Le reste de la semaine passa sans que Thomas ne reparle à Camille de leur discussion et ne lui donnant aucune réponse à sa question. Le samedi, elle alla à l’aréna avec Maylee, comme à son habitude. Lorsqu’elles revinrent, Thomas était partit… avec toutes ses affaires. Il avait laissé une lettre expliquant à Camille les raisons de son départ. Il lui avouait enfin qu’il était peiné de n’avoir pu lui faire un enfant et qu’il en prenait toute la responsabilité. Il n’avait pu passer au travers de l’épreuve et ses sentiments s’étaient émoussés au cours de la dernière année. Elle lui avait fait réaliser ceci lors de leur dernière conversation. Il lui assurait qu’il n’y avait aucune autre fille dans sa vie et qu’il les aimait beaucoup, elle et Maylee. Mais il devait partir pour lui permettre de rencontrer quelqu’un d’autre qui pourrait lui faire un autre enfant, ce qu’elle désirait beaucoup. Camille était sous le choc et retenu ses larmes devant sa fille. Heureusement, celle-ci alla jouer chez Laura-Ève sans trop réaliser ce qui se passait. Camille était en train de faire du ménage, la musique jouant presque à tue-tête pour cacher ses sanglots lorsqu’elle aperçut Judith du coin de l’œil. Elle sursauta et baissa la musique.
- Maylee m’a dit que Thomas était partit, je suis venue dès que j’ai pu !
Camille se laissa tomber sur le divan et Judith vint s’asseoir à côté d’elle, la serrant dans ses bras.
- Pleure, si ça te fait du bien. Tu me raconteras tout après.
- Merci, tu as toujours été là pour moi, dit Camille en s’essuyant les joues.
- C’est à ça que ça sert, une amie.
- Tu te rappelles, lundi, quand May a téléphoné à Lau et qu’on s’est parlé ?
- Oui.
- Quand elle a été endormie, nous avons discuté, Thomas et moi. Je lui ai dit que je pensais qu’il ne m’aimait plus et je lui ai demandé de réfléchir s’il voulait qu’on reste ensemble ou s’il voulait partir. Il ne m’a pas reparlé de la semaine et, quand je suis arrivée avec May, tantôt, il était partit avec toutes ses affaires et m’avait laissé une lettre.
Elle la lui tendit pour qu’elle la lise.
- Je comprends ce qu’il dit mais…il aurait pu t’en parler avant. Ça ne se fait pas, de partir comme ça après cinq ans de vie commune.
- Je sais, mais il l’a fait. Et je ne peux rien y changer. Je dois trouver une explication pour Maylee. Elle l’aimait comme un père !
- Il n’y a pas d’autre explication à lui donner que la vérité. Tu peux lui dire qu’il était triste et qu’il ne t’aimait plus alors, au lieu de vous chicaner, il est parti.
- Peut-être… Je trouverai bien.
- Tu devrais aller prendre un bon bain et te relaxer. N’oublie pas le concert de ce soir.
- Je n’ai pas oublié. Et ça me rend encore plus triste…
- Essaie de ne pas y penser. Sois joyeuse pour May.
- Je vais faire de mon mieux. Tu peux aller t’occuper des enfants, je vais suivre ton conseil et prendre un long bain.
- Tu veux que je garde May à souper ?
- Oui, s’il-te-plais. Envoie-la-moi après pour qu’elle se change avant de partir.
- D’accord. Prends soin de toi.
- À plus tard.
Judith partit et Camille se fit couler un bain. Malgré le choc et la peine qu’elle avait éprouvée plus tôt, elle commençait à se dire que c’était une bonne décision que Thomas avait prise. Il aurait peut-être dut lui dire en face mais elle se sentait libérée d’un poids malgré tout. Elle sentit sa peine s’envoler soudainement. De meilleure humeur, elle sortit du bain, se sécha et mit ses vêtements d’intérieur. Elle sortit de chez elle, traversa la rue et entra chez Judith.
- Salut ! Comment vas-tu ? demanda son amie.
- Beaucoup mieux, j’ai réfléchit et je me suis libérée d’un poids.
- J’en suis heureuse. Tu restes souper avec nous ?
- Oui. Tu as besoin d’aide pour quelque chose ?
- Non, mais tu peux t’occuper de Jason.
- Oh oui ! Mon petit chéri, où es-tu ? Jason ?
- Ah-ha… ah-la-la ! répondit le petit blondinet.
Il était le portrait de son père tandis que Laura-Ève ressemblait plutôt à sa mère avec ses yeux bruns et ses cheveux noirs. Camille le prit dans ses bras et le chatouilla. Jason rit aux éclats. Elle amusa le bébé jusqu’à ce que Judith appelle tout le monde pour se mettre à table.
- Hé, maman, tu es là ! s’étonna sa fille.
- Oui, j’ai fait du ménage et prit un bain puis je me suis dit que puisque Judith préparait à souper pour cinq, il y en avait assez pour six !
- On va retourner à la maison, avant de partir, je dois me changer ?
- Oui, bien sûr. Et Coralie va arriver avec sa maman.
- Non, elle est avec son père, cette fin de semaine.
- En tout cas, elle va venir, peu importe avec qui.
Frédérik, le mari de Judith, vint les rejoindre pour le repas. Après la vaisselle, Camille et Maylee retraversèrent la rue pour rentrer chez elles. Elles se changèrent et discutèrent avant que les autres arrivent. Camille lui expliqua pourquoi Thomas était partit. Maylee comprit aussi bien qu’un enfant de sept ans peut comprendre. Coralie arriva aussitôt suivie de Laura-Ève et Judith.
- Bonjour, je suis Olivier, le papa de Coralie, dit-il en tendant la main vers Camille.
C’était un homme plutôt joli, le teint pâle et les cheveux châtains-roux comme sa fille. Ils avaient tous deux de magnifiques yeux verts et des taches de rousseur sur le nez.
- Camille, la maman de Maylee.
- Véronique m’a dit que vous la gardiez à coucher, ce soir.
- En effet, à moins que vous ne préfériez pas.
- Je ne vois aucun problème, je viendrai la chercher vers onze heures, demain.
- C’est parfait.
- Je lui ai aussi donné de l’argent, au cas où elle voudrait s’acheter quelque chose. Bon, au revoir mon amour, amuses-toi bien !
- Merci, papa ! À demain !
Il partit et tout le monde entra dans la maison.
- Il vous reste trente minutes, les filles ! annonça Camille.
Les trois fillettes filèrent dans la chambre de Maylee jusqu’à l’heure du départ.
Judith avait travaillé fort pour leur obtenir de très bonnes places. Elle avait réussit à avoir des billets pour la sixième rangée au parterre près de l’allée centrale. Camille avait son appareil photo numérique pour avoir quelques souvenirs pour les trois fillettes. De plus elles avaient voulu s’acheter un gilet à l’effigie du groupe.
- Excusez-moi, je suis Tom Langlois, un agent de sécurité du Centre Bell, est-ce que c’est votre enfant ? demanda-t-il à Camille en pointant Maylee à côté d’elle.
- Oui, pourquoi ?
- C’est que nous avons besoin de cinq fillettes pour monter sur scène avec les Boys pour une chanson, à la fin du spectacle. Acceptez-vous de laisser participer votre fille ?
- Heu… je ne sais pas…
- Dis oui, maman ! la supplia Maylee qui avait entendu.
- Bon, c’est d’accord.
- Parfait, puis-je avoir vos noms ?
- Camille Messier et ma fille c’est Maylee Messier.
- Je vais donner vos noms au responsable et je reviendrai la chercher et vous donner des laissez-passer V.I.P. pour que vous puissiez venir récupérer votre fille, après la chanson.
- D’accord.
Il partit et Maylee cria de joie.
- Tu vas prendre beaucoup de photos, n’est-ce pas, maman ?
- Bien sûr, ce n’est pas tous les jours que ma fille monte sur scène !
Le concert des Backstreet Boys commença presque une heure plus tard, après les deux groupes qui faisaient la première partie. Camille et Judith connaissaient toutes leurs chansons. Elles avaient vu plusieurs de leurs concerts avant la naissance de leurs enfants. Beaucoup plus tard, Tom Langlois réapparut, apportant deux cartons plastifiés pendant au bout d’une corde.
- Voici vos passes.
Il mit celle de Maylee autour de son cou et la prit par la main.
- Sois gentille, ma chérie. Écoutes bien ce qu’on va te dire de faire.
- Promis. Je t’aime, maman. À plus tard.
Camille embrassa sa fille et la laissa partir avec Tom. Son cœur se serra, elle n’avait jamais laissé sa fille à quelqu’un d’autre. Bien sûr, elle ne s’inquiétait pas lorsqu’elle allait jouer chez ses amies, mais Camille allait toujours rencontrer les parents, la première fois. Deux chansons plus tard, elle vit sa fille s’avancer sur scène tenant Brian par la main. Elle était heureuse car celui-ci avait la réputation d’être très doux et gentil avec les enfants. De plus, maintenant qu’il en avait un lui-même, il pouvait comprendre l’inquiétude des parents. Camille ne doutait pas que les autres auraient prit bien soin de sa fille aussi. Tout en chantant, les Boys faisaient asseoir les fillettes sur une chaise et s’agenouillaient par terre auprès d’elles. Ensuite, ils allaient chercher des objets qu’ils donnaient aux enfants. Brian posa une jolie couronne sur la tête de Maylee et lui offrit une rose. Les paroles de la chanson disait que les enfants étaient les futurs rois et reine du monde, qu’on devait bien les traiter et les aimer comme ils le méritaient. Après, ils les conduisirent derrière la scène où des personnes s’occupèrent d’eux durant la dernière chanson. Tom vint voir Camille et lui demanda de la suivre. Maylee s’amusait avec une autre petite fille et d’autres dessinaient dans des cahiers mis à leur disposition en attendant leurs parents. Lorsqu’elle vit sa mère, elle courut la rejoindre et s’agrippa à sa taille.
- C’était super, maman ! Mais je n’ai rien compris de ce que Brian m’a dit… Pourquoi je ne parle pas anglais ?
- Tu l’apprendras à l’école, ma chérie.
- Mais toi, tu parles anglais et Sophie aussi !
- Je sais bien, mais c’est difficile d’enseigner les deux langues à son enfant. Qui est Sophie ?
- Ma nouvelle amie ! Dis, tu m’aideras, quand je serai grande ?
- Bien sûr, ma chérie.
Elle caressa les cheveux de Maylee puis se tourna vers l’une des personnes qui s’étaient occupé des enfants.
- Pouvons-nous partir ? demanda-t-elle en anglais.
- Vous pouvez, mais les Boys viendront prendre des photos avec les enfants et les remercier.
- Nous allons attendre alors.
Elle s’assit à une table avec Maylee et Sophie, sa nouvelle copine dont la mère n’était pas encore arrivée, et coloria avec elles jusqu’à l’arrivée des cinq jeunes hommes. Brian vint saluer Camille et Maylee.
- Elle a fait ça comme une grande ! commenta-t-il.
- Elle est adorable ! Je ne me rappelais pas que tu avais un enfant, quand on s’est rencontré.
- Ça m’a fait plaisir de te revoir, Cam.
- Alors, comment ça s’est passé ? demanda Judith.
- J’en suis sûre. Son seul regret est de ne pas parler anglais, elle m’a dit qu’elle ne comprenait pas ce que tu lui disais.
- Pauvre chouette ! Elle ne comprend toujours rien, alors. Tu peux traduire ?
Maylee fut bien heureuse que sa mère répète en français ce que Brian lui disait et en anglais, ce qu’elle lui répondait. Elle trouvait ça amusant !
Maylee regarda sa mère, attendant la traduction.
- Dis-lui ton nom.
- My name is Maylee ! dit fièrement la petite. Je sais dire ça, au moins.
- Tu sais que tu es très jolie, lui dit Nick en anglais bien sûr. Tu ressembles à ta maman.
- Thanks. Il dit que tu es très jolie.
- Sancs, imita Maylee.
- Thanks, répéta Camille pour lui montrer la prononciation.
- Il me semble que je te connais, dit Nick à Camille.
- En effet, nous nous sommes rencontrés après un concert, ici à Montréal, en novembre 1999.
- Ça fait longtemps ! Ton nom c’est… Ca… Cam…
- Camille.
- C’est ça ! Je m’en rappelais un peu car j’avais de la difficulté à le prononcer, je t’appelais Cam.
- Tu as une bonne mémoire !
- Ça m’arrive… dit-il avec un sourire coquin.
- Nick ! appela Brian. Viens pour les photos.
- On se reparle plus tard ! Viens Maylee.
Il prit la petite par la main et Camille lui dit qu’elle allait se faire photographier. Tom vint la revoir pour lui demander son adresse car ils enverraient les photos par la poste lorsqu’elles seraient prêtes. Elle observa sa fille, dans les bras de Brian, souriant de toutes ses dents pour la photo. Ensuite, ils firent une photo de groupe. Maylee était casée entre Nick et Brian, Kevin derrière elle avec Sophie sur son genou et les autres fillettes, le bras autour du cou de Howie, AJ et Nick. Après la photo, Maylee s’accrocha au cou de Nick qui la souleva pour l’amener à sa mère.
- Tu peux bien ne pas t’en rappeler, car elle n’était pas encore née.
- Je croyais qu’elle avait neuf ou dix ans.
Il la déposa par terre et elle alla jouer avec Sophie.
- Non, elle a sept ans. Elle est seulement grande pour son âge. Elle dépasse de presque une tête ses amies.
- Son père doit être grand car…
- Ouais, dis-le ! Car moi, je suis plutôt de petite ! Elle a aussi les yeux de son père.
- Je n’ai pas osé te qualifier de petite, dit-il en riant. Je dois aller voir les autres aussi alors, je te laisse !
- Ok, salut !
Elle le suivit des yeux. Il marchait lentement vers une fillette assise sur sa mère et se mit à genoux devant elles. Tout en parlant, Camille le vit tirer sur une mèche de ses cheveux. Quelques minutes plus tard, les Boys dirent au revoir aux enfants puis partirent.
- Moi aussi !
- Et tu as une très jolie et adorable fillette, j’aurais aimé parler avec elle. Elle semble spéciale ! Même Brian le pense.
- En effet, elle est spéciale. C’est ma princesse.
- Je n’en doute pas. Au revoir Cam, bye Maylee.
- Bye Nick ! répondit la petite.
Camille prit sa main dans la sienne et Tom les guida jusqu’à la sortie où les attendait Judith, Laura-Ève et Coralie.
- Très bien ! Maylee a bien écouté ce qu’on lui a dit. Brian et Nick étaient sous le charme de ma petite princesse !
- Brian et Nick ? répéta Judith.
- Oui, Brian nous a parlé quelques puis les autres sont venus et Nick est arrivé. Il l’a trouvée très mignonne et spéciale.
- C’est sûr qu’elle est spéciale !
- C’est ce que je lui ai dit. Elle lui a même sauté au cou et il l’a amenée jusqu’à moi dans ses bras. Il pensait qu’elle avait neuf ans.
- Il t’a reconnue ?
- Oui, mais ça fait huit ans de ça alors c’est sûrement un peu vague.
- Pour lui, peut-être.
Cela n’avait plus beaucoup d’importance pour Camille. Certes, elle le trouvait toujours aussi beau, mais elle avait sa vie à elle et sa fille à élever. Il fut une époque où elle ne travaillait que pour pouvoir se payer des billets de concerts, des CD, des gilets, des cassettes-vidéos et toutes les choses qu’elle pouvait trouver sur le groupe et surtout à propos de Nick. En novembre 1999, huit ans auparavant, elle avait réalisé le fantasme de plusieurs filles en couchant avec lui. Mais elle savait bien qu’elle n’était qu’une de plus qu’il avait eu dans son lit.