On attribue à l'étrange médium de XIX ième siècle Daniel Dunglas Home de véritables mirscles. En état de transe, il était capable de grandir de 15 cm; il pouvait, semble-t-il, répéter à volonté cet exploit qui plongeait dans un abîme de perplexité tous ceux qui y assistaient. Pourtant, les modifications corporelles n'étaient pas chose nouvelle: depuis des siècles, les transformations d'hommes, souvent en animaux ou en oiseaux, faisaient partie des traditions de multiples régions de par le monde. Aussi n'est-il pas surprenant que le folklore continne beaucoup de légndes sur ce sujet.

Les loups-garous restèrent pendant longtemps une croyance populaire très vivace, encore courante il y a peu de temps dans certaines régions reculées d'Europe centrale. Ces créatures hurlantes, de couleur grise, aux yeux verts perçants, étaient, disait-on, des hommes dans la journée mais se transformaient en animaux les nuits de pleine lune.

Ce phénomène terrifiant,connu sous le nom de lycanthropie,est souvent expliqué par les psychologues comme un cas de trouble mental, en particulier en raison des cris poussés par l'homme-animal qui rappellent ceux des psychotiques. On évoque également une hallucination similaire à celle d'une séance d'auto-hypnotisme.

Ceux qui affirment avoir eu des contacts avec les loups-garous soutiennent que l'on peut les reconnaître à certains signes extérieurs distinctifs lorsqu'ils sont sous leurs forme humaine. En grèce ancienne, par exemple, on était sûr que des sourcils qui se rejoingnent au-dessus du nez, une pilosité abondante, des ongles comme des griffes et de petites oreilles pointues ne trompaient pas. Lorsque vous vous transformiez en loup-garou, ce phénomène pouvait durer neuf ans, à moins que vous ne dévoriez de la chair humaine, ce qui vous condamnait à demeurer définitivement un loup-garou.

On pensait que la lycanthropie était héréditaire ou survenait lorsque l'on avait brisé un tabou. Certains estimaient que les loups-garous étaient simplement des individus revêtus de peaux de bêtes ou transformés sous l'effet de drogues hallucinogènes (peut-être la belladone, connue pour donner la sensation d'voir le corps recouvert de poils).

D'autres étaient convaincus que les loups-garous étaient victimes d'un ensorcellement et que le charme du sorcier ne pouvait être rompu qu'en montrant la forme humaine et en hurlant: «Vous êtes le loup!» ou en l'appelant trois fois par son prénom de baptême.

Toutefois, avec ce procédé, vous risquiez de transférer le sort sur vous et de vous transformer à votre tour en loup.

En Afrique, il existe également de nombreuses légendes relatives à des humains qui prennent parfois la forme d'un animal, hyène, ours, vautour ou crocodile, par exemple. Aujourd'hui encore, dans certianes tribus, l'initiation du chaman ou sorcier implique le mélange de son sang avec celui d'un animal.

Il en résulte une union étroite entre l'homme et l'animal. Le chaman considère qu'il dispose d'un pouvoir suprême sur l'animal, à tel point que celui-ci agira à sa place et ira jusqu'à tuer s'il lui ordonne.

Les membres de certaines sociétés secrètes africaines sont aussi connus pour se revêtir de peaux de bêtes et, à l'instigation du sorcier, attaquer et manger leurs victimes humaines.

De telles croyances peuvent provoquer des situations bizarres. Le 21 août 1947, The Listener, un journal anglais, rapporta le cas d'un villageois africain qui assigna son voisin en justice après qu'un hippopotame eut endommagé son jardin. Le voisin appartenait à une société secrète locale qui croyait aux phénomènes d'équivalences animales et il considérait que son «âme sauvages» était un hippopotame. Pour sa défense, il avança qu'il avait demandé à l'animal de ne pas errer sur les terres d'autrui et de ne pas les endommager. Mais apparemment, l'hippopotame lui avait désobéi et le juge fut inflexible. Il fallait savoir contrôler son âme sauvage!

En Sibérie, la tribu Yakut croit que les magiciens possèdent une seconde âme dans un animal aperçu d'eux seuls. Les plus puissants abritent leur duexième âme dans un ours ou un aigle; les plus faibles, dans un chien.

La tribu Calabar, près du Niger en Afrique, croit que chaque homme possède quatre âmes et que l'une d'entre elles se cache en permanence dans un animal de la forêt. Une fois que le magicien de la tribu a identifié la bête qui leur correspond, les individus font tout ce qu'ils peuvent pour ne pas blesser les représentants de cette espèce de peur de mourir ou d'être blessé. Si l'homme est le premier à mourir, la tribu pense que son représentant animal périt dans un accès de folie.

Les membres défunts ont souvent des blessures identiques à celles de leur représentant animal. L'individu sceptique avancera, bien sûr, que l'homme a pu s'infliger lui-même ces blessures, après avoir appris la mort de l'animal. Mais de nombreux incidents de ce type furent rapportés dans le monde entier. Ainsi, au XVIII ième siècle, un certain William Montgomery, un Écossais, confessa au cours d'un procès avoir tué deux chats qui miaulaient et qu'il soupçonnait être le forme animale de deux sorcières. Peu de temps après, deux femmes soupçonnées de sorcellerie et qui vivaient près de l'endroit où les chats avaient été tués, moururent soudainement.

Le transfert des âmes peut connaître des processus très divers. Les membres de la tribu Taman en Birmanie, par exemple, sont convaincus que les dieux peuvent les faire pénétrer dans le corps d'un tigre s'ils se roulent sur le sol où l'animal vient d'uriner. La force de cette croyance est telle que, durant la période ou l'âme d'un Taman est dans le corps d'un tigre, sa force humaine est d'une pâleur mortelle et sa respiration très difficile. À la fin de la transe, il semblerait, d'après les anthropologues, que l'homme-tigre puisse fournir une description étonnamment vivante de toutes les activités qu'il a accomplies sous sa forme animal, entre autres s'accoupler et tuer.

Mais toutes les métamorphoses corporelles n'entraînent pas une telle violence. Au Japon, le tanuki, petit lutin doué pour toutes sortes de tours et de farces innocentes, ressemble, dit-on, à un blairau et est capable de se transformer en homme, en animal ou encore en objet inanimé, selon son humeur.

Le pooka irlandais a généralement l'apparence d'un cheval ou d'un âne et se transfome parfois en homme, aidant ceux qu'il rencontre à comprendre le langage des animaux. En revanche, les plaisanteries et métamorphoses de l'ovinnik d'Europe centrale, qui ressemble à un chat noir et aboie comme un chien, sont rarement animées du meilleur goût et il est connu pour mettre le feu aux granges. Quant au ku d'Hawaï, c'est un gros chien à qui l'on attribue le pouvoir magique de changer de forme à volonté et de manger la chair humaine.