25 mai 1999
Prenant le métro à l'heure de pointe, je fus une fois de plus
frappée par la faune éclectique qui transite vers 18 heures. Il y a
tout d'abord ceux que j'appelerai les "proprets". Ces gens
sont bien vêtus, les cheveux toujours en ordre, ont un
sac à lunch dont on devine qu'il a dû contenir au moins un
aliment issu de chacun des 5 groupes recommendés par le guide
alimentaire canadien. La météo a annoncé un 10% de probabilité
d'averse, ils transportent alors un parapluie et, s'ils lisent
un livre, il est sûrement recouvert d'un protège-livre avec signet intégré.
Un deuxième grand groupe est celui des "fashion victims". Ceux qui en font partie sont généralement des filles juchées sur
des sandales de l'ère lunaire qui me semblent aussi confortables et fonctionnelles qu'une planche de fakir.
Elles portent des tee-shirts qui laissent voir leurs nombrils (qui affichent probablement une
boucle d'oreille) et ces tee-shirts sont étirés car elles sont un peu
gênées d'ainsi exhiber leur blanche peau alors elles tentent de la cacher avec leurs insuffisants tee-shirts.
Je me sens incapable de donner un nom au 3e groupe car on m'accuserait à tort de manquer de compassion.
J'ai vu, ce soir, un couple appartenant au 3e groupe. Ils sont
entrés dans le wagon à bord duquel je prenais place en tenant
un discours tout à fait incohérent. Je les ai observé dans le reflet
de la fenêtre et leurs yeux cernés et à demi fermés sont venus
confirmer dans mon esprit le fait qu'ils étaient tous les deux complètement camés.
J'ai faillit m'évanouir lorsque en changeant d'endroit pour laisser sortir quelqu'un, j'ai constaté
que madame était enceinte d'environ 8 mois. Je suis devenue très triste et j'ai pensé à ceux qui essaient de nous
convaincre que l'on nait tous égaux. Cette affirmation est un non-sens complet car lorsque l'on vient au monde dépendant
d'une drogue dure (à cause des transferts à travers le placenta) on est toujours en retard et nos chances
d'avoir une vie normale sont très minces. Je suis bien consciente
que ce jeune couple a dû avoir une enfance difficile qui explique leur déchéance mais la seule chose que j'ai vue
en voyant son ventre rond, c'est une vis sans fin qui, inexorablement, s'enfonce dans le néant.
Et finalement, il y a la foule des quidams qui, sitôt passés sont oubliés car rien de leur personne n'attire le regard plus qu'il ne le repousse.
J'ai déjà écrit que j'adore observer la foule mais j'avoue que dans un wagon de métro bondé, cet exercice résulte plus d'un mécanisme de fuite que d'un véritable choix ;)
***
La semaine dernière, j'ai dû me rendre au salon mortuaire
car la maman d'une bonne amie du secondaire est décédée des suites
d'une longue maladie. Lorsque j'ai eu la triste nouvelle, une vague de culpabilité m'a submergée car il
y avait plus d'un an qu'entre l'école, le travail et nos amoureux respectifs, nous ne nous étions pas données signe de vie.
Je lui ai exprimé mon malaise et elle m'a dit que, selon elle, les vrais amis
n'avaient pas à se parler pour demeurer connectés... Isa fait partie de ces personnes que j'ai "reconnues". Elle est
entrée dans ma vie d'une façon un peu bizarre. Nous nous étions toutes les deux inscrites à une activité
parascolaire portant sur l'une de nos passions communes: LE GRAND, LE FASCINANT, LE MERVEILLEUX UNIVERS. Deux minutes
après le début de l'activité je me suis dit que je pourrais devenir amie avec n'importe qui dans cette salle SAUF
cette grande brune aux longs cheveux bouclés. Elle m'a par la suite avoué avoir eu exactement la même pensée à mon égard. Au fil du temps,
nos deux fortes personnalités se sont tissées en un lien solide dont je sais qu'il traversera l'espace et le temps. Je
sais qu'elle sera toujours là pour moi si d'aventures j'avais besoin d'une oreille ou d'une épaule à laquelle je puisse faire confiance... Je reparlerai
une autre fois de mes merveilleux amis...
***
J'ai décidé de laisser faire le roman noir que j'avais planifié de lire car je me rends compte que je n'ai pas envie de lire des romans noirs dans le moment.
Je vais plutôt me plonger dans un autre roman de Paulo Coelho (l'auteur de "l'Alchimiste" et du "Pélerin de Compostelle") car j'ai envie de séjourner un peu plus longtemps dans son univers exaltant.
À bientôt :)
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