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Fanfictions


En Mémoire De...  


Chapitre 3  

Après avoir tourné un peu en centre ville dans l'espoir d'y trouver Mulder, Scully se résout à retourner à la maison, où, de loin, elle reconnu son collègue qui l'attendait sur le perron, entouré de divers paquets. Engoncé dans son long pardessus, il semblait perdu dans ses pensées. Mais il ne tarda pas à remarquer la petite coccinelle rouge qui approchait dans un nuage de feuilles rousses.
- Tu as trouvé ce que tu voulais? demanda-t-elle en s'extirpant de la voiture.
Mulder hocha la tête.
- J'ai tout ce qu'il nous faut. Taille 40 pour toi, ils n'avaient pas plus petit. ( Il s'approcha de la fenêtre pour regarder à l'intérieur. ) Elle a l'air d'être calmée.
Scully lança un œil sur l'un des sachets gris qui encombraient l'entrée. Mulder avait dévalisé la boutique de Bob O'Donnell, spécialiste en articles de chasse, avec pour logo un élan rouge souriant.
- L'hôpital garde Appleton en observation, dit-elle. Brûlures au troisième degré. Ils étudient ce qui a bien pu provoquer cette blessure.
- Une apparition agressive, n'est-ce pas? fit Mulder en revenant vers elle.
- Mulder, pour avoir un effet si matériel, il doit y avoir une explication rationnelle. Aucun fantôme ne fait ce genre de chose.
- Qu'en sais-tu? As-tu seulement lu un ouvrage sur le sujet?
- Non, mais...
- Les explications qui sont irrationnelles aujourd'hui le sont seulement parce qu'elles concernent des domaines mal connus - Baratin, lut-il dans les yeux de sa collègue - Et il y a plein d'exemples où le psychisme affecte brutalement le monde matériel.
- Ah oui? Lesquels?
- Toi lors de ton combat sans merci contre Appleton. Qu'a-t-il pu te dire pour te mettre dans un état pareil? Tiens, voilà tes affaires.
Dana le regarda enfiler un pantalon de grosse toile kaki au-dessus de son costume. Elle se tourna un instant sur la rue, déserte, comme d'habitude.
- Hum? insista-t-il devant son silence.
- Je n'aime pas que l'on me rappelle mon enlèvement dans des termes peu flatteurs. Passe encore qu'une certaine presse en ait fait des gorges chaudes, mais de la part de tes amis...
- Appleton n'est pas mon ami, corrigea Mulder. Il travaille occasionnellement pour Byers, nuance.
- N'empêche, si tu leur parlais un peu moins de moi, cela n'arriverait pas.
- Scully, on ne va pas se faire un combat de catch ici... Qu'est-ce que tu as?
Il enfilait maintenant une veste épaisse, plus marron que kaki, qui se fermait à la fois avec un zip et des boutons.
- Rien, fit Dana, en piochant enfin dans son sac.
- Tu n'es pas obligée de venir, tu sais. Tu as le droit de détester cet endroit...
Scully lui lança un regard noir et commença à s'habiller. Pantalon, veste, énormes chaussures, bien trop grandes pour elle, gants épais, casquette à l'emblème de l'Oregon, dans laquelle elle plaça ses cheveux.
*****

En entrant dans le salon, Mulder se fit l'effet d'un exterminateur. La pièce était calme, dans l'état où ils l'avaient laissé. Les housses des canapés étaient roulées en boules entre les coussins; le buffet du fond n'était pas revenu à sa place initiale; la tapisserie était fondue; le carrelage cassé, et les gouttes de sang laissées par Appleton n'avaient pas été absorbées par le sol.

Il sentit la présence de Scully à ses côtés, mais préféra ne pas la regarder. Au moindre signe d'hésitation, elle essaierait de le convaincre de laisser tomber. Il traversa donc la salle, ramassa la pioche du photographe et frappa le sol endommagé de toutes ses forces. Cet effort l'aida à refouler son anxiété.

La maison ne tarda pas à montrer son mécontentement. Les murs craquèrent, donnant l'impression qu'ils se comprimaient. Les cloques réapparurent, elles gonflaient jusqu'à distendre la tapisserie, puis éclataient. Elles envahissaient le coin où se trouvaient les agents, mais Mulder n'arrêta pas. Il était décidé à trouver cette défense naturelle ridicule. - Revoilà Toby, dit Scully en reniflant son odeur caractéristique. Elle se recula un peu. Elle détestait voir ce... cette chose. Et se heurta au mur, qu'elle quitta aussitôt. Quelques secondes avaient suffit à endommager son gant. Encore ces bulles sulfureuses, qu'elle ne pouvait examiner, par peur qu'elles ne lui explosent au visage.

Tobias les observait tranquillement, contre l'encadrement de la porte, les bras croisés. Il était immobile, mais des bruits de pas résonnèrent dans toute la maison, de plus en plus fort.
- Ca c'est mon cauchemar, dit Mulder sans s'arrêter, livide et en sueur. Puis une voix gutturale s'éleva dans la pièce.
- Vous ne savez pas qui je suis, bande d'abrutis. Vous mourrez tous, et bien avant moi! Vous crèverez comme des chiens, et vos enfants aussi! Ils souffriront jusqu'à ce que leurs âmes vous haïssent pour l'éternité. Elles rejoindront le rang des créatures de l'enfer. Purifieront cette terre que vous avez souillée.
C'était comme une bande son qu'on jouait trop fort, et qui couvrait même le tapage provoqué par le travail de démolition de Mulder.
- Ce type devait être cinglé, lança Mulder en continuant de piocher, tout en bougeant constamment pour que ses chaussures ne s'engluent pas dans le magma purulent qui avait envahi ce coin de la pièce. Ses bas de pantalon et son dos étaient d'ailleurs constellées d'éclaboussures, mais ses vêtements de tueur-en-série-des-forêts tenaient le coup.
- Escaliers! cria-t-il enfin, jetant sa pioche sur le côté.
- Escaliers, reprit Scully, comme en transe. Les paroles répétitives de Tobias lui tapaient sur le système et elle fut presque contente de s'enfoncer dans les profondeurs de la maison. Ses semelles décrochèrent des filaments jaunes, laissées par les cloques qui lui mangeaient les chaussures, millimètre par millimètre.
- ... jusqu'à ce que leurs âmes vous haïssent pour l'éternité...

Les agents furent surpris de la vague de froid qui les saisit. Ici, les murs étaient faits de petites briques poisseuses et, tout comme en haut, pas la moindre trace d'invertébrés velus. Juste une humidité ruisselante. Au fur et à mesure qu'ils descendaient, les marches se faisaient de plus en plus humides et élimées. Scully faillit même trébucher à cause de ses chaussures trop grandes, mais le corps de Mulder l'a retint.

Leurs torches finirent par éclairer autre chose que de vieilles marches usées: une pièce, un petit carré, recouvert du sol au plafond d'énormes cloques ressemblant à des champignons, avec une terrible odeur de terre trempé.
Les agents en restèrent muets, leurs torches éclairaient chaque recoin de la pièce, jusqu'au sol, où émergeaient de fins ligaments blancs qui tentaient de recouvrir leurs chaussures.
- Les lacérations du grenier... murmura Scully.
- On n'a pas intérêt à traîner, fit Mulder en les piétinant.
- Seulement il n'y a pas d'issu, la sortie à été murée.
Mulder s'approcha du panneau illuminé par sa collègue. Il était grossier, fait à la va vite. Il gratta les jointures entre les briques. Elles s'effritaient.
- Tu m'aides? demanda Mulder, se baissant pour arracher une poignée de ligaments qui s'attardaient à ses pieds. Il les écrasa sur le mur. Tu parles d'une saloperie...
Lorsqu'il parvinrent à déloger quelques briques, Mulder passa sa torche pour voir ce qu'il y avait de l'autre côté. Juste un couloir, couvert de champicloques, et donnant sur autre chose.

Pressé d'en finir, Mulder n'abattit que la moitié du mur, préférant l'enjamber plutôt que de continuer à faire du sur place. Il aida Scully à le rejoindre, les épaules voûtées à cause du plafond relativement bas. Ils traversèrent un long couloir, où l'eau dégoulinait littéralement des parois, avec un ploc ploc, tout juste moins désagréable que le laïus de Toby, qui leur parvenait encore de façon sourde. Mulder se fit l'effet d'être dans la gueule d'un monstre qui salivait trop. Un monstre qui aurait mangé des champignons fétides.
Il s'arrêta au premier carrefour et interrogea Scully du regard.
- Je préconise la prise de notes, répondit-elle. Si ce dédale s'étale sur plusieurs kilomètres, on ne nous retrouvera pas avant de nombreuses générations. ( Elle sortit un petit calepin de sa veste, sous l'énorme parka que lui avait fournit Mulder. ) Suis ton instinct, je cartographie...
- Je suis sûr qu'à l'Académie tu adorais les courses d'orientation, plaisanta-t-il en optant pour l'embranchement de gauche.
- Mais de préférence sous un beau soleil, Mulder.

Dana griffonnait sa troisième page, et en était même venu à penser que s'il s'était agit d'un test de laboratoire, le rat Mulder aurait obtenu un zéro pointé, lorsque son carnet lui glissa des mains.
Ils étaient dans un endroit extraordinaire, à la fois fascinant et effrayant. Plus sèche, la longue pièce était couverte de gros champignons noirs, ressemblant à nul autre. Leurs chapeaux étaient aplatis et dégageait une odeur d'humus si forte qu'elle donnait mal au crâne. Mais ce n'était pas le plus impressionnant: au centre de la salle se tenait un corps momifié, dans les lambeaux d'un costume sombre, dévoré par des cloques couleur de peau desséchée, qui embrassaient aussi la chaise sur laquelle il avait été ligoté.
- Il faut emmener le corps, fit Mulder d'une voix aussi blanche que son visage. C'est ce qu'Appleton a dit. Retirer les restes de la présence pour libérer la maison.
- Comment? S'inquiéta Scully sans pouvoir élever la voix non plus. On ne peut pas l'emmener comme ça...
Mulder considéra le cadavre. La peau fripée et le costume d'époque restaient assez frais pour rappeler Toby, mais ils ne supporteraient pas un transport. Il sortit quand même un grand sac en plastique de la poche arrière de sa parka.
- Normalement c'est pour le gibier, mais je suis sûr que notre ami pèse beaucoup moins.
Scully fit la moue.
- Cette momie à une valeur historique. Nous n'avons pas le droit de l'abîmer. Nous ferions mieux de revenir avec de quoi le remonter...
- Je croyais que tu ne voulais pas passer Halloween dans le coin, coupa Mulder, ouvrant le plastique en deux avec un couteau Suisse porte-clefs. Voilà qui devrait être assez grand pour Monsieur. D'autant qu'en position assise il prendra moins de place. Tu prends la tête ou les pieds?

Lorsqu'ils soulevèrent le corps, les murs, à moins que ce ne soit les champignons, se mirent à trembler. Et alors qu'ils étaient au-dessus du sac, un hurlement effroyable les fit sursauter, masquant le bruit des os qui se brisaient lorsque la momie heurta le sol trop brutalement.
- Merde! jura Mulder en se baissant pour ramasser un doigt qui avait roulé plus loin que le sac.
Les filaments, de retour, s'enroulèrent autour de son poignet. Il tira dessus, puis essaya de les arracher de l'autre main, mais ils étaient comme de la glu, s'infiltrant partout. Il allait demander de l'aide à Scully, mais elle cria son nom avant qu'il ne parle. Il tourna la tête et la vit glisser sur le sol, dans un bruit mat, amorti par le tapis de champignons. Les ligaments s'en étaient pris à ses jambes, et elle hurlait tout en se débattant.
Il imaginait trop bien les minuscules pattes qui agrippaient, serraient les vêtements jusqu'à s'infiltrer dessous, étouffant leur proie.
Ils allaient finir comme Toby, fut sa dernière pensée rationnelle. Lorsqu'il toucha lui aussi le sol, la tête enfouie dans les champignons, il hurla sans s'en rendre compte.

Epilogue  

27 Octobre, Hôtel des Montagnes Bleues, Willamette Point. 15h00.
... Il semblerait donc que ces champignons vivaient en saprophytes sur le corps de l'infortuné Tobias Kemper. Mais non content d'en tirer leur nourriture, il s'est formé une sorte de symbiose où ces végétaux se sont appropriés l'état d'esprit dans lequel Kemper est mort. Il est impossible de déterminer comment le processus s'est enclenché. L'agent Mulder pense que sans la haine farouche ressentie par Kemper en mourant, cette alliance n'aurait pas eu lieu.
Il est également difficile de savoir si les autres victimes de la maison, une cinquantaine depuis la mort de Kemper, ont apporté quelque chose de particulier à ces champignons. Toujours est-il qu'ils se servaient de sa personnalité pour se protéger et attraper leurs proies. On peut penser que de telles prises devaient assurer leur subsistance pendant une longue période et leur ont également permis de se développer considérablement dans la maison.

Dana Scully arrêta de taper son rapport un instant, pour boire un peu de café. Aux dernières nouvelles, maintenant que l'armée avait eu les échantillons qu'elle désirait, Willamette Point allait pouvoir raser la maison maudite sans tarder. Elle prit une photo sur le côté de l'ordinateur, un cliché qu'Appleton leur avait donné après sa sortie d'hôpital : une tâche sombre, de forme vaguement humaine, sensée représenter Tobias Kemper. Elle la rangea dans une chemise cartonnée, qui se retrouverait sur le bureau de Skinner dès leur retour à Washington...

- Entre! cria-t-elle pour répondre aux coups qui venaient d'être donnés à sa porte.
- Tu es prête? demanda Mulder en restant au seuil..
- Je viens de finir à l'instant, dit-elle en rangeant son portable. En route pour Washington.
- C'est que... hésita Mulder, j'aimerais qu'on passe à Eugene, pour parler aux pompiers qui nous ont sauvé la vie.
Scully attrapa son sac et s'approcha de lui.
- Mais nous avons déjà eu leur rapport, ainsi que celui de la police et même de l'armée! Je m'en suis d'ailleurs servit pour notre propre dossier.
- Oui, mais nous n'avons eu que leur version officielle. J'aimerais être sûr qu'aucun détail ne nous a échappés. La caserne n'est qu'à 7 kms, Scully.
- Mais l'affaire est classée, Mulder, protesta-t-elle encore en fermant la porte derrière eux.
- Ca ne te dérange pas toi que l'armée ait l'exclusivité de ces... choses?
- Qu'est-ce qu'il y a Mulder, tu veux sauver le monde?
- J'aimerais...

Caserne d'Eugene, 16h10.

- Il y a quelqu'un? demanda Mulder pour la deuxième fois.
Lui et Scully se sentaient perdus dans ce gigantesque hangar glacé.
- Je ne suis pas sûre que cela soit une bonne idée, se plaint Scully. L'affaire est classé et interroger les pompiers sur notre sauvetage ne nous vaudra que des ennuis.
Mulder, qui observait les lieux, mains sur les hanches, fixa un instant sa collègue en se mordillant la lèvre inférieure.
- Je sais, c'est la dixième fois que tu me le dis.
- Nous aurions au moins dû leur téléphoner pour être sûrs de trouver quelqu'un.
- Les casernes vides n'existent pas Scully... Il y a quelqu'un? répéta-t-il.

Un homme munit d'un Walkman finit par apparaître sur la plate-forme du premier étage. D'une certaine façon, son crâne rasé renforçait sa taille déjà impressionnante. Habitué des urgences et autres drames, il les interrogea d'un regard sérieux.
- Bonjour! lança Mulder. Nous aimerions parler à l'équipe qui est intervenue sur la maison Pewter, il y a quatre jours. FBI, ajouta-t-il, montrant sa carte.
- Oh... fit l'homme. C'est à dire qu'on n'est plus avec la même équipe là. Mais Garf, c'est le chef de section, devrait passer aujourd'hui. Si vous avez la patience d'attendre, vous pouvez monter.

Alors que Mulder regardait par l'étroite lucarne du coin cuisine où le chauve les avait emmené, Scully fixait la toile cirée à carreaux rouge en se grattant le front. Près de trois quarts d'heure qu'ils étaient ici et l'odeur caoutchouteuse de la nappe neuve la gênait toujours. Mais peut être que sans elle, elle aurait fini par s'endormir.
- Vous êtes les gars du... euh, les agents du FBI qui voulaient me parler? lança un homme en entrant dans la salle, faisant sursauter ses occupants.
- M. Garf? demanda Mulder en le détaillant. Petite taille, cheveux courts, roux. Assez robuste, blessure sur l'arcade gauche et combinaison de travail parsemée d'une multitude de tâches grisâtres.
Le pompier, tout à fait à l'aise dans son milieu, sourit en prenant l'unique chaise disponible, face à Scully.
- Je prévois que dans un an où deux, les gars en viendront à m'appeler «G», dit-il, amusé. Garf est en fait le diminutif de Garfield, un surnom qu'on m'a donné à cause de mes cheveux. Dans le civil, c'est Scully.
- Sans blague? s'étonna Mulder, sans pouvoir cacher sa surprise, mais devant le silence ébahi de sa collègue, il n'osa pas aller plus loin.
- Vous en faites une tête! reprit Garf. Si encore j'avais dit que je m'appelais Brossachiott...
- C'est que nous avons travaillé sur l'affaire Melissa Scully, révéla Mulder, maintenant plus intéressé par «sa» Scully que M. Garfield. Le pompier se gratta un sourcil.
- Ma sœur, dit-il simplement, visiblement encore affecté par le drame.
- Nous ne vous avons pourtant pas vu lors de l'enquête, continua l'agent.
- Brouille familiale, vous savez peut-être ce que c'est.... Le vilain petit canard qui fait honte à sa famille et qui s'est enfui. Mais moi au moins je suis toujours en vie...
- Agent Dana Scully, se décida à dire Dana, en lui tendant la main. Tu ne nous as jamais fait honte Charles.
Garf faillit s'étrangler. Cela faisait bien 10 ans qu'il n'avait pas vu sa sœur. Hormis le maquillage, elle n'avait pas vraiment changé, mais il était à cent lieues de penser à elle.
- Dana, souffla-t-il comme s'il n'y croyait pas, je te croyais dans la médecine...
- Légale, pour le FBI... Et moi je te croyais à l'étranger, ajouta-t-elle sur un petit ton de reproche.
De deux ans son cadet, Charles avait quitté la maison le jour de ses 18 ans, sans un mot, pour échapper à la carrière militaire préconisée par leur père.
- Un mensonge pour oublier la côte Est, expliqua-t-il en regardant par terre. Tu peux me reprocher ce que tu veux, Dana, notre clan ne m'a pas fait la vie facile. Je n'ai jamais eu votre étoffe, votre goût des études....
Scully le revit gamin. A l'époque ses tâches de rousseur étaient plus marquées. Lors de conflits avec leur père, il allait souvent se réfugier dans la chambre de Melissa. Ils se ressemblaient. Mais pour l'Amiral, ce qui était acceptable d'une fille, ne l'était pas d'un garçon...
- Et te voilà soldat malgré tout - du feu, dit-elle en souriant, pour cacher ses regrets. Les choses auraient pu être tellement différentes...
Charles eut un petit haussement d'épaules et se tourna vers Mulder.
- Rassurez-moi, ce n'est pas un conseil de famille? lui demanda-t-il.
L'agent se rapprocha de la table.
- Non. Mais sans vouloir en rajouter, je tiens à dire que votre sœur est quelqu'un d'exceptionnel. Et je vous suis reconnaissant de lui avoir sauvé la vie.
Charles reposa le regard sur sa sœur. Plus exceptionnelle que Melissa, sans doute... Puis il afficha un sourire.
- Primo, je n'étais pas seul. Deuxio, vous pensez bien, si j'avais su que c'était elle... Et tertio, je sais bien que Dana est parfaite, c'est pour ça que je suis jaloux... Mais j'aimerai autant que l'on change de sujet. Sinon je vais vraiment partir à l'étranger.
- D'accord, acquiesça Mulder. Vous dirigiez donc l'équipe qui est venue à notre secours?
Charles hocha la tête.
- Les flics de Willamette nous ont contactés de la part d'un gars qui prétendait que deux personnes étaient coincées dans le sous sol d'une maison. La routine. Seulement, lorsque l'on vous a trouvé, c'était autre chose. Au début, on ne s'est même pas rendu compte que vous étiez là, c'est un des gars qui a trébuché sur vous. Et plus on arrachait ces espèces de tiges, plus il y en avait! Il a fallu qu'on les incendie, c'était horrible. L'odeur, les hurlements, relata-t-il, plongé dans ces souvenirs. Les hommes qui paniquaient à cause de ce qu'ils voyaient, de ces végétaux qui essayaient de nous attraper... On vous a remontés en catastrophe, d'ailleurs vous nous devez sans doute quelques hématomes...

- Vous avez pensé à prendre un échantillon? demanda Mulder.
- Oui. C'est comme ça que l'armée est venue. Et je dois dire que leur rapport était plutôt rassurant. Je veux dire, au moins il donnait une explication valable. Parce que sinon c'était difficile de comprendre ce qui se passait...
- Et vous n'en n'auriez pas gardé quelques grammes? continua Mulder.
- Ben non, je ne suis pas botaniste...
- Et est-ce que vous êtes allé plus loin dans ce tunnel? insista l'agent.
Charles regarda sa sœur, qui avait presque l'air gênée par les questions de son collègue.
- Notre exploration s'est arrêtée à la pièce où vous étiez. Je ne dis pas que nous ne nous sommes baladés. On a bien mis une demi-heure pour vous trouver. Mais ces galeries étaient infestées de champignons, c'est tout...

*****

Charles regarda les agents - enfin sa sœur et son ami - partir, de la fenêtre du coin cuisine, qui avait d'ailleurs besoin d'un sérieux coup de chiffon. Encore quelques mois comme ça et la lumière du soleil finirait par ne plus passer.
Il savait qu'il n'en ferait rien, mais il avait quitté Dana en refusant de reprendre contact avec la famille. C'est vrai qu'il n'était pas pressé de renouer avec William Junior, alias Bill le merveilleux. Pourtant sa gène ne venait pas de là. Il avait menti. Ce qui n'avait jamais été une grande affaire pour lui. Plutôt un instinct, comme la main qui se rétracte devant la flamme.

Mais à quoi cela aurait-il servi de révéler ce qu'il avait vu dans la maison Pewter? D'autant que l'armée était passée à grand renfort de «Secret Défense» , «A quoi bon effrayer la population?».
Melissa était déjà morte, dans des conditions obscures qu'il n'avait pas essayé d'approfondir. Qu'aurait fait Dana avec ces informations? Elle aurait de nouveau risqué sa vie sous la maison? A la recherche des générations de squelettes qu'il avait vu, des trappes que l'armée continuait à explorer. Pour découvrir jusqu'où menait ce réseau, depuis combien de temps il servait, et pour qui? Non. Le clan Scully avait assez souffert. Et malgré ses rancoeurs, s'il devait une chose à ses parents, c'était bien de protéger l'unique fille, désormais, de la famille.

La voiture du FBI ayant disparue, Charles se retira de la fenêtre. Cette affaire lui avait donné faim. Il prit un pot de glace dans le frigo, vanille / cerise, et alla retrouver Craig au standard. Il avait besoin de parler à un ami.

FIN

Autre Fanfic :  Lusus Naturae