La Révolution tranquille

            La Révolution tranquille eut lieu de 1960 à 1970. Suite au règne de Maurice Duplessis qui préconisait le traditionalisme (donc l'agriculture, la langue française et la religion catholique), la société québécoise avait du retard par rapport au modernisme des autres sociétés de l'époque. Entre autres, le Québec était en retard par rapport à l'Ontario dans les domaines de l'éducation, de la santé et sur le plan du revenu moyen par habitant. La Révolution tranquille fut donc une période de changements sur les plans économique, politique, social et culturel.
            Elle débuta après la mort de Maurice Duplessis (le 2 janvier 1960), lorsque Jean Lesage fut porté au pouvoir à la tête du Parti libéral. Son slogan, lors des élections, («C'est le temps que ça change!) démontrait aussi son intention. Puis, Lesage demeura le premier ministre du Québec jusqu'en 1966. Cette année-là, le gouvernement de l'Union nationale prit le pouvoir avec, à sa tête, Daniel Johnson (jusqu'en 1968), puis Jean-Jacques Bertrand. L'Union nationale, bien que réélue dans un esprit contraire, ne remit pas en cause la Révolution tranquille et poursuivit les réformes jusqu'en 1970.
            Les réformes commencèrent au niveau du gouvernement. Le libéralisme économique (non-interventionnisme) de Maurice Duplessis fut remplacé par l'État-providence. L'État devint donc le principal levier de la société québécoise et il intervenait dans tous les domaines de la société.
            L'aspect économique évolua aussi beaucoup. Tout d'abord, en 1963, ce fut la nationalisation de l'électricité. En effet, après 1963, le gouvernement acheta et intégra les compagnies privées à Hydro-Québec. De plus, le gouvernement créa plusieurs organismes d'État pour développer les différents secteurs de l'économie. Entre autres, parmi les principaux instruments économiques créés par le gouvernement de Jean Lesage, nommons la Société générale de financement (S.G.F.) en 1962, le Bureau d'aménagement de l'Est du Québec (B.A.E.Q.), la Sidérurgie d'État du Québec (SIDBEC) en 1964, la Société québécoise d'exploitation minière (SOQUEM) en 1965 et la caisse de dépôt et placement du Québec en 1965. L'Union nationale (1966-1970), quant à elle, créa l'Office de planification et de développement du Québec (OPDQ), la Société québécoise d'initiative pétrolière (SOQUIP) ainsi que le ministère des Institutions financières, des Compagnies et des Coopératives. De plus, l'Union nationale adopta des mesures favorables aux agriculteurs.
            Au niveau de l'éducation, on assista aussi à de nombreuses réformes. Les libéraux de Lesage démocratisèrent l'enseignement et rendirent la formation scolaire importante. Pour ce faire, dès 1961, il créèrent une commission d'enquête sur l'enseignement (commision Parent) et adoptèrent la grande charte de l'éducation (gratuité jusqu'en 11e année). Trois années plus tard, en 1964, ils créèrent le ministère de l'éducation, créèrent 55 commissions scolaires et construisirent des polyvalentes. En 1967, l'Union nationale créa des collèges d'enseignement général et professionnel (CÉGEP) puis, en 1968, Radio-Québec. Par la suite, en 1969, elle fonda l'université du Québec (UQAM, UQTR, UQAC).
            Pour la santé, la Révolution tranquille eut aussi des répercussions. On créa l'assurance-hospitalisation, c'est-à-dire que le gouvernement payait les frais d'hospitalisation des citoyens. De plus, un changement majeur eut lieu dans les hôpitaux : on y remplaça les religieuses par des travailleurs laïcs.
            Au niveau de la sécurité sociale, notons principalement l'instauration du Régime des rentes du Québec (RRQ) qui offrait des indemnités aux invalides et des pensions mensuelles aux personnes âgées de 65 ans. De plus, l'État vint en aide aux pauvres en versant des prestations. On adopta aussi des lois sur les allocations familiales et les accidents de travaile. Puis, le poste de Protecteur du citoyen fut créé.
            L'aspect des relations de travail fut marqué par le code du travail (créé en 1964). Il regroupait les lois relatives au monde du travail et aux relations employeurs/enployés. De plus, le code du travail reconnaissait la syndicalisation et le droit de grève des employés de l'État. Par le fait même, les conditions de travail dans la fonction publique furent grandement améliorées.
            Les changements apportés par la Révolution tranquille modifièrent le rôle des femmes. D'ailleurs, grâce à Claire Kirkland-Casgrain, on adopta un projet de loi reconnaissant l'égalité juridique des époux et le droit pour la femme d'exercer des responsabilités civiles et financières en 1964. Ainsi, les femmes pouvaient hériter et gérer un héritage. Les réformes dans le domaine de l'enseignement, quant à elles, permirent aux filles des formations réservées aux garçons et augmentèrent le nombre de femmes sur le marché du travail. Toutefois, les femmes recevaient encore un salaire moins élevé que celui des hommes et étaient confinées à certains métiers (secrétaires, vendeuses, caissières, infirmières). Cette situation ne plut guère aux femmes qui formèrent la Fédération des Femmes du Québec en 1966. Ils réclamaient : à travail égal, salaire égal ainsi qu'un réseau de garderies. De plus, la commission Bird (en 1967) proposa une égalité réelle entre les hommes et les femmes.
            La Révolution tranquille eut aussi des répercussion par rapport à l'identité québécoise. Contrairement à Maurice Duplessis qui se tournait vers le passé et les origines, le néo-nationalisme (nouveau nationalisme) était tourné vers l'avenir. Dans cet esprit, on lutta contre les inégalités, les Francophones d'identifièrent de plus en plus commen Québécois et ils s'opposèrent au fédéralisme qui percevait le Québec comme une province comme les autres. Les artistes de l'époque tels que Félix Lexlerc, Claude Jutras et Pauline Julien exprimèrent d'ailleurs le sentiment de fierté des Québécois. De plus, on fonda le Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN), un mouvement qui prônait la création d'un état québécois souverain.
            Par contre, même si les Québécois s'identifiaient ainsi, ils ne voulaient pas renier le reste de la planète. Bien au contraire, ils s'ouvrirent au monde. D'ailleurs, ils établirent des liens avec des pays francophones et inaugurèrent des maisons du Québec. De plus, ils furent les hôtes de l'Expo 67, une exposition universelle qui reçut un accueil prestigieux. De plus, en 1967, Charles de Gaulle scanda du haut de l'hôtel de ville : «Vive le Québec libre!». Les Expos firent de plus leur entrée dans le monde du baseball majeur en 1968.