Durant les trois jours qui suivirent, étant privée de sortie, je passai mes temps libres dans ma chambre ou à l'hôpital. Le jeudi, l'inspecteur Dézilet nous demanda, à mes parents et moi, de le rencontrer au poste car il avait reçu les résultats de l'analyse des verres du party. Mes parents vinrent me chercher tout de suite après l'école et nous nous rendîmes au poste.
- Premièrement, dans les verres qui étaient dans le grand sac, nous avons détecté divers alcools: de la bière, de la vodka et du rhum; puis du jus et des boissons gazeuses. annonça l'inspecteur Dézilet.
- Oui, des personnes avaient apporté de l'alcool. Je n'avais prévu que du jus et de la liqueur. dis-je, plus pour expliquer la présence d'alcool à mes parents qu'à lui.
L'inspecteur hocha la tête et poursuivit.
- Qu'est-ce qu'il y avait dans le verre bleu? Je veux dire, qu'est-ce que tu t'étais versé pour boire?
À ce moment, j'eus une petite peur. Il y avait un peu d'alcool dans mon verre... Rien pour rendre saoul, juste pour que ça goûte! Mais, j'étais mineure...
- Du Coke... avec un peu de rhum. avouai-je en insistant sur le "un peu".
- C'est ce que le labo a trouvé. Plus de la cocaïne.
- Il y en avait beaucoup? interrogea mon père.
- On ne peut pas vraiment savoir, mais ça devait être une assez grande quantité si votre fils en a fait une overdose. répondit l'inspecteur. Mais il faut considérer certains facteurs... Votre fils est jeune, petit, la drogue était mélangée à de l'alcool et ingurgiter de la cocaïne est pire que de -excusez le mot- la sniffer.
- Qu'est-ce que vous voulez dire? interrogea ma mère.
- La personne qui a mit la drogue dans le verre ne savait peut-être pas qu'il y avait du rhum avec le Coke. expliqua-t'il. Et, ce ne sont encore que des hypothèses, le verre n'était pas destiné à un enfant de 10 ans donc, la drogue n'aurait pas eu le même effet sur Axelle, par exemple.
- Je vois, mais qu'est-ce que ça change au fait que quelqu'un ait mit de la drogue dans ce verre et que notre fils se retrouve dans le coma?! s'exclama mon père qui commençait à s'impatienter. Est-ce que ça nous dit qui a fait ça et pourquoi?
- Non, vous avez raison. Pour le moment, ça ne change rien. dit l'inspecteur sur un ton compatissant. Axelle, tu pourrais me fournir la liste de toutes les personnes qui étaient au party?
- Bien sûr. répondis-je.
- Très bien, tu n'as qu'à venir la porter ici dès que tu auras terminé.
Je hochai la tête en signe d'acquiescement. Après quelques mots, nous sommes repartis à la maison. Je fouillai ma chambre à la recherche de la liste que j'avais faite avec Danie puis je la refis en essayant de me remémorer mes invités. Ensuite, j'appellai Danie pour dresser avec elle la liste des suspects et de leur mobile.
- Wow, je me sens comme dans l'un de ces films policiers! s'exclama-t'elle.
- Ouais, mais c'est pas un film! répliquai-je. Quelqu'un a essayé de me droguer, je dois trouver qui c'est et surtout pourquoi! Tu m'aides ou pas?
- Oui, oui! Désolée.
Je lui lut ma liste d'invités et, avec son imagination débordante, elle trouva des mobiles possibles.
- Il ne reste que toi. dis-je finalement.
- Moi? Mon mobile? Eh bien... certainement pas d'être amoureuse de ton suspect #1!!!
- Ha ha! fis-je, sans rire. J'ai dis ça comme ça, tu n'étais pas là quand c'est arrivé.
- Je n'étais pas encore partie quand ton frère est arrivé, je l'ai vu quand il est passé dans la cour. répondit-elle.
- Tu l'as vu dans la cour alors, ça ne pourrait pas être toi, mon verre était dans la maison! raisonnai-je.
- J'aurais pu entrer pendant que tu faisais sortir Philippe et retourner dehors sans que personne ne me voit, ils étaient tous occuppés à regarder la scène! répliqua-t'elle.
- Bon, admettons que tu avais la possibilité de le faire. Mais, quel serait ton mobile et comment tu aurais pu te procurer la drogue?
- Ouais, t'as raison! Alors, pas de mobile! répondit-elle en riant.
- J'espère bien! m'exclamai-je, riant aussi. Bon, je vais te laisser, à demain!
- Bye!
Le lendemain après l'école, j'allai porter ma liste à l'inspecteur Dézilet qui l'examina attentivement. Il me posa des questions et décida d'aller interroger Nick dès ce soir. Ensuite, je passai à l'hôpital pour voir mon frère. Il était toujours dans le coma mais son état s'était amélioré, aux dires du médecin. Il semblait tout petit dans son lit, entouré d'un paquet de machines et de fils. Une machine qui était reliée à lui émettait un bruit régulier qui me rassurait: le rythme des battements du coeur de Julien. Il avait aussi un tube qui vérifiait sa respiration et qui prendrait le relais s'il arrêtait de respirer subitement. Je m'approchai de lui et déposai un baiser sur son front.
- Bonjour Julien! lui dis-je.
J'avais déjà lu que les personnes dans le coma pouvaient nous entendre alors je lui parlai un peu. Toute la semaine, lorsque j'étais venue le voir, j'avais apporté un livre d'histoire. Il n'aimait plus vraiment les contes de fées depuis qu'il avait commencé l'école, mais je sentais que je devais lui en lire. Peut-être que d'entendre les gens lui parler le ferait récupérer plus vite.
- Je dois y aller, maintenant. dis-je après avoir terminé l'histoire. Papa et maman vont venir te voir ce soir.
Je l'embrassai et glissai à son oreille, tout bas:
- Je vais trouver qui t'as fait ça, je te le jure, et il va me le payer!
Je sortis de la chambre et me cognai le nez sur Nick.
- Qu'est-ce que tu fais ici?! m'exclamai-je.
Je ne savais pas si je devais être contente de le voir ou m'enfuir à toutes jambes.
- Je venais te voir. répondit-il.
- Oh, tu me vois là. répliquai-je nerveusement.
Je commençai à marcher vers l'ascenseur et il me suivit.
- Ton frère va bien? interrogea-t'il.
- Il pourrait aller mieux! rétorquai-je. Ils disent que son état est stable, blablabla, mais on ne sait pas quand il va sortir du coma.
Je soupirai et entrai dans l'ascenseur.
- Au moins, il est vivant. dit Nick lorsque le portes se refermèrent.
- Vivant!? m'exclamai-je en me tournant vers lui. Ah ouais, il est vivant mais il pourrait rester dans le coma ou virer légume si la drogue a fait beaucoup de dommages! Rendu là, il serait peut-être mieux mort!
Nick ne répondit pas et baissa les yeux. Nous sommes restés sans rien dire jusqu'àu stationnement.
- Excuse-moi. dis-je. Je suis un peu dépassée par les événements.
- Ça se comprend. répliqua-t'il.
- Tu es venu comment? demandai-je après un moment de silence.
- À pieds. répondit-il.
- Oh! Tu veux que j'ailles te reconduire?
- D'accord.
J'allais enfin savoir où il habitait! Durant le trajet, nous avons parlé de choses et d'autres puis nous sommes finalement arrivés chez lui. Un peu vite à mon goût.
- Tu veux entrer? me demanda-t'il.
- Ouais, mais pas longtemps, je devais rentrer tout de suite après être allée à l'hôpital. répondis-je en coupant le contact.
Je le suivis jusqu'à l'arrière de l'immeuble où il louait un appartement au sous-sol.
- Ah, merde! J'ai oublié mes clées! s'exclama-t'il en fouillant dans ses poches.
- Oh-oh! fis-je.
- C'est pas trop grave, viens!
Il attrappa ma main et m'entraîna devant une fenêtre sur le côté de l'immeuble.
- Une chance qu'elle n'est pas fermée complètement! m'exclamai-je.
- Je laisse toujours un espace pour passer les doigts, au cas où quelque chose du genre arrive. répondit-il.
Il ouvrit la fenêtre qui donnait dans sa chambre et me fit passer avant lui.
- Attention, il y a un clou dans le bas du cadre de la fenêtre. me prévint-il.
Je passai mes jambes en premier, mon ventre face au clou pour bien voir où il était afin de l'éviter, et posai mes pieds sur un bureau juste sous la fenêtre. J'eus à peine le temps de me mettre debout que Nick passait à son tour, sur le dos. Il posa un pied sur le bureau mais l'autre alla dans le vide alors il perdit l'équilibre et, en un instant, je me retrouvai sur le plancher avec quelques 180 lbs par-dessus moi. Par chance, Nick eut le réflexe de poser ses mains par terre alors il ne tomba pas complètement sur moi.
- Ça va? me demanda-t'il, le regard inquiet.
- Oui. soufflai-je, perdue dans le bleu de ses yeux.
Soudain, je sentis ses lèvres sur les miennes et fermai les yeux, profitant de ce moment dont je rêvais depuis quelques temps. Je mis mes bras autour de lui et promenai mes mains dans son dos.
- OW! s'écria-t'il, tout-à-coup.
- Qu'est-ce qu'il y a, je t'ai fais mal? demandai-je.
- Je sais pas. répondit-il en s'assoyant sur ses talons.
Je me relevai aussi et regardai dans son dos.
- Oh mon Dieu! m'exclamai-je.
Son chandail était déchiré et taché de sang. Je le relevai doucement et vis une longue égratignure ouverte sous son omoplate droite.
- Tu dois t'être accroché dans le clou! ajoutai-je. Tu as des pansements et du désinfectant?
- Pas besoin... c'est correct. dit-il en se mettant debout.
- Non, c'est pas correct! répliquai-je. C'est un vieux clou, tu peux faire de l'infection si je ne t'arrange pas ça! Peut-être même le tétanos!
Nick leva les yeux au ciel et secoua la tête, pour me signifier que j'exagérais. Entêtée, je me placai derrière lui et glissai mes mains sous son chandail pour le lui enlever, en faisant bien attention à sa blessure. Je remarquai qu'il avait deux tatouages: l'un sur l'omoplate, une note de musique, et l'autre sur l'épaule, un requin. Après cela, je sortis de sa chambre à la recherche de la salle de bain et, lorsque je la trouvai -juste à côté!-, je fouillai pour trouver ce dont j'avais besoin pour le soigner puis je revins dans la chambre. Je m'approchai du lit où il était couché sur le ventre, les bras repliés sous son menton, et m'assis à côté de lui, déposant les choses que j'avais prises dans la pharmacie sur la table de nuit. Je commençai par nettoyer doucement avec une débarbouillette le sang qui avait coulé puis, je pris la bouteille de désinfectant.
- Ça va chauffer. dis-je, juste avant d'en mettre sur la plaie.
Je le sentis se raidir et grogner de douleur lorsque le produit fit son effet.
- Désolée. m'excusai-je, soufflant doucement dessus.
Ensuite, j'appliquai délicatement un pansement stérile et plaçai ce que j'avais pris sur la table. Sans pouvoir y résister, je déposai un léger baiser près de son épaule et je le vis sourire.
- Tu aimes beaucoup la musique? demandai-je en traçant le contour de sa note de musique.
- Ouais... répondit-il.
- Au point de te faire tatouer ça? continuai-je, voulant en savoir plus.
- Tu me promets de ne pas rire?
- Juré! répondis-je.
J'étais intriguée. Qu'est-ce que ce garçon pouvait bien cacher qui lui ferait croire que j'en rirais?
- J'adore la musique depuis aussi loin que je puisses m'en souvenir et... em...
- Et? fis-je, l'incitant à continuer.
- Et j'ai toujours chanté.
- J'adore chanter, aussi, mais c'est un vrai supplice! plaisantai-je. Tu chantes bien?
- Je suppose que oui.
- Je peux avoir un échantillon?
Nick se redressa pour s'asseoir devant moi et sembla fouiller ses pensées. Je le regardai faire, intriguée et intéressée, puis il s'éclaircit la gorge.
- I see the questions in your eyes, I know what's weighing on your mind. You can be sure, my heart. 'Cause I'll stand beside you through the years, you'll only cry those happy tears. And though I make mistakes, I'll never break your heart. And I swear, by the moon and the stars in the sky, I'll be there. I swear, like a shadow that's by your side, I'll be there. For better or worst, till death do us part, I'll love you with every beat of my heart. And I swear...
- Wow! J'adore cette chanson! T'en as d'autres comme ça?! m'exclamai-je, impressionnée.
Il sourit timidement et chanta encore.
- Look into my eyes, you will see, what you mean to me. Search your heart, search your soul. And when you find me there, you'll search no more. Don't tell me it's not worth tryin' for. You can't tell me it's not worth dyin' for. You know it's true, everything I do, I do it for you...
- J'en reviens pas! C'est super! Ta voix... wow!
- Merci! dit-il, rougissant légèrement.
- Je suis sincère, tu ferais pâlir Bryan Adams de jalousie! dis-je. Pas mal plus beau que lui, en plus. ajoutai-je, plus bas.
Nick me remercia de son plus beau sourire et étira son bras vers moi. Il mit une mèche de mes cheveux derrière mon oreille puis glissa sa main sur ma nuque et m'attira vers lui pour m'embrasser.
- Qu'est-ce que tu fais ce soir? demanda-t'il, lorsqu'il termina le baiser.
- Je ne peux pas... Ah merde! m'exclamai-je. J'ai complètement oublié que je suis en punition!
Nick me regarda avec un air amusé.
- Je suis privée de sortie et je peux juste prendre l'auto pour aller a l'hôpital, à cause du party. expliquai-je. Mes parents n'étaient pas très content, surtout avec ce qui est arrivé...
- Ça doit.
C'est à ce moment que je me souvins que l'inspecteur Dézilet devait venir l'interroger le soir même.
- Je dois y aller, mes parents vont se demander où je suis!
Je suivis Nick jusqu'à la porte d'entrée.
- Soignes-toi bien. dis-je. Essaie de ne pas prendre de douche ce soir, pour ne pas mouiller le pansement, et tu pourras l'enlever demain quand tu vas te lever.
- Oui, docteur! plaisanta-t'il.
- Bon, je dois vraiment y aller. dis-je en ouvrant la porte.
- Bye! Appelle-moi. répondit Nick.
- Ouais... Bye!
Le lendemain, samedi, l'inspecteur Dézilet arriva chez nous juste avant le souper. Il venait me dire qu'il avait interrogé les "principaux" suspects, dont Nick et Philippe, et qu'il rencontrerait les autres invités au cours des prochains jours.
- Avez-vous trouvé quelque chose? demandai-je.
- Plus ou moins, mais je préfère ne pas m'étendre sur le sujet. répondit-il.
- Croyez-vous que c'est possible de retrouver la personne qui a fait ça? interrogea ma mère.
- Rien est 100% certain, mais nous sommes sur la bonne voie. Gardez espoir.
L'inspecteur se leva et partit.
Le souper se passa assez silencieusement et j'allai faire des devoirs, puisque je ne pouvais pas sortir. J'étais plongée dans un problème de math lorsque ma mère frappa à ma porte.
- Nous allons passer à l'hôpital, voir ton frère, puis nous allons chez Yves et Marie. dit-elle.
- Okay, bye. répondis-je distraitement.
Quelques minutes plus tard, le téléphone sonna.
- Axelle, tu pourrais venir tout de suite? dit Nick dès que je répondis.
Au ton de sa voix, je devinai qu'il n'était pas très joyeux. Surement à cause de la visite de l'inspecteur...
- Je suis encore en punition, Nick, je ne peux pas sortir de la maison. répondis-je.
- J'ai quelque chose d'important à te dire. plaida-t'il.
Je soupirai. Il était 6h30 et mes parents ne reviendraient surement pas avant 10-11 heure, quand ils allaient chez Yves et Marie, ils rentraient tard.
- Bon... Mais je ne resterai pas longtemps, mes parents sont sortis...
- Je t'attends!
Il raccrocha.
- Salut, quand même! lançai-je en fermant le téléphone.
Je mis mon manteau d'automne et sortis par la porte de derrière pour prendre l'auto dans le garage. J'arrivai chez lui à peine 10 minutes après qu'il ait appellé.
- Qu'est-ce qui se passe? demandai-je en entrant dans l'appartement.
- Tu dois bien t'en douter. répliqua Nick en marchant jusqu'à sa chambre.
Je le suivis.
- L'inspecteur est venu?
C'était plus une affirmation qu'une question. Il hocha la tête.
- Tu penses vraiment que j'aurais pu te faire ça? interrogea-t'il.
- Je devais leur fournir la liste de tous mes invités. expliquai-je.
- Je sais, mais il m'a dit que j'étais le premier sur la liste à interroger. Pourquoi?
Je soupirai, découragée.
- Pourquoi? répétai-je. Parce que... ah, je sais pas! C'est Danie qui m'a mit des idées dans la tête. Je dois admettre aujourd'hui que c'était stupide.
- Tu l'as dit! lança-t'il sarcastiquement.
- Écoute, tout le monde fait des erreurs! m'écriai-je. Et, admets que ç'a l'air bizarre: la seule personne que je ne connais pas depuis que je suis en âge d'aller à l'école vient chez nous et on retrouve mystérieusement de la drogue...
- Justement, tu ne me connais pas, alors tu ne peux pas savoir ce que je ferais ou non! m'interrompit-il sur le même ton. Tu penses que je serais resté avec toi, après le party, si c'est moi qui avait voulu te droguer ou même te tuer?
Je haussai les épaules en secouant la tête. Je ne savais pas. Je n'étais plus sûre de rien! Je voulais le croire et, dans le fond, je pensais la même chose. Il s'approcha lentement de moi et me prit par les épaules.
- Si j'avais voulu te tuer, j'aurais pu le faire hier, quand tu es venue. dit-il.
- Ouais, j'ai été stupide... admis-je, regardant le dessin sur son chandail. Tu me pardonnes?
- À une condition.
- Laquelle? demandai-je, évitant toujours de le regarder.
Il mit son index sous mon menton et leva mon visage vers lui. Mes yeux rencontrèrent les siens et ne purent s'en détacher.
- Fais-moi confiance, à l'avenir. souffla-t'il.
Je souris et hochai la tête, perdue dans le bleu de ses yeux.
- Promis. parvins-je à dire.
Je me levai sur la pointe des pieds et nos lèvres se rejoignirent. Nick glissa ses mains sur mes épaules, sous mon manteau, et le fit tomber sur le sol. Dans un élan d'initiative, je mis mes mains sur sa poitrine et le fis reculer jusqu'au lit où il tomba sur le dos. Je grimpai sur lui et l'embrassai sur le front, les yeux, le nez, les joues, passant légèrement sur les lèvres et continuant dans son cou. Il m'entoura de ses bras et me mit sur le dos puis il m'embrassa. J'en profitai pour plonger mes doigts dans ses cheveux... Ils étaient si doux! Soudain, on entendit frapper à la porte. Nick laissa ses lèvres sur les miennes mais il écouta si la personne cognerait encore, ce qui arriva.
- Argh! Je reviens! dit-il.
Je le regardai sortir de la chambre et fermer la porte puis je me levai. J'aurais bien aimé rester avec lui, mais je ne devais pas oublier que j'étais supposée être à la maison. Je ramassai mon manteau, par terre, le mis et ouvris doucement la porte.
- Max, arrête! chuchotait Nick.
Maxine, sa "cousine", était collée à lui et l'embrassait dans le cou, sans se soucier de ce qu'il disait. Ses mains s'affairaient à détacher les jeans de Nick pendant que celui-ci tentait de l'en empêcher.
- Arrête! lança-t'il entre ses dents.
- Tu ne disais pas avant! répliqua Maxine.
- Avant, c'est avant! rétorqua Nick.
Maxine haussa les épaules et continua ce qu'elle faisait.
- Max, arrête!
- Ah! T'es plus pareil depuis que tu es arrivé dans ce trou! s'exclama-t'elle.
- Tant mieux! répliqua-t'il. Et c'est pas un trou! C'est une petite ville amicale.
Maxine éclata de rire.
- Arrête, tu es en train de devenir banlieusard!
- Qu'est-ce que ç'a de si terrible? Avoir une maison, une voiture, une bonne job, une femme, des enfants...
- C'est pas ton genre!
- Qu'est-ce que t'en sais!? s'exclama Nick.
- Il n'y a que des p'tites filles de bonne famille, ici, pures et innocentes! répondit Maxine, presque avec dégoût. Ah ouais! Je commence à comprendre... Miss Jasmine, c'est ça? Ne me dis pas qu'elle t'intéresse?!
- C'est plus tes affaires! Et elle ne s'appelle pas Jasmine, mais Axelle.
- On s'en fout!
- Pas moi!
Les deux se tournèrent vers moi.
- Axelle!?! s'exclama Nick.
- Ouais... j'étais dans ta chambre, si tu l'avais oublié! lançai-je, sarcastiquement.
- Oohh! Pas si innocente que ça, alors, la fille de bonne famille! T'as toujours su y faire, avec les filles, Nicky-boy! se moqua Maxine.
- La ferme! Et je t'ai dis mille fois de ne pas m'appeller comme ça!
- Oh! Suceptible! ricana-t'elle. Il est pire quand il se lève, le matin. ajouta-t'elle à mon intention.
Il était clair qu'elle voulait me faire comprendre qu'elle n'était pas du tout sa cousine, comme il me l'avait dit.
- Bon, je vais vous laisser continuer ce que vous faisiez! lança Maxine.
Nick laissa échapper un soupir d'exaspération.
- Qu'est-ce que tu étais venue faire? demanda-t'il.
- Te voir! répondit-elle. Je passais dans le coin...
- Tu ne passes jamais "dans le coin". répliqua Nick.
- Je venais rencontrer quelqu'un qui... me devait de l'argent.
- Quelqu'un que je connais? demandai-je, intriguée.
Maxine me regarda, comme si j'étais complètement atardée.
- C'est tellement petit, ici, que tu dois connaître tout le monde! rétorqua-t'elle. Tout ce que je peux te dire, c'est que c'est une personne qui était à ton party, l'autre jour.
- Vraiment?!
- Ouais... Bon, je dois y aller. Je vais revenir te voir, Nicky.
Celui-ci grogna lorsqu'elle l'appella ainsi et lui fit au revoir de la tête.
- Tu m'expliques? demandai-je, lorsqu'elle fut partie.
- Okay, je t'ai mentis, elle n'est pas ma cousine.
- Évident à comprendre! marmonnai-je.
- Si, au party, je t'avais dis que c'est mon ex-blonde, qu'est-ce que tu aurais pensé?
- Je sais pas...
- Avoue que ç'a aurait fait bizarre...
- Ouais, mais pourquoi tu l'as amenée?
- Parce qu'elle devait voir quelqu'un.
- Qui?
- Elle n'a jamais voulu me le dire! Mais, je crois que c'est la personne qui a mit la drogue dans ton verre.
- Comment tu...
- Avant, elle travaillait avec un dealer. Elle faisait des livraisons et des trucs du genre... expliqua Nick. Elle m'avait juré qu'elle avait arrêté mais, je n'en suis plus sûr.
- Ça veut dire qu'elle est peut-être la seule personne à savoir qui a essayé de...
- Exactement!
- Tu l'as dit à la police?
- Non. Je ne suis sûr de rien... Je dois lui parler avant. Je ne veux pas lui causer des ennuis, tu comprends?
- Non! m'écriai-je. Non, je ne comprends pas que tu veules protéger une vendeuse de drogue qui est probablement la seule personne à savoir qui a acheté cette merde qui a rendu mon frère comme ça!
- Axelle, calme-toi. Maxine ne ferait pas de mal volontairement. Elle est très facile à influencer et, dans le fond, elle est à plaindre.
- À plaindre!? m'exclamai-je. Et mon frère, lui!? Si, par sa faute à elle, il a des séquelles ou il meurt, je... je...
Imaginant Julien mort ou déficient à vie, je me mis à pleurer. Nick s'approcha de moi et vint pour me prendre dans ses bras mais je le repoussai.
- C'est ta faute! m'écriai-je. Si tu ne l'avais pas amenée chez moi, tout ça ne serait jamais arrivé!
Avant qu'il n'ait le temps de répondre, je me précipitai hors de chez lui et montai en voiture. Je conduisis dans les rues, au hasard, et me retrouvai en face de chez Danie. J'arrêtai la voiture et allai frapper à la porte.
- Axelle?! s'exclama-t'elle, étonnée.
- Oohh, Danie! dis-je en me blotissant dans ses bras.
- Viens, on va aller dans ma chambre.
Elle passa un bras autour de mes épaules et m'amena dans sa chambre.