Maurice Duplessis

           Maurice Le Noblet Duplessis naquit en 1890, à Trois-Rivières, au Québec. Après des études au séminaire de Trois-Rivières et à l'université Laval (Montréal), il devint avocat au barreau de la province de Québec en 1913. Il fut bâtonnier du barreau de Trois-Rivières de 1937 à 1938.
           En 1927 et en 1931, il fut élu député conservateur dans la circonscription de Trois-Rivières. En 1933, il devint le chef du parti Conservateur de Québec. Ce parti se joignit avec l'Action Libérale Nationale de Paul Gouin pour former l'Union nationale, en 1935.
           Maurice Duplessis fut élu dans l'Union nationale en 1936, 1939, 1948, 1952 et 1956. Il occupa les fonctions de Premier ministre, président du conseil exécutif et procureur général de la province de Québec du 26 août 1936 au 8 novembre 1939, date à laquelle il fut défait aux élections par Adélard Godbout, chef du parti libéral. Cependant, il reprit le pouvoir le 30 août 1944, et le conserva jusqu'au 7 septembre 1959.
           Le deuxième mandat de Duplessis se passa pendant une période de grands changements. De plus, puisqu'elle coïncida avec la fin de la guerre, ce fut une période de prospétité économique et de croissance démographique (Baby Boom). La façon américaine de vivre («american way of life») qui se développa dans les années 1950 ne fut guère étrangère au Québec. En effet, à cette époque, la télévision fit son apparition et accompagna la radio et cinéma, ceux-ci existants déjà. De plus, le syndicalisme et les grèves furent très présents pendant les années 50, pour démontrer le mécontentement des ouvriers. Ainsi, ce que l'on nomme souvent comme l'ère de Duplessis représente le début de la société de consommation (qui visait l'amélioration des conditions de vie).
           Cependant, malgré les grands bouleversements de cette époque, Duplessis était très traditionnaliste. Il rejettait donc les valeurs modernes et prônait le respect des valeurs traditionnelles. Il était contre le communisme et le syndicalisme, et ses valeurs étaient plutôt basées sur la langue française, la religion catholique et le travail de la terre.
           Appuyé par l'Église catholique, il la subventionnait grassement et la laissait contrôler l'éducation et la santé. Ces secteurs, pendant la période duplessiste, souffrirent d'ailleurs beaucoup, car Duplessis s'opposait à l'école obligatoire et refusait d'instaurer un programme d'assurance-maladie.
           De plus, le développement économique était laissé à l'entreprise privée. Duplessis croyait que le rôle du gouvernement consistait à créer les conditions favorables pour le développement économique. Sous son règne, on assista d'ailleurs au développement minier de la Côte-Nord.
           Il était également un grand défenseur de l'autonomie provinciale. Comme il le disait lui-même : «J'aime mieux que la population du Québec soit administréa par Québec, pour Québec, que par Ottawa, pour Ottawa.» Il démontra son nationalisme à diverses occasions, notamment lors de l'adoption du drapeau fleurdelisé le 21 janvier 1948. (En effet, bien que ce soit René Chaloult qui avait précédemment déposé une résolution demandant que l'on adope «un drapeau véritablement québécois», le fleurdelisé fut adopté à l'instigation de Duplessis.) Un autre preuve de la préconisation de l'autonomie provinciale par Duplessis résidait dans le refus des subventions du fédéral, puis dans la création de l'impôt provincial (en 1947 pour les entreprises et en 1954 pour les particuliers). L'impôt provincial fournit alors des revenus importants au gouvernement du Québec.
           Conformément à la grande importance que Duplessis accordait à l'agriculture, il accorda l'électrification rurale, encouragea le développement du mouvement coopératif et créa 2 Offices (l'Office du crédit agricole et l'Office des marchés agricoles).
           Le 7 septembre 1959, à Schefferville, Maurice Duplessis décéda. Il était alors toujours à la tête du gouvernement québécois. Sa mort mit fin à la période que certains appellent la «grande noirceur». Paul Sauvé lui succéda, mais décéda le 2 janvier 1960. Antoine Barrette prit la relève jusqu'aux élections suivantes, où Jean Lesage fut porté au pouvoir : ce fut le début de la Révolution tranquille.