Site hosted by Angelfire.com: Build your free website today!

Nouvelles du Petit Paradis en Equateur

La vie quotidienne dans le nord des Andes équatoriennes

 

Note de lecture :

NOUS SOMMES TOUS DES ECOLOGISTES

Le 14 mars 2009, le quotidien Hoy a publié deux chroniques sur un thème d'actualité en Equateur : l'annulation de la personnalité juridique de l'organisation non gouvernementale Accion Ecologica (AE) par le ministère de la Santé, survenue le 2 mars 2009. De nombreuses personnalités, dont toutes ne partagent pas les positions extrémistes de cette ONG, se sont élevées contre cette décision unilatérale du gouvernement de la participation citoyenne.

Sous la plume de Consuelo Albornoz Tinajero, la première chronique s'intitule "Nous sommes tous des écologistes", paraphrasant le célèbre slogan de mai 1968 "Nous sommes tous des juifs allemands". Consuelo est journaliste.

"Contrôler et dépolitiser" est le titre de la deuxième chronique, écrite par Alexandra Ayala Marin, également journaliste et ardente militante des droits de la femme.

1. Nous sommes tous des écologistes

L'annulation de la personnalité juridique de l'organisation Accion Ecologica, par le gouvernement de la "révolution citoyenne", actualise cette citation du religieux allemand Martin Niemoeller : "Ils sont venus d'abord pour les communistes et je n'ai rien dit parce que je n'étais pas communiste. Ensuite, ils sont venus pour les juifs et je n'ai rien dit parce que je n'étais pas juif. Ensuite, ils sont venus pour les syndicalistes et je n'ai rien dit parce que je n'étais pas syndicaliste. Ensuite, ils sont venus pour les catholiques et je n'ai rien dit parce que j'étais protestant. Ensuite, ils sont venus pour moi, mais il n'y avait plus alors quelqu'un qui puisse dire quelque chose".

Apparemment, ce pasteur a montré une attitude "tiède" et "ambiguë" face au nazisme, ce qui ne l'a pas empêché d'être enfermé et maintenu plusieurs années dans les camps de concentration, comme prisonnier personnel d'Hitler. C'est pour cela qu'à la fin de seconde guerre mondiale, il a demandé pardon de ne pas avoir élevé une voix de dénonciation et protesté avec suffisamment de force.

Le message de Niemoeller est toujours d'actualité. Et il se maintient comme une invitation à ne pas se taire et à être loyal avec sa propre conscience. De ce fait, il est réconfortant de constater la solidarité et la forte expression de multiples personnes et organisations face à la fermeture d'Accion Ecologica par des organismes bureaucratiques au pouvoir temporaire. Cette réaction est un indice favorable, c'est le signal que face à un abus il y a encore de l'espace pour offrir un soutien et aspirer à maintenir la dignité. Et que le calcul mesquin n'est pas la seule issue. C'est un signe de bonne santé sociale, car il révèle l'existence de la capacité de protester face à une action jugée injuste.

L'annulation de la personnalité juridique de cette ONG exige aussi de se demander si cela suggère l'existence d'instances gouvernementales hostiles à la pluralité de voix différentes, peut-être parce qu'elles se sentent plus à l'aise face l'homogénéité et à la pensée unique. Dans cette perspective, la suspension d'Accion Ecologica constitue une attaque directe contre la liberté d'expression et la délibération. Peut-être par crainte de manquer d'arguments pour répliquer ?

Cette attitude contraste avec celle de beaucoup de ceux qui sont alliés et bénéficiaires de ce régime, mais malgré tout maltraités par ses représentants, bâillonnés et menottés, dans l'attente d'être recyclés. Que peuvent penser ces personnages d'eux-mêmes, dans leur for intérieur, quand ils se trouvent seuls et n'ont pas à faire semblant ? Signaleront-ils les outrages qu'ils ont reçus ou les rationaliseront-ils et les justifieront-ils ? Imagineront-ils même qu'avec une telle attitude ils font du bien à l'autorité à laquelle ils se soumettent ? Je ne le sais pas. Généralement, les fausses loyautés montrent leurs limites tôt ou tard et les humiliations finissent par passer leur facture. L'inconditionnel n'est pas éternel.

2. Contrôler et dépolitiser

Si cela n'avait pas été grâce à la réponse qu'ont donné sa majesté [Rafael Correa] et sa grande gueule à un reporter de télévision, on aurait sans doute pu croire que l'élimination de la personnalité juridique d'Accion Ecologica était due au fait que, comme l'établit l'accord no 0157 du ministère de la Santé du 2 mars courant, cette ONG n'accomplissait pas les objectifs et les fins pour lesquels elle a été créée.

Cependant, il apparaît qu'Accion Ecologica, à la vision et à la mission écologiques et dont les manifestations n'ont jamais laissé de provoquer des surprises, des résistances ou des sourires d'approbation ou de désaccord parmi les citoyens, ainsi que l'opposition de quelques-uns des gouvernements qui ont passé dans le pays au cours des deux dernières décades, cette Accion Ecologica, dis-je, s'est occupé surtout d'enquêter et d'agir sur les effets "dans les communautés et peuples affectés par l'activité pétrolière, par les pesticides et les toxiques agricoles utilisés dans les plantations, par les tentatives de l'industrie minière d'établir ses activités dans le pays, par l'entrée des transgéniques" [...], ainsi qu'ils l'ont exprimé dans un communiqué public. Conséquente avec ses objectifs, elle a également participé aux intenses protestations dans les rues et autres actions, y compris une grève de la faim, qui se sont déroulées dans divers points du pays contre la récente loi minière, grand projet corréiste prétendument aseptique sur le plan environnemental. La grande réponse présidentielle et télévisée ne m'a donc pas surprise : "On fermera les ONG qui font de la politique". Ce qui veut plus ou moins dire que le grand motif est : éliminer ou suspendre la personnalité juridique de Accion Ecologica comme représailles à son opposition à cette loi.

Accion Ecologica a été, en outre, avant ces protestations, la cible des accusations de Rafael Correa contre "l'écologisme infantile" ou tous les "infantilismes" que le président attribue aux personnes et aux institutions qui se montrent critiques depuis la gauche envers tout projet de cette prétendue et prétentieuse "révolution citoyenne". De quelle "révolution" s'agit-il, quand on tente de nier l'histoire et les luttes des organisations sociales, berceau de mouvements forts et combatifs contre les gouvernements antérieurs, corrompus et/ou répressifs, dont les actions ont bénéficié à la candidature initiale de Correa ? De quelle "révolution" s'agit-il, quand on tente d'annihiler le mouvement indigène, qui trouve dans la Conaie sa plus haute représentation, et le mouvement écologiste qui a, à la tête d'Accion Ecologica, une de ses activistes les plus fermes et convaincues ? De quelle "révolution" s'agit-il quand l'Etat prétend tout monopoliser et contrôler, mêmes les mobilisations citoyennes ? De quelle "révolution" s'agit-il, qui cherche à dépolitiser les actions sociales, comme si celles-ci n'étaient pas insérées dans des relations de pouvoir, surtout face à l'Etat ?

Derrière cette décision ne se trouve pas uniquement l'objectif d'établir les règles de la présence des 38.000 ONG en Equateur et les 3 milliards de dollars qu'elles gèrent. Il s'agit d'un projet politique de contrôle étatique qui cherche, en outre, à dépolitiser les mouvements sociaux qui, à un moment donné, peuvent se convertir en contradicteurs du gouvernement. Si Accion Ecologica récupère son statut juridique, elle est déjà "avertie". Les citoyens aussi. Les urnes nous donnent la parole.

COMMENTAIRES

Cet incident est tout à fait révélateur de la manière de fonctionner du gouvernement actuel, ou plutôt de dysfonctionner, et du grand désordre qui règne dans l'administration publique de l'Equateur.

Regardons les choses de plus près.

1. La situation administrative

Selon des données fournies par le quotidien El Comercio du 15 mars 2009, il y a 40.141 organisations non gouvernementales, fondations, etc., représentant la société civile dans le pays. Elles sont enregistrées dans une base de données du ministère de Coordination du développement social.

Le décret 982 du 28 mars 2008 établit que les organisations qui reçoivent des fonds publics doivent s'inscrire dans le Registre unique des organisations de la société civile (Ruosc), géré par le secrétariat des Peuples, mouvements sociaux et participation citoyenne et s'accréditer auprès d'un organisme de l'Etat dont relève leur activité, avant le 20 avril 2009. Elles doivent en outre indiquer le nom de leur représentant légal, de leur direction et de leurs membres et déclarer leurs sources de financement. Ces données seront publiées sur Internet. Le secrétariat des Peuples et le ministère de l'Inclusion économique et sociale (MIES) sont chargés d'assurer la diffusion du nouveau réglement et la formation à son utilisation par les ministères et les ONG.

Les ONG sont enregistrées dans plus de 21 ministères et organismes gouvernementaux, mais 6861 (17 %) n'ont pas de rattachement.

Seules 20.045 ONG ont fourni des informations fiscales au SRI (Service des impôts).

Enfin, selon un chiffre fourni en juin 2008 par la ministre de Coordination du développement social, les ONG gèrent un budget de 3 milliards de dollars, dont la plus grande partie provient de financements publics, nationaux et internationaux.

2. Le point de vue du gouvernement

Ce grand remue-ménage a son origine dans l'accord no 0157 du ministère de la Santé en date du 2 mars 2009, qui retire son agrément à cette ONG pour ne pas avoir "respecté les fins pour lesquelles elle a été créée".

Dans un premier communiqué, daté du 11 mars (sauf erreur de ma part), la raison invoquée est que son activité n'a pas de relation avec la santé publique, mais avec l'environnement, d'où la nécessité de s'enregistrer dans ce dernier ministère. La ministre de la Santé, Caroline Chang, précise que AE n'est pas la seule ONG concernée, que son dossier a été transmis à la ministre de l'Environnement pour faciliter la démarche d'agrément et qu'il n'est nullement dans les intentions de son ministère de persécuter AE.

Mais comme la polémique se poursuit dans l'opinion publique, la ministre publie un second communiqué en date du 16 mars 2009 et répète les mêmes arguments en précisant qu'AE n'a pas à monter un nouveau dossier d'agrément, qu'elle avait déjà effectué une démarche semblable il y a quelques années, en passant du ministère du Bien-être social à celui de la Santé, et que deux communiqués lui ont été envoyés pour l'inviter à effectuer cette démarche, dont le second un mois avant l'accord no 0157. Tous deux sont restés sans effet.

Comme c'est souvent le cas dans ce gouvernement, ce qui a mis le feu aux poudres est la déclaration à Radio Caravana de Rafael Correa selon laquelle il ne tolérerait pas des ONG qui "font ce qu'elles veulent, s'immiscent dans la politique, ne fournissent pas de rapports périodiquement, ne présentent pas de comptes. [...] C'est un chaos, mais nous sommes en train d'y mettre de l'ordre. [...] Nous avons 30.000 ONG et l'idée est que le 95 % ne respectent pas les conditions légales." (selon le quotidien El Universo du 11 mars 2009)

3. Le point de vue d'Accion Ecologica

Pour Ivonne Ramos, la présidente d' AE, la décision du gouvernement est clairement un geste de représailles contre l'ONG en raison de son opposition marquée à la loi minière.

D'autre part, l'argument de la ministre selon lequel AE est une ONG environnementale et non de santé publique n'est pas correct, étant donné la prise en compte par AE des effets sur la santé des populations des aspersions de produits défoliants dans le cadre du Plan Colombia pour détruire les plantations de coca dans la région frontalière, de l'empoisonnement de l'eau pour la consommation humaine, animale et l'arrosage par les activités minières et pétrolières, qui ont constitués un des pôles de l'activité d'AE depuis de nombreuses années.

L'ONG a même constitué un dossier sur les fumigations, qui a étayé la plainte présentée par l'Equateur contre la Colombie devant la Cour internationale de La Haye. A la suite de l'annulation de sa personnalité juridique, AE a retiré son soutien à la démarche du gouvernement équatorien.

Enfin, AE assure ne pas avoir reçu de mises en demeure préalables à l'accord ministériel no 0157.

4. Quelle est la véritable signification de la décision gouvernementale ?

Deux interprétations sont possibles :

  • il s'agit d'une série de maladresses bureaucratiques sans intention de nuire ;
  • les accusations contre le gouvernement émises par les milieux écologiques et reprises par nos deux chroniqueuses sont justifiées.

Maladresses bureaucratiques ?

J'aurais tout de suite écarté cette interprétation s'il ne s'était pas agi de Caroline Chang, une des meilleures ministres du gouvernement de Rafael Correa, compétente, sérieuse, discrète et efficace dans beaucoup de domaines, même si l'on est en droit de contester certaines de ses orientations - ce qui n'est pas le sujet du moment -. Et que, d'autre part, des accusations de malversations ont été portées contre elle, sans que ni l'accusateur, ni l'accusée n'aient apporté d'éléments convainquants pour les confirmer ou les infirmer.

Il faudrait d'abord savoir à quel niveau la décision a été prise : fonctionnaire en charge de la base de données des agréments ou cadre intermédiaire, ministre elle-même, bureau politique d'Alianza Pais, président de la République. Impossible de répondre à cette question, vu le manque de transparence habituel de ce gouvernement, qui en avait pourtant fait un de ses principaux arguments électoraux.

Il faudrait également savoir comment l'information et la formation à l'utilisation du nouveau système ont été menées. A-t-on instauré un dialogue, une concertation, avec les ONG, notamment pour des cas litigieux comme celui d'AE, qui considère, à tort ou à raison, qu'une partie de son activité relève de la santé publique ? Cela était d'autant plus nécessaire que la pratique des ministères jusqu'alors était singulièrement laxiste. On peut craindre que, vu la culture de l'imposition qui prédomine en Equateur, cela n'ait pas été le cas, d'autant plus que trois acteurs publics devaient y participer.

Deux aspects me frappent à propos de cette décision :

  • Le caractère bureaucratique de la procédure
    De l'aveu même de la ministre, ce ne sont pas des courriers personnalisés qui sont adressés aux ONG, mais de simples communiqués.
    Il s'agit d'une attitude courante de l'administration publique équatorienne - qui me rappelle celle d'administration publique française d'il y a une vingtaine d'années -, laquelle consiste à toujours réduire l'administré, fût-il une entreprise ou une organisation, à la condition subalterne de redevable, de quémandeur, soumis à la bonne volonté ou au diktat du fonctionnaire en charge d'une procédure. Ce serait offenser la majesté du pouvoir administratif de suggérer que ce soit lui qui fasse le premier pas pour résoudre un problème posé par la réaction inadéquate d'un administré.
    Si celui-ci ne fait pas le nécessaire, l'administration passe sans autre forme de procès à la sanction, comme cela ressort clairement du cas d'AE, en passant allègrement sur les effets d'une révocation de l'agrément.
  • Le manque de sensibilité aux répercussions politiques d'une décision administrative
    AE venait de mener une campagne très active contre la loi minière et le retrait de son agrément constitue une provocation grossière contre tous ceux qui ont soutenu son action.
    Une démarche discrète auprès de l'ONG l'informant de l'imminence de ce retrait aurait permis d'éviter d'ameuter l'opinion publique et de donner naissance à des soupçons de machination.

Reste à évoquer trois points peu clairs :

  • On peut se demander pourquoi à l'époque du premier transfert, le dossier d'AE n'a pas été passé tout de suite au ministère de l'Environnement. Etait-ce parce que le ministère avait reconnu à l'époque la part santé publique de l'activité d'AE ?
  • Pourquoi y a-t-il eu un changement de la motivation de la décision du ministère passant d'un non respect des fins d'AE dans la rédaction de l'accord ministériel no 157 à la nécessité de changer de ministère de référence, invoquée dans les communiqués du ministère de la Santé ?
  • Un retrait d'agrément brutal comme celui qui a frappé AE a des conséquences pratiques très graves - accès aux comptes bancaires, paiement des fournisseurs, répercussions sur les donateurs, etc. -. La ministre de la Santé n'était pas consciente du préjudice qu'un retrait, même temporaire, pouvait causer ?

Les accusations contre le gouvernement sont justifiées

Un premier point permettant de vérifier cette interprétation est qu'il y a eu un précédent : le budget du "Consejo de Desarrollo de las Nacionalidades y Pueblos de Ecuador" (Codenpe) lui a été retiré par une décision du ministère des Finances, ce qui revient pratiquement à une fermeture. Le Codenpe n'est pas une ONG, mais un organisme para-étatique rattaché à la présidence de la République, géré directement par les milieux indigènes. Or, la dirigeante - démissionnaire - de cet organisme, Lourdes Tiban, fait partie de la direction de la "Confederación de Nacionalidades Indígenas del Ecuador" (Conaie), qui s'est également fortement opposée à la loi minière. Rafael Correa a accusé Tiban, sans apporter de preuves, d'avoir utilisé les fonds du Codenpe pour financer les manifestations anti-minières. Le sort définitif du Codenpe est encore en suspens au moment où j'écris ces lignes. Curieusement, cette décision unilatérale n'a pas soulevé une grande indignation dans l'opinion publique pour une raison que je ne m'explique pas, alors que son caractère arbitraire et ses effets sont encore plus marqués que le retrait d'agrément d'AE.

Le deuxième point est évidemment la déclaration de Rafael Correa selon laquelle les ONG ne doivent pas s'immiscer dans la politique. Je traduirai ses propos par : elles ne doivent pas s'opposer à MA politique.

Cela étant, il est évident que Rafael Correa est en franche opposition au projet initial d'Alianza Pais et au contenu de la nouvelle constitution qui visent à faire des Equatoriens des citoyens à part entière, dotés de nombreux droits leur permettant d'exprimer leurs opinions, de participer aux décisions et de contribuer au contrôle des institutions publiques. Ils ont même le droit à la résistance (art. 98) : "Les individus et les collectifs pourront exercer le droit à la résistance face à des actions ou des omissions des pouvoirs publics ou de personnes naturelles et juridiques non étatiques qui violent ou peuvent violer leurs droits constitutionnels, et demander la reconnaissance de nouveaux droits".

Encore faut-il s'entendre sur le sens de politique. Rafael Correa aurait raison si les ONG se comportaient comme des mouvements ou des partis politiques, mais tort quand il considère, comme il le fait, qu'AE, en critiquant et en s'opposant à la loi minière au nom de la protection de l'environnement, s'immisce dans la politique politicienne. La limite entre ONG et groupe de pression est difficile à tracer quand sont en jeu d'énormes intérêts économiques comme c'est le cas de l'industrie minière. Seule une attitude de dialogue et de concertation de la part du pouvoir permet de ne pas obliger les ONG à affirmer des positions extrémistes ou à ne pas devenir de simples courroies de transmission de l'Etat vers les citoyens.

CONCLUSIONS

Sur les plans technique et administratif, on ne saurait reprocher au président de la République de vouloir mettre de l'ordre dans le chaos de l'administration publique équatorienne. Encore faudrait-il que ce ne soit pas un prétexte pour réduire la sphère d'influence et d'action de la société civile.

Car l'ordre n'est une fin en soi. Ce devrait être un moyen d'aider les ONG à mieux accomplir leur mission et leurs objectifs ainsi qu'à mieux coordonner l'action publique et l'action privée vers la population.

Sur le plan politique, il n'est ni éthique ni moral - pour recourir à des adjectifs favoris de Rafael Correa - d'utiliser les menaces pour faire rentrer les ONG dans le rang et pour les empêcher d'accomplir leur finalité ultime, qui est de permettre à la société civile de s'impliquer dans la prise en charge de ses propres affaires.

Car l'Etat ne doit en aucun cas se substituer à la société civile pour accomplir cette tâche, contrairement à l'interprétation de la nouvelle constitution que veulent privilégier le gouvernement et Alianza Pais , dont l'effet sera délétère pour la formation d'une citoyenneté consciente et active.

Pour terminer, je trouve essentiel de souligner les fortes paroles du pasteur Niemoeller, car une partie importante de l'opinion éclairée et progressiste de l'Equateur n'a pas voulu voir, ni ne veut voir, ou tente de passer par pertes et profits, les nombreuses violations de l'ancienne et de la nouvelle constitution commises par Rafael Correa et son gouvernement, leurs manipulations, leurs mensonges, leurs décisions erratiques. Accueillir ce message nous permettra de faire en sorte qu'il y ait toujours quelqu'un qui puisse dire quelque chose.

Et peut-être éviter le temps des regrets.

19 mars 2009


Retour au menu - Haut de la page