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Jesse Owens : Mythe et réalité

Mark Weber

Jesse OwensJesse Owens, le coureur noir et la star qui remporta quatre médailles d'or aux Jeux Olympiques de 1936 à Berlin, mourut en 1980 à l'âge de 66 ans. Comme si souvent pendant sa vie, même cette occasion fut utilisée par les principales chaînes de télévision et par la presse écrite pour répandre des mensonges, qui ont fini par être largement accepté à force d'être répétés depuis des années. Avec l'inauguration d'une rue Owens à Berlin en mars 1984, une autre opportunité fut fournie aux fanfares médiatiques pour répandre des mythes mensongers. Le compte-rendu de la chaîne NBC du dimanche 4 mars fut particulièrement stupide et ignoble. [Photo: James Cleveland («Jesse») Owens.]

Les mythes, qui sont habituellement présentés comme des faits réels, consistent à dire que le Chancelier allemand Adolf Hitler fut furieux quand Owens gagna la course; que Hitler refusa de serrer la main de Owens parce qu'il était noir; que les Allemands furent embarrassés parce que la victoire d'Owens «démentait» les idées allemandes sur les différences raciales, et ainsi de suite. En réalité, Owens fut acclamé par les Berlinois avec autant d'enthousiasme que pour les athlètes allemands. Jesse Owens lui-même raconta qu'en une occasion, alors qu'il était dans le stade, il échangea un signe avec Hitler: «Quand je passai devant le Chancelier, il se leva, me fit un signe de la main, et je lui rendis son salut.» 

De même, pour la prétendue «bouderie» [de Hitler], les faits racontent une histoire qui est assez différente de celle qui est habituellement entendue. Hitler était dans sa loge le premier jour de compétition quand Hans Wöhlke battit le record olympique du lancement du poids et, accessoirement, devint le premier allemand à réaliser un record olympique. A la requête d'Hitler, Wöhlke et le vainqueur de la troisième place, un autre allemand, furent conduits à la loge pour recevoir les félicitations personnelles du Chancelier. Peu de temps après, Hitler salua personnellement trois Finlandais qui avaient gagné des médailles dans l'épreuve du 10 000 mètres. Ensuite il félicita deux femmes allemandes qui avaient remporté la première et la deuxième place dans le lancer du javelot féminin. Le seul autre événement prévu ce jour-là était le saut en hauteur, qui était disputé tard. Quand tous les sauteurs allemands furent éliminés, Hitler quitta le stade plongé dans l'obscurité alors que la pluie menaçait, et il ne fut pas présent pour saluer les trois vainqueurs -- tous des Etats-Unis, et deux d'entre eux étaient des Noirs. 

Hitler partit parce qu'il était tard, pas parce qu'il voulait éviter de saluer quelqu'un. En outre, au moment où il partit, Hitler ne pouvait pas savoir si les vainqueurs seraient Noirs ou Blancs. 

Le Comte Baillet-Latour, président de la Commission Olympique Internationale, envoya un mot au dirigeant allemand, disant qu'en tant qu'hôte des Jeux, il devait féliciter tous les vainqueurs, ou aucun. Aussi, quand Jesse Owens gagna la finale du 10 000 mètres le jour suivant, il ne fut pas publiquement salué par Hitler -- ni aucun autre médaillé de cette épreuve ou des suivantes. 

Poster olympiqueL'idée que les Allemands aient été «embarrassés» à cause des victoires de non-Blancs aux Jeux de Berlin est ridicule. Jesse Owens est très largement montré dans Olympia [plus connu en France sous le titre de Les dieux du Stade], le documentaire allemand officiel sur les Jeux. Le chef d'oeuvre de Leni Riefenstahl prêtait aussi une grande attention à de nombreux autres athlètes non-Blancs, incluant de remarquables athlètes Japonais. La même chose est vraie dans le livre de luxe, semi-officiel, commémorant les Jeux, Die Olympischen Spiele 1936, réalisé par le Cigaretten-Bilderdienst. Jesse Owens est montré sept fois dans ce livre -- plus que tout autre athlète -- et il est admirativement décrit comme «le plus rapide du monde». Une grande photo du livre montre les noms des vainqueurs gravés dans le granite du stade, et on distingue nettement sur la photo: «Owens USA». [Image: Affiche olympique.] 

Malgré la remarquable réussite de Jesse Owens, et d'autres athlètes de toutes les races, l'Allemagne remporta plus de médailles d'or que toute autre nation, «gagnant» ainsi les Jeux Olympiques, un fait habituellement passé sous silence dans les commentaires [actuels] sur les Jeux de 1936. [L'Allemagne remporta 33 médailles d'or et termina loin devant les Etats-Unis, avec une différence de 57 points, NDT.] 

Dans une lettre du 14 mars 1984 adressée au Directeur de la chaîne de télévision ouest-allemande ZDF, l'ancien athlète allemand Walther Tripps protesta contre le compte-rendu erroné annonçant que Adolf Hitler n'avait pas salué Owens publiquement parce que Owens était un Noir. Tripps fut lui-même un coureur de relais de premier plan aux Jeux de 1936. Après avoir envoyé cette lettre, Tripps affirma encore verbalement qu'après les Jeux, Hitler invita tous les médaillés olympiques, incluant Owens, à une réception à la Chancellerie du Reich. Hitler félicita personnellement et serra la main de tous les médaillés, y compris Owens, qui plus tard confirma cela en plusieurs occasions. Voici le texte de la lettre de Walther Tripps:

Au Directeur de la ZDF 

Re: «Heute», émission d'informations du 10 mars 1984 

Dans son reportage sur l'inauguration de la plaque de «l'Allée Jesse Owens» devant le Stade Olympique de Berlin, votre reporter a fait une affirmation absolument inexacte. Il a répété le stupide mensonge selon lequel en 1936 Hitler aurait refusé de rencontrer l'incomparable et quadruple médaillé olympique Jesse Owens, à cause de la couleur de sa peau et de son ascendance africaine. Il semble que le reporter ait cherché à mettre en évidence ce qui est appelé la doctrine de haine raciale. 

Cette histoire n'est pas seulement un conte de fée. C'est un mensonge lamentable. Aujourd'hui la vérité est effacée, pour des raisons politiques je présume. Mais elle ne mourra pas. Il y a trop de témoins de l'époque. Je suis l'un d'entre eux. 

En réalité, Adolf Hitler reçut et félicita les médaillés allemands des Jeux de 1936 à la loge d'honneur au Stade Olympique. Les 800 000 spectateurs quotidiens, incluant de nombreux visiteurs étrangers, applaudirent cela avec enthousiasme. Le Dr Gisela Mauermayer (qui vit maintenant à Munich), Tilly Fleischer-Grothe (vivant maintenant à Lahr), Gerhard Stöck (vivant maintenant à Hambourg) et d'autres figuraient parmi ceux qui furent personnellement honorés. 

Il était aussi prévu d'honorer le remarquable et inoubliable Jesse Owens de la même manière. Mais à ce moment le président du Comité Olympique International, le Comte Baillet-Latour, interrompit le plan d'Hitler en faisant observer que cette pratique était en opposition avec les règles du Comité. Le Comte, cependant, n'eut pas d'objection à ce que cette sorte de séances de félicitations se déroule à la Chancellerie du Reich. 

Le Dr Karl Ritter von Halt, alors président du Comité Olympique National Allemand et dirigeant de l'Association allemande d'athlétisme, confirma plus tard ces faits lors d'une réunion des anciens membres de l'équipe allemande. J'étais l'un de ceux qui étaient présents à Stuttgart avec l'inoubliable Ritter von Halt, qui participa [à cette réunion] peu de temps après sa libération du camp de concentration soviétique de Sachsenhausen (entre autres, l'acteur Heinrich George et l'entraîneur du Reich, le Dr Nerz, moururent ici !). Etaient aussi présents Borchmeyer (qui participa à la course finale contre Owens, et qui vit maintenant à Francfort), Blask, Hem. Tilly Fleischer, Dr Gisela Mauermayer, Dr Metzner, Hornberger, Stöck, Syring, Dessecker, et beaucoup d'autres. Ils sont tous des témoins de la camaraderie et de la vérité [de l'époque]. 

Les faits seront publiés dans le magazine du «Club des anciens médaillés allemands des Sports». Comme le Président Daume du Comité Olympique National le déclara pendant la cérémonie à Berlin, l'honneur appartient à ceux qui le méritent. Les personnages du microphone qui répandent des mensonges n'apparaissent pas sur l'écran de télévision! 

[signé] Walther Tripps 

Jesse Owens, et c'est tout à son honneur, ne participa jamais lui-même à la fabrication de ce mythe. Il souligna toujours constamment la chaleur de la réception qu'il reçut en Allemagne et sa joie pendant ces journées à Berlin. Mais il ne put pas empêcher d'autres personnes de l'utiliser comme un symbole, pendant sa vie aussi bien qu'après sa mort, pour calomnier l'Allemagne pour des motifs qui leur sont propres.


Journal of Historical Review, 5/1 (Printemps 1984), 123-25. Voir aussi (hors-site) Robert Faurisson sur Mythes juifs autour des JO de Berlin.