Le tournage commença donc deux semaines plus tard. Les journées de Mélodie étaient bien remplies. Aramis acceptait bien le travail qu’il avait à effectuer avec Nick. Mélodie apprenait aussi à connaître le jeune homme. Ils eurent deux jours à passer ensemble avant de tourner les scènes de Nick. Un matin, Mélodie arriva tôt pour prendre soin d’Aramis et prit le temps d’aller en promenade avec le cheval. Il aimait galoper sur le grand terrain qui appartenait au centre. Ils revinrent à l’écurie trente minutes plus tard. L’équipe technique était déjà en train de monter leur équipement et les Boys étaient arrivés. Nick l’accueillit avec un sourire lumineux.
- Je t’ai regardée faire courir Aramis, tu es une bonne cavalière, lui dit-il lorsqu’elle descendit du cheval.
- Merci, mais je ne suis pas l’une des meilleures. Je ne pourrais pas faire de compétition.
- Pourquoi n’acceptes-tu jamais qu’on te complimente ?
- Je ne comprends pas, dit-elle en guidant Aramis vers sa stalle pour lui donner de l’eau et du foin.
- Mark t’a demandé de jouer une princesse, je t’ai dis que tu seras très jolie avec une robe et maintenant je te complimente sur tes talents de cavalière et, à chaque fois, tu n’as pas cru ce qu’on t’a dit.
- Peut-être mais…
- Pas de mais ! Crois-tu que Mark n’aurait pas pu trouver une autre fille aussi jolie que toi pour apparaître quelques secondes dans notre vidéo ? Mais il te l’a demandé à toi ! Pas à Viky, ni à personne d’autre. Alors, je répète ma question : pourquoi n’acceptes-tu pas les compliments ?
- Je n’y suis pas habituée, c’est tout.
- Personne ne t’a jamais dit que tu étais belle ou bonne cavalière ? s’étonna Nick.
- Belle, jamais. Et bonne cavalière non plus car je ne peux pas rivaliser avec personne, ici. Ils ont tous été élevés avec les chevaux et montent depuis l’âge de trois ans.
- Je veux seulement dire que je te trouvais à l’aise, sur Aramis et… que je te trouve très jolie.
Mélodie hocha la tête.
- Si tu le dis.
- Tu ne me crois pas ?
- Tu ne peux pas comprendre, Nick ! soupira Mélodie.
- Alors explique-moi !
Justin, l’assistant de Mark Johnson, sauva Mélodie de l’explication que Nick attendait.
- Ça sera plus long qu’on pensait, avec Howie, alors Mark te libère pour la journée.
- D’accord.
- Tu es libre, bonne journée, alors ! lança Mélodie à Nick.
- Tu pourras terminer ton travail habituel, répliqua-t-il.
- Allan a demandé à Carl de s’occuper de tout ça à ma place durant la période du tournage, expliqua la jeune femme.
- Cela veut dire que tu es libre, toi aussi.
- On dirait bien !
- Je t’invite à passer la journée avec moi.
Mélodie hésita. Elle ne désirait pas vraiment continuer la conversation que Justin avait interrompue mais, Allan lui avait ordonné de bien s’occuper de Nick.
- J’accepte. Que voudrais-tu faire ?
- J’aimerais bien faire une promenade à cheval, avec toi, et nous pourrions manger en chemin.
- Je vais demander à la cuisinière du bâtiment principal de nous préparer un pique-nique puis nous pourrons partir.
- Super !
Nick suivit Mélodie de près dans tout ce qu’elle faisait. Après quelques minutes de ce manège, elle commençait à s’en lasser mais le panier de pique-nique était prêt et la cuisinière l’avait déposé sur la grande véranda du bâtiment principal. Mélodie le ramassa puis retourna à l’écurie pour faire sortir Aramis. Nick monta derrière elle et ils partirent du côté opposé au tournage en cours. Pour une fois, Nick ne prononça aucune parole et Mélodie en fut heureuse. Elle aimait le bruit que faisaient les sabots du cheval sur l’herbe et regarder défiler le paysage, plongée dans ses pensées. Sauf que ce jour-là, ses pensées étaient troublées par la présence de Nick. Elle sentait ses mains sur ses hanches et le contact chaud de ses cuisses contre les siennes. C’était le contact le plus intime qu’elle avait partagé sur un cheval. Elle fit s’arrêter Aramis près d’un arbre où ils purent descendre pour pique-niquer. Ils bavardèrent, surtout de la vie de Nick, durant leur repas.
- Tu sais presque tout de moi, mais je ne sais rien sur toi.
- Il n’y a pas grand chose à dire. Je t’ai parlé de mes études, de ce qui m’a amenée ici.
- Ce n’est certainement pas toute ta vie ! Tu as quel âge, pour commencer ?
- J’ai vingt cinq ans, bientôt vingt six.
- Ta famille ?
- J’ai un grand frère qui a trente ans, Viktor, et une petite sœur de vingt trois ans, Samantha, qui habite encore avec notre mère.
- Et ton père ?
- Il est décédé quand j’avais cinq ans, dans un accident d’auto.
- C’est triste. Tu te souviens de lui ?
- Mes souvenirs sont plutôt vagues… surtout que j’étais avec lui lors de l’accident. J’ai passé trois jours dans le coma et, à mon réveil, ma mère m’a apprit qu’il était mort lorsque les secours m’ont sortie de la voiture, raconta Mélodie.
- Tu ne sembles pas avoir de séquelles de l’accident.
- Plus maintenant.
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- J’étais assise à l’arrière et, à cette époque, on ne s’attachait pas. J’ai traversé le pare-brise qui m’a ouvert le visage de l’œil au coin de la bouche.
- Alors, en disant « plus maintenant », tu voulais dire que tu as subi une chirurgie plastique ?
- C’est cela. Ça fait quelques mois que je ne me reconnais plus dans le miroir. J’ai l’impression d’être quelqu’un d’autre, physiquement. J’ai eu cette cicatrice durant vingt ans, c’était devenu presque normal, pour moi. Parfois, je faisais ce jeu avec un miroir. Tu le connais ?
Nick secoua la tête.
- Tu te places devant un miroir fixe et tu prends un autre miroir que tu appuies sur ton front jusqu’au menton et tu peux voir le reflet de ton visage, expliqua-t-elle. Moi, je le plaçais de façon à ce que le reflet me montre ce à quoi je ressemblerais sans cicatrice.
- Et tu te voyais comme maintenant ?
- Pas tout à fait. Le chirurgien a dut égaliser les deux côtés de mon visage, si je peux l’expliquer ainsi. Mais il n’a pas touché aux os. Je sais qu’ils peuvent sabler les os ou rajouter des pièces, mais je ne voulais pas.
- Je ne t’ai pas vu avant mais j’aime bien le résultat.
- Est-ce un compliment ?
- Je suis maladroit, je voulais simplement dire que tu es très jolie, comme je le disais tout à l’heure. Je comprends maintenant pourquoi tu n’acceptes pas facilement les compliments. Enfin, je veux dire…
- Je sais ce que tu veux dire.
Ils restèrent quelques minutes en silence, regardant Aramis qui se promenait tout près.
- J’aimerais que tu n’en parles à personne, les gens deviennent mal à l’aise, comme toi, et ne savent pas quoi dire.
- Ou disent des bêtises ! dit Nick avec un petit sourire. Promis, je n’en parlerai pas.
- Je t’avoue que tu es la première personne à qui je raconte ça. L’accident et tout le reste. Personne n’osait me demander ce qui m’avait défigurée, excepté ceux qui devenaient mes amis proches, et ils étaient rares.
- Et les garçons ?
- Oh ! J’ai eu des amoureux, si c’est le fond de ta question. Avec chacun d’eux, ma relation était amicale et devenait amoureuse, une fois qu’ils avaient passé par-dessus mon visage et apprenaient à me connaître. Mais, depuis mon opération, les hommes me sourient, me suivent du regard et m’invitent à sortir. Je sais que je dois être jolie et que c’est la raison de leur comportement, mais je commence à penser que la beauté ne me rendra pas plus heureuse que je l’étais avant. Les gens semblent moins honnêtes ou plutôt… je ne sais pas quel mot employer. Avant, les gens, surtout les hommes, m’aimaient pour ce que je suis mais maintenant, ils feraient tout seulement parce qu’ils me trouvent belle.
- Je saisis ce que tu veux dire. Alors, tu refuserais si je t’invitais à sortir ? Oui, je te trouve très jolie mais j’aime être avec toi et bavarder comme une personne normale, parce que tu me traites comme tel. Je me sens moi-même, avec toi, pas comme Nick Carter des Backstreet Boys.
- Alors, j’accepterais.
- Tu es sérieuse ?
- Bien sûr. En attendant, nous devrions rentrer.
Nick approuva, un sourire accroché au visage. Il monta derrière Mélodie, content de retrouver son contact chaleureux. Il dut retenir ses mains qui fourmillaient d’envie d’aller se poser sur les cuisses de la jeune femme. Ce dont il ne se doutait pas, c’est qu’elle songeait, au même moment, à la sensation de ses mains sur ses hanches. Ils parcoururent le chemin en silence, encore une fois, et rejoignirent le groupe qui les attendait à l’écurie. Mark Johnson leur apprit que le tournage de leurs scènes aurait lieu le lendemain. Mélodie devait essayer la robe qu’elle devrait porter alors. Une femme qui s’occupait des costumes, Janet, l’amena au bâtiment principal pour l’essayage. Elle sortit une magnifique robe bleue de style médiéval de son enveloppe plastique. Mélodie se changea et, lorsqu’elle se vit dans le grand miroir sur pied, elle crut voir quelqu’un d’autre. Elle portait rarement des robes, encore moins de ce genre.
- C’est très bien, il n’y a presque pas de retouches à faire, commenta Janet. Je dois raccourcir la jupe…
Elle fit monter Mélodie sur un tabouret et s’agenouilla pour épingler la bas de la robe.
- Elle sera prête pour le tournage de demain.
Mélodie l’enleva et se rhabilla. Elle rejoignit le groupe à l’extérieur.
- Alors ? fit Nick.
- Elle est magnifique ! Je me demande comment je vais faire pour monter derrière toi, je le fais toujours en pantalon.
- Tu monteras comme une princesse, les jambes du même côté. Et tu te tiendras fort contre moi.
Mélodie hocha la tête. Elle pensa que ça lui fera bien plaisir de se tenir contre lui. Le reste de l’après-midi, ils travaillèrent avec Justin qui leur donna les derniers détails pour le lendemain. Mélodie et Nick pratiquèrent encore et encore les scènes qu’ils devraient effectuer. Peu après six heures, Mark, Howie et Nick retournèrent à leur hôtel et Mélodie rentra chez elle, épuisée. Elle soupa, se doucha et se coucha. Le sommeil ne tarda pas à venir et fut rempli de rêves avec des princesses, des chevaux, un dragon et Nick.
Le lendemain, elle se leva très tôt, se prépara puis partit au centre. Elle prépara Aramis pour les scènes qu’il allait faire avec Nick. Des techniciens avaient trouvé des selles et des couvertures qui ressemblaient à celles qu’on mettait aux chevaux au Moyen Âge. On avait cousu des armoiries sur les couvertures, avec un dragon et des épées. Mélodie devait être présente lors des scènes puisqu’elle s’occupait d’Aramis. Elle devait s’assurer que le cheval se comportait bien et ne se fatiguait pas trop.
- Bon matin, milady, dit Nick en approchant, vêtu de son costume de chevalier.
- Bon matin à vous aussi, messire, répondit Mélodie en souriant.
- Nick, viens te mettre en place pour la première scène, appela Mark Johnson. Méloldie, amenez Aramis car Nick devra être en selle pour commencer. Vous vous rappelez du scénario ?
- Oui, bien sûr !
Nick monta sur le cheval et devait faire avancer au trot, dos à la caméra et ensuite, revenir face à la caméra. Ce ne fut pas très long, Mark était satisfait de cette première prise.
- Mélodie, guidez-le pour qu’il se place de côté. Cette fois-ci, nous feront jouer la chanson et Nick devra chanter en même temps. Le cheval devra bien vous écouter car, lorsque je vous ferai signe, il devra avancer lentement vers nous. Compris ?
- Oui.
Elle marcha jusqu’à Nick, avec le petit walkie-talkie de Mark, où elle lui rappela ce qu’il devait faire.
- Je resterai tout près au cas où Aramis ne voudrait pas t’écouter.
- Merci !
Mark cria dans son Interphone et la musique parvint jusqu’à eux. Nick avait un écouteur sans fil, dans son oreille pour qu’il n’y ait pas de différence entre les paroles et le mouvement de ses lèvres, à la caméra. Brian chantait le premier couplet alors, il ne chantait pas mais elle put entendre Nick chanter le refrain. Pendant le second couplet, Mark lui fit savoir que Nick devait faire avancer Aramis. Le cheval exécuta l’ordre sans problème. Mélodie les suivit lentement, écoutant la voix mélodieuse de Nick. Il n’avait que les refrains à chanter et une ou deux phrases puis la musique s’arrêta. Ils étaient arrivés près de Mark et Nick resta sur Aramis.
- C’était très bien, Nick, dit Mark. Nous allons la refaire une autre fois quand même.
Mélodie le suivit jusqu’à l’endroit où ils étaient partis.
- Je ne connais pas cette chanson, mais je la trouve très belle.
- C’est Climbing the walls.
- Ah ! Je vois d’où est venue l’idée de vous faire grimper le mur d’un château pour sauver une princesse.
- C’est un peu ça. Dans la chanson, on parle de quelque chose qui les tient séparés, qu’il doit y avoir un moyen pour eux d’être ensemble… le chevalier est tombé amoureux après un baiser de la princesse, mais un méchant l’a enfermée et il va la sauver car elle est une part de lui, maintenant.
- Ça ressemble à l’histoire du Lac des signes.
- Si tu veux.
Ils étaient arrivés et Mélodie aida Nick à positionner Aramis.
- Tu as parlé d’un baiser… je l’ai compris dans la chanson mais est-ce que Mark veut le faire dans le vidéo ?
Nick n’eut pas le temps de répondre, Mark criait encore dans son Interphone. La musique reprit. Mélodie dut attendre longtemps avant d’avoir la réponse car, dès que la scène fut terminée, on l’envoya s’habiller pour sa scène de princesse. Elle et Nick l’avaient pratiquée mais, avec une robe, cela changeait tout. Il devait la prendre par la taille pour la déposer sur Aramis et monter derrière elle. Ses jambes devaient être du même côté et, prise entre les bras de Nick, elle ne pouvait bouger. C’est donc lui qui guiderait Aramis. Cela semblait plutôt simple, au premier abord, mais ce fut plus difficile qu’elle ne l’espérait. Les techniciens avaient placé un faux mur de château d’un mètre de haut et un petit échafaudage solide. Nick et Mélodie devaient sauter par-dessus et se mettre à courir quelques mètres, comme s’ils se sauvaient de quelqu’un. Mais en robe et souliers de princesse, ce n’était pas si facile.
- Nous allons essayer quelque chose, dit Mark en s’approchant. Nick va te tenir la main, en courant, peut-être que cela va t’aider.
- D’accord.
Ils refirent la scène. Tout de suite après avoir sauter, Nick lui prit la main et la guida vers Aramis. Sans savoir s’il l’avait vraiment aidé, elle ne trébucha pas cette fois. Mark cria « coupé ! » et sembla content.
- Maintenant, passons à la scène où Nick monte Mélodie sur le cheval.
- Tu dois te tenir tranquille, encore un peu, chuchota la jeune femme à son cheval. Je vais essayer de bien faire ce que j’ai à faire pour que tu puisses aller te reposer.
- Tout ira bien, Mélodie, la rassura Nick.
- Tu es patient, avec moi.
- C’est le dix-septième vidéo que je fais. Penses-tu que je réussissais du premier coup, lors des premiers ? Et je ne suis pas celui qui apprend le plus rapidement toutes nos chorégraphies pour les spectacles.
- Tu me rassures ! Parlant de vidéos, je me rappelle d’un où vous étiez tous déguisés en monstres, dans un manoir hanté.
- C’était pour Everybody Backstreet’s back. Le plus long tournage qu’on ait fait ! Nous passions plus d’heures au maquillage qu’à tourner nos scènes. Heureusement, pour celle de la salle de bal, nous n’avions pas à subir tout ça. Ah ! Parlant de bal, pour ce vidéo-ci, nous allons aussi en faire un, qui paraîtra au début, lors de la rencontre des chevaliers et des princesses.
- Cela me fait penser à ce que je t’ai demandé, ce matin…
Elle fut interrompue par Mark et, une fois de plus, elle n’eut pas la réponse. Ce n’était pas qu’elle n’aurait pas aimé embrasser Nick mais elle voulait s’y préparer. Ils tournèrent plusieurs fois la scène. Mélodie se sentait très nerveuse et Mark le voyait bien.
- Mélodie, as-tu besoin de te reposer quelques minutes ? demanda-t-il.
- Non, non. Je voudrais en finir vite car c’est Aramis qui se fatigue.
- Alors, détends-toi car on voit ton visage crispé à l’écran.
Mélodie hocha la tête, ferma les yeux et respira profondément. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, Nick était près d’elle et la regardait. Il caressa son visage du revers de sa main puis la saisit par la taille et la souleva pour l’asseoir sur Aramis. Elle avait posé ses mains sur ses épaules et les glissa sur ses bras jusqu’à ses mains. Il déposa un baiser sur sa main gauche et grimpa derrière elle sur le cheval. Il donna le signal à Aramis qui avança lentement puis partit au galop. Ils s’arrêtèrent plusieurs mètres lorsque Mélodie entendit Mark crier « coupé !».
- Tu vois, tu as réussis, dit doucement Nick à son oreille.
Ils rejoignirent l’équipe de tournage et Mark aida Mélodie à descendre du cheval.
- C’était superbe ! Nick, bravo. Tu as prit une bonne initiative, puisque ce geste que tu as fait n’était pas prévu mais tu as réussis à détendre Mélodie. Tu peux aller te changer pendant que je parle à Mélodie.
Alors ce n’était que pour le vidéo ! pensa Mélodie. Elle ne savait pas que la caméra tournait, jusqu’à ce qu’elle entende Mark. Elle avait été naïve et ne s’y laisserait plus prendre.
- Vous avez terminé pour aujourd’hui. Il reste trois jours, en fait, avant de tourner la scène du bal et du baiser. Vous allez devoir venir passer deux jours au studio car nous avons encore besoin de vous en princesse. Sarah, la chorégraphe, vous montrera la danse pour le bal.
- D’accord, fit-elle d’une petite voix.
- Y a-t-il un problème ?
- C’est que… je ne suis pas très à l’aide avec cette histoire de baiser. N’est-il pas possible de…
- Je crains que non. Cela fait partie de la chanson et tout la monde en a été avertit depuis le début.
- Pas moi !
- Voyons, Mélodie, ce n’est rien. Brian et Kevin sont mariés et vont quand même embrasser leur princesse. Ils savent que c’est pour la caméra.
- Je comprends, mais je n’ai pas l’habitude d’embrasser un étranger, même si c’est pour faire semblant.
- Écoutez, parlez-en avec Nick. Moi, je n’ai pas le temps de trouver une fille qui pourrait vous remplacer. Je vous en prie.
Mélodie acquiesça d’un signe de tête puis rentra au bâtiment principal où elle se changea. Janet lui fit essayer une robe encore plus belle, celle qu’elle porterait pour le bal !
- On dirait Cendrillon ! dit Nick, appuyé sur le cadre de la porte, faisant sursauter Mélodie.
- Je ne t’avais pas vu !
- Moi si et tu es très belle !
- Est-il toujours en train de faire des compliments ? demanda Mélodie à Janet qui, agenouillée, épinglait le bas de la robe.
- Ça dépend… marmonna-t-elle, des aiguilles dans la bouche.
- Puisque notre travail s’est terminé assez tôt, je venais t’inviter à sortir.
- J’avais pensé aller me coucher, répondit Mélodie, détournant les yeux.
- Tu m’as dit, hier, que tu accepterais si je t’invitais.
- Tu as raison et je tiens toujours ma parole.
- Super ! Je t’attends sur la véranda.
Mélodie put se changer et rejoint Nick.
- Où allons-nous ? demanda-t-elle.
- Je ne connais pas le coin, je comptais sur toi pour me faire visiter et nous pourrions arrêter dans un bon restaurant.
- D’accord, mais je dois me changer. Je n’irai pas au restaurant en jean !
- Je te suis.
Ils montèrent dans la voiture de Mélodie qui conduisit jusque chez elle. Nick s’installa devant la télé pendant qu’elle se changeait. Lorsqu’elle sortit de sa chambre, elle alla au salon et vit Nick qui s’était assoupi.
- Nick ?
- Hein ? Quoi ?
- Tu dormais !
- Non, pas du tout. J’ai juste fermé les yeux quelques minutes.
- Je ne t’en veux pas, je suis plutôt fatiguée moi aussi.
- Qu’en dirais-tu si nous restions ici, pour souper ?
- Ça ne me dérange pas. C’est une bonne idée, sauf que je n’ai rien décongelé, j’avais prévu de manger de la pizza ou du poulet barbecue.
- Ça me convient parfaitement !
Mélodie décrocha son téléphone pour commander du poulet. Le livreur arriva trente minutes plus tard. Ils mangèrent en écoutant la fin d’un film, à la télé. <
- Ce qui est bien, c’est qu’on a pas de vaisselle à laver !
- De toute façon, j’ai un lave-vaisselle. Bon, que voudrais-tu faire ?
- Je te promets de te sortir, pour vrai, une autre fois mais, pour l’instant, tout ce dont j’ai envie, c’est de rester ici à relaxer et bavarder avec toi.
- C’est bien, je me disais justement la même chose ! On retourne au salon ?
- Premier arrivé ! lança-t-il avant de courir et de sauter sur le divan.
- Es-tu toujours aussi…
- Bébé ? Enfantin ?
- Ce n’est pas vraiment ce que je voulais dire.
- Je suis habitué. Étant le plus jeune, on m’a toujours traité comme tel et je suis resté jeune dans mon cœur ! Tu devrais nous voir, Brian et moi, même s’il est quelques années plus vieux, il est toujours aussi enfantin que moi !
- C’est bien d’avoir de bons amis avec qui s’amuser.
- Tu ne sembles pas en avoir beaucoup, ce n’est pas la première fois que tu y fais allusion.
- Tu sais, les enfants peuvent être très méchants et cruels. Alors, avec mon vi… avec le visage que j’avais certains avaient peur ou me traitaient de monstre. Les amis que j’ai sont de vrais amis, même si j’en ai peu.
- Mélodie, j’aimerais voir une photo de toi, avant. Je ne comprends pas pourquoi les gens étaient si méchants.
- Je n’étais pas vraiment laide ! Mais les enfants ont exagéré. Je ne crois pas que tu devrais voir ça.
- Pourquoi pas ?
Mélodie soupira puis se leva pour aller chercher un album photos. Elle lui montra la dernière qui avait été prise d’elle avec sa cicatrice, presque un an auparavant, lors de son anniversaire.
- C’est bien moins pire que ce à quoi je m’attendais ! Tu parles de toi comme si tu étais vraiment laide et défigurée comme le gars dans le film Goonies !
- Mais on ne peut pas dire que j’étais jolie, non-plus.
- Je ne dirais pas ça. Je suis certain que les amoureux que tu as eus te trouvaient jolie.
- C’est ce qu’ils disaient parfois.
- Et c’est vrai ce que tu disais… que ton visage avait un peu changé. Mais on dirait seulement qu’il a minci, le chirurgien a bien fait son travail et tu es belle parce que c’est ton vrai visage.
- Je vais commencer à te croire, si tu n’arrêtes pas de dire que je suis belle.
- Pourtant, tu devrais déjà me croire.
Il plongea son regard dans celui de Mélodie. La jeune femme détourna les yeux, ferma l’album photos et alla le ranger. Elle se rassit.
- J’y pense… heu… Mark m’a parlé du tournage des scènes pour le bal et…
- Le baiser, continua Nick.
- Oui. Ça m’inquiétait et il m’a suggéré de t’en parler.
- Ça t’inquiète ? répéta-t-il. Je ne vois pas pourquoi.
- Je vais te paraître vieux jeu mais… je n’ai pas l’habitude d’embrasser un étranger. Je veux dire qu’on se connaît à peine et qu’il n’y a rien entre nous.
- Je comprends. Lève-toi.
Il se mit debout et la tira par la main. Il la dépassait d’une bonne tête. Il mit sa main sur sa hanche et l’autre tenait sa main, en position pour danser.
- Je ne suis pas le meilleur des danseurs mais suis-moi.
Ils exécutèrent quelques pas de valse pendant que Nick lui parlait.
- Ferme tes yeux et imagine que tu es Cendrillon qui danse avec le Prince Charmant. Tu joues le rôle de Cendrillon qui a succombé au charme du Prince.
Elle suivit ses directives et se laissa guider par Nick qui se mit à fredonner Climbing the walls. Elle ouvrit les yeux et le regarda en souriant. Elle le laissa faire lorsqu’il posa ses lèvres sur les siennes.
- Tu vois que ce n’était pas difficile ou inquiétant, dit-il en relevant la tête.
- C’est vrai.
Elle ôta sa main de celle de Nick et se laissa tomber sur le divan. Elle se sentait étourdie mais ne savait pas si c’était à cause de leur danse ou du baiser. Elle pouvait toujours sentir le contact des lèvres de Nick sur les siennes. Lui, ne semblait pas troublé et bavardait encore. Mais elle ne savait pas que son babillage n’était que pour cacher son trouble, justement. Il suggéra de regarder un film puis il partit en taxi juste après. Elle allait se coucher lorsque le téléphone sonna.
- J’ai oublié de te remercier ! dit la voix de Nick.
- Ça m’a fait plaisir, tu n’as pas à me remercier.
- Je le fais quand même. Alors, bonne nuit et à demain. N’oublie pas que Mark viendra te chercher tôt pour t’amener au studio. Nous nous verrons là-bas.
- D’accord, à demain.
Elle raccrocha. Puis, une idée lui traversa l’esprit :
- Comment a-t-il eu mon numéro de téléphone ? dit-elle à voix haute.
Elle s’endormit sur cette pensée.