MOBILE films
Cannes 2005
Les courts métrages se cherchent un mobile,
Orange dévoile demain
le palmarès de son concours
de films pour
téléphone portable dernière génération.
Par Annick RIVOIRE
http://www.liberation.fr/page.php?Article=295845 jeudi 12 mai 2005
Vous débutez la lecture d'un genre embryonnaire,
la critique cinéma riquiqui.
Au moins autant
que le film pour mobile.
Elle nécessite, eu égard aux conditions
de
visionnage, une mise en garde (voire un budget ophtalmo) : l'écran mobile,
fût-il
dernière génération (la 3G, le haut débit mobile jusqu'à 2 mégaoctets par
seconde) taille 3,5 x 2 cm (5 x 8
cm sur les PDA).
Orange, l'opérateur de
du premier «concours de films
courts pour téléphones mobiles». S'appliquant
à
copier les
grands, avec président de jury du milieu (Régis Wargnier) et prix de
8 000 euros au premier des cinq lauréats (sur vingt-cinq films). Jusqu'à la
délibération, mardi à
Paris, le jury n'avait vu les films qu'en DVD...
Au-delà de la qualité des films (un tiers de vraies daubes, un tiers d'honnêtes
réalisations, un tiers de chouettes
courts) est ainsi mise en scène la «validation
de l'hypothèse stratégique d'Orange», explique son directeur de la marque,
Jean-Noël Tronc. «L'audiovisuel sur mobile est un secteur
émergent dont le genre
est le court métrage.» L'opérateur se voit déjà comme «le quatrième écran, après
la salle
de cinéma, la télévision et le Net». Sans
doute l'usager prend-il plaisir à
consulter la météo, un flash ou un clip, il est plus douteux qu'il passe des heures
à regarder (et à payer) un sablier d'attente ou des messages d'erreur.
Flou pas artistique. Non
seulement un film sur deux est
coupé à la lecture, mais la
qualité de l'image rappelle les premiers films sur l'Internet (pixellisation,
interruptions...). On veut
bien tabler sur une amélioration
technique.
Le contenu même d'une grosse
moitié des films ne passe pas la rampe d'un
visionnage sur mobile.
Lancé au festival du court de
Clermont-Ferrand en février,
le concours a suscité
600 contributions, dont une minorité créée
pour le mobile. Orange s'en félicite,
nous moins : mouvements
rapides de caméra qui transforment l'image en flou pas
artistique ; plans larges et sous-titres
qui la rendent illisible ;
ambiances nocturnes
qui ne passent
pas plus que les images trop composites ou le son de mauvaise qualité...
Ajoutez les messages abstrus («erreur aucune zone de couverture UMTS»,
«aucune
réception», «délai de
connexion dépassé. Réessayer») et tout cinéphile
qui
se respecte
fuira ladite fenêtre.
Qu'est-ce qui
surprise, la narration coup de poing
et le filmage façon clip. Surtout les animations,
tel l'excellent The
Microwave, virtuose et drolatique
qui mixe références aux
mastodontes des effets spéciaux, d'ET à Jurassic Park, en les incrustant
dans une
course-poursuite enlevée à
l'échelle d'une piaule d'étudiant.
Triturer. Dans cette
sélection ultraconvenue, un seul film invente
une narration
autour de la communication nomade.
Heartbroken in London, de Sophie Reverdi,
est un étrange ballet autour de la visiophonie, prenant prétexte d'une séparation
pour triturer ses images saturées et refléter les nouveaux modes d'échange.
Bref, la seule bonne nouvelle, c'est qu'un nouveau canal de diffusion s'ouvre
aux réalisateurs.
Palme double pour les frères
Dardenne
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