Nos ponts furent couverts, mon cher monsieur, pour la même raison que les filles portent des jupes et des crinolines : pour protéger la beauté structurale qui est rarement vue mais néanmoins appréciée.
(anonyme)
Cette sentence joliment tournée suscite des interrogations. En effet, pourquoi des ponts sont-ils affublés d'un toit?
Cette question, et bien d'autres, devrait trouver réponse tout au long de votre lecture du site.
Un grand nombre de ponts de bois a été construit et, très tôt, il a été démontré que la durée utile de ces structures était brève s'ils n'étaient pas protégés d'un toit ou d'un lambris. Pour un gouvernement aux ressources limitées, la fréquence de remplacement des ponts commandait une solution efficace. Cette solution, J. N. Gastonguay, inspecteur au Département de la Colonisation et des Mines la suggère à plusieurs reprises dans ses rapports d'inspection; "...l'expérience ayant démontré qu'un pont en bois non couvert dure rarement plus de quinze ans, il y a grand avantage et économie à lambrisser toute la superstructure d'un pont de façon à le mettre à l'abri des pluies, ce qui lui assure une durée d'au delà de cinquante ans". De nouveau en 1898, de retour d'une tournée dans la région de Labelle, il écrivait : " Aucun de ces ponts n'était couvert ni lambrissé; leur peu de durée fait voir, une fois de plus, que c'est une économie de construire de suite des ponts durables".
La charpente d'un pont couvert est entièrement construite de bois. Le pire ennemi d'une telle construction c'est la pourriture qui se manifeste lorsque les éléments qui la composent sont exposés à la pluie et la neige. Le toit s'imposait donc comme une solution permanente à ce problème. Il s'agit du pont couvert classique tel que la majorité des gens le conçoivent. Il faut également inclure parmi les ponts couverts 2 autres types de construction; le pont ayant une ferme lambrissée à l'intérieur et à l'extérieur, sans toit, et construite à environ la moitié de la hauteur du pont classique. Appelé pont "mi-hauteur", 2 ponts de ce genre subsistent au Québec. Une autre technique pour construire un pont couvert consistait à ériger la structure SOUS la surface de roulement et de lambrisser le tout. Le tablier sur lequel on roulait faisait alors office de toit. Quelques ponts du genre ont été construits ici mais ils ont tous été remplacés. Ce type de ponts appelé "deck" a connu une certaine popularité dans les réseaux de chemin de fer.
Le pont couvert classique
Ferme-Rouge (61-33-02).
Photo : Gérald Arbour ©
Le pont mi-hauteur
Saint-Eugène-de-Chazel (61-02-P1).
Photo : Gérald Arbour ©
Moffet (61-70-12).
Photo : Gaétan Forest ©