Après le succès de "Notre-Dame de
Paris", Garou lance son premier album et se retrouve déjà
en tête du palmarès avec la chanson-titre de cette œuvre,
"Seul". Une entrée triomphale!
Dans la suite de Garou, à l'hôtel Omni, on vient tout juste d'apprendre que, deux semaines à peine après avoir été lancée sur les ondes radiophoniques, la chanson Seul atteint le sommet du palmarès québecois. L'équipe de Feeling, la compagnie de René Angélil, jubile. Les journalistes et les photographes se bousculent au portillon. Bref, c'est le carnaval!
On fait monter un scotch pour Garou et un rhum pour la journaliste du magazine 7 jours. Il n'y a rien de tel qu'une bonne montée de sucre pour célébrer un événement! "Ce qui me fait plaisir, c'est surtout de voir que mon équipe est aussi fière. Je n'ai pas besoin d'être le numéro un. Les gens qui m'entourent travaillent de toutes leur forces, avec une ambition tellement admirable! Quand je les vois contents, je me sens fier."
C'est vrai, Garou n'a jamais demandé au ciel de l'inonder de célébrité. Avant que Luc Plamondon et René Angélil lui proposent la planèt comme un terrain de jeu, Garou s'amusait comme un petit fou dans les bars du Québec - son laboratoire!- à mélanger des styles de musiques bien diférents qu'il faisait exploser devant les fans du Liquor Store, du Bourbon Street et du Medley. "C'était suffisant pour moi."
On perçoit l'aspect farouche de l'artiste, non pas face à la réussite, mais devant tout ce qui pourrait, parmi les multiples rouages du succès, le priver de son arbitre. "Autrement, c'est tripant au boutte!"
Tout le monde le sait, Garou a un charisme fou.
Réellement. En moins d'une minute, on est conquis. Et
pas seulement à cause de ses yeux au couleurs de l'Adriatique et
de sa voix de rocker. "On sait que j'aime les gens. c'est
ça mon charisme" avoue-t-il en toute simplicité.
René Angélil déclare avoir pressenti en Garou une
recrue pour son équipe après une seule poignée de
main, sans même connaître les talents du chanteur.
"Toutes les valeurs qu'on aime tous les deux
se sont exprimées dans cette poignée de main-là.
C'est comme deux enfants qui se rencontrent et qui s'aiment déjà.
Ils ont envie de jouer au même jeu en même temps."
À l'époque, Célineavait déjà vu le spectacle Notre-Dame de Paris. Et, entre les répétiotions du show du millénaire (le dernier de Céline qui a eu lieu au Centre Molson), le couple Dion-Angélil a invité Garou, au cours d'un lunch, à entrer dans l'antre magique de Feeling et de Sony International en vue de réaliser deux albums et une série de tournées. "Céline m'a dit: " Notre équipe est fabuleuse! Tout le monde va devoir se séparer parce que je ne chante plus. On a pensé qu'on pourrait réunir le même noyau...autour de toi!" J'allais avaler une bouchée de pâtes, mais je l'ai déposée dans l'assiette...c'était vraiment trop chaud!"
Garou, on suppose que travailler avec la "machine Angélil", ça implique énormément de pression et de concessions. Est-ce vrai?
Pas autant que je le pensais de prime abord. Je peux encore dire oui ou non. Un exemple: je tenais à faire mon premier album en français, ce qui ne corespondait pas au plan des gens de Sony international. Mais René Angélil leur a vendu mon idée, à condition que j'enegistre ensuite un deuxi`me album en anglais. René a passé le mot à tout le monde: "C'est Garou qui décide" Pour moi c'est important de pouvoir dire non quand je ne ressens pas les choses. Et j'ai compris que je n'aurais pas de concessions importantes à faire.
Les voyages, la vie dans les hôtels, ça vous convient?
Oui. Je suis un workaholic depuis longtemps. Je n'ai pas eu un soupçon de discipline jusqu'à ce que je trouve "ma" discipline! Je me suis senti à la bonne place quand j'ai commencé à chanter. En France, je m'occupais de mes contrats tout seul, je répondais aux agences multinationales qui me sollicitaient - je recevais des propositions de tournées, des scénarios e films...J"avais assez de discipline pour surveiller mes affaires le jour et chanter le soir. La nuit, je partais sur le party!
Est-ce que ça vous arrive de dormir, à l'occasion?
Pas souvent! J'aime la vie qui bouge. Mais il m'arrive parfois, tout d'un coup, d'avoir besoin d'aller me cacher, de retrouver mon havre de paix dans les Cantons-de-l'Est. Là, je n'existe plus pour personne. Je me ressource. Puis, quand j'en ai assez, je repars!
Quelle est votre attitude face à l'argent?
Je n'ai aucune notion de la valeur de l'argent. J'ai commencé à travailler à l'âge de 15 ans et, pendant longtemps, j'ai joué mes salaires dans les machines à poker. Je ne prends jamais une décision rapport à l'argent. Jamais.
Un vrai joueur!
Oui. Pendant la tournée Notre-Dame
de Paris, quand je séjournais dans une ville où il y avait
un casino, c'est là-bas que je me retrouvais pendant le spectacle.
Je flambe pas mal d'argent au Black Jack, à la roulette et dans
les machine à poker. J'aime aussi jouer avec la vie.
C'est une manière de dire: "Je m'en fous, je ne prends pas les choses
trop au sérieux."
Il reste que j'ai engagé quelqu'un qui
investit en mon nom un peu d'argent pour mes vieux jours et pour ma famille
éventuelle. Parce que j'ai hâte d'avoir une famille:
c'est super-important pour moi. Et je sais que ça va m'arriver
un jour. D'ailleurs, j'ai compris pourquoi on m'appellait Garou...
Ah, oui? pourquoi?
Parce que je ressemble à un loup. Un loup ça reste toujours avec les siens. Mais la nuit, ça s'en va courir. Ça grimpe sur la montagne, ça hurle à la lune, ça crie comme un fou, ça chante. Et le matin, ça revient auprès de sa famille pour s'assurer que tout va bien. Je suis vraiment comme ça. En ce moment, je suis amoureux du public. Mais je sais qu'à un moment donné je vais rencontrer une aventurière qui aura envie de partager ma vie. Je ferai des tournées de spectacles pendant six mois et je reviendrai ensuite passer six mois à la maison pour retrouver mes enfants et avoir du plaisir avec eux.
Quelle est votre conception de la fidélité?
Fidélité? C'est un mot
que j'ai oublié. Par contre, il y a un sentiment qui est cher
à mon coeur : la loyauté. Moi j'ai besoin de liberté.
Si la fidélité veut dire être enchaîné,
ça ne me va pas. Quand j'aurai trouvé la femme de ma
vie, elle demeurera toujours la plus importante pour moi et je seri très
loyal
Le premier album de garou, intitulé Seul,
est remarquable. Ceux qui n'ont pas connu le Garou des bars d'avanat
Notre-Dame de Paris découvriront un fameux rocker et un interprète
de ballades très sensible. Garou a décidément
plusieurs cordes à son arc, surtout quand on sait qu'il est
tout aussi à l'aise en anglais qu'en français. Sur
l'album, en guise d'ouverture, Garou choisit de nous boulverser d'emblée,
violemment, avec ce cris: "Je veux vivre comme un gitan."
"C'est un cris de liberté qui se transforme
peu à peu en acceptation de la tendresse. Quelque part,
il y a un lien avec la chanson Seul, qui exprime le besoin impérieux
de donner, d'aimer, après avoir vécu pendant un certain temps,
parce que j'étais dans la peau d'un personnage qui ne joue pas avec
le public. Je vois cette expérience comme un passage vers
une sorte de sagesse."
On constate aussi que Garou chante souvent l'amour. "Jai un faible pour les femmes! Avec elles, je me laisse beaucoup charmer, porter par la vague. Et je dois avouer que je suis devenu, avec le temps, un assez bon "surfeur"! Mais tous les artistes chantent l'amour. Moi, je chante l'aour violent. La chanson Criminel risque de choquer parce qu'elle exprime le désir illicite d'un homme pour une fille trop jeune. Ce n'est pas autobiographique, mais il reste que j'adore les belles filles, les mannequins. Parfois, elles n'ont que 15 ans. Je ne les toucherai jamais, mais je les désire des yeux. Selon nos lois, c'est désir criminel." Et puis il y a cette belle chanson qu'il interprète en duo avec Céline, intitulée Sous le vent... " On avait allumé des chandelles partout...Et Céline, avec son ventre rond, son bébé déjà présent,chantait avec moi. On peut penser que ce duo est un truc de marketing pour faire vendre l'album. Ce n'est vraiment pas ça. C'est tellement plus beau et plus simple... J'ai enregistré la chanson seul. Céline l'a écouée et elle l'a fredonnée sans cesse. Accompagnés d'une guitare, nous l'avons chantée ensemble et nous sommes tombés sous le charme." L'adieu qui est probablement la pièce la plus romantique et la plus pathétique de Seul, figure, comme il se doit, à la toute fin de l'album de Garou. "C'est une chanson qui me chavire. Elle est de Didier Barbelivien. J'ai déjà vécu une brisure amoureuse, et chaque phrase me donne le frisson. C'est cet Adieu-là que je ferai chaque soir, dans mes spectacles."
Par: Raymonde Bergeron