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Short stories

LA MORT APRES LA MORT

Au bout d'un grand couloir, derrière une porte entrebaillée, je vois briller la lumière du bonheur. Mais plus j'avance, plus le couloir s'allonge et la porte se referme, ne laissant plus passer qu'un mince filet de lune. Mon étoile de vie file au tavers des doigts du temps. Hier j'étais nouveau-né, aujourd'hui adolescente, et demain serai morte. À quoi donc sert la vie, si on ne peut la supporter, et à quoi donc sert la mort, si on ne peut l'apprivoiser? La vie n'est que poussière, dans la coupole bleue de l'univers, et la mort n'est que trou noir, dans le donjon de l'éternité.

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À genoux sur la terre humide, pieds nus et cheveux claquants au vent, je pleurais. Plus que des larmes, c'étaient des douleurs, des désespoirs et des regrets mordants qui s'abbataient sur cette terre meule, fraîchement entassée sur le cercueil de marbre. Des fleurs étaient déposées sur le monticule, en guise de dernier adieu; mais, comme pour annoncer un plus grand malheur encore, le vent les arrachaient de leur tranquille consolation, éparpillant, effeuillant, les fouettant contre les pierres grises et insensibles du cimetière. Mes jambes engourdies ne sentaient plus les roches acérées qui les dépeçaient, et mes doigts, tels des vers affamés, pénétraient en se tortillant le tertre humide. Ces petits vers blancs entraient et sortaient de la terre, armés de mes seuls ongles, arrachant à cet acre de terrain la vie qu'il m'avait prise, fouillant, cherchant sans relâche. J'aurais voulu qu'une autre main se saisisse de la mienne, que des bras m'arrachent et m'engloutissent dans la moiteur cryptique de leur abîme. J'aurais voulu me débattre pour sortir de ce sauvage cauchemard, crier, hurler, réveiller les morts de la terre entière! Mais je savais que c'était en vain; j'étais condamnée à errer sur terre, sans repos jamais. Je n'avais ma place dans aucun des deux mondes que la terre ait porté. Pourtant, j'étais là, j'existais, même si ce corps qui pourrissait sous terre aurait dû être la preuvre irréfutable du contraîre. Mais qui étais-je donc pour survire ainsi à ma propre mort? Plongée dans ces troublantes constatations, je n'avais pas remarqué le vent qui s'était calmé. À l'horizon pointait l'aurore, belle d'un espoir auquel je n'avais pas droit.

(Suite dans quelques jours...)

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