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Le « canot volant » ou le diable qui fait voyager

 

 

Le « canot volant » ou « chasse-galerie » qui voyage souvent au-dessus des campagnes canadiennes, surtout à l’époque des Fêtes, s’explique encore par un pacte conclu entre la diable et des hommes de chantier. Ces derniers, au lieu d’assister à la messe de minuit, soit à Noël, soit au jour de l’an, s’entendent avec le Malin pour aller danser avec leurs « blondes » qu’ils ont laissées dans leur village, situé à plusieurs lieues du chantier.

Pour « courir la chasse-galerie », il faut, par une pacte, vendre son âme au Diable pour la durée du trajet, aller et retour.  En échange, la Malin transporte ses protégés en canot volant jusqu’à l’endroit désiré, après que ceux-ci aient prononcé la formule sacramentelle : « Satan, roi des enfers, enlève-nous dans les airs! Par la vertu de Belzébuth, mène-nous dret au but! Acabris! Acabras! Acabram! Fais-nous voyager par-dessus les montagnes! » Cette formule ne suffit toutefois pas pour faire voler le canot. Encore faut-il que les hommes, toujours en nombre pair, ne provoque pas en cours de route le nom de Dieu et évitent de heurter les croix ou les clochers des églises. Deux menaces constantes qui risquent de faire chavirer le canot. Baptiste Durand en sait quelque chose. Ivre-mort, sur le chemin du retour, il ne cesse de sacrer comme un possédé. L’accident inévitable se produit : le canot, emporté par le Diable, perd de l’altitude et s’enfonce « dans un banc de neige, dans une éclaircie, sur le flanc d’une montagne. » À bout de patience, pour le faire taire, plutôt que de laisser leurs âmes au démon, les voyageurs se saisissent de l’ivrogne, le bâillonnent et le ligotent dans le fond du canot. Quand il parvient à se libérer, plusieurs lieues plus loin, il menace de s’en prendre à ses associés, en gesticulant et en sacrant. L’inévitable se produit :  le canot heurte la tête d’un gros pin et les voyageurs téméraires sont «précipités en bas, dégringolant de branche en branche comme des perdrix que l’on tue dans les épinettes. » Quant à Titange, héros de Louis Fréchette, il est sévèrement puni lui aussi pour avoir voulu emprunter ce moyen de transport. Incapable de faire voler le canot, après avoir conclu le pacte et prononcé les paroles sacramentelles, il frappe le canot de sa hache. L’instrument rebondit  lourdement et lui tranche le poignet. Depuis, il erre, tel un mendiant, d’un village à l’autre, pour racheter sa faute. Jos Violon s’est bien gardé de lui avouer qu’il avait collé une image de l’enfant jésus sous la pince du canot!

 

 

 Références :

Gignac, Rodrigue, Gingras, Line, Ruette, Daniel, Verreault, France, Nord no7, Contes et légendes, ©NORD, Éditions de l’Hôte, 1977, 188 pages.

Aurélien Boivin.

 

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