[1] On peut
comparer ici l'écriture des Celtes (l'Ogam) avec l'écriture
runique des Germains (le Futhark), et la question est de savoir si les
deux écritures sont apparues indépendamment l'une de l'autre,
ou si l'une a été influencée par l'autre.
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[2] Ici McNallen
schématise un peu trop et omet de signaler les «glissements
fonctionnels», et l'existence de dieux «multifonctionnels»
(ce qui est justement le cas pour Lug). D'une part, Odhinn est souvent
associé à Tyr dans le domaine de la souveraineté,
et Odhinn intervient aussi dans le domaine guerrier aux côtés
de Thor. D'autre part, chez les Celtes, la situation est encore plus compliquée
: pour la souveraineté, Lug est souvent assisté par le Dagda
et par Nuada, pour la guerre on retrouve le même Lug aux côtés
de Ogme, pour la fécondité on trouve Diancecht mais on peut
aussi y classer le Dagda. Sans parler du fait qu'on confond souvent les
dieux irlandais et gaulois, que certains dieux «agissent» sous
plusieurs formes différentes (et donc sous plusieurs noms), et qu'en
outre il faut tenir compte des survivances de croyances pré-indo-européennes
(plus marquées chez les Grecs et chez les Celtes, semble-t-il).
Le panthéon celtique est caractérisé par un polymorphisme
et une instabilité très fortes, où la tripartition
fonctionnelle est plus difficile à identifier.
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[3] Le dieu
gaulois Taranis semble n'être qu'un aspect du dieu souverain irlandais,
Lug. La même remarque est valable pour les dieux Teutates (ou Toutatis)
et Belenos (Bel en Irlande). Quand à Ogmios, ce n'est que le nom
gaulois de Ogme.
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[4] A propos
de «l'Autre Monde» des Celtes (le Sid, Mag Meld, Mag Mor, Tir
Na Nog, Avalon ...), C. Guyonvarc'h et F. Le Roux écrivent : «Le
Sid est un monde parallèle au nôtre qui, tout en étant
différent ou lointain, s'y superpose ou le baigne, et dans lequel
les êtres élus, choisis ou appelés, peuvent pénétrer
à tout moment. Ses habitants sont, par définition, des dieux
ou des héros divinisés. (...) Que cet Autre Monde soit par-delà
la mer, au fond d'un lac ou sous une colline, il a l'eau comme moyen d'accès
normal. (...) L'Autre Monde celtique n'a presque rien de commun avec le
paradis chrétien et il est très proche, par sa conception
et ses multiples présences féminines, du Walhala germanique
et du paradis islamique. Ses occupants mènent une vie de joies et
de délices (...) et ils ont tous le même rang social élevé.
(...) N'importe qui n'a pas accès à l'Autre Monde : y entrer
est un privilège accordé aux héros comme Cuchulainn
ou aux rares élus qu'une messagère emmène par-delà
la mer dans une barque de verre ou de cristal. (...) L'Autre Monde celtique
est, antérieurement au Christianisme, un paradis de guerriers.»
(La civilisation celtique, p. 158-159) Cependant d'autres auteurs,
tout aussi renommés que C. Guyonvarc'h et F. Le Roux, ne sont pas
de leur avis. Qui croire ? Finalement, il me semble tout de même
que le « Paradis des guerriers » (ce qui veut dire que les
guerriers morts au combat sont nettement séparés des autres
morts) est un concept typiquement germanique, qui n'existe pas chez les
Celtes. L'Autre Monde celtique semble beaucoup plus pacifique et égalitaire,
et la vie de délices que connaissent les défunts n'est pas
dominée par la perspective eschatologique écrasante du «Crépuscule
des dieux», comme chez les Germains. Quoiqu'en dise C. Guyonvarc'h,
on sent chez les Celtes une tendance à la fois plus mystique et
plus pacifiste, on pourrait même dire presque «bouddhiste»,
qu'on ne perçoit pas du tout chez les Germains.
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[5] Là
aussi, McNallen schématise un peu trop. Chez les Celtes, il n'y
a pas d'équivalent direct à l'Arbre Cosmique Yggdrasil, dont
la figure majestueuse domine toute la cosmogonie nordique. Cependant les
arbres sacrés Bile et surtout l'If de Mugna en sont des échos
incontestables, quoique très affaiblis. En ce qui concerne le mythe
de création, les Grecs et les Nordiques partagent la même
conception d'un vide originel magiquement «chargé» (respectivement
le Chaos et le Ginungagap), et chez les Celtes on peut identifier un thème
très proche : l'oeuf cosmique originel (qu'on trouve aussi chez
les Indo-Aryens ; voir Rig-Veda 10.82, 10.121).
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[6] Encore
une fois, McNallen est excessif dans sa conclusion, et cela peut jeter
le doute sur sa démonstration, qui est valable dans sa généralité.
La parenté entre Celtes et Germains est réelle, et il était
nécessaire de la rappeler (je dirais même que d'un point de
vue paneuropéen, il s'agit d'une action éminemment patriotique),
mais elle ne peut masquer des différences très réelles.
Les Celtes disposaient d'une classe sacerdotale bien définie et
disposant de pouvoirs très étendus : les Druides -- qu'on
peut comparer aux Bramahnes indo-aryens, mais beaucoup plus difficilement
aux Godhar germaniques. Il n'y a pas non plus d'équivalent celtique
à la «cité céleste des dieux» -- Asgard
chez les Germains et l'Olympe chez les Grecs. D'autre part, la mentalité
n'est pas la même : on a souvent dit que l'instabilité est
une caractéristique de l'âme celte, alors que chez les Germains
on met plutôt en avant le sens de l'organisation. Les Celtes ont
une sensibilité plus «anarchiste» et se sont toujours
montrés rebelles à la notion d'Etat centralisé, alors
que les Germains ont toujours montré un grand talent pour fonder
des Etats, même lorsqu'il n'étaient qu'une petite minorité.
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[7] Freya,
déesse germanique de l'amour et de la fécondité, trouve
son équivalent chez les Greco-romains avec Aphrodite et Vénus,
mais on ne voit pas d'équivalence directe chez les Celtes. On peut
trouver un «écho» avec Brigit, Epona, Morgann, Dana
ou Macha (toutes des aspects différents de l'unique Grande Déesse
celtique), mais la comparaison n'est pas très satisfaisante.
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