Fondé à New York au tout-début des années 1990, le RASH (Red and Anarchist Skinheads), surtout européen et – depuis quelques années – latino-américain, regroupe d'anciens redskins de la première vague et de nouveaux skinheads engagés à l'extrême-gauche, parfois issus de la mouvance SHARP, le premier groupe Rash étant issu du SHARP new-yorkais et de l'Anti Fascist Action. Ses membres considèrent leur appartenance au mouvement skinhead comme un complément de leur engagement militant, le skinhead devenant une forme d'idéal ouvriériste, mais l'inverse est parfois vrai : certains skinheads « sentimentalement » ou culturellement de gauche, mais sans engagement, deviennent militants par les fréquentations, la formation ou l'acquisition expérimentale au sein de bandes et groupes où sont présents des militants du RASH.
Le sigle Rash apparaitra tout d'abord au Havre puis à Bordeaux autour des rédacteurs du fanzine Shaven Republic (ou RASH est décliné en Red Action Skin Head), pour ensuite s'implanter à Paris. La plupart des skinheads RASH en France, gravitent autour de : l'Union anarchiste, la Fédération anarchiste, the Anarchist Black Cross, l'Organisation communiste libertaire, la Confédération nationale du travail (anarcho-syndicaliste), la Ligue communiste révolutionnaire, le réseau No Passaran (issu du SCALP) et différents groupuscules trotskistes ou guévaristes, voire, marginalement, post-maoïstes… Ce mouvement revendique un antiracisme viscéral et un antifascisme radical et joue parfois la surenchère vis-à-vis du SHARP, tantôt considéré comme un allié, tantôt comme un concurrent (mais pas comme un ennemi). Les thèmes de la lutte des classes, de l'urgence révolutionnaire ou de l'internationalisme sont récurrents. Un slogan des skinheads rash est : « Pas de guerre entre les races, pas de paix entre les classes ».
Récemment, en Allemagne, au Royaume-Uni et en France des skinheads rash, ou proches d'autres mouvements libertaires (tels l'anarchist black cross) ont été impliqués dans les black blocks. Ces derniers sont des môles de contestation musclés présents dans les manifestations anticapitalistes et altermondialistes. Ces black blocks s'en prennent aux forces de l'ordre mais aussi aux symboles du capitalisme comme les banques ou certaines chaînes de restauration rapide.
Parmi la scène skinhead d'extrême-gauche, on peut citer les italiens de Banda Bassotti, Erode, Los Fastidios ou les groupes indépendantistes catalans marxisants Opcio K-95 et Pilseners, les madrilènes de kaos Urbano, Guerilla Oi! ou Non Servium, les basques de Suburban Rebels ou Mossin Nagant, les groupes libertaires parisiens Brigada Flores Magon et Ya Basta ! ou les groupes bordelais Los Foiros et Redweiler.
Nombre de groupes, sans être d'ailleurs idéologiquement marqués, soutiennent certaines initiatives du réseau Rash, on peut citer : les Allemands de Stage Bottles, les légendes britanniques Angelic Upstarts, le premier groupe Oi! Italien Nabat, ou encore les très sharp The Oppressed…
A noter que certains skinheads Sharp, Rash et de nombreux redskins s'affichent aussi comme indépendantistes, voire nationalistes. Il existe deux nationalismes : un d'extrême-droite (primauté de la nation, valeur structurelle), auquel se rattachent skinheads nationalistes et néonazis, un autre de gauche (liberté pour la nation, espace historique et dialectique d'une communauté de destin), auquel se rattachent certains skinheads engagés à gauche, en particulier au sein de minorités qui luttent pour leur reconnaissance ou leur indépendance : Bretons, Basques, Catalans, Québécois, Occitans… Dans ce dernier cas il s'agit d'une mouvance très minoritaire et qui arbore le slogan "Occitània Antifascista". Il en va de même pour la plupart des skinheads pro-indépendance basque qui reprennent à leur compte la culture marxiste et antifasciste de l'ETA des années 1970. Il n'y a donc pas d'équivoque
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