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Le Génocide dont on ne parle pas

LES PERSECUTIONS CONTRE LES CHRETIENS

par Michel Cahier

Les Chrétiens ont été persécutés pendant près de 300 ans sous le règne de dix empereurs. Si on ne possède aucun recensement exact du nombre de Chrétiens mis à mort, brulés, pendus, crucifiés, décapités, jetés aux bêtes ou aux joies sadiques des Gladiateurs ou de la foule, il ne fait pas de doute toutefois qu'on peut parler à leur égard de génocide. Sous l'empire entre le Ier et le IVème siècle, les Chrétiens étaient traités de la même façon que les Juifs sous le régime nazi. Seulement voilà, il y a plus de 1600 ans et personne de nos jours oserait parler de génocide chrétien. La différence est que ce sont les bourreaux qui ont fait des Chrétiens la secte officielle ce que n'auraient jamais fait les Nazis. Malheur aux Chrétiens reconnus par l'Empire. Et pourtant....

Le premier empereur à s'en prendre aux Chrétiens en tant que tels fut Néron à l'occasion de l'incendie de Rome en 64 AD. Pour détourner la colère du peuple qui le rendait responsable de l'incendie, Néron désigna les Chrétiens comme auteurs de troubles ayant provoqué le feu et lanca un mot d'ordre :"exterminons les Chrétiens" (Christiani non sint). Des milliers d'hommes et de femmes furent jetés aux bêtes dans les arènes au prétexte qu' "ils haissaient la race humaine" (sic). Leurs corps enduits d'huile furent même utilisés de nuit pour servir de torches humaines. Les Juifs de Rome -qui les détestaient- les auraient désignés à Néron comme les seuls responsables de l'incendie.

Chrétiens et Juifs, même combat mais pas pour longtemps

A la même époque, ils étaient en train de s'en prendre à l'apôtre Paul qui, en temps que citoyen romain, en avait appelé à l'empereur ce qui avaient attisé leur vindicte. Il est vrai que six ans plus tard, en 70, l'empereur Vespasien enverra son fils Titus mettre le siège sous Jérusalem et exterminer toute la population juive, soit plus de 900.000 personnes, à l'exception de 97.000 survivants qui furent vendus sur le marché aux esclaves. Les Chrétiens de Jérusalem avaient fui au début du siège, brisant ainsi pour toujours le lien lâche qui existait entre Judaisme et Christianisme.

Toutefois, les persécutions contre les Chrétiens ne vont pas s'arrêter après Néron et ses folies meurtrières : elles vont être poursuivies au total par neuf empereurs avec des périodes de tolérance et de rémission. C'est dire que dans les faits, le monde paien s'en prit avec la plus extrême cruauté aux religions nées au Moyen Orient qui menacaient l'ordre impérial dans la mesure où elles se réclamaient du même Dieu et prétendaient obéir à Ses Lois en cas de conflit avec les lois impériales et paiennes. C'est exactement ce que reprochera près de 1800 ans plus tard Hitler aux Catholiques d'Allemagne. Ces empereurs répressifs -nazis avant l'heure- furent :

  • Domitien (95-96)
  • Trajan (106-117)
  • Marc Aurèle (161-180)
  • Septime Sévère (202-211)
  • Maximin de Thrace (235-238)
  • Decius or Dèce (249-251)
  • Valérien (257-260)
  • Aurélien (274-275)
  • Dioclétien et Galère (3030-311)

Les femmes et les enfants aussi

Après la mort de Néron, les Chrétiens vont connaitre quelques décennies de paix jusqu'à la fin du régne de Domitien qui avait décidé que nul autre que lui-même pouvait être Dieu et surtout de Trajan qui fit crucifier Simon, évêque de Jérusalem, Ignace, évêque d'Antioche, qui sera jeté aux lions et Clément, successeur de St. Pierre. Ignace sera le premier chrétien à parler de l'Eglise "catholique" (i.e. universelle). Pline le Jeune, alors gouverneur de Rome en province, fut tellement dépassé par les évènements et la violence contre les Chrétiens qu'il écrivit à Trajan pour demander des éclaircissements, notamment en matière de dénonciation et pour le sort des femmes et des enfants.
Dans sa réponse,l'empereur se borne à répondre que les dénonciations anonymes ne doivent pas être prises en considération mais que les Chrétiens, accusés de pratiquer leur religion, qui refusent de se renier doivent être poursuivis et punis comme des criminels. L'heure n'est pas encore à la tolérance, même pas pour les enfants.

En 124, Hadrien publia un édit de tolérance qui enjoignait aux gouverneurs de traiter les Chrétiens comme les autres hommes et de ne les traduire en justice qu'en cas de crimes ou délits bien établis.

Ascète mais pas tolérant pour autant

Les persécutions vont reprendre sous Marc Aurèle qui, bien qu'il se piqua de littérature philosophique ("Meditations"), méprisait les chrétiens de tout son coeur d'ascète : il signa un décrêt punissant les "introducteurs de sectes ou religions nouvelles" d'exil s'il s'agissait de nobles et de mort dans le cas contraire. Ses victimes furent nombreuses, la plus illustre fut Justin de Sichem (Palestine) qui avait créé une école de philosophie chrétienne à Rome.
Mais c'est dans la répression de la ville de Lyon (France) que Trajan va s'illustrer : en 177, la populace fut autorisée à laisser aller sa haine et ses préjugés contre les Chrétiens qui furent littéralement arrachés à leurs maisons, leurs bureaux, les bains publics et massacrés dans les rues. L'évêque de la ville, Pothinus, un homme de plus de 90 ans, fut jeté en prison où il mourut de la suite de mauvais traietments au bout de 2 jours. A la mort de Marc Aurèle, les persécutions cessent quasi-immédiatement et ne vont reprendre qu'en 202 sous le règne du bien nommé Septime Sévère.

Cette année-là, l'Empereur décrète qu'il est interdit de se faire circoncire et/ou baptiser. En Egypte et en Afrique du Nord, les chrétiens vont être victimes de mille tracasseries, allant jusqu'à la décapitation. Ce sera le sort de Leonidas (St Leonide) à Alexandrie. Le juriste carthaginois Tertullien fut si dégoûté par ce qu'il voyait qu'il écrivit en 197 une "Apologeticus" (Apologie en faveur des Chrétiens) au gouverneur de la province le priant de faire arrêter le massacre. Malheureusement, il rejoignit en 203 la secte de Montan, première secte chrétienne, rigoriste et intransigeante, et son influence en fut anéantie.

L'apostasie ou la mort

Après la mort de Septime Sévère (211) la Chrétienté va connaitre une relative paix jusqu'en 235 avec l'avènement du brutal Maximin de Thrace. Heureusement cet ivrogne sadique ne régne que trois ans et jusqu'en 250, la pax romana va sourire aux Chrétiens. C'est alors qu'un autre brutal empereur, Decius (ou Dèce) va publier un édit enjoignant aux Chrétiens de se faire connaitre aux autorités locales et de sacrifier aux dieux. A cette date, les Chrétiens représentent un tiers environ de la population de l'empire. Il est fait injonction aux gouverneurs de les exiler ou les exécuter selon le cas s'ils refusaient de devenir apostats, c'est à dire de renier leur religion. Devant l'ampleur de la mesure et la sévérité de son application, de nombreux Chrétiens vont abjurer ou s'enfuir.
Le pape Fabien, les évêques de Toulouse, de Jerusalem et d'Antioche furent mis à mort. Origène, fils de Léonide, avait ouvert une école de philosophie chrétienne (231) à Césarée : il fut arrêté par les sbires de Dacius en 249 et jeté en prison. Après la mort de Dacius en 251, il sera libéré mais brisé par les fatigues et le grand âge (il a alors 69 ans), il meurt d'épuisement peu après. Ses tourments reprendront trois cents ans après sa mort lorsque les Pères du Premier Concile Général de 553 décideront que certains de ses écrits étaient hérétiques, notamment celui postulant la pré-existence de l'âme.

L'évêque de Rome décapité

Toutefois, la longue série de persécutions n'a pas pris fin avec l'ignoble Dacius. Les chrétiens en ont encore pour un bon demi-siécle de tortures et brimades. Elles reprennent de plus belle avec l'empereur Valérien en 257 qui décrète que tous les évêques, prêtres et diacres doivent sacrifier aux dieux sous peine d'exil et interdit aux Chrétiens de se réunir en public ou en privé sous peine de mort. En aout 258, surpris dans les catacombes en train de célébrer la messe, l'évêque de Rome Sixte II sera sur le champ décapité ainsi que six de ses servants. Un de ses diacres fut rôti vif.

Une fois encore, les Chrétiens vont connaitre une longue période de paix avec la mort d'un empereur brutal, sanguinaire et répressif dans sa mégalomanie. Quand Valérien disparait prisonnier des Perses en 260, l'Eglise va connaitre près d'un demi-siècle de tolérance jusqu'en 303. A cette date, l'empire est devenu une tétrarchie, gouvernée par deux Augustes et deux Cesars, les quatre tétrarques, à savoir Dioclétien, Constantius Chlorus, Maximien et Galerius (ou Galère). Les deux derniers, des Césars, imbus de leurs prérogatives, haissaient copieusement tout individu ne se jetant pas avec crainte et respect à leurs pieds en signe de soumission à leur autorité : les chrétiens vont devenir l'objet particulier de leur vindicte vengeresse.
En 303, Galerius obtint de Dioclétien un édit ordonnant la destruction des églises chrétiennes, le bûcher pour les livres sacrés et la dégradation civique pour tous les Chrétiens. Ceux des Chrétiens qui ne remettaient pas leurs livres saints aux autorités furent mis à mort. Peu de temps après la publication de ce décrêt, un feu se déclara dans le palais du gouverneur de Nicomède et bien sûr les chrétiens une fois encore furent désignés comme les coupables et la répression s'abattit sur eux.

Décrêt d'extermination des Chrétiens, la Solution finale


A la même époque, des insurrections populaires en Syrie et en Arménie éclatèrent et les coupables furent tout trouvés. Dioclétien publia deux décrêts ordonnant de jeter en prison évêques, prêtres et diacres et d'obtenir d'eux par la torture de sacrifier aux dieux. Un nombre énorme de religieux fut ainsi condamné à mort ou envoyé dans les mines.

Mais ce n'était pas assez pour l'empereur et un quatrième décrêt stipula que tous les Chrétiens sans exception devaient désormais sacrifier aux dieux. Le massacre des Chrétiens qui refusèrent d'obtempérer prit une telle ampleur à travers l'empire, à l'exception de la Gaule qui était administrée par le plus tolérant Chlorus, que l'empereur Constantin déclarera plus tard :"Si nous avions exterminé autant de barbares germains que de chrétiens, il ne demeurerait aujourd'hui plus aucun barbare en mesure de menacer l'empire."(sic)
Dans un district égyptien, de 30 à 60 Chrétiens furent mis à mort quotidiennement pendant une année pleine. En Phrygie, une ville entière avec ses habitants fut mise à feu. Les plus connus des Saints de la chrétienté datent de cette époque : Come et Damien, Sébastien, Tarcisius, Nabor et Felix, Agnes.... Eusèbe de Césarée écrivit alors son "Histoire des martyrs de la Palestine" pour célébrer le courage des Chrétiens.

Le signe du Christ dans le Ciel

Toutefois, leurs tourments touchaient à leur fin. En 305, Dioclétien et Maximien abdiquent. La charge impériale est dévolue à Chlorus (Ouest) et Galerius (Est). L'année suivante, le fils de Chlorus, Constantin devient empereur et il est favorable aux Chrétiens mais il faudra attendre la mort de Galerius en 311 pour que les persécutions s'éteignent.
En effet, sur son lit de mort, réalisant l'échec de sa politique de répression, Galerius signa un décrêt de liberté du culte. Un an plus tard, Constantin gagne la guerre contre le successeur de Galerius, un brutal sanguinaire du nom de Maxence (Maxentius) grâce, selon la légende, à une vision de nature quasi-divine. A la veille de la bataille décisive sur les bords du Tibre, Constantin aurait vu les insignes du Christ dans le ciel : une croix illuminée portant l'inscription "In hoc signo vinces" (Avec ce signe tu vaincras).
Toujours est-il que l'impression faite sur le monde paien par la victoire de Constantin - illuminé par le Christ- fut phénoménale. Le Dieu des Chrétiens s'était montré supérieur aux dieux paiens du Capitol. L'année suivante (313), Constantin et son collègue de l'Est, Licinius, signèrent l'Edit de Milan par lequel les Chrétiens obtenaient la totale liberté du culte à travers tout l'empire. La Chrétienté avait mis 300 ans à triompher du paganisme et de ses pratiques barbares. Toutefois, l'empire n'allait pas tarder à succomber sous les assauts d'autres hordes barbares, venues du Nord, les Germains et autres Visigoths, Lombards et Alains. Certains iront jusqu'à dire que l'effondrement de Rome sera largement motivé par le déploiemenrt de la nouvelle religion dans ses frontières, dans la mesure où elle faisait de tout homme un frère, fut-il un envahisseur barbare.
St Augustin combattra cette idée avec une énergie farouche mais, de nos jours encore, certains penseurs juifs estiment que le Judaisme est supérieur au Christianisme pour plusieurs raisons, la moindre n'étant pas que le pratiquant juif refuse de voir dans l'étranger un futur "frère" et n'abaisse jamais sa garde face à un prédateur potentiel. Je suis personnellement persuadé de la justesse de cette vue. Il n'empêche le Christianisme triomphe en l'an de grâce 313 et des temps nouveaux commencent en Europe et dans le monde méditerranéen.
Toutefois, les Chrétiens ne resteront pas longtemps unis : dès le Vème siècle, des philosophies hérétiques commencent à fleurir au sein des fidèles du Christ dont la nature va donner lieu à des divisions qui durent encore. Les conciles de Constantinople, d'Ephèsede et surtout de Chalcédoine vont tenter sans succès réel de mettre fin aux courants hérétiques.

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