfants.  En effet, le premier lien que connaît l'enfant devient par la force des choses le premier modèle de ce qu'est une relation et de ce qu'il peut s'en attendre.

La théorie

Plusieurs approches en psychologie cherchent depuis longtemps à comprendre l'importance des premières relations affectives sur le développement socio-affectif (social = interactions sociales et affectif).  À cet effet, Bowlby (1969, 1982), caractérise ce lien précoce par l'attachement et affirme qu'il repose sur des fondements biologiques.  En outre, l'attachement jouit de propriétés motivationnelles (qui pousse à agir) comparables mais indépendantes de la satisfaction des besoins de boire, de manger ou des besoins sexuels (Bowlby, 1980).  En fait c'est l'attachement qui a, en réalité, la fonction de fournir une base sécurisante à l'enfant.  Cette façon de concevoir le lien unissant la mère et son nourrisson a changé considérablement le sens et la perception du rôle de la première relation affectueuse (Cummings, 1990).

Historique

Le cadre conceptuel de la théorie de l'attachement a commencé à prendre forme en 1948.  Bowlby s'intéressait déjà à cette problématique mais c'est avec le soutien d'une subvention du Sir Halley Stuart Trust que Bowlby, aidé de Robertson, fait une enquête systématique sur l'ensemble de la problématique des effets de la séparation d'avec la mère pendant la petite enfance et de l'impact de celle-ci sur le développement ultérieur de l'enfant.  Pour réaliser cet objectif, Bowlby et Robertson ont observé des enfants séjournant soit dans un hôpital soit dans une pouponnière.  Ceux-ci étaient éloignés de leur parents pour une longue durée et n'avaient pas accès à un substitut maternel stable.  Bowlby et Robertson ont observé que ces enfants (à partir de l'âge de six mois environ) vivaient de la détresse et que, plus le séjour s'allongeait, plus les troubles étaient considérables au retour dans le foyer d'origine.  Ces troubles, étaient des réactions de protestation, de désespoir et de détachement.  Ils en ont conclu que la perte de la figure maternelle pendant la période de la petite enfance est un événement déterminant dans l'établissement de la personnalité (Bowlby, 1969, 1973).

En 1950, l'ONU demande à Bowlby d'explorer la question de la santé mentale des enfants sans foyer.  Bowlby conclut alors, qu'il est d'une part essentiel que les enfants aient accès à une relation chaleureuse, intime et continue avec leur mère ou avec un substitut maternel stable.  D'autre part, il est aussi important que cette relation apporte de la satisfaction et de la joie pour la mère et l'enfant.  Par conséquent, Bowlby considère que la perte de la figure maternelle est le principal agent pathogène (Bowlby, 1969).

Conséquences de la perte de la figure maternelle: 3 phases liés à la séparation
 Deux observations communes aux deux recherches précédentes sont:
1) qu'il est important que les enfants aient accès à une figure maternelle stable;
2) qu'une séparation prolongée est un agent pathogène de premier ordre.

En outre, la séparation d'avec la figure maternelle engendre des réactions typiques qui dérivent de l'absence de la figure maternelle.  Comme nous l'avons déjà mentionné, trois phases sont identifiables lors d'une séparation prolongée ou à de multiples séparations impliquant l'absence prolongée de la mère: la protestation, le désespoir et le détachement.

La première phase est la protestation.  Habituellement, cette phase débute dès la séparation et peut se prolonger de quelques heures à plus d'une semaine.  Au cours de cette phase, l'enfant manifeste vivement sa détresse et utilise toutes les ressources qui lui sont disponibles afin de retrouver sa figure d'attachement.  Il pleure avec rage, se jette de tout côté, rejette l'aide extérieure qui s'offre à lui et est à l'écoute de tous les indices pouvant signifier le retour de sa mère.

La seconde phase, le désespoir, montre un enfant qui perd petit à petit espoir de retrouver sa figure maternelle.  Ses pleurs sont monotones et intermittents et il devient retiré et inactif.  C'est comme s'il vivait un deuil profond.  Sa détresse est encore présente mais ne se manifeste pas activement comme à la phase précédente.

Enfin, la troisième phase consiste au détachement.  Peu à peu, l'enfant semble réinvestir l'entourage.  Il accepte l'aide d'autrui et se comporte bien socialement.  En général, les personnes qui entourent l'enfant sont encouragées car ces signes semblent refléter la guérison.  Toutefois, au retour de la mère, l'enfant ne montre aucun comportement caractéristique de l'attachement.  Bien au contraire l'enfant se détourne de la mère sans en tenir compte (Bowlby, 1969, 1980).  Ainsi, l'enfant détaché réagit comme si le maternage et le contact humain en général n'avait pas de sens pour lui.  Enfin, l'enfant peut ne plus réagir à l'environnement, se centrer sur lui et démontrer une stabilité superficielle.  Bref se détacher de la figure maternelle ou des gens.

Les phases de la séparation 
se divisent en trois moments:
la protestation, le désespoir et le détachement.


Comportements
Signification
Protestation: l'enfant pleure, se jette par terre et est à l'écoute des indices annonciateurs de la mère,... l'enfant cherche à retrouver sa figure maternelle
Désespoir: l'enfant pleur de manière monotone et intermittente, il se retire et est passif,... l'enfant réagitcomme s'il vivait un deuil
Détachement: l'enfant ne réagit plus à l'environnement, il se centre sur lui et démontre une stabilité superficielle,... perte du sens du maternageet du contact humain

Cependant, la présence de fratrie ou d'un substitut maternel peut réduire avec efficacité l'intensité de sa réaction.  Un environnement étranger, l'état de la mère et la qualité de la relation antérieure avec la mère sont d'autres variables qui jouent sur la réaction de l'enfant mais l'absence de la figure maternelle est de loin la principale variable.  D'ailleurs, ce ne sont pas que les enfants dont la relation avec la mère n'était pas favorable qui éprouve le plus de détresse lors de la séparation d'avec elle mais ceux dont la relation était préalablement affectueuse.  En effet, plus l'enfant manifeste de l'émoi au cours de la séparation, plus cela signifie qu'il était attaché de manière sécurisée.  En conclusion, pour Bowlby l'agent pathogène de premier ordre est intimement lié aux séparations d'avec la mère.

Les schèmes comportementaux

Dans la vie quotidienne, de multiples séparations sont initiées parfois par la mère et parfois par l'enfant sans qu'aucune d'elles n'engendre de réactions majeures ou similaires à la dépression.  Ces séparations, loin d'avoir la signification décrite précédemment, sont tout à fait normales et sont en plus importantes pour le développement de l'enfant.  En effet, l'exploration et la recherche de proximité (l'attachement), les comportements liés et non liés aux soins maternelles sont des schèmes comportementaux essentiels au développement de l'enfant.

Ainsi, Bowlby (1969) rapporte quatre schèmes comportementaux dont les fonctions sont la protection et l'adaptation de la progéniture.  Ceux-ci sont les comportements d'attachement (implique des comportements de signalisation tels que les cris, les sourires, les vocalisations, les regards, l'action de suivre ou de s'approcher d'une personne significative, grimper sur elle, l'embrasser, la serrer dans ses bras) et les comportements d'exploration de l'enfant ainsi que les comportements de soins maternels et les comportements non liés aux soins, c'est-à-dire centrés sur d'autres composantes de la vie quotidienne de la mère.

Au cours du développement, les comportements d'exploration et d'attachement se succèdent.  En effet, comme le fait remarquer Ainsworth (1967), dès qu'un enfant peut se traîner, il part en excursion (système de comportements d'exploration) s'éloignant parfois au-delà du regard de sa mère.  Cependant, il revient de temps en temps afin de s'assurer qu'elle est encore présente et disponible (système de comportements d'attachement) d'autant plus que celle-ci peut être occupée à des tâches autres que celles se rapportant aux soins de son enfant (système de comportements non liés aux soins maternels).

Le système de comportements d'exploration fait rapidement place au système d'attachement si un enfant est effrayé, s'il se fait mal ou si sa figure d'attachement s'éloigne (Ainsworth, Blehar, Waters & Wall, 1978; Bowlby, 1969; Bretherton, 1985).  Dans la même perspective, le système de comportements non liés aux soins maternels s'arrête si l'enfant s'éloigne à une certaine distance de sa mère ou si le temps passé hors de sa vue est long.  Dans ce cas, la mère ira voir son enfant afin de s'assurer que tout va bien (système de comportements de soins maternels).  Enfin, la protection, l'aide ou l'apaisement que procure idéalement la figure d'attachement à l'enfant permet de répondre favorablement à la fonction ultime des systèmes de comportements en cause, c'est-à-dire, de promouvoir la survie et la reproduction de l'espèce (Bowlby, 1969).

En résumé, c'est à travers les expériences de la vie quotidienne que le lien psychologique se forme entre la personne attachée et la figure d'attachement.  Les systèmes de comportements d'attachement et de soins maternels favorisent la proximité entre l'enfant et sa figure d'attachement.  Les systèmes d'exploration et d'absence de soins maternelles favorisent globalement l'adaptation de l'enfant ou plus particulièrement, le développement de compétences diverses dont l'autonomie.
 

 

Modèle de représentations intériorisées

À partir des expériences quotidiennes des soins maternels, d'exploration, de recherche de proximité ou d'absence de soins maternels, l'enfant se construit un modèle de représentations intériorisées (internal working models) de l'environnement, de sa figure d'attachement principale et de lui.

Un modèle de représentations intériorisées se construit à partir des interactions quotidiennes qu'un enfant entretient, d'abord avec sa mère, puis avec les autres personnes significatives qui gravitent autour de lui.  Ainsi l'enfant se construit un modèle constitué de représentations internes de ce que sont:
1) les relations sociales en général;
2) de ce qu'il peut s'attendre d'un lien affectif particulier.

À cet effet, l'un des premiers lien affectif particulier dans la vie d'un nourrisson est celui l'unissant à sa mère.

Modèle de représentations intériorisées flexible et rigide

Idéalement, l'enfant se construit un modèle flexible et sécurisant qu'il généralise aux relations subséquentes.  Un modèle de représentations intériorisées efficace permet au jeune enfant d'anticiper divers phénomènes et le protège des dangers susceptibles d'apparaître dans son environnement de même que dans les environnements nouveaux (Bowlby, 1969).

Mais, si, suite à des expériences déplaisantes répétées avec la figure ou les figures principales d'attachement, ce modèle devient insensible aux expériences changeantes ou inhabituelles,  le comportement de l'enfant peut devenir rigide, inadéquat, voire pathologique (Bretherton, 1992; Bretherton, Ridgeway & Cassidy, 1990; Crittenden, 1985).

Concrètement, si un jeune enfant vit du rejet de la part de sa figure d'attachement principale, il est probable qu'il se forme un modèle de représentations intériorisées de lui comme n'étant pas digne d'être aimé ou accepté et de son parent comme étant insensible, contrôlant, ridiculisant ou ignorant ses besoins (Bretherton, 1992; Bretherton et al., 1990).  De là, les systèmes comportementaux de l'enfant qui se structurent avec le temps cherchent constamment à s'ajuster en fonction du fait qu'ils ne parviennent pas à obtenir la proximité ou la communication (avec la figure d'attachement) essentielle à la sécurité recherchée.  En outre, le système de comportements d'attachement d'un enfant qui se conçoit comme indigne d'être aimé est constamment activé et cette utilisation répétée entraîne le développement d'un attachement anxieux.  Certes, une telle organisation des comportements diminue la douleur reliée aux relations déformées (Crittenden, 1985).  Toutefois, le patron défensif ainsi développé (utilisation régulière des comportements d'attachement) pourraient se transposer involontairement dans de nouvelles relations (Kreppner, 1992; Rutter & Garmezy, 1983) et devenir la base de comportements stéréotypés.

Donc, les théoriciens de l'attachement proposent un modèle aménagé sur des représentations intériorisées se fondant sur l'expérience passée avec ses figures d'attachement (Ainsworth, Blehar, Waters et Wall, 1978; Bowlby, 1969, 1973, 1980).  Prise ensemble ces représentations peuvent être conçues comme une idée représentative ou un modèle cognitif de la relation.  Aspect de l'image de soi, espérance de comportements de la part des autres et impression émotionnelle implicite de la relation sont autant d'éléments qui font partie intégrante de ce modèle (Grusec & Lytton, 1988).  Ce modèle est initialement développé lors des premières interactions mère-enfant et poursuit sa croissance à travers la perspective longitudinale, la croissance de l'enfant et l'acquisition d'expériences avec les figures d'attachement.  Cependant, malgré l'addition de ces composantes, les modèles ultérieurs restent dépendants du premier modèle de représentations de ce qu'est une relation et des premières structures cognitives s'y rattachant (Crittenden, 1985; Turner, 1991).

L'attachement sécurisé

Avec ce qui vient d'être présenté, la définition d'un attachement sécurisant d'Ainsworth (1973) prend tout son sens.  En effet, l'attachement sécurisé résulte de l'établissement d'un lien affectif spécifique qui se forme entre deux personnes (p. ex. mère-enfant).  De plus, une personne peut être liée à plus d'une personne mais ne peut pas être attachée à plusieurs personnes spécifiques puisque ce lien l'engage dans le temps et dans l'espace et qu'il implique de l'affection.  Bien que les sentiments peuvent être complexes et qu'ils peuvent varier de temps en temps, les sentiments positifs dominent, et impliquent de l'affection et de l'amour.

Globalement, l'état d'attachement est décrit comme un état général stable de l'organisme qui transcende le temps et l'espace.  Cet état est implicite car il ne s'observe pas.  En fait, ce qui s'observe se sont les comportements d'attachement dont nous avons parlé antérieurement.  Ainsi, c'est à travers le processus de croissance que les comportements d'attachement s'occupent de promouvoir la proximité et de favoriser le contact entre la figure d'attachement et l'enfant (attachement).  De plus, il facilite l'établissement d'un lien qui procure idéalement de la sécurité à l'enfant (Bowlby, 1980; Desbiens & Provost, 1990) de même que celui de promouvoir le développement de l'autonomie et  des compétences (exploration). 

Contribution de Mary S. Ainsworth

La théorie de l'attachement ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui sans l'apport de Mary Ainsworth.  En effet, les travaux d'Ainsworth ont permis d'aller plus loin en élaborant une procédure empirique (la situation étrange) permettant de mesurer les comportements d'attachement.  Cette procédure expérimentale de quelques minutes consiste à faire subir à un enfant un léger stress comparable au stress quotidien.  La réaction qu'il aura renseigne le chercheur sur la qualité de sa sécurité.  L'un des indices les plus révélateurs de cette sécurité est l'accueil que fait l'enfant à sa figure maternelle (Desbiens & Provost, 1990).  Par exemple, un enfant sécurisé, c'est-à-dire, un enfant pour qui le lien l'unissant à sa figure maternelle est ressenti sans menace, recherche activement un contact physique chaleureux au retour de sa mère.

Les profils d'attachement

En somme, pour grandir en développant son plein potentiel, un enfant a besoin de la disponibilité de sa mère et de l'exploration de son environnement.  Dans une perspective où la mère répond adéquatement aux besoins de son enfant, c'est-à-dire qu'elle est disponible, celui-ci développe un modèle de représentations intériorisées à partir duquel il développe le sentiment d'être compétent et aimable.  Ainsi, la disponibilité physique et affective de la mère sous-tend le sentiment de sécurité de son enfant.  D'ailleurs, les mères des enfants sécurisés (profil B, environ 65% des enfants ) sont généralement tendres, attentives et manifestent de la sensibilité à l'égard de leur enfant (Crockenberg, 1981).  Ce contexte, permet donc à ce dernier d'explorer son environnement dans des conditions favorables, d'autant plus qu'une relation sécurisante lui apporte le sentiment que sa figure d'attachement est disponible s'il a besoin d'elle.  Ultérieurement, cette sécurité lui permet d'établir des relations sociales profitables.  À l'opposé, les enfants anxieux ou insécurisés développent un modèle de représentations intériorisés qui n'est pas aussi efficace.

L'attachement insécurisé se divise en deux profils (A, environ 20% des enfants et C, environ 15% des enfants).  Le premier, fait référence aux enfants anxieux (profil A, anxieux-évitant) qui sont évitants et qui ignorent la mère en période de stress ou lors de la réunion avec leur figure d'attachement suivant l'absence de celle-ci (Ainsworth et al., 1978; Greenberg, Cicchetti & Cumming, 1990).  Ces enfants n'expriment pas nécessairement de la détresse lors de la séparation d'avec la mère mais ils démontrent en quelque sorte cette détresse par leur incapacité de se servir de la mère comme base de sécurité lorsqu'elle revient dans la pièce expérimentale.

Les enfants anxieux ambivalent-résistant (profil C) vivent excessivement de détresse lorsqu'ils sont séparés de leur mère (Greenberg et al., 1990).  Cependant, lors du retour de celle-ci ces enfants ne sont pas rassurés et manifestent une ambivalence entre l'expression de contrariété, de colère ou de résistance et l'expression de dépendance ou de comportements de maintient du contact (Cassidy & Berlin, 1994).

Le profil des mères préoccupées et de leurs enfants ambivalents-résistants

Les mères des enfants ambivalents-résistants sont inconsistantes. Elles sont définies par Cassidy et Berlin (1994) comme peu disponibles et peu sensibles vis-à-vis leur enfant.  De plus, elles initient peu d'interactions avec leur enfant et acceptent peu les contacts qu'il veut initier.

Ce qui particularise ces mères, c'est qu'elles créent de l'interférence lorsque leur enfant tend à explorer.  Cela, a pour effet que l'attention de l'enfant est dirigée de plus en plus vers la réalité ou l'environnement de la mère.  Un tel contexte relationnel conduit l'enfant, incertain quant à la disponibilité réelle de sa mère, à être très dépendant d'elle.  Cette incertitude le pousse à explorer de moins en moins son environnement ce qui réduit la croissance de son autonomie.  D'ailleurs, les mères des enfants ambivalents-résistants tendent à retirer leur affection ou à punir leurs enfants s'ils explorent ou s'ils détournent leur attention d'elles.  Par conséquent, non seulement ces enfants sont peu attirés par les éléments nouveaux et les situations nouvelles de leurs environnements mais encore ils vont rarement vers les pairs et refusent même les offres d'interactions de ceux-ci.  En somme, ces enfants se révèlent comme retirés, dépendants, passifs et inhibés socialement.

Ce profil comportemental résulte, selon Cassidy et Berlin (1994), du fait que ces mères soient davantage préoccupées par leur propre insécurité que par leur rôle de parent.  La distorsion de l'environnement qu'elles transmettent à leurs enfants peut être une façon de rencontrer leurs propres besoins (p. ex. d'avoir quelqu'un près d'elles qui les sécurise) plutôt que ceux de leurs enfants (p. ex. d'être une base sécurisante).  Dans cette perspective, les enfants des mères préoccupées ne développent pas leur plein potentiel puisqu'ils sont absorbés à répondre aux besoins de leurs mères.  En fait, s'ils quittent leurs mères, celles-ci deviennent en contact avec leur propre insécurité.  C'est pourquoi elles développent autant de stratégies pour contrôler les tentatives d'autonomie de leur enfant mais qu'elles sont en même temps incapables d'investir affectivement leurs enfants.  En outre, l'anxiété qu'elles vivent les amènent à être centrées sur leurs besoins d'être sécurisés.
 

 

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