Ce communiqué fut envoyé à midi, heure du Nouveau-Mexique, mais en raison du décalage horaire entre les différents États, la nouvelle arriva trop tard pour être imprimée par le plupart des journaux du matin. Certaines éditions du soir purent toutefois l'annoncer. La base aérienne de Roswell développa par la suite le communiqué initial: la chose fut utile au shérif ainsi qu'aux journaux locaux, submergés de questions venues du public et des médias. Et puis, subitement, au milieu de toute cette agitation, l'US Air Force changea son fusil d'épaule: il ne s'agissait plus d'un ovni, mais d'un simple ballon-sonde. Effectivement, la presse du lendemain enterrait l'affaire, titrant: «Roswell, ce n'est pas un ovni. La soucoupe du Nouveau-Mexique était une sonde météorologique.» Des photographies des «débris» alimentèrent de nombreux journaux au cours des jours suivants, puis l'affaire retomba dans l'oubli pendant trente ans.
Cette histoire d'ovni aurait pu s'arrêter là s'il n'y avait eu, en 1978, le hasard d'une rencontre entre un psysicien nucléaire féru d'ufologie, Stanton Friedman, et le directeur d'une chaîne de télévision. Ce dernier suggéra à Friedman, lors d'une discussion qui se tint en Louisiane, de se mettre en rapport avec un certain Jesse Marcel. «Il a eu entre les mains, lorsqu'il était à l'armée, des morceaux d'une de ces soucoupes volantes qui vous intéressent». Et d'ajouter: «Il habite tout près d'ici, en Louisiane, à Houma».
Marcel ne se souvenait plus de la date exacte des faits.
Aussi, Friedman fit part de son intérêt pour le cas à
un autre expert en ovnis, William Moore, qui accepta de participer à
une enquête sur le sujet. Après renseignement, Moore eut à
son tour vent d'un témoignage permettant de situer les évênement
dans le temps. Dans son tout premier numéro, une revue spécialisée
«Flying Saucer Review» avait en effect publié un article
dans lequel l'animateur de télévision Hughie Green racontait
avoir entendu un bulletin d'information à la radio concernant la
récupération d'un ovni par l'armée. Intrigué,
Green essaya à l'époque d'en savoir plus, mais en vain. Bien
maigre, ce témoignage permettait toutefois de situer plus précisément
la période des faits: fin juin ou début juillet 1947.
Sur cette base, Friedman et Moore purent intensifier leurs recherches: en 1980, ils avaient interviewé quelque 62 personnes liées aux évênement, tels que Bill Brazel, fils de l'éleveur de moutons ayant trouvé les débris de l'appareil, Loretta Proctor, une voisine qui avait également eu ceratins morceaux de l'épave entre les mains, ainsi que le fils de Jesse Marcel, Jesse Junior.
Chance extraordinaire pour les enquêteurs, le lieutenant Walter Haut, l'officier à l'origine du premier communiqué de presse, résidait toujours à Roswell. Son annuaire du personnel de la base permit de retrouver la trace d'autres personnes pouvant compléter les pièces du puzzle.
En 1986, Friedman et Moore avaient anisi réussi à contacter 92 personnes, et même publié six articles sur l'affaire. Afin de glaner des témoins supplémentaires, Friedman réussit à convaincre les producteurs d'une émission diffusée sur la chaîne nationale NBC (Unsolved mysteries) de réaliser une séquencesur l'affaire Roswell. C'est ainsi qu'en août 1989 Friedman. agissant en tant que consultant sur un tournage effectué à Roswell, rencontra un certain Gleen Dennis. Cet employé des pompes funèbres aviat à l'époque travaillé pour la Ballard Funeral Home, société qui gérait les «questions funéraires» de la base.
Face à Friedman, Gleen accepta pour la toute première fois de parler de l'étrange activité qu'il avait constatée à l'hôpital de la base militaire au cours de l'été 1947. Non seulement les militaires lui avaient discrètement demandé des conseils sur la manière d'opérer avec des corps très petits, mais il avait été de surcroît vigoureusement tenu à l'écart de l'hôpital lors de sa visite suivante.
Pour Friedman, ce nouvel élément donnait une extraordinaire dimension à l'affaire du crash. Fallait-il penser que des cadavres d'extraterrestres avaient été retrouvés sur le lieu de l'accident? Dennis pense que oui. Il prétend avoir rencontré une infirmière de la base qui lui aurait parlé de corps «qui sentainet très mauvais», apreçus alors qu'ils étaient autopsiés par deux médecins. Selon ce témoin, la peau des corps en question était de couleur gris-brun, ils possédaient de grosses têtes sans cheveux avec des fentes à la place du nez, de la bouche et des oreilles, et quatre doigts fins sans pouces. Après avoir rencontré Dennis à diverses reprises, l'infirmière disparut subitement, ayant apparemment décidé d'aller vivre en Angleterre. Quand Dennis tenta de reprendre contact avec elle, son courrier lui fut retourné avec la mention «décédée».
Il s'ensuivit un grand nombre de parutions de livres
ou d'articles, de nouveaux programmes de télévision... mais
aussi d'attaques de la part des plus sceptiques. Les spécialistes
du cas étaient eux-mêmes divisés en deux clans, d'ailleurs
en guerre: tous s'accordaient pour dire qu'au moins un ovni s'était
écrasé sur le ranch Foster, mais un groupe de chercheurs,
auquel Friedman appartenait, avait été amené à
penser qu'un second accident de ce type était survenu, toujours
au Nouveau-Mexique, mais cette fois dans les plaines de San Augustin.
Cela étant, les faits concernant le crash de Corona sont aujourd'hui, dans l'ensemble, acceptés par tous. D'autant plus que lorsque Friedman publia, en 1992, son ouvrage intitulé Crash at Corona (co-écrit par l'écrivain spécialiste d'aviation Don Berliner), la plupart des éléments qui manquaient au puzzle avaient été complétés.
Le dimanche 6 juillet, Brazel revint sur le site avec sa comionnette, y chargea des débris et les amena au bureau de george Wilcox, le shérif de Roswell. C'est ce dernier qui contacta la base militaire et s'entretint avec l'officier chargé des renseignements, le commandant Marcel. Lofficier vint à son tour inspecter ces pièces, et nota que le matériau très étrange qui les constituait ne ressemblait à rien de ce qu'il avait pu examiner au cours de la guerre. En tant qu'officier chargé des renseignements dans le seule unité au monde dotée de bombes atomiques, Jesse Marcel exprimait là un avis de spécialiste.
Très vite informé, le commandant de la
base de Roswell, le colonel William Blanchard, donna l'ordre à Marcel
et à Sheridan Cavitt, officier du contre-espionnage, d'accompagner
Brazel jusque sur le site en question afin de procéder au ramassage
de tous les débris.
Sur place, le commandant Marcel et Cavitt chargèrent le plus possible de débris dans leur véhicule, mais ils en laissèrent beaucoup sur place. Sur le chemin du retour vers la base de Roswell, Marcel prit le temps de faire un crochet par son domicile afin de montrer ces extraordiniares objets à sa femme et à son fils, Jesse Junior.
Le lendemain matin, le colonel Blanchard faisait boucler les environs de Corona. Des détachements de militaires furent envoyés sur les terres du ranch Foster et une fouille systématique su site fut entreprise. À la base de la RAAF, l'officier de presse, le lieutenant Haut, diffusa son communiqué à la presse indiquant que les restes d'un ovni avait été découverts. L'information fut relayée par les stations de radio voisines et dans les éditions du soir pour les journaux locaux.
Entre-temps, le commandant Marcel recevait une nouvelle mission: transporter les débris en B-29 jusqu'à la base de Wright Field (aujourd'hui la Wright Pattreson Air Force Base) dans l'Ohio. En route. il fit escale à Fort Worth, au Texas, base de la 8e Air Force. C'est là que l'entreprise de désinformation débuta.
À Washington, le directeur par intérim du Stratégie Air Command, le général Clemens McMullen, avait lu le communiqué transmis à la presse. Il contacta le colonel Thomas Jefferson DuBose, chef d'état-major à Fort Worth, pour lui demander d'inventer une histoire permettant de «dégonfler» l'affaire, et de confier la gestion du dossier au général Rodger Ramey, le commandant de la base.
Lorsque Marcel atterit à Fort Worth, Ramey l'attendait et lui dit: «Ne faites rien, je m'en charge. On a fait venir des morceaux de ballon-sonde et un réflecteur radar en feuillesd'aluminium. Irving Newton, le météo de la base, va vous briefer». On demanda à Marcel de poser pour un photographe en exhibant les faux débris que l'on substituait aux siens, puis, documents-photos à l'appui, la presse fut informée qu'il s'agissait d'une méprise et que la soucoupe volante était en réalité un vulgaire réflecteur radar. Marcel fut ensuite renvoyé à sa base de Roswell.
Cette version fut divulguée aux alentours de 17h, heure trop tardive pour les journaux excepté pour les dernières éditions du Los Angeles Herald Express qui annonça: «Le général pense qu'il s'agit d'un appareil radar de météorologie».
Le nettoyage de ranch Foster allait prendre une semaine, peériode pendant laquelle le commandant Marcel fut invité au silence. La zone de recherche des débris fut ensuite élargie et, au bout de deux jours, la partie principale de la soucoupe fut trouvée non loin du ranch. Et, à un peu plus de 1,6 km de l'épave, on trouva des corps d'extraterrestres, morts.
En 1990, Stanton Friedman interviewa le photographe de l'aviation américaine (qui garde l'anonymat sous les intiales F.B.) qui prétendait avoir vu des corps dans un champ près de Corona. F.B. était basé à l'Anacostia Naval Air Station de Washington lorsqu'il reçut, anisi qu'un autre photographe, l'ordre de s'envoler pour Roswell.
À leur arrivée, les deux hommes furent
conduits vers une tente de compagne afin de photographier ce qu'il y avait
à l'intérieur. «Il y avait quatre corps visibles»
se rappelle F.B.,decrivant leurs têtes trop grandes pour leurs petits
corps.