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Avec son premier spectacle solo, Daniel Boucher réalise un rêve d'enfance



Quelques mois à peine après la sortie de son premier album, Dix Mille Matins, Daniel Boucher grimpe un nouvel échelon en donnant ses premiers spectacles en salle.

"Pour moi, c'est une autre coche, dit-il en souriant. Tout ça a pris des années. J'en rêve depuis que je suis tout petit."

Enfant, Daniel Boucher, bon élève, étudiait le violon. Les exigences de l'instrument classique, la rigidité dans laquelle il s'est senti enfermé l'ont par contre, dès l'adolescence, découragé de poursuivre plus longuement cette formation. À 14 ans, il a abandonné pour se réfugier dans l'écoute d'autres musiques. "J'ai été fasciné par les Beatles", affirme-t-il.

Ce n'est que plus tard, au moment des études collégiales en génie civil, qu'il s'achète une guitare. Avec un copain, ils sèchent souvent les cours pour aller jouer des compositions dans une cage d'escalier qui réverbère bien le son des instruments et des voix. La rumeur amène Daniel Boucher à donner un spectacle au cégep et à s'inscrire au concours Cégeps en spectacle, où il interprète Robert Charlebois et René Simard (!).

"Dès mon premier show, ça a été fini. Je n'avais plus le goût de poursuivre les études. Pour moi, se souvient-il, ce fut comme un appel. Je savais ce que je ferais de ma vie. Mais encore a-t-il fallu que je l'accepte !"

En 1991, il monte son band et joue dans les bars et les clubs. "Ça roulait très bien, raconte-t-il. C'était super-efficace. Mais il fallait que j'aille fouiller encore plus loin. Je n'étais pas satisfait. J'avais envie de communiquer les bonnes affaires. On faisait des hits, on s'est promené partout. Secrètement, j'attendais de me sentir prêt à défendre mes propres chansons."

Daniel Boucher n'aime pas la facilité, il emprunte donc un chemin peu fréquenté et tortueux. Avec le groupe, il gagne bien sa vie, mais il ressent un manque. Il choisit donc de retourner étudier en musique.

"Je n'ai pas choisi l'avenue la plus simple. Je ne voulais pas travailler. Mon objectif était de faire de la musique. Ce n'est pas du tout évident pour l'entourage. Ça paraît tout à fait abstrait. Mais j'ai continué à travailler ma guitare, en retrait, passant souvent pour un jeune mésadapté. Tout ça est difficile à justifier devant les autres. Malgré tout, j'ai continué. Je connaissais un feeling que rien d'autre ne pouvait battre !"

L'apprenti musicien s'essouffle pourtant. Il participe à différents concours, continuant de se battre malgré le manque d'argent et les jugements des autres. "Lors du Festival de la chanson de Petite-Vallée, en 1997, je me sentais usé ; ça use, tu sais, le manque d'argent. J'y ai rencontré mon premier gérant. J'avais déjà plusieurs chansons en main."

Ensemble, ils ont commencé le magasinage des compagnies de disques. Marc Pérusse a été choisi comme réalisateur. Daniel Boucher lui a apporté deux piles d'albums, la première composée de disques qu'il aime, la deuxième démontrant bien le son dont il ne voulait pas. "On s'est entouré de gens susceptibles d'amener les idées là où je les imaginais. J'avais envie que ça voyage."

Il n'avait nulle envie de travestir sa langue, celle qu'il utilise quotidiennement. "Je voulais transmettre une même franchise. Je trouve que ma langue, le québécois, sonne mieux que le français international. Une chanson, c'est un jeu. Ce n'est pas nécessairement autobiographique. Bien sûr, il y a des choses auxquelles je crois là-dedans, mais au-delà de ça, ce sont des sentiments que je ressens."

En écrivant, Daniel Boucher tente d'évacuer le préjugé voulant que notre langue en soit une de "petits pauvres". Si on la choisissait aisément pour écrire des chansons dans les années 70, ce n'était peut-être qu'une mode. Le chanteur réagit : "Pour moi, ce n'est pas une mode, mais une langue. On se comprend quand on la parle. A-t-on besoin de traduction quand on écoute Zebda ? On a le droit de sonner à notre façon."