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PAIX

 

Méditation impromptue sur la pauvreté


François!
Tout le monde le reconnaît :
c'est l'homme fraternel.
Beaucoup même l'appellent le "Poverello",
ramassant sa personnalité dans ce mot "pauvreté".
Pauvreté devenue, par héritage,
prioritaire dans sa famille spirituelle.
Mais de quoi parle-t-on lorsque l'on dit "pauvreté".
On n'est jamais sûr d'avoir touché
le coeur de la pauvreté de François,
rejoint François au coeur de sa pauvreté.

Et si François était devenu pauvre
au pas à pas de sa croissance dans la fraternité ?
Et si sa croissance dans la pauvreté
l'avait pas à pas rendu fraternel ?
Et si, finalement, sa pauvreté venait d'ailleurs,
d'un Ailleurs qui a pris toute sa vie ?

Ce qui a mis en route François,
avant la marche sur les routes d'Assise
et des environs, et de plus loin,
à l'intime du coeur,
avant les gestes prophétiques de dénuement,
c'est un visage : le visage de Jésus, le Christ.
Un visage longuement (,) contemplé, scruté, déchiffré.
Un visage qui l'a conduit ailleurs.

Bondissant vers l'essentiel,
aller au coeur de cette pauvreté :
la très sainte et mystérieuse Trinité.
Le Fils trouvant son être et sa plénitude
dans le "Tu" vers lequel éternellement
il est tourné :
le Père, son Père.
Le Père trouvant son être et sa plénitude
dans le don total de lui-même au "Tu" de son Fils
dans l'Esprit.
Suprême pauvreté :
vérité du "Je", sa plénitude,
dans le "Tu" de l'autre.

N'est-ce pas d'abord cela, surtout,
la pauvreté de François,
l'exigeante pauvreté de François,
toute sa conversion,
l'initiale et celle recommencée chaque jour :
se recevoir d'un autre, des autres,
faire exister l'autre, tous les autres ;
(F)aire vivre le "toi" avant le "moi".
Suprême dépouillement.
Suprême fraternité.

Rejoindre tout homme, les pauvres et les riches,
Les marginaux, les exclus,
Tout comme les Podestats et les Evêques.
Les faire exister en frères.
Leur dire dans un regard
Qu'ils ont du prix, qu'ils comptent
Qu'ils ne sont pas des anonymes.
Il a fait des publicains et des pêcheurs
Ses amis, disait-on de Jésus.
Et des prostituées aussi.
Et de bien d'autres encore.

Tous ceux que la société marginalise,
François, comme son Seigneur,
Cherchait à les rejoindre
Pour leur dire :
Toi aussi, tu es mon frère.
Toi aussi tu es aimé de Dieu.
C'est là toute notre richesse
D'hommes et de femmes, la vraie.
Celle que rien ni personne
Ne pourra nous ôter.
C'est cela la Bonne Nouvelle à annoncer :
Toi aussi, tu es mon frère.

Et c'est pour cela qu'il était si " féroce "
François, dans sa Règle :
" Je veux que mes frères soient petits. "
Et encore
" …qu'aucun frère n'ait sur aucun autre
et sur personne, aucun pouvoir de domination. "
Et bien d'autres paroles encore.
Il le savait bien François :
Quand règne l'esprit de domination,
Il n'y a plus d'amour, pas de fraternité.
Il a mis tous les garde-fous.

Et si à son époque, comme à la nôtre,
Une puissance donne un pouvoir,
Celui de " posséder ",
C'est bien celle de l'argent.
Voilà pourquoi François voulait la pauvreté,
En actes et en vérité,
La pauvreté matérielle
Et la désappropriation de tout soi-même
Pour que les frères n'aient aucun pouvoir sur quiconque.

Il l'a écrit, Jean l'évangéliste :
" Dieu est amour ", c'est son être, son mode-d'exister.
Là, est la Source et le Cœur de la pauvreté de François
et de tous ceux qui s'engagent sur les chemins de Jésus.

A la louange du Christ
Avec tout ce qui n'a pas été dit et que l'on a su lire au-delà des mots.
S.M.Emmanuel