Site hosted by Angelfire.com: Build your free website today!

fond musical - background music


ARTS Spectacles


Tom Jones, un chanteur respectable
dans toute l'acceptation du terme

Tom perd dans la brume tous les Ange-Albert
qui lui ont naguère livré bataille. D'autant
plus que l'homme chante comme peu en sont capables.


Non je n'allais pas à reculons pour voir et entendre le crooner, dont plusieurs m'ont vanté le potentiel mobilisateur.

A peine si j'ai songé a me moquer de son look cadre de la FTQ (modèle 70, doit-on préciser: chemise noire luisante, déboutonnée de façon à faire jaillir quelques fragments de ses puissant pectoraux, sur lesquels scintille une croix dorée), plutôt frappant en deuxième partie de programme de cette soirée dominicale.

Je n'ai même pas regretté le match Cowboys/49ers (pas vraiment palpitant), que j'ai dû abandonner pour me rendre au théâtre Saint-Denis.

C'est que malgré ces transes disco et ses pognages d'organe récurrents (il aime tourner autour du pot, le Gallois...), Tom Jones est un chanteur respectable dans toute l'acceptation du terme. Tom Jones ce n'est ni Houlio, Adamo ou Ange-Albert, qu'on se le tienne pour dit. Un des rares véhicules blancs du R & B au Royaume-Uni, ayant payé la voie à George Michael.

Qui plus est, l'homme ne s'est pas assis sur ses lauriers après s'être approprié une chanson signée Prince, arrangée par le groupe Art of Noise en 1988 - Kiss, rappelons-le l'avait remis sur les rails.

Tom Jones recidivait donc au Saint-Denis après voir carrément triomphé au Forum en mars dernier. Section de vents huilée au quart de tour, trio de choristes compétentes et non moins aguichantes, robuste section rythmique et autres bardes aguerris étaient au service du fauve, carrément déchaîné au rappel.

Redevenu branché, le chanteur gallois de 54 ans se voyait tout de même au prises avec le paradoxe suivant: comment combler les fans récemment conquis ainsi que les vétérans de l'époque où il en faisait chavirer plus d'une? Comment imposer la matière de son nouvel album (The Lead and How to Swing It) et les inévitables It's not Unusual, What's New Pussycat, Green Green Grass of Home, She's A Lady, Thunderball (chanson-thème d'un film de James Bond) ou Delilah?. Comment gérer ces gerbes de fleurs et de petites culottes cueillies avec amour par trois générations d'admiratrices, qu'il interpelle en leur servant de savoureux "darling", "sweetheart" et autres douceurs?

Toujours est-il que le crooner réussit partiellement à faire le lien entre des mondes indissociables. Démarrant dans le mode R & B, enchaînant dans le swing orchestral, il intercale un "I'll Never Fall in Love Again avant de plonger dans ses petites nouvelles. Le résultat semble parfois disparate, parfois remarquable. Chose sûre, Tom Jones fait la démonstration de l'éclectisme pop; il est de ces êtres humains capables d'endosser simultanément un répertoire totalement quétaine, bardé d'arrangements tout autant poussiéreux et un autre choisi avec grand discernement.

Mais si, il est possible de faire cohabiter ces vieilleries de crooner avec des crus de Lenny Kravitz (dont il nous a servi "Are You Gonna Go My Way"), Sly and the Familly Stone, Prince, Jackson Five (I Want You Back) ou Wolfgang Press (A Girl Like You, produite par Flood qui collabore avec U2 et Nine Inch Nails!)

Le concert de Tiger Tom n'est donc pas un sommet de cohérence, question style, doit être néanmoins applaudi. Les arrangements neufs, audacieux et les vieillots mènent à douter de ses orientations sonores, qu'importe. Ce qui importe, c'est que l'homme cherche à évoluer, ne se vautre pas sur son steak. Au fait qui de sa génération et de son type, peut se targuer de tripper sur Counting Crows, Soundgarden ou Stone Temple Pilots?

Est-il besoin d'ajouter que Tom Jones perd dans la brume tous les Ange-Albert qui lui ont naguère livré bataille. D'autant plus que l'homme chante comme peu en sont capables (tout un vavoom!), bouge comme un premier (enfin...), semble toujours générer la lubrification de masse.

Un survivant, je vous dis.

Alain Brunet
La Presse
Montréal, lundi 16 janvier 1995


HOME


More


Cette page a été créée par Lucie Chartrand avec Angelfire
This page created by Lucie Chartrand with Angelfire

"Yesterday...Today...This is Tom Jones"

Email: tjwlucie_tomjones@hotmail.com


LE FastCounter

17 - 8 - 98