L'Acte de l'Amérique du Nord Britannique (AANB)

           L'Acte de l'Amérique du Nord Britannique fut proclamé le 1er juillet 1867 par la reine Victoria, suite à trois conférences qui c'étaient précédemment tenues : la conférence de Charlottetown en septembre 1864, la conférence de Québec en octobre 1864 et la conférence de Londres en décembre 1866. Cependant, l'Acte d'Union ne correspondait plus à la nouvelle situation coloniale dès les années 1850...

Les problèmes :
            À partir de 1851, aucun parti de réussit à obtenir la double majorité, c'est-à-dire à être majoritaire au Canada-Est et au Canada-Ouest. Cette situation était la conséquence de la dissolution de l'alliance des Réformistes. Dans les années 1849, les Réformistes du Canada-Est (de Louis-Hippolyte Lafontaine) s'étaient en effet joints à ceux du Canada-Ouest (de Robert Baldwin) pour contrôler la chambre d'Assemblée et réussir à obtenir la responsabilité ministérielle (en 1848). Cependant, en 1851, les réformistes radicaux du Canada-Est (opposés à l'influence politique de l'Église) avaient formés le parti Rouge et les réformistes radicaux du Canada-Ouest (pro-anglophones) les Clear Grits... Le vote se divisa et causa l'instabilité politique du Canada-Uni : il y eut 10 gouvernements en 10 ans (1854-1864).
            En 1851, de plus, le recensement démontra que les Canadiens français étaient minoritaires. Le principe du nombre de députés égal (provenant des 2 Canadas) favorisait donc les Francophones et les Clear Grits s'empressèrent de réclamer le «Rep by Pop», c'est-à-dire la représentation (le nombre de députés) proportionnelle à la population.
            Ensuite, de 1861 à 1865, ce fut la guerre de Sécession aux États-Unis. Les états du Sud (esclavagistes) voulaient se séparer de ceux du Nord (anti-esclavagistes). L'Angleterre appuya le Sud, mais les états du Nord furent tout de même vainqueurs. Ils menacèrent donc d'envahir le Canada-Uni, puisque celui-ci était une colonie de l'Angleterre. Face à cette menace, l'Angleterre affirma qu'elle ne soutiendrait pas les colonies en cas d'invasion des Américains... Les Canadiens, devant donc se défendre seuls, prirent conscience de la faiblesse de leur défense militaire.
            À cela, s'ajouta l'expansion territoriale des États-Unis. Ils agrandissaient leur territoire en achetant ou prenant de force des régions environnantes (Louisiane, Texas, Floride et Californie). Puisque les terres à l'Ouest du Canada-Uni étaient, d'une certaine manière, disponibles, les Canadiens craignaient que les États-Unis s'emparent de ces terres. Ainsi, ils encercleraient le Canada-Uni.
            De plus, en 1866, les États-Unis refusèrent de renouveler le traité de réciprocité. Les causes de ce rejet étaient bien simples. Premièrement, le ministre des finances (Galt) haussa les tarifs douaniers sur les produits manufacturés suite à la crise économique de la fin des années 1850. Deuxièmement, le Canada-Uni était une colonie de l'Angleterre et cette dernière avait appuyé les États du Sud (perdants). La fin du traité de réciprocité obligea le prolongement du chemin de fer jusqu'à Halifax, pour relier les colonies britanniques et avoir accès à un port libre de glace l'hiver. Or, l'union des colonies permettrait la construction de l'Intercolonial et règlerait du même coup les autres problèmes du Canada-Uni (politiques).

L'union fédérale:
            L'AANB était une union fédérale, c'est-à-dire qu'il y avait 2 paliers de gouvernements : un gouvernement central et des gouvernements locaux. Ainsi, on partageait les responsabilités entre ces 2 paliers et les gouvernements locaux gardaient leur autonomie. Cette union fédérale avait été établie lors de la conférence de Québec, en septembre 1864, et tous n'y avaient pas réagi de la même manière...
            Au Canada-Est, les opinions étaient réellement partagées. Le parti Conservateur de George-Étienne Cartier appuyait le projet, croyant que les colonies de l'Amérique du Nord britannique devaient s'unir pour devenir une puissance économique. De plus, il se réjouissait que le gouvernement et le budget du Québec soient contrôlés par des Francophones. Le clergé était aussi pour cette union, car il croyait qu'il était important de sauvegarder les institutions des Canadiens français. Par contre, le parti Rouge de Antoine-Aimé Dorion s'opposait à cette union. Il croyait que ce ne serait pas une véritable union fédérale, mais plutôt une union législative déguisée. En effet, puisque la représentation proportionnelle («Rep by Pop») donnait le pouvoir aux Anglophones, l'union menaçait les Canadiens français d'assimilation. De plus, Dorion n'acceptait pas que cette union ne soit pas votée par le population.
            Au Canada-Ouest, le parti Conservateur de John A. Macdonald (tout comme les Clear Grits) était partisan de ce projet d'union, car celle-ci permettait la liberté d'une union fédérale avec les avantages de puissance d'une union législative. Appréciant que la représentation proportionnelle mette les Francophones en minorité, il croyait que la colonisation de l'Ouest et la construction de l'Intercolonial laissaient présager la prospérité.
            La Nouvelle-Écosse (dirigée par Charles Tupper) et le Nouveau-Brunswick (dirigé par Samuel L. Tilley) désiraient s'unir, à condition que l'on construise un chemin de fer. Finalement, Terre-Neuve et l'Île-du-Prince-Édouard ne voulaient pas s'unir, car ils ne seraient presque pas représentés au gouvernement central («Rep by Pop»), devraient payer des impôts et ne profiteraient pas de la construction du chemin de fer.

Les caractéristiques de l'AANB:
            Cette consitution fit du Canada un Dominion regroupant 4 provinces : l'Ontario, le Québec, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. Son objectif consistait dans l'union des colonies britanniques dans un nouveau régime politique, tout en respectant les particularités de chaque région.
            Par cette constitution, le Canada demeurait toutefois un dominion, c'est-à-dire qu'il dépendait encore de l'Angleterre pour sa politique extérieure, bien qu'il possédait l'autonomie pour sa politique intérieure. De plus, le Canada était un monarchie constitutionnelle. Ainsi, le chef officiel était le roi ou la reine d'Angleterre et le premier ministre dirigeait le pays.
            Même si, en parlant de l'Acte de l'Amérique du Nord Britannique, on parle souvent de confédération, ce terme ne définit pas correctement cette constitution. En effet, une confédération est une association d'états souverains ayant un gouvernement central faible. Or, c'est plutôt une fédération (gouvernement central fort appuyé par des gouvernements locaux faibles) qui caractérisait la constitution de 1867. En effet, le partage des pouvoirs confirmaient cette situation.
            Le gouvernement fédéral (ou central), très puissant, détenait beaucoup de pouvoirs (service postal, poids et mesure, droit criminel, monnaie et banque, défense, relations extérieurs, pouvoirs résiduaires) dont un très important : le droit de désaveu. Ce dernier lui permettait d'annuler ou de refuser une loi provinciale, limitant ainsi les pouvoirs des provinces. De plus, le gouvernement central nommait les lieutenants-gouverneurs et les juges des tribunaux supérieurs. Ses revenus étaient aussi très élevés, grâce à plusieurs sources de taxation, car il était responsable de la majorité des dépenses.
            Les gouvernements provinciaux (ou régionaux) jouaient un rôle nettement secondaire, limité aux intérêts locaux. Ils s'occupaient, entre autres, de l'éducation, des hôpitaux, du droit civil, des municipalités, des travaux publics et des ressources naturelles. Contrairement au gouvernement fédéral, les gouvernements régionaux avaient peu de sources de revenus.
            L'agriculture, l'immigration et les pensions de vieillesse (à partir de 1951) se partageaient entre les deux paliers de gouvernement.
            Pour ce qui était des lois, la chambre d'Assemblée votait les lois (pouvoir législatif), le conseil exécutif les appliquait (pouvoir exécutif) et les tribunaux les faisaient respecter (pouvoir judiciaire).
            L'AANB fixait aussi les règles de l'utilisation des langues officielles (bilinguisme obligatoire au Fédéral et au Québec, facultatif ailleurs). Tandis que sur le plan juridique, le Québec gardait les lois civiles françaises. Finalement, au niveau politique, le gouvernement demeurait responsable et le principe de la représentation proportionnelle était appliqué à la Chambre des Communes (Assemblée législative).

Les réactions de la population:
            La population du Québec, tout de suite après la mise en vigueur de l'AANB, semblait être d'accord avec cette nouvelle constitution. En effet, elle appuya le parti Conservateur de Pierre-Joseph-Olivier Chauveau avec une forte majorité. Obtenant 80% des sièges (soit 52 députés sur 65), il obtint aussi 55% des votes. Le parti Libéral obtint quant à lui uniquement 45% des votes. Cependant, par la suite, la population québécoise réalisa que, par l'Acte de l'Amérique du Nord Britannique, le gouvernement central possédait tous les pouvoirs importants et les gouvernements provinciaux avaient peu d'autonomie. D'ailleurs, cette autonomie provinciale fut défendue par Honoré Mercier, élu en 1887.

Finalement, l'Acte de l'Amérique du Nord Britannique demeura en vigueur jusqu'en 1982, date où la constitution fut rapatriée à Ottawa constitution fut rapatriée à Ottawa.

--> Organigramme de l'Acte de l'Amérique du Nord Britannique
--> Événements importants dans l'histoire du Québec et du Canada qui eurent lieu durant l'Acte de l'Amérique du Nord Britannique