Lorsque les Français voulurent faciliter l'établissement
des colons en Nouvelle-France, ils adoptèrent la tenure française,
c'est-à-dire celle des seigneuries. Ils souhaitaient ainsi éviter
la distribution désordonnée des terres et favoriser le peuplement
de la colonie.
Selon cette tenure, les terres étaient établies le long des
principaux cours d'eau tels que le fleuve Saint-Laurent, la rivière
Richelieu et la rivière Chaudière. De plus, elles était
rectangulaires, étroites et perpendiculaires au cours d'eau. Leur
géographie permettait ainsi à plus de gens d'avoir accès
à un cours d'eau, ce qui représentait un avantage de taille
à cette époque où l'on considérait les cours
d'eau comme les principales voies de communication de ce Nouveau Monde.
Cette distribution des terres engendrait aussi un système d'entraide
très hiérarchisé. En effet, le roi divisait le territoire
en domaines appelés seigneuries. Puis, l'intendant (personnage très
influent qui s'occupait de la justice, de l'administration intérieure
et des finances) cédait ces seigneuries à des seigneurs.
Ces derniers divisaient leur seigneurie en censives (lots de terre) qu'ils
attribuaient à des censitaires.
La seigneurie était un système économique et social
où le seigneur et ses censitaires bénéficiaient de
certains droits et devaient vaquer à respecter leurs devoirs.
Le seigneur devait, entre autres, tenir feu et lieu, concéder les
terres, présenter un aveu de dénombrement, construire un
moulin ainsi que prononcer un acte de foi et d'hommage. Il avait aussi
plusieurs droits dont imposer des corvées, avoir un banc gratuit
à l'église (et se faire enterrer sous celui-ci), percevoir
le cens et recevoir la plantation du 1er mai.
Le censitaire avait, quant à lui, le droit de se servir du moulin,
de recevoir une terre et d'avoir un tribunal de justice. Pour ce qui était
de ses devoirs, notons ceux-ci : tenir feu et lieu, payer le cens, défricher
et cultiver sa terre ainsi que d'exécuter les corvées. Pourtant,
même si les colons canadiens avaient plusieurs devoirs, leur vie
demeurait nettement moins exigeante que celle du paysan français
qui était plus souvent qu'autrement remplie de misère et
associée à la pauvreté.