En France, les archives d'oeufs peints remontent au 13ème siècle. Les thèmes religieux étaient les plus courants, puis les oeufs décorés porteurs de symbole de vie, message d'amour, etc.., recouverts de feuilles d'or, étaient échangés par les membres de la cour d'Edouard 1er. Plus tardivement au 16ème siècle, François 1er fût représenté avec un oeuf ouvert, révélant la passion du Christ en bois sculpté, ce qui nous conduit vers un intérêt de l'oeuf découvrant une chose inattendue en donnant ainsi son origine à "l'Oeuf Surprise". En France, ces oeufs furent parmi les plus beaux: anniversaires, mariages, naissances, voeux du Nouvel An, étaient des étapes importantes de la vie souvent marquées par l'offrande d'oeufs surprises.
L'idée de décorer des oeufs, au travers du 18ème, se développa vers la fin du siècle, et il est certain que les français furent concernés par l'essor important de cet art.
Le Roi Soleil appréciait la tradition des oeufs de Pâques, et chaque année de son règne à cette période, de gigantesques paniers d'oeufs, montés en pyramides, étaient disposés dans sa chambre. Ces oeufs peints ou teints étaient ardemment bénis par le chapelain de Sa Majesté, puis étaient distribués à la famille directe du roi, ainsi qu'à ses gardes puis ses serviteurs. Il semble que le premier à faire décorer des oeufs avec différentes scènes fut Louis XIV; il en eut l'idée d'origine et l'histoire raconte qu'il offrit à Madame de La Vallière (sa favorite), un oeuf décoré de petites scènes comprenant une relique bénite.
Sous Louis XV, au sommet d'une grande période de raffinement, les oeufs destinés au roi et à la famille royale étaient peints, comme le manifestent certaines oeuvres: Boucher, Watteau et Lancret; malheureusement, ces objets d'art disparurent. Il est également peu connu qu'à Versailles il y avait un zoo de petite taille où les oeufs d'autruche qu'on y trouvait n'étaient nullement utilisés pour faire des omelettes; il y avait également un peintre plus ou moins attaché au zoo qui, avec de grandes difficultés, peignait sur les oeufs destinés à être offert au roi à la Pâques; il se nommait Jean Etienne Lebel et il est sûr que cet artiste n'aurait jamais été reconnu si ce ne fût par son talent de "peintre sur coquille d'oeuf". A cette époque, en France, on ne pouvait être reconnu dans son art que si on appartenait à la Guilde des Peintres. Un certain Monsieur Delaroche intervint en faveur de Lebel auprès du Marquis de Marigny (Abel François Poisson) frère de la marquise de Pompadour. Dans un courrier qui ne fut jamais publié auparavent, Delaroche explique: "J'ai le grand honneur de vous supplier de bien vouloir accorder votre bonté en faveur de Maître Lebel. Ce peintre est homme qui, au cours des dix dernières années, a su décorer les oeufs d'autruches du petit zoo du roi. Il sollicite de travailler indépendamment, afin de pouvoir se consacrer davantage à son art. Ce jeune homme très sérieux possède un vrai talent. Le roi l'a lu et semble approuver sa démarche."
La Cour de France introduisit également les oeufs surprises artificiels, une pratique qui devint rapidement populaire, qui est encore présente de nos jours.
Louis XVI continua la tradition de l'offrande des oeufs, mais ceux-ci plus sophistiqués que les oeufs du petit zoo.
Après la révolution française, ce fut le déclin de l'oeuf surprise car les révolutionnaires interdirent cette tradition. Mais parmi le peuple, cette interdiction n'était pas connue, et révolution ou non, dans les provinces françaises, on continua la coutume, même dans Paris où des oeufs artificiels contenaient parfois des bastilles miniaturisées.
Sous l'Empire, l'oeuf décoré retrouva encore ses lettres de noblesse, avec plus d'importance et d'enthousiasme.