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Le Diable constructeur d’église

 

 

C’est arrivé au Cap-de-la-Madeleine, quand ils ont bâti le sanctuaire. Ils charroyait la pierre qui venait de l’autre côté, de Saint-Angèle. Ils charroyaient la pierre de cet endroit-là et à un moment donné, un cheval noir est arrivé. Ils l’ont vu et un des Pères qui était là à dit : « Attelez-le, n’ayez pas peur. Faites-le charroyer la pierre, chargez-le, il est capable d’en traîner.»

Ils ont donc commencé à charroyer avec ce cheval-là et ils ont transporté toute la pierre dont ils avaient besoin pour l’église. Lors du dernier voyage, la glace fondait derrière eux à mesure qu’ils traversaient, mais ils sont finalement arrivés au bord. Là, un Père a dit : « Ne le débridez jamais, laissez-le faire. Le matin, vous le reprendrez et il va être encore cheval comme d’habitude. »

                D’après ce qu’ils ont dit, ils ont charroyé toute la pierre. Quand ils ont eu fini et que tout a été fait, le contremaître, celui qui menait le chantier, a dit au Père : « Qu’est-ce qu’on va en faire? On n’en a plus besoin. Est-ce qu’on peut le lâcher? » Le Père a dit : « C’est correct. Attends un peu. Ne lui ôte pas sa bride. » Mais le gars a mal compris et il l’a débridé. En le débridant, pouf! Tout a disparu : plus de cheval, ni rien.

Ils n’ont jamais revu le cheval et ils n’ont jamais su ce que ça pouvait être. Mais d’après ce Père, c’était le Diable qui avait charroyé la  pierre. Ça a l’air vrai parce que l’église est encore là, le Pont des chapelets est encore là et il y a tout ça pour prouver ce qui s’est passé dans ce temps-là.

 

 

 

Légende recueillie en 1976 par Denise Maltais.

Informateur : Édouard Hovington, 72 ans, de Bergeronnes (Côte-Nord).

Tiré du livre : Contes et Sortilèges des quatre coins du Québec

De Nicole Guilbault du Cégep François-Xavier-Garneau

©Documentor Inc., 1991

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