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Chapitre 4

Nick appela une fois par jour, la première semaine puis ses appels se firent plus rares. Nous ne parlions que de choses anodines et je ne demandais jamais si nous allions nous revoir, pas plus que lui-même en parlait. Il était en Europe où il continuait sa tournée avec les autres Boys. Le jour de Noël fut plutôt triste, à mon avis. J’avais passé veille avec la famille de ma mère alors, j’ai dû aller chez mon père le jour même. Bien sûr, il y avait Cat qui ne cessait de me demander des nouvelles de Nick et je dus lui avouer que je n’en avais pas eu depuis quelques semaines.

- À table, les enfants ! appela Sarah.
Elle avait passé la journée au fourneau pour nous préparer un magnifique repas de Noël. Bien qu’il ait l’air succulent, je n’avais pas très faim. J’ai chipoté dans mon assiette et personne ne sembla le remarquer. Je compris pourquoi un peu plus tard :

- Les filles, nous avons une nouvelle à vous annoncer, commença mon père.
- Nous allons déménager ? essaya Cat.
- Peut-être, oui, mais ce n’est pas tout…
- Je suis enceinte ! dit Sarah.
Le silence tomba. Je regardai ma sœur, elle semblait sous le choc mais pas malheureuse.
- J’ai quinze ans, maman ! J’ai presque l’âge d’être mère, pas toi ! Tu as quarante et un ans et papa cinquante ans.
- Ce n’est pas si vieux dans notre siècle, ma fille ! Je t’ai eue à l’âge qu’a Mariana aujourd’hui et celle-ci avait onze ans à ta naissance.
- Je sais bien mais…
- Mais rien, tu seras une très bonne grande sœur ! dit papa.
- Et moi, j’aurai deux petites sœurs !
- Nous l’amènerons au spectacle des BSB quand elle aura dix ans, alors j’aurai presque ton âge et tu…
- J’aurai trente six ans et je serai probablement trop vieille pour ça ! Et qui te dis que ce sera une fille ?
Nous avons continué ainsi, spéculant sur le sexe du bébé et le reste du repas fut agréable. Il était tard lorsque je rentrai chez moi. Il y avait quelques messages sur mon répondeur mais aucun de celui dont j’attendais l’appel.

Les semaines après les fêtes étaient toujours celles les plus achalandées pour l’agence de voyages où je travaillais. Je partis donc trois semaines au Mexique où j’attendais les voyageurs pour les visites guidées. Je n’eus donc pas beaucoup de temps pour penser à Nick. Je faisais toujours très attention à ce que je mangeais et buvais, dans d’autres pays, mais je revins du Mexique avec je ne sais quelle maladie. Je ne me sentais pas très bien, toujours nauséeuse et fatiguée. Mes collègues de travail m’ordonnèrent d’aller consulter un médecin au cas où ce serait la fameuse tourista qui s’était glissée dans mon système. Cela pouvait empirer et devenir grave. J’eus donc un rendez-vous pour la veille de la St-Valentin. Le médecin me posa toutes sortes de questions (sur mon voyage, à savoir si j’étais enceinte, les vaccins que j’avais reçus, etc), il fit faire des analyses de sang et me dit que j’aurais les résultats dans les plus brefs délais, puisqu’il pourrait s’agir d’une maladie étrangère (même si elle est très bien connue !) et me donna une prescription d’un antibiotique à aller chercher si, et seulement si, c’était bel et bien cette maladie. Le lendemain matin, la secrétaire du médecin m’appela au travail.

- Bonjour madame Dubois, je vous appelle car nous avons reçu les résultats de votre analyse de sang. Le docteur Letendre désire vous rencontrer à ce sujet. Êtes-vous libre cet après-midi ?
- Je peux m’arranger. À quelle heure ?
- Une heure trente.
- Parfait.
- Je prends cela en note. Au revoir.
J’ai raccroché, me demandant ce qui était si grave qu’elle ne puisse pas me le dire au téléphone. Ce n’était peut-être pas la tourista alors, l’antibiotique qu’il m’avait prescrit n’était pas bon. J’ai donc essayé de continuer à travailler, attendant l’heure à laquelle je devais partir.
- Bonjour Mariana, dit le docteur Letendre, lorsque j’entrai dans son bureau.
- Que se passe-t-il ? Est-ce plus grave que ce que vous pensiez ?
- Grave ? Non. Mais c’est totalement d’une autre nature. Vous rappelez-vous du moment exact où vous avez commencé à ressentir ces symptômes ?
- Quand je suis arrivée au Mexique, la deuxième semaine de janvier. Je fais toujours très attention à ce que je bois, je n’achète que de l’eau en bouteille…
- Ce que nous avons trouvé n’est pas une maladie. Il y a un haut taux d’hormones dans votre sang.
- ???
- Vous êtes enceinte !
- Enceinte ?
- Oui, c’est pourquoi je vous ai fait venir car, comme vous aviez répondu non à cette question, hier, j’ai déduis que vous ne le saviez pas. Je vais vous envoyer faire une échographie, pour savoir depuis combien de semaine vous êtes enceinte.
- Treize semaines, dis-je après un bref calcul. Je suis tombée enceinte le dix neuf ou le vingt novembre.
- Vous en êtes certaine ?
- Oui.
- Nous ferons quand même une échographie, pour vérifier que tout va bien. Je vais vous prescrire des vitamines…
- Dois-je arrêter de voyager ? Je suis conseillère et accompagnatrice en voyages.
- Je vous conseillerais de ne pas aller dans les pays à hauts risques de maladie. Habituellement, une femme peut voyager jusqu’au huitième mois de grossesse, au-delà de cette limite, vous auriez besoin d’un papier d’un médecin. Prenez soin de vous, ne vous fatiguez pas pour rien.
- D’accord, merci docteur.
Je pris le papier qu’il me tendait et je retournai chez moi. Je n’avais pas la force d’aller travailler, surtout qu’on me poserait des questions sur ce que j’avais. Je m’en posais moi-même bien assez comme ça. Qu’allais-je faire ? Est-ce que je devais le dire à Nick ? Et s’il ne voulait pas de cet enfant ? Et moi, est-ce que je le voulais ? La réponse était oui, plus que tout au monde. Je pris la décision de ne pas lui en parler, si jamais il rappelait un jour.

Chapitre 5

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