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X - AFFAIRE FAURISSON : L’UNIVERSITÉ SAVAIT, ELLE N’A RIEN FAIT

Cette prétendue tentative de génocide et ces prétendues chambres à gaz ne sont qu’une seule et même invention de propagande de guerre. Cette invention est d’origine essentiellement sioniste. (...) Jamais Hitler n’a donné l’ordre de tuer ne serait-ce qu’un seul homme en raison de sa race ou de sa religion. (...) Le nombre de Juifs exterminés par Hitler (ou victimes du génocide) s’élève heureusement à... zéro. " Robert Faurisson, 25 mai 1978, polycopié distribué à ses étudiants de licence.

Faurisson, esprit brillant, intolérant et provocateur qui a déjà causé des esclandres en appliquant à Rimbaud puis à Lautréamont une méthode originale de critique des textes qui fait fi de tout contexte comme des travaux de ses prédécesseurs. " Rapport Comte, p. 13.

 

1-   LES " RECHERCHES " NÉGATIONNISTES DE FAURISSON FIGURAIENT OFFICIELLEMENT AU PROGRAMME DE L’UNIVERSITÉ LYON 2.

En janvier 1978, le livret de l’UER (Département) de Lettres et Civilisations classiques et modernes de l’Université Lyon 2 présente Faurisson en ces termes :

Robert Faurisson, maître de conférences. Littérature française du XXème siècle. Spécialité : critique de textes et documents, recherche du sens et du contre-sens, du vrai et du faux ",

annonçant ses " travaux en cours " :

Un dictionnaire de Céline ; Les Bavures : chronique de l’Épuration dans les communes du Confolantais ; articles sur Céline et sur Lautréamont ; Recherches sur le thème "Le Journal d’Anne Frank est-il authentique ?" " ; recherches sur la genèse de la légende des chambres à gaz nazies et préface sur ce thème à la traduction française de "L’Imposture du XXème siècle" d’A. R. Butz. " [A.R. Butz est le principal négationniste américain]

Bien avant le scandale révélé par la presse, l’activité négationniste de Faurisson est connue et présente ouvertement dans un document officiel de l’université sans que cela pose le moindre problème. Ils savaient, ils n’ont rien fait.

2-   LE PROSÉLYTISME ANTISÉMITE N’EST PAS CONSIDÉRÉ COMME UNE FAUTE PROFESSIONNELLE PAR L’UNIVERSITÉ.

Le Rapport Comte estime que l’Université ne pouvait sanctionner Faurisson " en l’absence de faute professionnelle caractérisée " (p. 15).

Or, il existe un document officiel de l’époque. Sous le titre " La vérité sur l’affaire Faurisson ", Le Nouvel Observateur du 26 mars 1979 (n° 750) publie en dossier un mémoire rédigé par M. Claude Martin, directeur de l’UER de Lettres et Civilisations classiques et modernes de l’Université Lyon 2. Ce mémoire écrit à la fin de 1978 entend faire connaître le point de vue officiel de l’Université sur une affaire qui fait la Une des journaux, à la suite du scandale Darquier de Pellepoix selon lequel " À Auschwitz on n’a gazé que des poux ".

Le Matin, 16 novembre 1978 : " "Les chambres à gaz : ça n’existe pas". C’est le thème favori de Robert Faurisson, un professeur de l’université de Lyon qui se félicite que Darquier de Pellepoix ait contribué à dénoncer des "mensonges". " Libération, 18 novembre 1978 : " Les "travaux" antisémites d’un prof de fac. " Le Monde, 18 novembre 1978 : " M. Pierre Sudreau demande une enquête sur l’enseignement de M. Faurisson qui nie l’existence des chambres à gaz. "

Dans son mémoire, M. Claude Martin explique qu’un texte polycopié de Faurisson, intitulé " Pour une histoire véridique de la Seconde guerre mondiale ", daté du 23 mai 1978, a été distribué à ses étudiants de licence. Ce texte affirme que le génocide et les chambres à gaz sont une invention sioniste, que le nombre de Juifs exterminés par Hitler est égal à zéro et qu’au contraire, il " est probable que les plus fortes et terribles déportations ont eu pour victimes les minorités allemandes de l’Est européen ". Falsifier l’histoire à l’Université, diffuser de tels textes ne relèverait pas de la faute professionnelle caractérisée ?

Le responsable de Lyon 2 ne voit même pas le problème déontologique. Après avoir cité Faurisson, il explique benoîtement : " Les collègues littéraires de M. Faurisson dans son UER, ne se reconnaissent naturellement aucune compétence, aucune autorité particulière pour discuter ces affirmations au plan de la critique historique rigoureuse et informée. " M. Claude Martin rapporte en outre les propos du Président de l’Université, M. Maurice Bernadet, à l’égard de Faurisson : " Il est très difficile d’affirmer qu’il est antisémite. " De tout cela il conclut : " Il n’apparaît pas que M. Faurisson ait, dans l’exercice de ses fonctions, fait de prosélytisme tombant sous le coup de la législation réprimant la propagande raciste. " On croit rêver.

Au moment même de l’affaire Faurisson, ses " collègues " ne s’estiment pas compétents pour juger de sa négation grossière du génocide ! Pire, il est selon eux très difficile de la qualifier d’antisémite. Incompétence, bêtise ou indifférence ?

 

3-   MÊME APRÈS LE SCANDALE, AUCUNE SANCTION N’EST PRISE CONTRE FAURISSON.

À cause des révélations de la presse, de l’indignation de l’opinion et des manifestations d’étudiants et de déportés, Faurisson est provisoirement suspendu d’enseignement pendant un mois. S’agit-il de la sanction réclamée par les associations ? Pas du tout, explique M. Claude Martin :

Cette mesure n’est aucunement une sanction. Elle ne vise pas en fait M. Faurisson mais bien la paix et l’ordre dans l’université, qui, dans la conjoncture créée par les propos publics de celui-ci et par les réactions qu’ils avaient provoquées, couraient les plus grands risques d’être "troublés" si Faurisson était présent comme si de rien n’était. "

Pire, dans une lettre publiée dans Le Nouvel Observateur du 9 avril 1979, le responsable d’UER de Lyon 2 révèle que l’Université a donné des garanties à Faurisson pour qu’il poursuive son enseignement :

En dépit des garanties qui lui ont été formellement et officiellement données que l’Université assurerait (comme elle l’avait fait le 22 janvier) sa sécurité éventuellement menacée, M. Faurisson n’a pas reparu à Lyon 2 depuis deux mois et demi. Les règlements interdisant de rémunérer un autre enseignant pour assurer les cours pour lesquels M. Faurisson continue à être rémunéré, les étudiants ainsi abandonnés s’inquiètent. " Les étudiants de Faurisson abandonnés... On reste confondu.

Il n’est pas dit par contre que les autorités ont fait effacer les slogans sur les murs de l’Université : " Faurisson assassine les morts. "

4-   FAURISSON N’ÉTAIT PAS TENU A L’ÉCART.

Le Rapport Comte présente Faurisson comme un enseignant " peu intégré ". C’est faux. En réponse au " Mémoire Martin ", Faurisson envoie une lettre publiée par Le Nouvel Observateur (9 avril 1979) : " Mes relations avec M. Martin, avant même qu’il devienne mon directeur d’UER et depuis, étaient excellentes. Nous partagions le même bureau. Nous nous entretenions parfois des recherches historiques qui me sont aujourd’hui reprochées. Je sais gré à M. Martin d’avoir pris ma défense le 16 novembre 1978. " Claude Martin ne dément pas : " Collègue de M. Faurisson puis directeur d’UER, j’ai toujours aussi bien tenu à avoir des relations humaines normales avec lui qu’à veiller à ce que toute question administrative le concernant fût traitée avec sérénité et correction. "

Dans son mémoire de 1978, le responsable de Lyon 2 va jusqu’à écrire :

Ceux de ses collègues qui le connaissent un peu savent qu’il n’est - pour user de mots aujourd’hui hélas ! courants - ni un "salaud", ni un "vendu", et le croient sincère, mais peut-être "manipulé" par des groupes plus discrets. "

Les victimes du nazisme apprécieront l’hommage.

 

5-   FAURISSON A FAIT PARAÎTRE SANS PROBLÈME SA PROPAGANDE SOUS LE LABEL DE LYON 2.

Le Rapport Comte affirme que Faurisson " n’a plus de rapport avec Lyon 2 " depuis l’été 1979 (p. 16). Dix lignes plus loin, il rappelle néanmoins que le chef des négationnistes a fait partie du personnel jusqu’au 1er janvier 1990 !

Mais il ne dit pas que pendant une décennie Faurisson a mené sa propagande sous le label de l’Université Lyon 2, en utilisant le titre et le papier à en-tête. N’est-ce pas une faute professionnelle ? Quelle mesure a pris l’Université pour l’en empêcher ? Pourquoi n’a-t-elle pas porté plainte ?

Peut-on réduire l’affaire Faurisson à la conclusion du Rapport Comte : " Travaillant et étudiant beaucoup, il a su provoquer l’intérêt et utiliser les médias et les tribunaux. Il n’aura guère été présent à Lyon, et son appartenance réelle à Lyon 2 aura été aussi agitée qu’éphémère " (p. 16) ?

Le 3 janvier 1979, l’écrivain italien Primo Levi, rescapé de la Shoah, écrivait dans le Corriere della Sera à propos de l’affaire Faurisson qui battait son plein : " Qu’ont donc fait en France les autorités universitaires et la justice ? Ils ont toléré que vous [Faurisson] , niant les morts, vous les tuiez une seconde fois

 

 

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