Gala
(Semaine du 22 au 28 février 2001)
L'irrésistible ascension de la nouvelle gueule d'amour.
Montréal, le 14 février. Il fait -15 degrés C, mais l'ambiance est surchauffée au théâtre St-Denis où Garou lance sa première tournées solo. Pantalon de cuir, tee-shirt et redingote noirs, il alterne ses propres chansons avec des versions personnelles de standars de Joe Dassin, Charles Aznavour, Van Morrison et Billy Joel. En clin d'œil au succès international de Notre-Dame de Paris, c'est en français, en anglais et en … espagnol qu'il interprète Belle. Le concert s'achève par une interminable standing ovation. Une apothéose après le succès de son album. Garou est devenu un phénomène. "Il a un charisme indéniable, son sourire sonne vrai, les gens ressentent sa gentillesse" explique son producteur français, Gilbert Coullier. C'est le séducteur le plus en vue du moment. Son regard franc, ses yeux bleus, ses grands éclats de rire, sa carrure rassurante font chavirer les cœurs. Les femmes en raffolent. Et il les adore aussi. Grandes, minces et blondes, genre mannequin. Son idéal féminin s'appelle Karen Mulder. "Il succombe facilement, commente un proche. C'est un joli cœur. Mais ce qui est frappant avec lui, c'est qu'à chaque fois il y croit." De son côté il assure dans l'hebdomadaire québécois 7 jours: "Fidélité, c'est un mot que j'ai oublié." Il préfère parler de "loyauté" avant d'ajouter: "Avec les femmes, je me laisse porter par la vague. Et je dois avouer que je suis devenu, avec le temps, un assez bon surfeur…"
À l'époque de Notre-Dame de Paris, il nous avait confié: "Parfois, je pense que je ne suis pas fait pour le succès. Tout ce que je veux c'est vivre normalement." Raté, on ne peut pas tout réussir. Car, professionnellement, il est en passe de réaliser un sans-faute. Résumons :il y a quatre ans, il écumait les bars de Montréal et des environs avec son groupe, The Untouchables. "C'était suffisant pour moi, commente-t-il. Mon but était de vivre de la musique." Mais, un soir, Luc Plamondon, l'auteur de Starmania, est dans la salle. Il craque pour cette voix rauque dans la ligne de Joe Cocker et Bryan Adams. "Donnez-moi vos coordonnées, j'ai quelque chose pour vous." C'est le rôle de Quasimodo dans Notre-Dame. On connaît la suite. Restait néanmoins le plus dur: rebondir pour réussir une carrière en solo. Les propositions fusent, même au cinéma, mais le chanteur hésite, laisse traîner, se défile. Entre sa maison à Sherbrooke, sa ville natale, et l'appartement qu'il loue à Paris, dans le XVIIIe arrondissement, Garou mène une vie de loup. "Un loup, la nuit, ça s'en va courir", s'amuse-t-il. Virées nocturnes, bœuf, black-jack, machines à poker - son péché mignon. Et puis Céline Dion le convie à participer à son concert d'Adieu du 31 décembre 1999. Au cours d'un dîner de préparation, avec René Angelil, son mari, la star lance: "Mon équipe est fabuleuse. Tout le monde va devoir se séparer. On a pensé qu'on pourrait réunir le même noyau autour de toi." Garou manque de s'étrangler, mais, cette fois, il signe. Et travaille d'arrache-pied. Céline Dion décide même d'interpréter en duo Sous le vent. "On avait allumé des chandelles. Avec son ventre rond, elle chantait avec moi." Pour la sortie de l'album, Sony, sa maison de disques, va assurer Garou de toute sa puissance de feu. Soirée de lancement au Tanija, l'un des restaurants branchés de Paris. Séance de photo avec André Rau, le photographe à la mode. Comme pour les plus grandes stars, son service de presse éconduit les demandes d'interviews. "Il prépare sa tournée. À quoi lui serviraient de bons articles s'il devait faire de mauvais concerts?" répond-on. Une poignée de journalistes conviés à ses premiers concerts à Montréal auront la surprise de se voir annoncer: "L'entretien, vous ne pourrez le faire que dans quinze jours à … Paris." Gueule d'amour s'est-il pris la grosse tête? "S'il y en a un que le succès n'a pas changé, c'est bien lui", assure l'un de ses proches. D'ailleurs quand on le croise au hasard d'une soirée parisienne, c'est avec une tape sur l'épaule, et son inimitable façon de prononcer les "a", avec des accents circonflexes, qu'il vous lance "Comment ça va?" Nous voilà rassurés, Garou est resté le grand gaillard simple, sympa et chaleureux qu'on connaissait.
Bertrand Tessier