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IV - AFFAIRE LUGAN : LE FOUET DE LA COLONIALE 

" Spécialiste de l’Afrique, auteur de "L’Occident sans complexe", autrefois militant de l’Action Française et monarchiste convaincu, M. Lugan paraît, chaque Mardi Gras devant ses étudiants de première année, déguisé en "colon", coiffé d’un casque et muni d’un fouet. " Le Monde, 2 avril 1993.

L’affaire Lugan est ignorée du Rapport Comte. Voir sur le sujet le livre Les Faussaires de l’histoire, éditions Golias, 1999.
 
 

1-   LE PROFESSEUR FOUETTARD CHANTRE DE L’OPPRESSION COLONIALE ET DU MÉPRIS DES FEMMES.

Le mardi 23 février 1993, Mardi Gras, Bernard Lugan, professeur d’Histoire à Lyon III assure son cours de 1ère année avec fouet et casque colonial. Parmi les chants qu’il entend faire reprendre en chœur, celui-ci : 

" Nos officiers se tapent des japonaises
Alors que nous pauvres marsouins fauchés
nous nous tapons ce qu’on nomme la terre glaise
spécialité de nos girons nhaqués ".

A-t-il appris ces couplets de Georges Pinault dit Goulven Pennaod, ancien d’Afrique et d’Indochine, " tueur de Viets " à Diên Biên Phu, pour qui " les vertus guerrières devaient être cultivées, les filles baisées, la racaille éliminée " (voir Affaire Pinault-Pennaod) ?

Le " cours " très spécial de Bernard Lugan provoque des incidents avec le Comité Anti-Fasciste et Anti-Raciste (CAFAR). La presse s’émeut de l’étrange " folklore " de Bernard Lugan. D’autant que celui-ci n’en est pas à sa première facétie.

2-   CHARLES MARTEL AU SERVICE  DU RACISME.

En 1991, deux ans auparavant, Bernard Lugan avait déjà attiré l’attention des journalistes par un " pèlerinage ", " rassemblement de la piété française " qu’il entendait instituer au village de Martel, 1 500 habitants, dans le Lot, pour célébrer Charles " Martel " qui aurait " anéanti les Arabes ", non pas à Poitiers en 732, comme cela s’écrit dans les manuels anciens, mais dans un autre combat, " lieu de la victoire définitive "... auquel il aurait laissé son nom. " Pour mobiliser ses fidèles contre les Infidèles, M. Lugan n’hésite pas à "réviser" l’histoire de France ", affirme Le Monde du 25 octobre 1991. Le " pélerinage ", interdit par le maire de Martel, rassemble une centaine de personnes : des intégristes catholiques, des skinheads, des jeunes de l’Œuvre Française, groupuscule fasciste fondé après Mai 68 par Pierre Sidos, ancien collaborateur d’Europe-Action
 
 
 
 

3-   UN COLLABORATEUR DE LA PRESSE D’EXTRÊME DROITE.

Mais Bernard Lugan n’est pas un rigolo, contrairement à ce que pourraient laisser croire quelques-uns de ses faits d’armes. Il collabore à plusieurs titres de la presse d’extrême droite :

Les Cahiers de Chiré, des intégristes catholiques, auxquels participait Maurice Bardèche ;

Identité, la revue théorique du Front National, dans laquelle il prône la création d’un État blanc d’Afrique du Sud, clé de " la survie de l’identité blanche " ; 

Présent, le quotidien lepéno-catholique, dans lequel il pleure les derniers jours de l’Afrique du Sud " blanche " ;

Minute-La France, où il tient chronique (à l’époque où ce titre est dirigé par Serge Martinez du F.N. et Serge de Beketch, ultra de " Radio Courtoisie ", négationniste de choc - l’ancien milicien François Brigneau, l’antisémite Emmanuel Ratier y écrivent également) ;

National Hebdo, le journal officiel de Le Pen où Lugan, sous le titre " Adieu à un vieux camarade ", dresse la nécrologie de l’adjoint au maire de Toulon Poulet-Dachary, frontiste proche des milieux homosexuels d’extrême droite, assassiné dans des conditions mystérieuses ;

Enquête sur l’Histoire, revue lancée par l’un des principaux idéologues des groupuscules fascistes depuis Europe Action : Dominique Venner. 

Un texte de Bernard Lugan paraît, " à l’insu de son plein gré " si l’on en croit un " droit de réponse " au Monde, dans un " agenda nationaliste célébrant Hitler etMussolini " (13 novembre 1991). Ce n’est pas contraint et forcé, cependant, que Lugan assure en novembre 1990 une causerie sur l’Afrique du Sud de l’apartheid à l’Association pour la Défense de la Mémoire du Maréchal Pétain.
 
 

4-   LUGAN CÉLÈBRE LE S.S. SAINT-LOUP.

À l’Afrique du Sud chez Pétain fait suite l’Afrique du Sud chez les hitlériens. Au palmarès de Bernard Lugan figure en effet sa participation au recueil Rencontres avec Saint-Loup édité en 1991, dans lequel Lugan livre le texte : " Une tribu blanche d’Afrique australe ". Saint-Loup (1908-1990) est le pseudonyme de Marc Augier. Engagé dans la L.V.F. il devient l’un des responsables S.S. français de la Division Charlemagne et rédacteur en chef de son journal Devenir. Condamné à mort par contumace, il fuit en Argentine. À son retour, il exerce une grande influence sur le petit monde des néonazis. Il préside le Comité France-Rhodésie, lancé par Europe Action en faveur de l’État raciste d’Afrique australe. Jean Plantin, qui à côté de ses activités d’éditeur négationniste exerce celle de diffuseur de livres néonazis, présente à son catalogue les œuvres de Saint-Loup (voir Affaire Plantin). Saint-Loup est le maître à penser de l’ancien S.S. et pseudo-" druide " Robert Dun (voir Affaire Notin), de Goulven Pennaod (voir Affaire Pinault-Pennaod) et de Pierre Vial, professeur à Lyon III, l’un des chefs du M.N.R. de Bruno Mégret après avoir été membre du Bureau Politique du F.N. lepéniste.  
 

5- AUCUNE RÉACTION UNIVERSITAIRE CONTRE LE SCANDALE.

En 1993, l’homme au fouet n’en est pas à son premier esclandre. En 1985, il préside le jury d’une thèse antisémite(voir Affaire Bdioui). En 1990, il fait équipe avec Régis Ladous pour des mémoires de maîtrise (voir Affaire Plantin). Cette même année, il se mobilise en faveur de Notin et rédige pour l’occasion un " Manifeste pour les libertés universitaires " salué dans la Revue d’Histoire révisionniste (n° 3, p. 210 - voir Affaire Notin). Mais tout cela est sans effet négatif sur sa carrière. Au contraire : il est classé premier par la " commission de spécialistes " pour passer du grade de " maître de conférences " à celui de " professeur " en titre (Le Monde, 18 mai 1990). Pire encore : depuis 1987, il est membre du C.N.U., le Comité National des Universités, organisme chargé de gérer la carrière des universitaires. Quand le père fouetteur braille ses chansons coloniales, sexistes et racistes, provoquant la colère des étudiants, la doyenne de la Faculté des lettres et civilisations, Mme Colette Demaizière, issue comme Goudet de l’UNI, publie un communiqué dans lequel elle affirme : " Il est inadmissible que des éléments extérieurs interviennent pour interdire de parole tel ou tel. Il est intolérable que des cours, même détournés exceptionnellement en plaisanterie carnavalesque, tournent au pugilat. Il est anormal que des étudiants, qui n’ont pas la compétence pour le faire, s’érigent en juges de la qualité des cours d’enseignants. " Ainsi se manifestent, à Lyon III, les " libertés universitaires ".

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