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15.

Julian ne resta à San Francisco que quelques jours, afin de signer quelques papiers et de voir le début des travaux puis il repartit, laissant Mélodie avec le gros du travail à faire. Par chance et grâce au budget des nouveaux associés, elle put engager du personnel compétent pour l'aider. Elle passait ses journées avec les peintres, le comptable, l'informaticien ou alors, pendue au téléphone avec Julian ou des fournisseurs. Le soir, lorsqu'elle rentrait chez les Davis-McGowan, elle prenait une douche et se reposait sur son lit en parlant avec Nick ou les enfants jusqu'à ce que Betty, l'une des domestiques, vienne lui annoncer que le repas était servi.

Un soir, lorsque Mélodie rentra de la boutique après une journée particulièrement fatiguante, elle trouva un mot de la main d'Ally Davis sur son lit lui disant qu'un invité allait se joindre à eux pour le repas. Elle soupira. Cela voulait dire qu'elle allait devoir s'habiller, se maquiller et se coiffer pour descendre souper. Elle se déshabilla et alla sous la douche. Lorsqu'elle sortit, elle trouva une superbe robe bleue pâle et des sandalles blanches, sur son lit.
- Bonsoir, madame. salua la discrète Betty en entrant dans la chambre.
- Bonsoir, Betty.
- Je suis venue vous aider. annonça-t'elle.
- À quoi? demanda Mélodie, incrédule.
- À vous habiller et vous peigner pour le souper, madame. répondit Betty.
Mélodie hocha la tête. Elle n'était pas habituée à ça mais elle laissa Betty l'aider. Lorsque celle-ci termina de la coiffer, Mélodie dut admettre qu'elle n'aurait pu faire mieux elle-même.
- Merci, Betty.
Celle-ci sourit et sortit de la chambre. Mélodie termina de se préparer puis elle descendit au salon de thé où ils se réunissaient avant chaque repas. Ally Davis donnait quelques instructions à Cathie, une domestique qui s'occuppait des convives lors de chaque repas et Bruce McGowan discutait avec un jeune homme, sans doute l'invité mentionné par Ally. Il était assez grand, quoique plus petit que Nick, il avait le teint bronzé et les cheveux noirs.
- Ah! Vous voilà, ma chère! s'exclama Ally Davis, lorsqu'elle vit Mélodie.
Celle-ci s'avança et les deux hommes se retournèrent.
- Mélodie, je vous présente Travis Hammid. Il est le fils de mon amie d'enfance. expliqua Ally.
- Heureuse de vous rencontrer. dit Mélodie en prenant la main qu'il lui tendait.
- Moi de même, mademoiselle. répondit ce dernier avant de déposer un léger baiser sur la main de Mélodie.
Leurs regards se croisèrent lorsqu'il laissa sa main. Si l'on pouvait se perdre dans l'océan des yeux de Nick, Travis offrait la possibilité de trouver l'oasis dans l'intriguant désert de ses yeux. Tout aussi profond l'un que l'autre.
- Le repas sera bientôt prêt. annonça Ally, forçant Mélodie à quitter le regard de Travis. Je dois aller vérifier si tout se passe bien à la cuisine.
- D'accord. répondit Mélodie.
En sortant de la pièce, elle invita ses deux invités à faire connaissance. Mélodie repéra un fauteuil et Travis la suivit. Bruce s'éclipsa dans son bureau pour faire quelques téléphones.
- Bruce et Ally m'ont beaucoup parlé de vous. dit-il avec un accent que Mélodie ne parvint pas à identifier.
- Et que vous ont-ils dit? demanda-t'elle avec un sourire.
- Que vous étiez un ange de patience. Et l'une des meilleures dans votre domaine.
- Oh! Je crois qu'ils ont exagéré. répliqua Mélodie en riant. Je fais seulement ce que j'aime et Dieu sait que je perds patience!
- Ne soyez pas modeste, je suis certain qu'ils ont raison. En tout cas, je sais qu'ils vous adorent.
- SVP, cessons de parler de moi, je vais me mettre à rougir!
- Vous n'en seriez que plus jolie.
Mélodie rit doucement puis décida de changer de sujet.
- Vous savez plein de choses sur moi mais, je ne sais rien sur vous...
- Comme Ally l'a dit, je suis le fils de son amie. Elle et Bruce sont comme ma tante et mon oncle. dit Travis.
- Mais encore? Que faites vous dans la vie? interrogea Mélodie.
- Je suis acteur. répondit-il.
- Vraiment!? Dans quel film avez-vous joué?
- Je n'ai pas encore eu de grands rôles, mais j'ai joué dans le film Vrai mensonge, La Mommie, L'Avènement et d'autres productions pour la télé.
- C'est super!
- Ouais, mais c'est pas ce que pense mon père.
- Oh. fit Mélodie, ne sachant quoi dire.
- Mon père est d'origine arabe et, pour lui, le métier d'acteur n'est pas prestigieux. expliqua Travis.
- Je vois. répondit Mélodie.
Par le fait même, elle venait de connaître l'origine de ses yeux profonds et de son accent adorable.
Avant qu'ils ne puissent ajouter quoi que ce soit, Betty vint annoncer que le souper allait être servi dès qu'ils seraient assis à table. Le repas fut long mais agréable. Travis raconta quelques anecdotes du dernier plateau de tournage où il était allé, ce qui fit rire ses trois auditeurs. Mélodie se rendit à l'évidence qu'il avait un véritable talent d'acteur qui attirait les regards et faisait rire les gens. Il semblait à l'aise devant un public. Cette constatation la fit songer à Nick. Lui aussi avait un talent inné pour la scène. Plongée dans ses pensées, elle réalisa qu'il lui manquait. Elle se força à attendre la fin du repas pour monter à sa chambre et appeller chez elle.
- Résidence des Carter. répondit Mimi.
- Bonsoir, Mimi, c'est Mélodie!
- Bonsoir, madame.
- Est-ce que Nick est là?
- Je suis désolée, mais il est sorti avec les enfants.
- Bon, je rappellerai. Au revoir.
- Au revoir, madame.
Mélodie racccrocha puis appella sur le cellulaire mais n'obtint aucune réponse. Elle changea sa robe du soir pour un jean et une chemise et redescendit au salon.
- Où sont Ally et Bruce? demanda-t'elle.
- Ils se sont retiré pour la nuit, ils vous demandent de les excuser et vous souhaitent la bonne nuit. répondit Travis.
- Bon...
- Vous avez déjà visité la serre, derrière la maison? demanda-t'il.
- Non, Ally m'en a parlé mais je n'ai pas eu le temps de la visiter. répondit-elle.
- Vous voulez y aller maintenant?
- D'accord.
Travis lui offrit son bras et la guida à travers la maison jusqu'à la serre. Dès qu'ils entrèrent, l'humidité les enveloppa et pénétra leurs poumons. Outre ce petit désagrément, les fleurs et arbustes de toutes les couleurs offraient un spectacle merveilleux. La serre avait été aménagée comme un jardin d'eau. Il y avait une petite terrasse pour s'asseoir, quelques points d'eau avec une fontaine et le tout était divisé en sections aménagées différemment: un jardin japonais, hollandais, espagnol, etc.
- C'est magnifique! s'exclama Mélodie.
- Pas autant que vous. répliqua Travis, à voix basse.
Mélodie se plongea dans la contemplation des nénuphars, faisant comme si elle n'avait pas entendu. Il vint se placer devant elle et prit ses mains dans les siennes. Elle leva les yeux vers lui et rencontra son regard.
- Je le pense vraiment. dit-il sérieusement.
Il se pencha doucement vers elle.
- Je n'ai pas le droit. souffla-t'elle lorsque ses lèvres frôlèrent celles de Travis.
Celui-ci se redressa et la fixa.
- Je suis mariée. expliqua-t'elle. Ally et Bruce ne vous l'ont pas dit?
- Oui, ils me l'ont dit. avoua-t'il.
Mélodie hocha la tête.
- Me pardonnerez-vous d'avoir voulu goûter un instant au plaisir de vous avoir entre mes bras et vous embrasser?
- Bien sûr. répondit Mélodie en souriant. Je peux même vous permettre un baiser amical.
- Avec joie! s'exclama Travis.
Mélodie déposa un baiser sur chacune de ses joues et il fit pareil.
- Puisque nous sommes devenus amis, pouvons-nous nous tutoyer? supplia presque Mélodie.
- J'allais justement le demander!
Ils firent encore une fois le tour de la serre en bavardant de leurs vies respectives, Mélodie parlant de ses enfants et Travis de ses nombreuses tentatives au cinéma. Plus tard, lorsque Mélodie monta à sa chambre avec l'intention de rappeller Nick, elle réalisa qu'il était déjà tard, même en Floride où il était trois heures plus tôt. Alors, elle prit une douche rapide et s'effondra sur son lit où elle s'endormit rapidement.



16.

Durant les semaines qui suivirent, Mélodie travailla sans arrêt à la nouvelle boutique. Travis lui rendit visite à presque tous les jours, la forçant à s'arrêter pour sortir dîner. Elle rentra chez elle pour quelques jours, heureuse de revoir ses enfants et Nick. Il sembla à Mélodie que ces quatre jours ne furent pas assez longs et elle retourna à San Francisco à reculons. Mais, dès qu'elle remit les pieds à la boutique, le travail la submergea.
- Est-ce que ça avance? demanda Julian, à l'autre bout de la ligne.
- Oui. soupira Mélodie. L'ouverture devrait pouvoir se faire la semaine prochaine.
- Parfait! Ma mère va être ravie!
- Je l'espère. s'inquéta-t'elle.
- Mélodie, je suis certain que tout sera parfait, tu es merveilleuse.
- Ouais, ouais!
- Bon, je dois te laisser.
- Allez, bye!
Mélodie raccrocha et regarda sa montre.
- Il est l'heure de dîner! lança Travis, appuyé sur la porte.
- Travis! s'exclama-t'elle, surprise et contente de le voir. Tu n'étais pas en tournage quelque part?
- Nous avons terminé, je suis arrivé ce matin. répondit-il. Et je suis venu t'inviter à dîner.
- Ça tombe bien, j'ai faim!
Elle prit son sac et informa Sara, la future gérante, qu'elle sortait puis elle suivit Travis.
- Comment s'est passé ton congé à la maison? interrogea ce dernier, alors qu'ils étaient assis dans un casse-croûte.
- Très bien! Je m'étais tellement ennuyée! Mais ça été trop court. répondit Mélodie. J'ai hâte que tout ça soit fini pour retourner chez moi.
- Tu repars quand?
- Je sais pas encore. L'ouverture officielle devrait se faire mardi prochain, si tout va bien.
- Alors, il ne me reste que six jours à tes côtés. dit tristement Travis.
- Tu m'oublieras vite! Une jeune et belle future actrice te prendra dans ses filets dès que j'aterrirai à Tampa! répondit-elle en riant.
- Peut-être. répliqua-t'il, semblant peu convaincu.
Mélodie lui tapotta gentiement la main. Lorsqu'elle s'arrêta, Travis attrappa sa main et la garda entre les siennes.
- Si tu n'étais pas mariée... aurai-je une quelconque chance de gagner ton coeur?
- Je crois, oui, mais je suis...
Travis posa un doigt sur les lèvres de Mélodie.
- Je sais. dit-il.
Après un moment de silence, Mélodie brisa le silence, annonçant qu'elle devait retourner à la boutique. Durant le trajet, Travis retrouva son sourire et sa bonne humeur. Mélodie se replongea rapidement dans le travail et elle rentra chez les Davis-McGowan tard. Avant de descendre souper, elle appella chez elle. Mimi lui apprit que Nick avait dû se rendre à New York et que les enfants étaient sortis avec Lucy. Mélodie raccrocha, se demandant pour quelle raison Nick était à New York, redoutant qu'il ne s'agisse d'Ashley.

* * * * * * * * * * * * * * *

Lorsqu'il avait entendu la voix au téléphone, Nick avait su que les problèmes n'étaient pas finis. Ashley lui avait demandé de venir à New York le plus tôt possible. Elle avait longuement réfléchi, avait-elle dit. Alors, il avait prit le prochain avion pour New York. Maintenant qu'il y était, il s'en voulu de n'avoir averti personne, pas même Brian. Il héla un taxi qui le mena au point de rendez-vous qu'avait fixé Ashley.
- Bonjour, Nick. dit celle-ci lorsqu'il la rejoignit.
- Alors, qu'est-ce que tu as décidé? demanda-t'il sans prendre le temps de la saluer.
Elle soupira.
- Tu pourrais au moins faire semblant de te soucier de ton futur bébé.
- C'est ce que je fais en te demandant ce que tu as décidé. répliqua-t'il.
- Bon, si tu veux en venir là maintenant... J'ai décidé de le garder.
Nick hocha la tête, impassible, attendant la suite.
- Tu sais, j'ai commencé à le sentir bouger il y a deux semaines. dit-elle joyeusement. C'est un peu ce qui m'a décidé à le garder. J'ai un rendez-vous chez le médecin dans...
- Pourquoi tu me dis tout ça? Qu'est-ce que tu attends de moi? l'interrompit-il.
Ashley le regarda, ses yeux tristes se remplissants de larmes.
- Tu te fous vraiment de moi et du bébé, hein?!? lança-t'elle. Je te dis ça parce que tu es le père et que j'ai personne d'autre à qui en parler! Ah! J'aurais dû te dire que je me faisais avorter et le garder sans que tu le saches. Je pensais, qu'avec le temps, tu te serais plus soucié de nous. Mais je vois que je m'étais trompée! Tu sais quoi? Oublie-moi et le bébé! Oublie que nous avons pu même exister!
Ashley se leva et partit sans que Nick n'aie pu dire ou faire quoi que ce soit. Il quitta aussi, quelques minutes plus tard, pour se rendre à son hôtel. Il sortit pour aller manger et se promena dans les rues de New York, pensant à tous ses problèmes. Finalement, il retourna à sa chambre où il s'endormit rapidement.

Le lendemain, il décida qu'il devait parler avec Ashley de nouveau mais, cette fois, il allait l'écouter et essayer de l'aider. Après le dîner, il prit un taxi et se rendit à l'adresse où elle habitait la dernière fois où il y était allé. Un homme ouvrit la porte et lui annonça d'un ton bourru qu'Ashley était déménagée depuis quelques semaines. Il ne savait pas où elle restait maintenant. Nick repartit chez lui en se disant que si Ashley avait besoin de lui, elle ne se gênerait pas pour l'appeller.

* * * * * * * * * * * * * * *

Une journée avant l'ouverture de la boutique, il semblait à Mélodie que rien n'était prêt. Mais Ally Davis, Sara et Julian la rassurèrent. Le même soir, tout était terminé, il ne fallait plus qu'attendre au lendemain. Ally Davis se fit un plaisir d'inviter tous les collaborateurs à une petite fête "d'avant ouverture" dans son immense demeure. Plus tard ce soir-là, Mélodie appella Nick.
- Demain, c'est l'ouverture. dit-elle. Après ça, il ne me restera plus grand chose à faire ici. Sara, la gérante, et Ally pourront s'arranger toutes seules.
- C'est très bien! Alors, tu reviens quand? demanda Nick.
- J'ai pu avoir un vol de dernière minute pour jeudi.
- Parfait! Tu nous manques beaucoup, à la maison.
- Vous me manquez aussi! Tout le monde est bien gentil, ici: Ally, Bruce, Sara, Travis, etc, mais j'ai hâte de me retrouver dans mes affaires.
- Travis? releva Nick. Tu ne m'as pas parlé de lui.
- Non? Ah! s'étonna Mélodie. C'est le fils d'une amie d'Ally. Il est acteur.
- Ah bon. fit Nick, sur un ton jalou.
- Au fait, pourquoi es-tu allé à New York? demanda-t'elle.
- Je t'en parlerai quand tu seras ici.
- Bon... Je dois raccrocher maintenant. Embrasse les enfants pour moi.
- D'accord. Je t'aime.
- Moi aussi! À bientôt.
Elle raccrocha, se demandant ce qui c'était passé à New York. Elle se déshabilla et se coucha, imaginant le déroulement de la journée du lendemain. "Espérons que tout se passera bien!" se dit-elle.



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