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UN GRAND BRETON N'EST PLUS

Morvan Marchal, Druide Maen Nevez

 

A-hed an noz'm eus kerzet                                            O toi dont le maillet

Renet gant va steredenn                                             frappe joie ou malheur

War hentou ar bed                                                      Écoute, Sukellos, notre

(Diougan)                                                                     humaine clameur (M.N.)

 

 


est né au début du siècle en 1901, à Vitré, ville frontière de Bretagne, cette cité ayant encore gardé de nos jours son aspect médiéval.

 

Alors que naissait M. Marchal dans cette vieille ville, riche d'un passé intimement lié à notre histoire, décédait en cette première année du siècle, le plus savant, le plus prestigieux historien de notre pays : Arthur de la Borderie, lequel sut mettre en lumière tout ce passé de luttes et de gloires que fut la nationalité bretonne au cours des âges.

 

Morvan Marchal n'a pu rendre le dernier soupir sur la terre bretonne et ce fut très certainement son regret intérieur. Je savais combien il eut aimé revoir ce cher pays auquel sa vie fut consacré par une pensée sans cesse en éveil et une plume talentueuse ; il fut pendant l'entre deux guerres, le gouvernail doctrinal de l'Emzav (Mouvement Politique, la Révolte)     

 

Après la première guerre mondiale, élève architecte à l'École des Beaux-Arts de Rennes, il sortit de cette école avec le D.P.L.G. pour son grand projet de cathédrale bretonne, néo-celtique, dédiée à Saint-Judikael, roi de Bretagne. Ce projet, suscitant tous les suffrages fut couronné par une médaille d'or du «Salon des Artistes français» en 1928.

 

Le connaissant depuis sa prime jeunesse, je me souviens encore en plus d'une foi bretonne, lucide, avisée, combien mon vieil ami suscita cet engouement autour de lui, pour le patrimoine artistique de nos Pères…

 

Morvan Marchal fonda très courageusement au début de 1919 ce petit journal qui devait être tout une part à cette épopée, riche de progrès pour notre cause, mais aussi combien endeuillée et dont le sang breton fut versé au Service des Droits de la Patrie bretonne.

 

Ce petit journal était «Breiz Atao» (Bretagne Toujours) qui devait donner une nouvelle impulsion à notre Renaissance.

 

Il assura la direction doctrinale de B.A. et de la «Yaouankiz Vreiz» (Jeunesse Bretonne) jusqu'en 1928.

 

Après un soutient à l'éphémère «Bretagne fédérale» dont il inspira la fondation, il se tourna vers les études philosophiques et occultistes dans le sens traditionnel.

 

Aussitôt mon premier numéro de «Kad» en 1936, il apporta de suite sa collaboration, laquelle permit de jeter les bases d'un celticisme spirituel et rituélique riche de promesses d'avenir…

 

Durant la guerre 1939-45, faisant suite à «Kad» en sommeil, Maen Nevez publia la séduisante et érudite revue qui avait pour titre «Nemeton» (La Clairière).

 

La tourmente niveleuse et anti-bretonne d'un gouvernement cristallisant les rancœurs d'un chauvinisme stérile vint anéantir en 1944 la situation matérielle et les espérances de bon nombre de courageux combattants du celticisme et de la Bretagne. M. Marchal fut de ce nombre.

 

Dès qu'il eût pu retrouver un peu d'apaisement, Maen Nevez devait sentir les atteintes d'un mal qui aura raison de sa robuste constitution.

 

Après quelques contributions à des revues, parmi lesquelles, je ne saurais oublier «Le Symbolisme» de mon ami Marius Lepage, de Laval, notre confrère laissera encore des regrets, quittait déjà le champ des luttes humaines pour son périple ascendant vers le Gwenva (Le Monde Blanc).

 

Je ne saurais omettre ses quelques poèmes ardents de qualité et que publia «Kad», partie d'une œuvre dont nous espérons voir un jour la publication.

 

Je ne saurais non plus oublier de signaler son remarquable travail sur l'architecture bretonne, travail savant, inspiré, mais, hélas ! inachevé en raison de sa santé chancelante.

 

Mon ami des jeunes années, mon confrère Maen Nevez n'est plus. Sa dépouille mortelle repose depuis fin août dans une terre qui n'est pas nôtre : terre passagère, il faut l'espérer, car nous formons le vœu que notre frère en la Bretagne et le celticisme - celui qui fut un phare au milieu des éléments déchaînés du demi-siècle - revienne dans cette terre des Marches qu'il a tant aimée.

 

Aimant par dessus tout son pays gallo, ce premier hommage se devait de venir d'un Gallo parmi ceux qui ont montré à tous leurs compatriotes combien ils étaient conscients, à la lisière, de leur mission de défense du patrimoine et du sol!

 

Morvan Marchal, tu es parti rejoindre l'immortelle cohorte des grands protecteurs de notre peuple : sois en paix! Ton nom sera gravé dans le cœur des vrais Bretons. Ton nom Morvan Marchal, druide Maen Nevez, sera inscrit en lettres d'or au chapitre de notre Histoire contemporaine!

 

Mes amis dans le celticisme, saluons la mémoire de Maen Nevez, par les trois essences divines.

 

Neven Lewarc'h, Druide.           

Fondateur de «Kad»,                       

Maître-sculpteur.                                                        

 

 

 

 

ARTONOVIOS,druide

 

Le mouvement breton est riche de personnages hors série et qui ne sont devenus tels que précisément parce qu'ils avaient retrouvé le sens de la terre, de leur terre. L'une des figures les plus marquantes depuis le renouveau qui a suivi la première guerre de ce siècle était sans doute Morvan Marchal. Jamais nous ne saurons reconnaître pleinement tout ce que nous devons à celui qui  fonda Breiz Atao et déclencha ainsi l'essor de la Bretagne moderne fidèle à son passé, mais surtout tournée vers l'avenir et tentant désespérément de réaliser son destin de nation.

 

Il vient de s'éteindre, épuisé par une cruelle et longue maladie, oublié de beaucoup, de la plupart devrait-on dire, même, et surtout de ceux qui lui devaient le plus, nous tous qu'il a fait ce que nous sommes : des Bretons et seulement des Bretons. Mais il est mort seul ou plutôt au milieu de cette effroyable promiscuité qu'est la salle commune d'un hôpital parisien sale et surpeuplé. Je l'ai vu pour la dernière fois voici un mois étendu sur son lit de fer, anonyme au milieu d'un couloir de Lariboissière, car les salles étaient déjà trop pleines. Déjà il s'affaiblissait, mais savait regarder en face la mort qui venait sans qu'une plainte lui échappât. En d'autres temps et surtout en d'autres pays on se serait efforcé d'adoucir ses derniers moments. Mais où est la maison de retraite à laquelle pourraient prétendre ceux qui ont tout sacrifié à notre pays?

 

En 1920, il y avait en Bretagne des intentions pieuses, des discours ronflants, de méchantes poétailleries et des banquets généreux où le gros rouge se mêlait au folklore le plus visqueux. Depuis, il y a eu Breiz Atao, c'est-à-dire Debauvais, Mordrel, Hemon, Abeozen, Drezen, Riou et tout ce qui compte dans notre vie nationale, mais au commencement il y a eu Marchal, ce Gallo des marches qui ne sut jamais douze mots de breton, mais qui secoua si bien notre pays qu'il en frémit encore. Actuellement, dans toutes les fêtes bretonnes, le Gwen-ha-Du claque au vent de galerne, mais combien savent que c'est Morvan Marchal qui le conçut, le créa et le répandit? Pourtant, en revenant d'Afrique voici trois ans, lorsque je vis Morvan pour la première fois, je le vis fixer à ma boutonnière avec une intense émotion : je portais le Gwenn-ha-Du, mais lui n'en possédait même plus un et ignorait qu'il eût été tiré des insignes…

 

Ignoré aujourd'hui de beaucoup, il n'en a pas moins été de ces phares qui ont recréé la Bretagne moderne. Et c'est l'honneur de la Gorsedd de l'avoir reçu dans son sein en reconnaissance de tout ce que nous lui devons.

 

Kadvan, Druide

 

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An Tribann, revue trimestrielle de la Gorsedd

1963, no 33 et 34, second et troisième trimestre

Nantes

 



Les précisions de Morvan Marchal sur le Gwenn ha Du

MORVAN MARCHAL ( 1900-1963 )
Morvan Marchal est né le 31 juillet 1900 à Vitré. Après une école d'architecture et les Beaux-Arts à Rennes puis à Paris, il fonde, en 1918, le mouvement Breiz Atao. Il conçoit le Gwenn ha Du en 1923. Peu à peu , il se tourne vers des études druidiques et fonde avec Bayer du Kern ( un des participants du dynamitage de la voie ferrée d'Ingrandes en 1932 ) et Raffig Tullou, la revue Nemeton. D'un caractère assez instable, Morvan Marchal a souvent rompu avec le mouvement Breiz Atao. Cette attitude s'explique essentiellement par une rivalité constante avec Olier Mordrel, qui ne se retrouve pas dans le courant fédéraliste, laïc et marqué à gauche de Morvan Marchal. Emporté par la tourmente de l'après-guerre, il survit comme employé du Gaz dans la banlieue parisienne et meurt dans des conditions misérables, le 13 août 1963 dans la salle commune de l'hôpital Lariboisière.


Sources: Ar Bed Keltiek - 29200 Brest