Site hosted by Angelfire.com: Build your free website today!

Émile Nelligan 1879-1941

1. L'enfance: 1879-1885

Naissance d'Émile Nelligan à Montréal, le 24 décembre1879, au 602, rue Lagauchetière. Il est le premier enfant de David Nelligan, employé aux postes, et de Émilie Amanda Hudon. Il aura deux soeurs: Béatrice Éva, née le 28 octobre 1881 et Gertrude Fréda, née le23 août 1883.

2. Les études: 1886-1897

En août 1886, Émile entre à l'école Olier après avoir fréquenté pendant un an l'académie de l'archevêché. En septembre 1890, il est externe au Mont Saint-Louis, et trois ans après il passe au Collège de Montréal. Il est à l'écart de toute institution scolaire à l'automne et à l'hiver de 1895, n'entrant au Collège Sainte-Marie qu'en mars 1896. Le 8 mars précisément, il rédige un devoir dont la copie sera bien plus tard imprimée: C'était l'automne... et les feuilles tombaient toujours. Mauvais élève, (il doit reprendre ses éléments latins et sa syntaxe) il ne s'intéresse qu'à la poésie. Il quitte définitivement l'école en 1897, au grand mécontentement de ses parents.

3. La découverte de la poésie: 1895-1897

Nelligan ne rêve que de poésie, au grand désespoir de son père. Il s'intéresse aux romantique: Millevoye, Lamartine, Musset... Très tôt, il découvre Verlaine, Baudelaire, Rodenbach, Heredia, Leconte de Lisle. Signé du pseudonyme Émile Kovar, son premier poème, Rêve fantasque, paraît dans Le Samedi du 13 juin 1896. Sous le même pseudonyme, il publiera de la même façon huit autres poèmes en l'espace de trois mois. Cinq sonnets, signés Émil Nellighan, paraîtront en 1897 dans Le Monde illustré.

4. À l'École littéraire de Montréal: 1897-1898

Le 10 février 1897, après avoir soumis au comité d'admission deux poèmes: Berceuseet Le Voyageur, Émile Nelligan est élu membre de l'École littéraire de Montréal, fondée en 1895 par Louvigny de Montigny et Jean Charbonneau. Émile est le cadet du groupe. Le 25 février, il assiste pour la première fois de l'École; il récite Tristia, Sonnet d'ue villageoise et Carl Vondher est mourant. En mars, il lira d'autres poèmes, Aubade, Sonnet hivernal, Harem céleste. Deux poèmes manuscrits datent de cette époque: Vasque, dédié à sa très chère amie Édith Larrivée, et Salons allemands, sonnet offert à son ami, Louis-Joseph Béliveau, poète-libraire, à l'occasion de ses noces (septembre 1897).

5. Le rêveur solitaire: 1898-1899

Dépressif, replié sur lui-même, tantôt refermé dans sa petite chambre à l'étage du 260 de l'avenue Laval, tantôt en promenade au centre de la ville, Nelligan se plaît à fréquenter les marchées Bonsecours et Jacques-Cartier, s'arrête à l'occasion dans une église. On connaît peu de femmes dans son entourage (Édith Larrivée, Idola Saint-Jean ou Robertine Barry). Il aurait, dit-on, vécu une idylle champêtre avec une Suissesse allemande à l'automne de 1895, mais on n'en connaît pas grand-chose; le même mystère entoure une certaine Gretchen à partir de 1897. La femme chez Nelligan, tantôt réelle, tantôt fictive (artiste, apparition, allusion mythique, négresse lointaine), est bellement ancrée dans l'imaginaire. Et par-dessus tout le monde des rêveries amoureuses réflété dans ses poèmes, le portrait de sa mère et celui de sainte Cécile projettent sa hantise d'aimer.

6. Le créateur fulgurant: 1898-1899

Le 9 décembre 1898, Nelligan est réadmis à l'École littéraire de Montréal qui prépare une série de scéances publiques. La première rencontre avec le public, sous la présidence de Louis Fréchette, a lieu au château de Ramezay, le 29 décembre 1898. Nelligan récite trois de ses poèmes: Un rêve de Watteau, Le Récital des anges et L'idiote aux cloches. À la deuxième scéance qui se tient au Monument national le 24 février 1899, Nelligan déclame Le Perroquet, Bohème blanche, Les Carmélites, Nocturne séraphique, Le Roi du souper et Notre-Dame-des-Neiges. À la troisième scéance, de nouveau au château de Ramezay, le 7 avril 1899, Nelligan fait connaître à l'assistance Prière vespérale, Petit Vitrail de chapelle, Amour immaculé, La Passante. Le 26 mai 1899, Nelligan interprète Le Talisman, Rêve d'artiste, Le Robin des Bois, et la poésie atteint son apogée lorsqu'il clame, voix passionnée et oeil flambant, sa Romance du Vin. C'est son heure de gloire, mais aussi son chant du cygne. Déjà le poète délirant s'engage vers la poésie spectrale, sombrement hallucinatoire, influencée par les lectures de Rollinat, de Musset, de Poe. Le long poème Le Suicide d'Angel Valdor en offre un exemple. Le printemps et l'été 1899 voient naître Je veux m'éluder dans les rires, Déraison, Le Tombeau de Charles Baudelaire, Le Vaisseau d'Or. Le signe avant-coureur du naufrage est là. À la demande de son père, le 9 août 1899, Nelligan est conduit à Longue-Pointe et interné à l'asile Saint-Benoît-Joseph-Labre. Les docteurs Brenmann et Chagnon diagnostiquent: Dégénérescence mentale. Folie plymorphe. Nelligan souffre de démence précoce, une forme de schizophrénie incurable.

7. La révélation d'une oeuvre: 1900-1904

Émile Nelligan avait rêvé de créer une OEUVRE. En septembre 1897, il songeait déjà à un titre, Pauvre enfance. Par la suite, en 1898 et 1899, il propose d'autres plans, encore incomplets: Le Récital des Anges, puis Motifs du Récital des Anges. À l'heure de son internement, seulement 23 de ses poèmes ont été publiés dans des périodiques montréalais. Maintenant, dans les Soirées du château de Ramezay, volume collectif de l'École littéraire de Montréal publié en 1900, figurent 17 poèmes de Nelligan. Cette même année, Louis Dantin inclut cinq poèmes dans Franges d'Autel, recueil de poésies religieuses déjà partiellement publiées dans Le Petit messager du Très-Saint-Sacrement. L'oeuvre nelliganienne se manifeste plus considérablement en février 1904, lorsque paraît son recueil chez Beauchemin, Émile Nelligan et son oeuvre: 107 poèmes ont été choisis et ordonnés par Dantin, le tout précédé d'une remarquable préface de celui-ci, antérieurement parue dans Les Débats, entre le 17 août et le 28 septembre 1902. Cette édition fait connaître Nelligan au Canada, en France et en Belgique.

8. L'homme brisé: 1899-1941

Nelligan passe plus de 42 ans interné à l'asile; d'abord, et pour un quart de siècle, du 9 août 1899 au 20 octobre 1925, à l'asile Saint-Benoît-Joseph-Labre; ensuite à l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu, du 23 octobre 1925 au 18 novembre 1941, jour de sa mort. À Saint-Jean-de-Dieu, le poète est assez fréquemment sollicité du côté de la poésie par les visiteurs, les infirmières, les médecins. Au fil des années, il est ainsi amené à tenter de reconstituer tant bien que mal une trentaine de ses anciens poèmes et à les transcrire dans des carnets de fortune ou sur des feuilles volantes. Cette écriture d'asile est faire d'approximations du passé, fruits d'un esprit affaibli et d'une mémoire défaillante.

9.Le poète et son mythe: 1941-1992.

La mort de Nelligan, le 18 novembre 1941, marque en fait son commencement. Son oeuvre inachevée va plus que jamais attirer et fasciner le public. On publie ses recueils et des éditions de toutes sortes: de luxe, critiques, illustrées, anthologiques, scolaires... sans oublier la traduction anglaise de Fred Cogswell, parue en 1983. On consacre à Nelligan des thèses de doctorat et de maîtrise. Depuis 1979, à l'initiative de Maurice et Gilles Corbeil, un prix Émile-Nelligan est décerné annuellement à un jeune poète canadien. Nelligan est devenu un classique, un nom incontournable dans l'histoire de la littérature québécoise.



Retour à la table des matières