Nouvelles du Petit Paradis en Equateur
La vie quotidienne dans le nord des Andes équatoriennes
ChroniqueAssez, assez !Après la fin de l'épisode "La guerre des frontières n'aura pas lieu", qui a fait grimper les cotes de popularité de Rafael Correa et d'Alvaro Uribe, ce qui était peut-être un des buts, dissimulé celui-ci, de l'exercice, il est temps de revenir aux vrais problèmes, intérieurs, de l'Equateur. Je pourrai aussi bien m'écrier "TROP, C'EST TROP !" : tout simplement, je ne supporte plus la propagande étatique, d'où qu'elle vienne. Pourtant, elle a beaucoup reflué depuis le pic qui a précédé et suivi les deux marches de Guayaquil en janvier 2008. Mais certains messages me paraissent insupportables en fonction de leur contexte. Alors que les inondations ravagent toujours la Côte pacifique, que les quelques trois cents mille sinistrés ont mis du temps pour ne plus avoir les pieds dans l'eau, recevoir à manger et se voir offrir un abri convenable où se réfugier, le ministère des Transports et des travaux publics s'offre une petite campagne sur la "révolution routière", en vantant les 2400 millions de dollars que le gouvernement va dépenser cette année pour refaire les routes, alors que ces travaux ne pourront pas commencer avant que les eaux n'aient reflué. Les besoins immédiats de la population affectée sont ailleurs et autrement plus urgents. Dans le même temps, le gouvernement provincial de Guayas a lancé une autre campagne où l'on voit le préfet, Nicolas Lapentti, patauger dans l'eau, sous les applaudissements des sinistrés reconnaissants. Seul, Correa a fait mieux en se mouillant jusqu'au haut des cuisses… J'aurais remâché ma colère si je n'avais pas trouvé plusieurs témoignages dans la presse nationale exprimant un ras-le-bol devant un tel gaspillage de ressources et une telle indigence de contenus. RIEN DE NOUVEAUBien sûr, ce ne sont pas les autorités équatoriennes actuelles qui ont inventé cette manière de faire. J'avais déjà exprimé ma surprise devant certaines caractéristiques de la publicité audiovisuelle créole, en arrivant en Colombie : par exemple, les médecins, les avocats, les politiciens - en dehors des périodes électorales évidemment - recourent à la publicité payée pour vanter la qualité de leurs services ou l'importance de leurs réalisations, même si celles-ci sont encore virtuelles. J'ignore, à vrai dire, si la loi autorise ou non cette publicité qui, à moi, me paraît indécente, mais qui semble laisser totalement indifférent le reste des citoyens, habitués à cette pratique depuis des générations (la grande radio privée colombienne, Caracol, fête ses 60 ans d'existence en 2008). Et même si la loi l'interdit, personne ne se soucie de l'appliquer. La liberté de faire ce qu'il vous plaît dans ce domaine me paraît encore plus grande en Equateur où les seules règles "déontologiques" que j'ai pu détecter concerne la nudité féminine : sexe et mamelons sont pudiquement cachés (même si, depuis peu, l'on entrevoit parfois la courbe d'un sein), ainsi que la censure des gros mots. Mais il s'agit probablement de règles continentales, la plupart des agences appartenant à un réseau international. Revenons à ce qui m'intéresse ici, qui n'est pas la publicité en général, mais la publicité politique. PRÉFECTURES, SERVICES PUBLICS ET MUNICIPALITÉSJ'ai déjà mentionné dans le chapeau de cette chronique le cas de la province de Guayas, où le préfet vante sans pudeur l'efficacité de l'aide que son gouvernement apporte aux sinistrés. Est-elle si efficace que ça ? Les informations manquent sur ce point tant la situation est chaotique. Depuis des mois, le gouvernement provincial d'Imbabura nous annonce par l'intermédiaire d'un spot dans les médias locaux qu'un crédit important va lui permettre de réaliser le goudronnage de plusieurs routes secondaires, notamment celle qui mène aux thermes de Chachimbiro, un endroit très fréquenté, et fréquentable, si la route qui y mène n'était pas en aussi mauvais état. Un peu naïvement, je pensais que l'on annonçait ainsi la fin de ces travaux, alors qu'en réalité, ils étaient, au mieux, en cours ou, au pire, n'avaient pas commencé. Le comble est que le préfet appose sa signature sur ces demi-vérités : "licencié Gustavo Pareja, préfet, gouvernement provincial d'Imbabura". En passant d'une radio à l'autre, on subit ainsi une dizaine de fois par matinée ce matraquage. Dans le même style, le préfet de Pichincha, Gustavo Baroja (à ne pas confondre avec le précédent) annonce triomphalement la construction du barrage hydro-électrique de Toachi Pilaton, qui sera terminé dans quatre ans - si tout va bien -, projet financé en grande partie par le gouvernement national. Les responsables des services publics présentent le même comportement. Par exemple, la compagnie gouvernementale de distribution d'électricité, Emelnorte, qui, comme son nom l'indique, dessert le nord de l'Equateur, a lancé une campagne d'information sur un changement de son système de facturation, depuis septembre 2007, avec l'argument que ses usagers n'auront plus besoin de faire la queue pour payer leur facture. Quand on voit la longueur des queues en Equateur et le temps qu'y perdent les habitants, c'est un progrès effectivement considérable. Malheureusement, la compagnie a mal mesuré les effets de ce nouveau système, qui consiste à distribuer à domicile la facture du mois échu. Comme elle a confié ce service à un prestataire extérieur, sans s'assurer de la fiabilité de cette prestation, un nombre relativement élevé d'usagers soit ne reçoit pas la facture parce que le distributeur n'a pas fait son travail, soit reçoit une facture souillée et illisible, parce qu'il n'a pas pris la peine de la remettre en mains propres, et la jette n'importe où. Il faut savoir que de nombreuses maisons du canton d'Ibarra n'ont pas de boîte aux lettres, du fait que le service postal ne les dessert pas et que la distribution de la publicité à domicile n'existe pas - heureux pays ! -. Il a fallu attendre la fin du mois de février pour que la compagnie mette à disposition des bornes qui permettent aux usagers sans facture d'en obtenir une de remplacement. Pendant ces six mois, des milliers d'usagers ont bien sûr dû se taper des heures de queue pour tenter de pallier les défauts du système. Et pendant tout ce temps, la publicité de la compagnie a continué imperturbablement à vanter la fin des queues, mais, il le faut le préciser, sans porter la signature du président exécutif. Le directeur d'Emapa, la compagnie municipale des eaux et de l'assainissement, n'a pas cette décence : quelque soit le message, son nom apparaît : ingénieur Alvaro Castillo, directeur. La rumeur veut qu'il va se présenter à la mairie lors des prochaines élections municipales. Naturellement, les maires des villes les plus importantes ne se privent pas de ce recours. En ce moment, ceux de Quito et Guayaquil n'hésitent pas à utiliser les canaux de télé nationaux pour vanter leurs réalisations, réelles ou virtuelles. C'est certainement beaucoup demander, il faudra probablement quelques générations pour en arriver là. Parce que le personnel de ces postes - préfet, maire, conseiller provincial et municipal, directeur et cadre des services et des administrations publics, etc. - est interchangeable. Le terme de "fonctionnaire public" inclut dans ce pays les postes électifs. Les uns et les autres constituent les étapes d'une carrière locale et provinciale, qui, parfois, peut se hisser au niveau national, mais sans jamais quitter le secteur public.
Sauf si l'Assemblée constituante incluait dans la nouvelle constitution un article de ce genre : DE LA PUBLICITE A LA PROPAGANDEBeaucoup plus choquant à mes yeux est ce qui se passe en ce moment au niveau national. Encore une fois, le gouvernement de Rafael Correa n'est pas différent de celui de ses prédécesseurs, qui ont toujours recouru à la publicité pour tenter d'asseoir leur pouvoir et convaincre les électeurs de la justesse de leur choix. Lucio Gutierrez avait placé dans chacun des innombrables projets de chantiers de son gouvernement un panneau dont j'ai oublié le contenu précis, mais dont le sens était : "ce pont, cette route, ce réservoir, etc. vous est offert par Lucio". Dans pas mal de cas, la seule réalisation a été l'écriteau. Cela a dû faire la fortune des peintres en publicité. Pour revenir à Rafael Correa, ce qui me choque, c'est d'abord le fait que le gouvernement de la révolution citoyenne ne soit pas différent des précédents, mais c'est aussi le changement d'échelle, et plus encore, l'impression que la publicité est devenue un des axes centraux de la politique gouvernementale. Dès lors, le terme qui me vient à l'esprit n'est plus celui de publicité, mais celui de propagande : par l'intensité de la communication gouvernementale, par le style de cette communication, par le déplacement de sens qui passe de la démonstration rationnelle - cf. les chantiers de Lucio - vers la participation émotionnelle, l'adhésion non raisonnée à un homme, plus peut-être qu'à un projet, auquel j'ai adhéré en partie à ses débuts, celui d'Alianza Pais. Chaque fois que j'entends le slogan clé de la propagande du gouvernement - "la patria ya es de todos" (la patrie appartient déjà à tous) -, je pense, mentalement ou à haute voix : "¡mentira!" (mensonge). Je ne nie pas que ce soit un sentiment positif, encourageant, mobilisant de penser que la patrie appartient déjà à tous, grâce au gouvernement de Rafael Correa. En même temps, cette phrase est tellement éloignée de la réalité quotidienne vécue qu'elle représente une tromperie grossière, une contre-vérité manifeste. Certes, le gouvernement de Correa a amélioré le sort de la population indigente, il lui a redonné un certain espoir, mais la distance entre le lieu où elle se situe aujourd'hui et une vie digne - je ne dis pas aisée - est encore immense. Ce slogan a été repris par certains ministères ou entités gouvernementales. C'est ainsi que "l'éducation appartient déjà à tous". Ce ministère a eu le courage de révéler que seul 9 % des candidats à un poste d'enseignant avait réussi la première épreuve de sélection, le raisonnement logique, avec une notation de 60 points sur 100, soit à partir d'un niveau à peine supérieur au médiocre. Or, ces candidats sont des diplômés des universités ou des centres de formation pédagogique. Qu'est-ce que cela nous dit sur le niveau des enfants, des jeunes qui sortent des établissements publics, primaires ou secondaires, pour ne pas parler des universités ? Que la majorité d'entre eux ne reçoit pas une éducation digne de ce nom. Le ministère de la Santé affirme lui aussi que "la santé appartient déjà à tous". Il est vrai qu'un effort considérable a été entrepris pour rénover les établissements hospitaliers publics, pour constituer un réseau de centres de consultations ambulatoires, pour permettre l'accès gratuit aux soins et aux médicaments, mais est-il possible d'affirmer sans rougir que cela est déjà accessible ne serait-ce qu'au 60 ou 70 % de la population ? Non, évidemment. Deux exemples ponctuels mais significatifs : un grand hôpital reçoit du ministère un tomographe ultra-moderne, mais il ne dispose pas de budget pour se procurer les fournitures qui servent aux examens ; à l'hôpital régional d'Ibarra, les patients des consultations externes passent la nuit sur place pour être sûrs d'obtenir une consultation de spécialiste le matin suivant. En outre, qui osera prétendre que "l'emploi appartient déjà à tous "? Que "la justice appartient déjà à tous" ? Que "la réinsertion des détenus appartient déjà à tous" ? Que la "protection de l'Etat contre les catastrophes naturelles appartient déjà à tous "? Dans ce dernier cas, le président s'est plaint que les services de la météo nationale ne l'avaient pas averti de l'arrivée d'importantes chutes de pluie. Mais, en fait, les pluies de cette année ne sont pas exceptionnelles, elles sont en tout cas beaucoup moins fortes que celles provoquées par le Niño en 1982-83 et 97-98. La cause des inondations est à chercher dans la négligence humaine, parce que les travaux d'entretien des digues et des canaux sont interrompus depuis 10 ans. C'est pourquoi, chaque année, il y a des inondations sur la Côte pacifique. Rien n'a été fait pour les prévenir par ce gouvernement qui se veut exemplaire, peut-être parce que les quelques moyens investis dans le domaine de la prévention des catastrophes ont été utilisés pour la gestion des effets de l'éruption du volcan Tungurahua. Or, ce désastre naturel dure depuis 10 ans, et, s'il est relativement circonscrit, il est beaucoup plus spectaculaire que les inondations, et donc sujet à une plus grande attention des autorités. Pour être honnête, le gouvernement devrait reconnaître que la patrie appartiendra vraiment à tous quand les droits humains, que la future constitution devrait définir prochainement, seront (presque) intégralement respectés pour la plus grande partie de la population. Ce ne sera pas demain.
Un signe de reconnaissance très important de la propagande de la révolution citoyenne est l'"Himno a la patria" qui constitue le fond musical de tous les messages officiels, probablement parce que l'hymne national a été "souillé" par l'utilisation qu'ont en faite les gouvernements de la longue nuit néo-libérale. C'est un chant que les enfants apprennent à l'école et que l'on ne chante pas par la suite sans avoir "un nœud dans la gorge", comme l'a écrit récemment un chroniqueur de Hoy : EMINENCE GRISE ?Derrière cette stratégie de communication institutionnelle, il y a un homme : Vinicio Alvarado Espinel. Eminent sans aucun doute, puisqu'on peut considérer que c'est le numéro 2 du gouvernement, juste derrière le président. Gris, oui et non. Mais d'abord, voyons de plus près son parcours. Agé de 46 ans, originaire de Quevedo (province de Los Rios), son premier contact avec Rafael Correa remonte à l'enfance, quand ils fréquentaient tous les deux le collège La Salle de Guayaquil. Malgré des intérêts communs, ils ne se sont pas alors liés d'amitié. Le parcours de formation de Vinicio Alvarado comprend une maîtrise en administration des entreprises, une licence et un doctorat de communication sociale (= journalisme en Equateur), qui, chose assez rare chez un décideur de sa génération, ne comporte pas un cycle d'étude dans une université étrangère. Sa carrière professionnelle commence à Radio Linda, puis il entre dans le milieu de la publicité comme rédacteur créatif d'Andina BBDO (Equateur), passe chez Mc Cann Erikson (Equateur) en tant que directeur créatif de l'agence de publicité, avant de créer en 1991 sa propre agence Creacional, dont il est (était ? la chose n'est pas claire) président et directeur général créatif. Il a également enseigné la publicité à l'Institut Argos (un institut technologique supérieur privé de Guayaquil offrant une formation aux carrières de la publicité et du marketing) et à l'Université Santa Maria de Guayaquil (ces informations sommaires figurent sur le site web de la présidence de la République). On n'en apprend pas beaucoup plus sur le site web de Creacional. C'est la présentation classique d'une agence de publicité et relations publiques. Chose curieuse, sous la rubrique "Nosotros" (nous), où l'on s'attendrait à voir la liste des collaborateurs de l'agence, ne figure que sa mission. Seul complément d'information sur l'historique : Creacional a adhéré en 1994 au réseau DMB&B qui appartient aujourd'hui à Publicis Group dont elle sortie en 2005. Parmi les clients figurent Ecuavisa, la plus importante chaîne de télévision privée de l'Equateur et, tout en bas de la liste, Alianza Pais. La seconde rencontre entre Correa et Alvarado se produit quand le premier cherche une agence de publicité pour sa campagne en tant que candidat à la présidence. Un ami commun présente le second au premier et, cette fois, un déclic se produit. Alvarado gagne progressivement la confiance de Correa, il est invité à participer au bureau politique, il signe le programme de gouvernement d'Alianza País, il devient son directeur de campagne. C'est lui qui invente le jeu de mots sur "correa" : le nom du président et la ceinture, qui sert encore aujourd'hui au père de famille pour punir les enfants désobéissants. Debout sur l'arrière d'une camionnette, Correa brandissait un ceinturon pour sanctionner la partidocratie et la corruption. Quand Correa est élu à la présidence, il nomme Alvarado secrétaire général de l'Administration publique, dont la tâche est de "conseiller et assister le président de la République dans l'adoption et l'exécution des politiques générales de l'Etat en vertu de quoi il coordonne et réalise les gestions requises des ministres d'Etat et des autres fonctionnaires du secteur public". Cette formulation vague permet toutes les interprétations, mais, quand le président récemment annonce qu'il va désormais se consacrer à être le grand "motivateur" (sous-entendu de la campagne pour le oui à la nouvelle constitution), c'est Alvarado qui va le remplacer dans sa fonction de gouvernement. On ne peut plus vraiment parler d'éminence grise : il s'agit en fait d'une sorte de premier ministre de facto, fonction inconnue jusque-là dans l'histoire équatorienne. Pourtant, dans ce poste, Alvarado va continuer à accomplir la tâche à laquelle il est le mieux préparé : la publicité en faveur de l'action présidentielle et gouvernementale. LA COMMUNICATION DE LA REVOLUTION CITOYENNELa communication de la révolution citoyenne repose sur trois axes, d'égale importance :
La caractéristique de cette communication est qu'elle est essentiellement descendante et soigneusement filtrée. Tous les contenus visent à créer l'impression que le gouvernement apporte les solutions requises aux problèmes, que la situation est sous contrôle, et que les informations fournies au "mandant" (le peuple) par les "mandataires" (le président et ses ministres) constituent une reddition de comptes véridique et complète. L'entretien du samedi est présenté comme interactif, mais c'est une fiction : le président commence par un long compte-rendu de ses activités de la semaine, ainsi que celles de ses ministres ; suit un "dialogue" entre le président et des intervenants locaux - journalistes, dirigeants de groupements ou de mouvements -, qui ne sont en réalité que des faire-valoir. Un des seuls journalistes qui a osé contredire le président a été expulsé manu militari par celui-ci. D'autre part, si le président et ses ministres sont fréquemment interviewés par les médias, ils se livrent rarement à l'exercice périlleux de la conférence de presse. A quelques exceptions près, les journalistes audiovisuels équatoriens se montrent exagérément respectueux envers l'autorité, surtout présidentielle. La presse écrite, par contre, est beaucoup plus critique envers le comportement et les politiques du président. Il faudrait également mentionner le quotidien El Telégrafo de Guayaquil et le canal Ecuador TV qui constituent l'ébauche d'un groupe de médias étatique voulu par Rafael Correa pour faire contrepoids aux médias privés, mais dont il est difficile pour le moment de mesurer l'audience et l'indépendance par rapport au gouvernement qui les finance, leur mise en service étant trop récente. La fusion entre le secrétariat général de l'Administration publique et le secrétariat de la Communication décidée par Rafael Correa pour "la gestion de la communication et de l'information de l'Etat comme politique visant à intensifier les processus d'échange d'information et d'opinion avec les différents secteurs de la société" révèle une nouvelle conception de la communication gouvernementale, d'autant plus que le même décret présidentiel crée, à côté du sous-secrétariat de la Communication et de l'information, un "sous-secrétariat de l'Image, de la publicité et de la promotion", tous deux sous la direction du même Vinicio Alvarado. Cela a amené certains commentateurs à évoquer l'Allemagne nazie et le rôle de Joseph Goebbels en tant que ministre de la Propagande et de l'information d'Adolf Hitler. Je n'irai pas jusque-là, mais il y a de troublantes similitudes : la place centrale du contrôle de l'information dans la révolution citoyenne et la relation très étroite entre celui qui en est chargé et le chef de l'Etat. Le but avoué de cette restructuration est de faire mieux passer l'information sur l'action du gouvernement et de faciliter le travail des journalistes, ce qui permettrait certainement d'améliorer la communication et les relations entre le régime et les médias, qui a été détestable jusque-là. Si cela devait aussi se traduire par une information plus transparente et plus véridique de la population et de l'opinion publique, selon les trois critères que j'ai déjà mentionnés, les soupçons évoqués au paragraphe précédent n'auraient plus de raison d'être et seraient même inconvenants. Pour en juger, il faudra attendre les deux tests suivants : le contenu des articles de la nouvelle constitution consacrés à la liberté d'opinion et d'expression, ainsi qu'à la liberté de la presse, et la nature et le contenu de la campagne électorale du mouvement gouvernemental Acuerdo Pais pour l'approbation de cette même constitution. 24 mars 2008 |