Site hosted by Angelfire.com: Build your free website today!
L'univers de la Wicca

La sorcière a toujours été un puissant symbole du mal dans la culture occidentale depuis la fin du Moyen Âge. Mais les sorcières modernes sont à mille lieues des vieilles harpies lanceuse de sorts de la mythologie populaire. La sorcellerie a revêtu des habits neufs sous le nom de «Wicca». Explication...

Aujourd'hui, de nombreuse personnes voient encore dans les sorcières des personnages fantastiques: des femmes vieilles et laides, avec chats noirs, chapeaux pointus et nez verruqeux, chevauchant des balais, jetant des sorts et terrorisant les petits enfants. Cette imagerie n'est pas nouvelle. Depuis la fin du Moyen Âge, des artistes, des écrivains et plus récemment des cinéastes ont dépeint les sorcières de la sorte. Mais comme pour de nombreux stéréotypes, la sorcière de l'imaginaire populaire a peu, voire pas du tout de rapport avec la réalité.

Par-delà le mythe

Contrairement à une légende répendue, les sorcières ne pratiquent pas nécessairement la magie noire. Elles n'ont d'ailleurs pas plus à voir avec le satanisme qu'avec le voudou ou les messes noires. Historiquement, les sorcières étaient des «enchanteresses», un terme employé pour désigner des femmes usant de magie ésotérique et rejetant les enseignements de l'Église. Le fait que pareille magie n"impliquait souvent guère plus qu'une croyance dans les plantes médicinales ou d'autres pratiques bénignes n'empêcha pas des milliers de prétendues sorcières de perdre la vie au cours de la terrible répression qui s'abbatit sur elles aux XVIe et XVIIe siècles.

À partir du XVIIIe siècle, grâce notamment à la campagne menée par les encyclopédistes français, les progrès en sorcellerie se font beaucoup plus rares. Néanmoins, les sorcières continuèrent à pratiquer dans le plus grand secret, par peur d'éventuelles représailles. Au cours du XXe siècle, les réactions de la société à l'égard de tels systèmes de croyance dissidents se sont adoucies, et la sorcellerie est revenue sur le devant de la scène sous la forme de religions néopaïennes. De nos jours, la plus notable d'entre elles est la religion Wicca, un mouvement éclectique fondé dans les années cinquante par un fonctionnaire anglais à la retraite du nom de Gerald Gardner.

Naissance de la Wicca

Né en 1884, Gardner fut membre de nombreuses sociétés magiques, comme l'Ordre hermétique de l'Aube dorée d'Aliester Crowley, avant d'être initié en 1939 à la sorcellerie par Dorothy Clutterbrook, une sorcière anglaise de New Forest. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il entreprit de rédiger son propre grimoire, lequel devait englber ce qu'il appelait «les règles de l'Art» (l'Art désigen la sorcellerie). Au début des années cinquante, les lois britanniques contre la sorcellerie ayant été abolies, Gardner put entreprendre librement son entreprise de séduction Wicca auprès du public.

Gardner nomma le mouvement «Wicca», d'après le vieil anglais wiccian, qui signifie «jeter un sort». S'autoproclamant «roi des sorcières», il se mit à exposer sa doctrine dans une série de livres à grand succès. Peut-être le plus célèbre d'entre eux est-il Witchcraft Today, («La Sorcellerie aujourd'hui», non traduit en français) publié en 1954, dans lequel Gardner affirmait que la Wicca était l'incarnation moderne d'une antique religion ayant survécu secrètement du Moyen Âge jusqu'à nos jours, et ce malgré l'hégémonie du christianisme.

Gardner mettait l'accent sur l'adoration de la nature, en particulier de la Déesse Terre, et aussi sur les activités physiques et les réjouissances. Comme l'affirme un disciple de la Wicca: «Notre religion est faite d'amour, de plaisir et de sensations.»

Au cours des années cinquante et au début des années soixante, les idées de Gardner donnèrent naissance à de nombreuses formes du culte Wicca, à la fois en Europe et aux États-Unis. Sur fond de libéralisme croissant, l'attrait de cette doctrine était évident. «À chaque fois que vous avez besoin de quelque chose, écrit Gardner dans son Livre des Ombres, rassemblez-vous en quelque lieu secret et adorez-Moi. Je vous apprendrai des choses inconnues et vous serez libérés de tout esclavage. Comme signe de liberté, vous serez nus lors des rites, et vous danserez, chanterez, ferez la fête, jouerez de la musique et ferez l'amour- tout cela en Mon honneur.»

En 1964, à la mort de gardner à l'âge de quatre-vingts ans, le mouvement Wicca commença à se scinder. Les règles furent réécrites conformément au programme de chaque «coven» (congrégation de sorcières). Néanmoins, l'oeuvre de Gardner demeure le fondement de la sorcellerie moderne, et son principe centrl- «fais ce que tu veux tant que cela ne blesse personne»- est l'un de ceux auxquels adhèrent la plupart des adeptes modernes de la Wicca.

Succession et scission

Au Royaume-Uni, Alex Sanders succéda à Gardner comme roi des sorcières et créa son propre courant Wicca, l'alexiandrianisme. Né près de Manchester en 1926, Sanders affirmait descendre d'une longue lignée de sorcières remontant au XVe siècle. À l'âge de neuf ans, Sanders aurait commencé à participer à des rituels de sorcellerie et aurait eu des visions prémonitoires. Il prétendit également posséder des pouvoirs occultes de guérison. Mais personne ne put vérifier ses allégations.

De fait, nombreux furent détracteurs de Sanders. POur eux, le nouveau gourou avait découvert la sorcellerie avec Gerald Gardner lui-même; il lui avait même volé les secrets de la Wicca. Au début des années soixante-dix, Sanders et sa grande prêtresse, Maxime Morris s'attirèrent une réputation exécrable, lorsque la presse à scandale britannique étala sur la place publique leurs habitudes noctures: on parla moins d'exploits surnaturels que d'orgies et de sacrifices d'animaux.

De nos jours, le mouvement Wicca est une entité disparate sans organisation centrale. Pourtant, d'après certaines estimations, il y aurait plus de cent mille disciples de la Wicca dans le monde. Ce que tous ces disciples ont en commun, c'est un rejet systématique de la tradition judéo-chrétienne en faveur de la vénération de la nature. Ils mettent l'accent sur l'importance du développement de la volonté personnelle, rejetant toute idée de soumission à quelque divinité que ce soit. D'ailleurs, le panthéon Wicca varie d'une branche à une autre, mais on y retrouve toujours les deux principes opposés masculin et féminin, incarnés par la Grande Déesse (souvent associé au Soleil).

Dévoilement et secret

Si le rituel est souvent effectué en «tenue céleste»- entendez nu-, c'est que la plupart des sorcières y voient une manière d'augmenter la puissance magique en

«S'il nous était permis de révéler tous les rituels de la Wicca, on montrerait aisément que les sorcières n'ont rien de diabolique.»

atténuant les inhibitions personnelles. Elles rejetent au contraire les connotations lubriques sur lesquelles les médias mettent volontiers l'accent. Ceci dit, le mouvement témoigne d'une attirance certaine pour les déviances sexuelles. C'est pourquoi tous les covens Wicca ont des méthodes de recrutement très strict, comprenant des questionnaires détaillés, des renonciations et des voeux de secret.

Autre raison de ce voile du secret: la nécessité de protéger les membres des attaques souvent hystériques des religieux fondamentalistes. Mais cela a également pour conséquance de rendre très opaques les pratiques des covens... ce qui laisse le champ libre aux rumeurs les plus fantaisistes.

Ce qu'on sait toutefois, c'est que les sorcières pratiquent encore de nombreuses formes de magie, comme l'astrologie et les incantations. Mais il est rare qu'elles soient mal intentionnées. La maxime des sorcières modernes est en effet: «Ce que tu fais de bon te revient en triple; et ce que tu fais de mal te reviendra également en triple.»


E-mail: coccinelle_sucrer@hotmail.com