Le pouvoir... plusieurs le veulent, peu l’obtiennent. Pour ceux qui l’obtiennent, c’est une arme à deux tranchants; si on s’en sert bien, on peut aider au succès de bien des gens, mais si on en abuse, et Dieu sait que c’est facile et même parfois tentant d’en abuser, on peut aussi causer le délabrement d’un peuple tout entier. C’est arriver dans bien des pays mais pour l’instant, j’analyserai le cas du Chili où, après que les États-Unis d’Amérique ait, les premiers, abuser de leur pouvoir et de leur influence en aidant fortement à la préparation et au succès d’un coup d’État visant à renverser le président démocratiquement élu, Salvador Allende, pour instaurer une dictature qui à son tour, comme toute bonne dictature, devait abuser de son pouvoir à maintes et maintes reprises. Je traiterai donc des trois ans de pouvoir de Allende; son élection, les changements qu’il a apporté et les implications de ces changements pour le Chili et pour les États-Unis d’Amérique. En second lieu, je traiterai du coups d’état et de l’implication du gouvernement américain dans ce dernier. Finalement, j’élaborerai sur la dictature; la junte, les droits et libertés et les implications de la dictature pour les deux pays déjà mentionnés.
Les trois ans de Allende
L’Unité Populaire était un regroupement des partis radical, communiste et socialiste. Leur Force armée était composée d’irréguliers et d’activistes du MIR. Le parti désigna le sénateur Salvador Allende Gossens comme candidat à la présidence, un socialiste qui avait déjà perdu trois élections. Les élections de 1970 l’opposèrent principalement au démocrate Jorge Alessandri, du Parti National, qui avait déjà remporté des élections contre Allende quelque années plus tôt, et à Radomiro Tomic, candidat des Démocrates Chrétiens quoique presque aussi gauchiste que Allende. Selon Tomic, ‘le socialisme était le meilleur sauveur’ et ‘le meilleur socialiste, après Jésus, lui-même.’ C’est donc dire qu’on a la gauche, Allende, la droite, Alessandri, et un genre de milieu, Tomic, un candidat gauchiste dans un parti de droite. Le 4 septembre 1970, jour des élections, Tomic ne reçu que 28% des votes, pendant que Alessandri en recevait 35%, seulement 1% de moins que le président élu, Salvador Allende Gossens, lequel se retrouvait donc avec une majorité partielle. Les autres candidats réunis ne reçurent que 1% des votes. Ce qu’il faut savoir ici c’est que, contrairement à ce que plusieurs croient, ‘l’Unité Populaire était un parti minoritaire dans le pays, fortement minoritaire même’; 64% du suffrage est allé aux démocrates, laissant aux gauchistes seulement un peu plus que le tiers des votes. La victoire de Allende est donc due principalement à la division des démocrates. En plus, il y avait l’échec de Frei à ‘révolutionner la société chilienne’ dans la liberté, ‘comme une alternative au développement capitaliste et communiste.’ Finalement, le fort appui de la classe ouvrière à l’Unité Populaire, depuis de nombreuses années, a contribué à l’élection de Allende en septembre 1970. Cependant, ces résultats ne plurent pas aux Américains et ce, malgré l’affirmation de Allende à maintes reprises de son désir de conserver de bonnes relations avec les États-Unis, ‘à condition, toutefois, que soient respectés le droit à l’autodétermination et les intérêts du peuple chilien’. Dès lors, la possibilité d’un coup d’état fut prise en considération même si on croyait fermement pouvoir ‘renverser légalement Salvador Allende’, cet ‘enfant de chienne’ selon les dires de Nixon , lors des prochaines élections. Il semble même que le gouvernement de Richard Nixon ait dépenser, à travers la CIA, 11 millions de dollars entre 1962 et 1970 pour tenter d’empêcher l’élection de Allende.
C’est le 3 novembre, malgré bien des protestations, que le nouveau président prend les commandes du pays et que commence la transition au socialisme au niveaux de l’économie, de l’état et de la société. Avec les États-Unis d’Amérique les choses ne s’arrangent guère après la prise de pouvoir de Allende; en plus de couper toute forme d’aide au Chili, sauf l’aide militaire, et de faire des pressions sur les banques internationales pour qu’elles fassent de même, le gouvernement americain déboursera encore 8 millions, avec l’accord de Nixon bien sur, pour nuire à l’économie chilienne durant le règne de Allende. Malgré tout, l’économie chilienne prendra du mieux au cours de la première année de pouvoir de l’Unité Populaire. Celle-ci a réussi, en augmentant les salaires et en bloquant partiellement les prix, à redonner un peu de vigueur à l’économie chilienne. Ils ont compris que pour faire rouler l’économie il fallait d’abord et avant tout redonner un certain pouvoir d’achat aux travailleurs, ce qui a eu pour effet d’augmenter la consommation et donc, comme un enchaînement tout naturel, la production, les profits et les investissements, trois éléments tout aussi essentiels d’une saine économie. En effet, la vague de consommation qui s’en suivit fut étonnante, surtout en comparaison au ‘marasme économique’ qui avait précédé. L’industrie chilienne, qui en 1969-70 ‘n’avait fonctionné qu’à 68% de sa capacité réelle de production’, augmenta cette dernière de 4,2% de janvier à juillet 1971, par rapport à la même période l’année précédente et il y avait beaucoup de surplus. En plus, le gouvernement de Allende a baissé les taux d’intérêts bancaires, de 24% à 18%, ‘pour les prêts aux secteurs productifs’, et pour les moyennes et petites entreprises à 12%, afin de favoriser les investissements. Aussi, le taux de change a été bloqué pour favorisé les importations. Tout cela avait pour but de compenser les hausses de salaires par une augmentation des ventes. Finalement, tout cela a aussi eu pour effet de ramener le taux de chômage, 8% en décembre 1970, à moins de 5% trois mois plus tard.
Le redressement de l’économie était donc l’un des premiers objectifs de l’Unité Populaire, sûrement un peu pour gagner plus de support de la part du peuple, puis on amorça la transition au socialisme; la nationalisation de différentes entreprises et la réforme agraire. Tout d’abord, la réappropriation des mines de cuivre, de nitrate et de fer qui causa des problèmes avec les États-Unis d’Amérique, desquels les compagnies s’étaient vues refuser des compensations pour les mines, en accord avec la ‘Doctrine Allende’. À leur tour, les banques furent nationalisées. D’autres entreprises de différentes tailles et différents domaines furent aussi prisent en charge par l’État parce qu’elles étaient considérées comme voyant leur production menacée par des ‘lockouts’, grèves ou autres. Dans le secteur agraire, le gouvernement de Allende a liquidé le système latifundiste en 18 mois; on créa des ‘Centres de Réforme Agraire’, un programme qui incluait de nouveaux systèmes de salaire et de réinvestissement des profits. Toutefois, les extrémistes gauchistes ne s’en satisfirent pas; ils voulaient une réforme plus radicale et firent donc des pressions pour l’obtenir.
L’année 1972 fut, pour le Chili, une année de crise, à commencer par la destitution de trois ministres par le parlement, pour ‘abus de leur autorité’, en janvier. Reste à savoir qui a réellement pris cette décision... En mars, ce fut le scandale des caisses cubaines, contenant des armes et larguer par avions, qui furent saisies par les douanes. Toujours en mars, on apprit que la production de cuivre avait baissé de 50% au cours des six derniers mois. En plus, il y a l’émergence d’un marché noir. Finalement, l’inflation dépassa les 20% ce mois-là. Mais encore là, à qui la faute véritablement? S’agit-il d’un simple échec du gouvernement de Allende ou d’un sabotage des États-Unis d’Amérique? Probablement un peu des deux...
Un autre problème rencontré par l’Unité Populaire durant ces années, ainsi qu’avant sa prise de pouvoir, furent les conflits internes dus aux différentes idéologies régnant à l’intérieur du parti; chaque groupe a voulu défendre ses propres idées plutôt que l’idéologie du parti. Le leadership de Allende ne fut pas suffisant pour contrecarrer ces différents intérêts partisans et il dû agir comme médiateur à l’intérieur de son propre parti. Pour ce qui est des relations avec l’opposition, elles n’étaient pas meilleures; les Démocrates Chrétiens s’étaient d’abord montré favorable à Allende sur certains points mais, vu l’indifférence de ce dernier, ils se sont ensuite opposé plus durement au nouveau régime, se ralliant progressivement à la droite, le Parti National, pour faire face au ‘danger marxiste’. En juin 1972 le gouvernement dû changer ses plans à cause de la crises économique qui émergeait alors et des conflits politiques grandissant avec l’opposition; le leadership du parti, tout comme ses politiques économiques, était déficient; pour les neufs premiers mois de 1972, le taux d’inflation fut de 99,4%. Peut-être que le plan d’action de la CIA (voir p.4) pour renverser Allende a aussi sa part de responsabilité dans cette crise.
Le socialisme au Chili impliquait donc, entre autres, la nationalisation de certaines entreprises, dont plusieurs qui appartenaient à des étrangers, à des Américains par exemple. En d’autres mots, il semble que pour le Chili c’était une façon comme une autre de ramener tout cet argent chez eux afin que ce soit le peuple chilien qui en profite. Le problème c’est que, avec le régime en place, il est difficile d’offrir une bonne protection contre les compétiteurs étrangers, protection dont les pays ‘en voie de développement’, comme le Chili et la presque totalité des pays d’Amérique Latine, ont grand besoin pour se créer une économie forte, ainsi qu’une véritable indépendance, et devenir ainsi des pays ‘développé’. Parce que même si les pays ‘développés’ aident à créer des emplois en investissant dans ces pays, il n’en reste pas moins qu’ils voient d’abord et avant tout à leurs propres intérêts, les États-Unis nous en ont d’ailleurs donné le plus ‘bel’ exemple au Chili, avec le coup d’État. En plus, tous ces investissements de pays étrangers contribuent à maintenir la dépendance de ces pays envers les investisseurs parce que ce sont eux qui font les gros profits et qui ont donc le pouvoir de réinvestir là où ça leur plaît. Pour vraiment aider le Chili, il faudrait des contrats qui prévoient la cession des entreprises étrangères à des chiliens après un certains nombre d’années. Ainsi, l’investisseur ferait quand même sont profit et le Chili pourrait éventuellement se développer et obtenir sa véritable indépendance. Toutefois, comme la première solution, le coup d’État, est plus dans les intérêts des États-Unis, il y a peu de chance qu’il décide de privilégier la seconde option; pour eux, le socialisme au Chili équivaut à des pertes monétaires énormes, ainsi qu’à une diminution de leur influence sur ce pays et, on le sait, les capitalistes que sont les Américains n’accepte pas facilement de perdre de l’argent; l’embargo sur Cuba tiens encore après 38 ans. On peu dire qu’ils ne comprennent pas vite! À mon avis, dans le cas où le socialisme chilien aurait été un succès, la même chose se serait produite avec le Chili, mais les Américains ont vue venir cette fois-là, on allait pas leur faire le même ‘coup’ deux fois. Reste à savoir si Cuba se porte mieux ou moins bien que le Chili...
Le coup d’État
Le coup d’État, selon toute vraisemblance le résultat d’une conspiration entre la CIA et la droite chilienne, a commencé le 10 septembre 1973. Cette date peut sembler sans importance à première vue et, pourtant, ce n’est pas par hasard qu’on l’a choisi. En effet, il semble que c’est à cette période précise de l’année que les militaires chiliens sont au meilleur de leur forme, en vue du 19 septembre, ‘jour de l’Armée chilienne’, lors duquel est présentée une ‘Parade’ militaire. On peut donc en déduire que le coup avait été pensé et préparé soigneusement par les dissidents de Allende. Selon Armando Uribe, qui fut ambassadeur du Chili à Washington puis à Pékin et donc témoin de ce qu’il nous raconte dans son livre (Le livre noir de l’intervention américaine au Chili) les Américains furent profondément impliqués dans l’élaboration de ce plan depuis le tout début, question de protéger leurs intérêts. Aussi, Uribe affirme que la ‘participation directe d’effectifs américains dans une opération conjointe avec les Forces armées chiliennes’ était nécessaire au succès du coup d’Etat.
Le coup d’État avait plusieurs objectifs bien précis qui devaient être exécutés dans un ordre tout aussi précis afin de garantir le succès de l’opération. Avant toute autre chose, il fallait couper toutes les communications internes et externes du pays afin de ‘paralyser tous les centres de décision du pouvoir -...- de manière à permettre le succès des second et troisième objectifs.’ Ensuite, on doit éliminer tous ces centres de décision pour n’en conserver qu’un, celui des organisateurs du coup d’État; dans ce cas-ci les Forces armées chiliennes et leurs collaborateurs chiliens et américains. Aussi, il faudra entraver le plus possible les activités des différents ambassades, sans nuire à l’ambassade américaine bien sûr; on ne laissera circuler que l’information qu’il sera jugé utile de faire circuler. Tout cela doit permettre d’obtenir le contrôle du pays tout entier, ‘à partir d’un seul centre de décision.’ En troisième lieu, il faudra identifier et éliminer rapidement les ennemis; on incitera donc les Forces Armées à ne montrer aucune pitié face aux ennemis. Elles seront ainsi plus efficaces mais risqueront aussi plus de s’en prendre à des innocents, ce qui aide toutefois au succès du quatrième objectif. Ce dernier, donc, consiste à instaurer la terreur chez le peuple, ainsi qu’un couvre-feu, afin de consolider la permanence du pouvoir et de permettre la reconstruction de l’État. Finalement, on pourra ainsi ‘établir au Chili un gouvernement ami des États-Unis, dépendant d’eux de par son origine et ses besoins futurs, qui jouisse du plein pouvoir militaire, économico-politique, et du prestige que confère le succès. Un gouvernement qui garantisse les intérêts de la sécurité nationale des États-Unis et de l’Occident, et qui protège les personnes et les intérêts privés nord-américains; qui puisse en même temps compter sur des chances raisonnables de demeurer au pouvoir, ayant conquis sa stabilité par une action de force fulgurante et efficace; et qui ait éliminé de manière définitive les dangers, les personnes et les organisations qui s’opposaient, avec des perspectives de réussite non négligeables, aux intérêts des États-Unis et aux véritables intérêts du Chili, à l’intérieur du pays comme à l’extérieur.’ J’ajouterai que, personnellement, je ne suis pas convaincue que les intérêts des États-Unis soient compatibles avec ceux du Chili; j’ai de la difficulté à croire que les États-Unis pourraient un jour défendre des intérêts autres que les leurs et, pour qu’un partenariat soit avantageux pour les deux parties concernées, il faut que les intérêts des deux parties soient pris en considération.
Comme je l’ai déjà mentionné, les États-Unis ont été fortement impliqués dans le coup d’État de septembre 1973; ils ont d’abord collaboré à l’élaboration, la diffusion et la mise en application du plan décrit précédemment, un ‘véritable exercice de coordination entre les officiers concernés’, selon Uribe. Aussi, les Américains ont adapter le plan de façon à ce qu’il concorde avec les activités prévues des différentes agences américaines, toujours en rapport à la situation du Chili. En plus, les services spéciaux de l’US Navy étaient présent près des côtes, ou dans des ports du Chili, lors de la préparation et de la mise en application du plan. Ils offraient ainsi une aide psychologique, logistique, pour les communications et l’assistance de techniciens, le tout, de la façon la plus discrète possible pour ne pas éveiller les soupçons. Des experts militaires, une centaine, sont présent, eux, sur la terre ferme. Ce sont des gens ‘spécialement entraînés dans le domaine des coupures de communications, du sabotage sélectif, de la désorganisation administrative, du soutien logistique, des renseignements, de la direction opérationnelle, y compris des experts en contre-guérilla, et ainsi de suite.’ En d’autres mots, tous les spécialistes nécessaires au succès du plan établi. Une autre forme d’aide qui fut apportée, légalement celle-là, est l’achat d’armes pour les Forces Armées chiliennes, selon les programmes réguliers. Rappelons que l’aide militaire est la seule forme d’aide qui n’a pas été retirée au Chili après l’élection de Allende, on comprend pourquoi, et aussi que cette aide a, comme par hasard, doublé en 1973, année du coup d’État. Pas surprenant donc que le coup ait si bien réussi, avec une telle préparation... et ce n’est pas tout. Les États-Unis apportèrent aussi une aide financière et policière, en plus d’aider au conditionnement et à la manipulation des différentes informations.
La dictature de Pinochet
Le coup d’État fut suivi par plusieurs années de dictature et c’est le Général Augusto Pinochet qui joua alors le rôle de chef d’État. Le propre d’une dictature, c’est bien connu, c’est la terreur, le non-respect des droits et libertés et, bien sûr, la fin de la démocratie pour le pays concerné. Pour ce qui est de la terreur, c’est la junte chilienne qui s’en chargea durant le règne de Pinochet. En effets, des milliers de Chiliens furent emprisonné, torturés ou carrément tués. Pourquoi? Pour la seule raison qu’ils s’opposaient à ce régime de terreur qu’on était en train de leur imposer, ou parce qu’on croyait qu’ils s’y opposaient. Plusieurs aussi moururent pour s’être trouvé dans la rue après le couvre-feu ou pour bien d’autres raisons, tout aussi insignifiantes. Même le colonel Walter Rauff, un Nazi qui avait déjà été chargé de l’exécution de juifs en Autriche, participa à cet autre massacre en collaboration avec la DINA, une police secrète qui contribua à semer la terreur à la grandeur du pays. Autre point commun avec la Deuxième Guerre Mondiale, les camps de concentration, au moins six, établi par la junte. En d’autres mots, le rôle de la junte était de brimer les droits et libertés de différentes manières.
Le cas de Charles Horman, un Américain qui vivait au Chili au moment du coup, est frappant. En effet, l’écrivain aurait été arrêter, chez lui, torturé et finalement tué par la junte chilienne. Une question reste toutefois en suspens: qui a ordonné l’élimination de Horman? Les Chiliens, ou les Américains? Le père de Charles est, pour sa part, convaincu que les Chiliens n’auraient pas osé faire une telle chose sans l’accord d’un Américain. En plus, Charles était à Valparaiso, où le coup d’État fut préparé, lorsque ce dernier débuta et son père croit fermement que Charles y a découvert des informations pouvant prouver la participation des États-Unis au coup d’État. Pour cette raison, on aurait préféré l’éliminer. L’inertie de l’ambassade américaine dans cette affaire tend à confirmer ces affirmations; il n’était pas dans l’intérêt du gouvernement américain de retrouver rapidement Charles Horman, ou plutôt sa dépouille, car de cette façon il aurait encore été possible de pratiquer une autopsie pour tenter d’en savoir un peu plus. Aussi, j’ajouterais que si le gouvernement américain avait réellement voulu que l’on retrouve Horman, il aurait fait les pressions nécessaires sur le Chili pour que le cas soit rapidement réglé. Dans un tout autre domaine maintenant, la junte fut aussi chargée de rendre à leurs anciens propriétaires près de 58% des fermes qui avaient été distribuées aux paysans par les deux gouvernements précédents, Allende et Frei, et donc de renverser ainsi la réforme agraire qui avait été amorcée. Les autres paysans ont été forcé de compenser les anciens propriétaires pour la valeur des fermes expropriées. Les réjouissances des propriétaires latifundistes furent toutefois de courte durée car le régime de Pinochet coupa les subventions au domaine agricole, subventions dont les propriétaires avaient grand besoin.
Une des principales implications de la dictature pour le Chili était, bien sûr, la fin du régime socialiste, et pour longtemps. C’était là le désir de plusieurs Chiliens et, surtout, des Americains. Je dis surtout parce que la plupart des Chiliens auraient sûrement préféré que cela se fasse autrement, c’est-à-dire dans la démocratie et, surtout, la légalité. Pour le peuple chilien, la dictature impliquait des années de terreur, la mise en prison, ou à mort, de parents, d’amis ou de connaissances ainsi qu’un retour à la case départ; la dépendance envers les États-Unis pour une saine économie. En plein ce que les Américains voulaient! En plus, de par leur participation au coup d’État, ils acquéraient une emprise incroyable sur la politique du pays; l’une des premières choses qui fut faites, après le coup d’État, fut d’instaurer un nouveau système politique, un nouveau gouvernement plus à l’écoute des intérêts réels des... États-Unis!
En conclusion, je dirais qu’il faut beaucoup de courage en ces années d’impérialisme américain pour défendre des intérêts contraires à ceux des États-Unis. Les capitalistes sans scrupules que sont les Américains sont prêts aux pires bassesses pour protéger leurs intérêts et, pour le Chili, cela a signifié des milliers de morts et 17 longues années de terreur. Pourtant, je en crois pas qu’il faille abandonner; à Cuba, la bataille dure depuis 39 ans et, bien qu’elle en soit pas gagnée, de plus en plus de pays se tournent lentement vers Cuba, faisant ainsi fi de l’embargo décrété par les États-Unis. Et puis, le capitalisme n’est peut-être pas la meilleure solution pour le Chili, pas celui des Américains en tout cas. Aussi, il existe sûrement d’autres solutions; après tout, il n’y a pas que l’argent dans la vie, du moins… au Chili!
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