En 1806, soit précisément le 21 novembre, Napoléon
(nommé empereur français le 18 mai 1804) décréta
le blocus continental de l'Europe (Décret de Berlin). En effet,
les batailles d'Ulm et surtout d'Austerlitz avaient assuré la renommée
de Napoléon en 1805 et il désirait dorénavant pouvoir
lutter économiquement contre l'Angleterre. Son blocus continental
visait à empêcher le ravitaillement de l'Angleterre et, donc,
principalement, de développer l'économie de la France qui
devenait ainsi le principal fournisseur du continent. Le pape (Rome) refusa
de se plier à ce blocus continental, mais l'Angleterre dut tout
de même s'adapter au blocus de Napoléon.
En effet, l'Angleterre avait besoin de matières premières
et voulait écouler sa production. Donc, ne pouvant aller les importer
en Europe, elle fit appel à ses colonies. Or, le bois nécessaire
(principalement) pour la construction navale abondait en Amérique
du Nord. L'Angleterre en importa donc en grandes quantités et, par
le fait même, engendra des changements économiques dans la
Bas-Canada.
Le bois prit le rôle de moteur de l'économie de la colonie
que détenait la fourrure depuis plus de 200 ans. Ce fut d'ailleurs
des capitalistes anglais qui s'étaient enrichis grâce à
la fourrure (surtout la compagnie du Nord-Ouest qui venait d'être
absorbée par la compagnie de la Baie d'Hudson) qui se lancèrent
dans ce nouveau commerce. Ainsi, dès 1809, 661 navires chargés
de bois quittèrent le St-Laurent. La demande était si forte
que des Américains firent même la contrebande du bois du Vermont
malgré la loi américaine qui interdisait le commerce avec
les deux belligérants. De plus, en 1810, les exportations canadiennes
se définissaient comme suit : 9% pour les fourrures, 15% pour les
produits agricoles et 74% pour le bois.
Le développement eut plusieurs répercussions directes et
indirectes sur l'économie canadienne. Tout d'abord, il créa
plusieurs emplois non-spécialisés tels que les bûcherons,
les débardeurs, les draveurs et les scieurs. De plus, il engendra
la construction de plusieurs scieries et l'implantation de chantiers navals.
Le blocus continental de Napoléon, à cause du développement
du bois, représente un élément déclencheur
de la modernisation. En effet, il modernisa l'économie de plusieurs
façons. Tout d'abord, il engendra la fondation de banques dont la
«Bank of Montreal» (en 1817). Ensuite, le commerce du bois
améliora considérablement les moyens de transports. Les canaux
améliorèrent le transport maritime et permettaient d'éviter
les rapides ; le premier bateau à vapeur, «L'Accommodation»,
vit le jour et navigua de Québec
à Montréal
grâce à John Molson et ses associés (en 1809) ; le
premier chemin de fer relia La Prairie et St-Jean (en 1836).