17 de marzo

23 de enero de 2003

Bras de fer decisif au Venezuela

Paul-Emile Dupret
Foro Social Mundial de Porto Alegre

Chacun sait donc que cette nouvelle bataille est decisive, et c' est pourquoi la bourgoisie locale, mais aussi des pays comme les Etat-Unis et l' Espagne jouent leur va-tout

L'opposition au gouvernement de Hugo Chavez, composee des patrons, des sinistres dirigeants syndicaux de la CTV, centrale syndicale liee a l' ancien parti AD decede pour cause de corruption, de la haute hierarchie de l' Eglise catholique et surtout des mass-medias commerciaux entame sa seconde semaine de tentative de greve generale.

Vendredi passe il apparaissait clairement que cette greve patronale etait un echec, les bases syndicales ne suivant pas du tout les directives du dirigeant syndical "golpista" Carlos Ortega, et se rendant au contraire massivement au travail. C' est alors qu' est intervenu le massacre de la place Altamira qui a tout de suite presentee aur toute les chaines commerciales comme etant le fait du gouvernement Chavez ce qui a donne un nouveau souffle le mouvement d' opposition qui s' est enfin etendu un peu dans une partie du secteur petrolier et dans la banque.

Peu importe que ce soit au gouvernement que profite le moins le massacre de la Place Altamira. Peu importe que la manipulation mediatique ait ete clairement demontree, puisqu' il est desormais prouve que le tueur d' origine portuguaise, Joao Gouveia est entre au Venezuela 13 heures apres le video diffuse par la chaine commerciale Globovision ou il apparait dans le centre de Caracas en compagnie de groupes prohes de Chavez. De toute facon l' adage a fonctionne: calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose.

Depuis que le gouvernement a pris la tutelle de la police metropolitaine de Caracas, l' opposition a recours a de nouvelles methodes sales: des bandes de motards circulent dans la ville, detruisant les magasins et rossant les commercants qui ne suivent pas le consignes de greve. Un groupe de manifestants a detruit vendredi soir le siege principal du parti de la majorite, le MVR (Movimiento Quinta Republica). Les parents voient avec horreur que de professeurs obligent leurs enfants a ecrire de facon repetitive "Chavez est un assassin,.Chavez est un assassin...". Ce Dimanche des cures ont fait des homelies sur le theme: "Qui ne fait pas greve ira en enfer" . Les televisions commerciales ne passent aucune image ou aucun programme "normal" mais consacrent leurs chaines, 24 heures sur 24, a conspuer le gouvernement et a appeler a la greve, precisant les endroits de reunions du lendemain, faisant circuler des rumeurs sur les penuries, afin de declencher la panique etc..., organisant des debats pseudo-intellectuels tous concluant inevitablement sur la necessaire sortie violente ou non du president Chavez.

Reponse populaire: Serenite et mobilisation

Malgre la gravite du scenario mis en place par l' opposition, tres similaire a celui du mois d' Avril, les secteurs populaires et gouvernementaux apparaissent tres alertes et preoccupees, mais d' une serenite etonnante. On est sur qu' il s' agit d' une semaine determinante, mais on croit que cette crise servira pour avancer dans le processus revolutionnaire. Les appels au calme et a la tolerance sont permanents. Mais le gouvernement appelle aussi le peuple a une mobilisation maximale contre la greve et pour la recuperation des sites petroliers, afin de reactiver la chaine de production. Ce matin j' ai ainsi rencontr'e dans le centre de Caracas, ou l' activite economique est normale hormis la fermeture des banques, de groupes bolivariens deambulnt dans les rues avec des megaphones appelant les gens a continuer a travailler normalement.

Cette serenite determinee provient du fait que l' on se rend compte que le processus avance. Si le scenario mis en place par l' opposition et dans l' ensemble une repetition des preludes du coup d' Avril, les conditions ne sont plus les memes. En premier lieu le mouvement populaire a enormement progresse en quelques mois, suite a l' alerte d' Avril. Le nombre des cercles bolivariens a explose. Une conscience bien plus claire existe, sur le fait que ce qui est en jeu, c' est une possibilite unique que represente ce gouvernement de vaincre la pauvrete grace aux orientations politiques prises: priorite a l' education et la sante, utilisation des revenus petroliers pour le developpement, reforme agraire, etc... Cette conscience va au dela des "chavistes" et a contamine tout le peuple qui a pu voir clairement le sinistre spectre du pouvoir mis en place de facon ephemere en Avril qui est le meme qui a genere toute cette pauvrete dans un pays qui est un des premiers exportateurs de petrole du monde.

En second lieu, la bourgeoisie a perdu les principaux allies sur lesquels elle pouvait compter dans l' armee, puisque 50 generaux ont ete eloigne de postes de commandements ou limoges apres le coup d' etat d' Avril. Il semble qu' actuellement le gouvernement ait assez bien en main l' armee et la garde nationale. Sur la place de Caracas, l'opposition a perdu un instrument qui avait ete essentiel pour perpetrer le coup d' Etat d' Avril, a savoir la police metropolitaine aux ordres du maire du grand Caracas, Adolfo Peña, qui avait elu sur la liste de Chavez, amis a retourne sa veste ensuite. C' est cette police qui a perpetre la plupart des assassinats d' Avril. Elle a ete mise sous tutelle de la garde nationale il y a deux mois.

Enfin le gouvernement, qui avait ete pris par suprise en Avril est cette fois plus alerte, et adopte des mesures proportionnelles a la gravite de la situation. Ainsi la semaine passee il s' etat contente d' organiser un grand marche populaire afin de contrecarrer la fermeture de certains magasins, iniciative aquí avait ete couronnee de succes. Face au sabotage de l' activite petrolier il a decide, samedi, de militariser les installations petrolieres, qui sont essentielles pour la survie du pays, et surtout pour la progression de sa politique sociale l' an prochain.

Le front mediatique semble le point le plus faible du gouvernement. Certes les medias communautaires se developpent de maniere acceleree et le rating de la chaine publique, assez indigeste mais seule source donnant une information assez raisonnable, a explose suite au degout de la majorite de la population face a l' engagement politique extreme et violent des medias commerciaux, et il reste tres grave que ces chaines commerciales, toutes favorables au coup d' etat, puissent continuer a faire circuler sans obligation de dementis les rumeurs les plus folles et les plus criminelles puisqu' elles diffusent notamment de messages qui encouragent clairement le linchage de Chavez et ses partisans, en plus du sabotage economique du pays et du coup d' etat.

Comme l' a annonce le president Hugo Chavez, la bataille de cette semaine est celle du controle de l' entreprise petrolier PVDSA, la plus grande entreprise multinationale de toute l' Amerique latine, qui est une vertiable enclave economique sous controle de la bourgoisie, qui a accapare la plus grande partie de ses revenus, et dont Chavez avait bloque in extremis la privatisation en arrivant au pouvoir. Le caractere public de l' entreprise est inscrit dans la constitution de la Republique bolivarienne.

La chaine de production petroliere est en partie bloquee suite aux actions des dirigeants de l' entreprise, de certains capitaines, et de certains proprietaires de camions et de pompes. Mais a l' appel de Chavez, qui a recu un appui massif lors d' une mega manifestation ce samedi, la population commence aujourd' hui a se mobiliser massivement et en permanece aux cotes de l' armee pour our maintenir ou retablir l' activite. Des installations sont occupees dans tout le pays. Sur certains bateaux, la tripulation se souleve contre son capitaine. Il s' agit maintanent pour la majorite de pouvoir depasser la difficulte technique que detient une minorite qui utilise ses competences pour bloquer la production.

Chacun sait donc que cette nouvelle bataille est decisive, et c' est pourquoi la bourgoisie locale, mais aussi des pays comme les Etat-Unis et l' Espagne jouent leur va-tout.

De son cote, s' il parvient a depasser cette epreuve, le mouvement de la revolution bolivarienne qui a gagne les elections il y a 3 ans deja, pourrait enfin acceder au pouvoir....

Tomado de Foro Social Mundial de Porto Alegre


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