- Ne t'inquiète donc pas, soupira Yamcha, plutôt las de cette crise qui frôlait l'angoisse. C'est un grand garçon...
- Mais la dernière fois, Goku l'a trouvé presque mort dans une forêt au milieu de nulle part! Après seulement quatre jours! Et maintenant il pourrait bien être...
Elle se mit à imaginer trente-trois façons pour Végéta de mourir dans la solitude et la douleur, ignorant le regard de plus en plus découragé de son petit ami.
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Végéta savait bien ce qu'il l'attendait à Capsule Corporation: un joli discours bien préparé, bien hurlé, qui n'aurait aucun effet sur lui mis à part l'énerver. Il avait repoussé son retour cinq fois en y pensant, mais à présent la chaleur et la nourriture préparée lui manquaient - pas qu'il soit devenu douillet, oh non! - et il lui fallait revenir un jour, de toute façon. Il espérait seulement que Bulma ne mentionnerait pas cette fête imbécile... Noël...
Il se posa prudemment près de la porte, espérant ne rencontrer personne sur le chemin de sa chambre. Ses vêtements étaient plus que déchirés (il avait omis de revêtir un habit de type saïyen...) et il se savait sale et puant. Une bonne douche, un détour par la cuisine, il irait se coucher... Et affronterait l'ouragan le lendemain.
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Il en était à manger lorsque des pas légers attirèrent son attention. Il ne leva même pas les yeux, reconnaissant la faible aura.
- Enfin de retour, dit froidement la voix tant redoutée.
Il avala lentement, prit une autre bouchée sans même daigner la regarder.
- J'étais morte d'inquiétude.
- Je ne vois pas pourquoi.
- Tu sais très bien pourquoi, crétin. Mais bon, tu es là alors... Tiens.
Elle déposa une petite boîte sur la table, devant lui. Un simple ruban blanc la décorait, mais Végéta comprenait parfaitement ce que c'était. Il la poussa vers Bulma.
- J'ai pas besoin de ces trucs.
- Tu ne l'as même pas regardé! Allez, je l'ai fait juste pour toi...
Sa voix s'évanouit, Végéta soupira. "Bon, si ça peut la garder tranquille..." Il retira promptement le ruban, souleva le couvercle et jeta un coup d'oeil à l'intérieur.
Un genre de badge étrange s'y trouvait, couché sur un lit de satin bleu royal. Le 'badge' consistait en fait en un V stylisé, apparemment d'or, décoré de minuscules pierres précieuses.
Il fixa l'objet pendant quelques secondes, remit le couvercle en place et recommença à manger. Bulma fronça des sourcils.
- Alors?!
- Quoi?
- Tu ne l'aimes pas?
- C'est quoi?
- Un insigne... Je sais qu'il n'a probablement aucun lien avec le véritable, mais... C'est pour le Prince des Saïyens!
Végéta toussa un bon coup afin de ne pas s'étrangler. Il déballa l'insigne et le détailla des yeux. Bulma attendit, un peu nerveuse.
- C'est ridicule, décida-t-il en lançant l'objet derrière son épaule.
L'insigne heurta le mur, retomba un peu derrière la chaise du mangeur. Bulma ouvrit la bouche mais aucune parole n'en sortit. Végéta laissa aller un "Keuf" bien senti, vida une bouteille de jus d'un trait.
- Mais... J'ai bossé comme une folle là-dessus! Tu as une idée de combien ça m'a coûté?!
- Je m'en fous. Laisse-moi tranquille.
- Tu as le culot de t'installer chez moi, de demander une salle de gravité juste pour toi, une tenue dont le tissu n'existe même pas sur Terre, de vider les provisions chaque semaine, de t'en aller sans rien dire et d'inquiéter tout le monde, et maintenant tu lances MON cadeau par terre comme... Comme un... Comme...
- Un déchet?
- Exactement!
Végéta posa le dernier bol de nouilles qu'il avait à engloutir, la regarda avec un sourire typiquement saïyen qui lui fit un peu peur.
- Premièrement, tu as insisté pour que je vienne. Deuxièmement, mes 'demandes' t'ont carrément emballé et tu en as fait plus que je t'ai demandé. Troisièmement, je me nourris selon mon appétit et tu n'as rien à redire là-dessus. Ensuite, je pars si je veux, quand je veux. Et finalement, tu es la seule à t'inquiéter.
La mâchoire de Bulma descendit de quelques crans impossibles, surtout après la dernière phrase. Végéta, satisfait de son effet, se leva et, lentement, ostensiblement, écrasa l'insigne du pied. Malgré la solidité des matériaux, sa force impossible mutila le V, le réduisit en miettes.
Les yeux bleus s'écarquillèrent.
- Et ton cadeau, je m'en calisse, conclut-il en empruntant un terme bien Terrien.
Puis il partit, laissant la table écoeurante, les miettes d'or et de pierres précieuses sur le sol et une jeune femme frissonnante et muette de stupeur.
Malgré sa vision trouble, elle fixa le résultat de tant d'heures de travail pendant un long moment. Finalement, elle ferma la bouche et secoua la tête. Très bien. A quoi pensait-elle, de toute façon? Cet homme - ce Saïyen - avait voulu détruire sa planète, tuer ses amis, et elle lui donnait un insigne en son honneur?! Mais quelle idiote!
Furieuse, elle appela un robot nettoyeur et alla se coucher. Végéta pouvait bien aller se faire voir.
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Plus d'un mois passa. Végéta était enfermé dans sa salle de gravité plus souvent et plus longtemps, parfois même pendant deux jours complets, avant que Bulma ne se décide à couper les circuits d'alimentation de la salle. Depuis cette fameuse nuit, elle refusait d'être aimable avec lui et il faisait comme s'il ne remarquait rien.
Pour la Saint-Valentin, Végéta se retrouva de nouveau seul à Capsule Corporation. Soudain son entraînement l'énerva terriblement et il sortit de la salle en coup de vent, se rua vers la douche la plus près et fit couler de l'eau presque bouillante. Mais sa peau saïyenne ne se plaignit pas de la chaleur excessive et il se lava les cheveux, vidant une bouteille presque neuve de shampoing et recevant de la mousse dans les yeux. Lâchant une suite de jurons, il fit de son mieux pour garder les yeux ouverts sous le jet d'eau afin de les rincer. "Et merde, de quoi j'ai l'air maintenant?!"
Il réussi à se laver sans autre incident (le rideau arracha et il faillit percer l'arrivée d'eau, mais bon...), puis décida qu'une serviette autour des reins était suffisant et se dirigea vers sa chambre. Exceptionnellement, il n'avait pas faim. Il n'avait pas sommeil non plus, mais que faire? Il s'allongea sur son lit, mains croisées derrière la tête et yeux clos. Il se détendit. Le silence...
- Prince Végéta! Attention!!
L'enfant pivota sur ses talons, envoya son bras dans le ventre d'une horrible créature, puis ouvrit le poing et la désintégra de l'intérieur.
Sur ses lèvres, un sourire sadique, satisfait.
- CET IMBÉCILE DE SALAUD DE...
Une porte claqua et Végéta ouvrit les yeux, retenant un soupir. Et voilà pour sa soirée solitaire... Il ne bougea pas, même lorsque la furie s'arrêta à sa porte.
- Qu'est-ce que tu fous?! Couché comme un imbécile avec ta serviette?! Tu te crois séduisant? POUAH! J'aimerais mieux mourir que te toucher, sale singe de l'espace!
Et elle repartit en pleurant bruyamment. Végéta attendit quelques minutes, puis se leva et marcha lentement vers sa chambre. La porte n'était pas fermée et il la vit, écroulée sur son lit, sanglotant comme une enfant.
- Si un autre m'avait appelé ainsi, il serait mort, dit-il d'une voix sobre.
Il s'attendait à une réplique amère, furieuse, à une autre leçon de vie façon Bulma Brief, mais non. Elle se contenta de regarder vers lui, ses yeux bleus emplis de larmes et de désolation.
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- Merci Végéta... Je savais bien que tu étais quelqu'un de bien.
Elle lui sourit chaleureusement et il grogna.
- Qui pourrait dormir en paix avec une telle fontaine dans les parages?
- Toi...
- C'est ça...
Il se leva, ayant terminé sa collation de toute façon. Ils venaient de passer une heure à parler, assis à la cuisine à grignoter - ou dévorer, selon la personne -. En fait, Bulma avait parlé et Végéta avait écouté... Ce qui était déjà beaucoup de sa part.
Bulma rangea le désordre du Prince, songeant à quel point cette serviette le rendait sexy et combien il pouvait patient lorsqu'il s'y mettait. Puis elle traîna les pieds jusqu'à sa chambre et s'écroula sur son lit à nouveau, mais cette fois sans larmes. Elle sentit une feuille de papier contre sa joue et alluma la lumière, curieuse.
Quelqu'un avait dessiné un symbole étrange et écrit, de façon plutôt maladroite et illisible: Insigne. L'emblème royal de la famille Végéta; un demi-cercle stylisé, ouvert vers le haut, deux petits traits horizontales à l'intérieur, puis trois branches faisant penser à une couronne qui surmontaient le tout.
Bulma sourit, rangea la feuille dans un tiroir et se recoucha, cette fois souriante.
Chapitre Quatre