[…] poubelle. Or, il n'est jamais fait mention de poubelle dans la procédure, même pas pour signaler son absence.

L’œil que le général a posé sur moi s'arrondit, il relève le nez comme un rapace qui fixe une proie, et dit:

- Vous voyez bien que rien dans la procédure n'apporte la moindre goutte d'eau au moulin de la thèse du double suicide. Même l'analyse sanguine ne révèle pas dans le sang des deux frères plus de monoxyde de carbone qu'ils n'en auraient respiré en se promenant sur la Canebière. Mais je vais vous révéler un secret... Fernand était allé chercher des appuis à Paris, mais on l'avait envoyé paître. Vous savez ce que Saincené répétait?

- Ma foi non, dis-je.

- Il était décomposé à son retour de Paris et il disait à qui voulait l'entendre: "je vais être tué." Comme on avait refusé son marché, Saincené savait que les autres passeraient à l'action. Comme on n'a pas pu brancher assez vite leurs portables, je ne sais pas ce qu'ils ont dit dans les jours qui ont précédé leur mort. Mon hypothèse est que, se sachant abandonnés, ils ont voulu monnayer leur dossier avec ceux qu'ils mettaient en cause. Ils ont donc proposé un marché à l'Encornet et à Trottinette. Un gros paquet de pognon contre les documents, et ils disparaissaient définitivement à l'étranger. Est-ce que les frères ont voulu jouer sur les deux tableaux, c'est-à-dire prendre l'argent et balancer tout de même leur dossier à la presse? Ou est-ce que l'Encornet et Trottinette n'ont pas eu envie de payer après avoir récupéré les papiers? Le résultat est le même. Un avocat est intéressant, dans cette affaire, car il connaît parfaitement le nom de l'intermédiaire entre les frères et les "politiques". On se demande d'ailleurs pourquoi il se tait... Il va falloir qu'on s'intéresse à son cas. Bien, rentrons, décide le général.

- On va se promener, on s'assoit, on rentre... C'est plus fort que vous, il faut toujours que vous commandiez? […]