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Critiques de Romans Star Trek


Critiques de Romans Star Trek, par Cat Ilina  


Un roman..., une critique : Les Survivants  

J'ai abordé le roman de Jean Lorrah avec un a priori positif : j'avais encore en mémoire un roman trek de la série classique écrit de sa plume, Meurtres sur Vulcain, qui m'avait bien plu, tant l'histoire et les personnages m'avaient semblé intéressants. J'espérais donc logiquement que ce roman serait de la même veine... Hélas ! "Les survivants" n'a pas le charme de son prédécesseur. Chronique d'une déception non annoncée.

Résumé
L'Enterprise reçoit un S.O.S. de la planète Trêva. Sa présidente, Nalavia, une jeune femme pleine de séduction, prétend que son monde est au bord de la guerre civile. Des "rebelles", "ennemis du peuple", selon ses dires, menacent son gouvernement légitimement élu. Picard se méfie instinctivement de cette femme trop mielleuse pour être honnête. Il envoie Data et Tasha Yar en mission de reconnaissance. Objectif : faire le point de la situation de ce monde qui avait demandé d'entrer au sein de la Fédération des Planètes Unies.

Dans la navette qui la conduit à Trêva, Natasha Yar est envahie par des souvenirs douloureux.

Elle revit son enfance tragique sur la planète Néo-Paris, colonie promise à la prospérité mais transformée en enfer par ses habitants. Sur ce monde de cruauté, dominé par les gangs de violeurs et de trafiquants de drogue, la jeune Tasha apprend la survie. Puis, alors qu'elle est âgée de 15 ans, un détachement de StarFleet dirigé par Darryl Adin sauve la jeune adolescente et l'arrache enfin à son monde natal.

A dix-huit ans, Tasha entre dans StarFleet et devient bientôt un officier estimé. Quelques années plus tard, la jeune femme pense avoir trouvé le bonheur : une affectation sur l'U.S.S. Starbound, une liaison durable avec Darryl Adin... Malheureusement, Dare est accusé de trahison après que le vaisseau ait été mystérieusement attaqué par des Orions. Dare estime Tasha responsable de sa condamnation et lui jure de s'évader pour consommer sa vengeance.

Sur Trêva, Data et son équipière reçoivent un accueil des plus charmants... et des plus hypocrites. Tasha en est convaincue : Nalavia ment, sa politique est trouble et semble en tout cas peu démocratique. Tandis que Data se charge de découvrir les vrais objectifs de Nalavia, Tasha est kidnappée par un mercenaire hors du commun, connu pour son extrême efficacité : Darryl Adin.

Pour Tasha, tout est clair : Adin veut se venger, comme il le lui avait dit, en faisant régner la terreur sur cette planète. Or, si Daryl admet sans peine n'être qu'un "excellent mercenaire", il prétend se battre pour la paix. Selon lui, Nalavia n'est qu'un dictateur, réduisant son peuple à la servitude pour mieux profiter des richesses de son monde.

Tasha, qui avait elle-même des soupçons, hésite. Doit-elle croire Adin ? A supposer qu'il dise la vérité, ses actes sont-ils pour autant honorables ? N'est-il pas qu'un repris de justice aux yeux de StarFleet? Comment prévenir Data des agissements de Nalavia et de Darryl ? Comment s'y prendre pour rétablir la démocratie sur cette planète, sauver la vie de Data et la sienne et réhabiliter Darryl aux yeux de tous ?
Peu après, Data, qui lui aussi a compris les intentions de Nalavia, est fait prisonnier par Darryl. Qu'elle le veuille ou non et quels que soient les sentiments contradictoires qui la lient à cet homme, Tasha va devoir collaborer avec Dare pour rétablir la liberté sur Trêva...

Avis
Tasha Yar n'était peut-être restée que vingt-deux épisodes à bord de l'Enterprise mais elle méritait bien qu'un écrivain trek développe sa personnalité. Je reste persuadée que si cette "forte-tête" avait pu connaître l'apogée de Next Gen (généralement située dès la troisième saison de la série) nous aurions eu droit à une prestation intéressante de sa part.

Dès le départ, Yar révèle une personnalité tout aussi riche que celle de Beverly, Deanna ou Kate Pulaski. C'est une femme d'action déterminée, efficace dans son métier, courageuse et appréciée par ses camarades (qualités qu'on retrouve d'ailleurs chez Kathryn Janeway par exemple).

Je considère (mais c'est un avis purement personnel) que Yar est l'étape à franchir pour passer de Janice Rand à Kathryn Janeway. Son passé tumultueux en fait un personnage très particulier. En effet, si des officiers comme Worf et Riker ont eu une jeunesse "agitée", nul ne peut se vanter d'avoir vécu (et d'avoir survécu à) l'enfance et l'adolescence de Tasha.

Alors que Beverly a appris la médecine dans une famille de scientifiques, que Deanna a poursuivi de brillantes études dans le cocon ouaté de Bétazed, Tasha est, toute petite, jetée dans un monde sauvage, totalement dévasté par l'absence de tout code moral. En résulte une adulte pleine de paradoxes, qui cache sa faiblesse sous une carapace de bodyguard à l'allure foncièrement masculine, qui garde un sens aigu de son devoir (elle mourra d'ailleurs en sauvant la vie de Troi) mais qui est sans doute prête au pire pour sauver sa peau.

La liaison de Yar et Data est elle aussi intéressante. Malgré la situation ridicule qui la provoque, elle reste un moment unique dans la vie de l'androïde. Après tout, si ma culture trek est au beau fixe, Yar reste la seule femme avec qui Data fut lié de façon intime (pour dire les choses avec tact...).

La série Next Gen n'aborde presque pas ce point, pourtant crucial dans la vie de l'androïde... Dommage car il constitue sans nul doute une avancée dans le chemin qui sépare Data de l'humanité. Il était temps, là aussi, qu'un roman, à défaut d'un épisode, soit un peu plus explicite.

Malheureusement, les deux points les plus importants du livre en ce qui concerne les personnages sont décevants à pleurer... Si le passé de Tasha tel que Lorrah nous le conte, semble cohérent, il ne l'est pas avec le "passé officiel" de l'héroïne tel qu'il est mentionné dans la série télé. Les divergences sont donc agaçantes, surtout dans une oeuvre comme Star Trek qui semble vouloir être abordable dans son intégralité...

Ainsi, par exemple, là où Jean Lorrah parle de Néo-Paris, la série nous apprend que Tasha est née sur Turkana IV. Mais, après tout, peut-être que les planètes changent de noms au cours de leur histoire... De plus, si le passé de Yar nous est raconté de façon agréable, il ne nous apprend rien ! Quand on compare ce que Peter David nous révèle au sujet de Deanna Troi dans "Imzadi" et ce que Lorrah nous dit de Tasha dans ce roman, on est un peu frustré...

Pour ne pas être complaisamment négatif, il faut reconnaître que les agissements et le comportement de Tasha durant le roman semblent tout à fait conformes à celui de l'officier de sécurité dans la série. On reconnaît sans peine Yar en cette jeune femme pleine de ressources et de courage que nous décrit Jean Lorrah.

Quant à sa "liaison" avec Data, elle est évoquée à maintes reprises, mais de la même manière à chaque fois ! Résultat : on tourne en rond et on s'embourbe. A en lire Lorrah, il est évident que cette "aventure" jette un trouble dans leurs relations mais ni l'un ni l'autre ne se décide à l'aborder franchement.
On en reste donc à ce que l'auteur appelle le "il ne s'est rien passé", c'est-à-dire au fait que les deux protagonistes tentent obstinément d'ignorer ce moment de leur vie. Dans ce cas, on en arrive à se demander ce qui justifie la présence de Data (et non celle de Picard ou Worf, par exemple) dans cette histoire.

J'en aurai vite fini avec les personnages habituels de notre saga spatiale pour la bonne raison qu'ils sont quasi absents de cet épisode livresque. L'action a lieu en dehors du vaisseau. Bonne idée de se centrer sur Tasha et Data (cela change un peu) mais il est tout de même regrettable que les autres soient si peu présents. Remarquons tout de même que nous avons droit à une apparition éclair de Deanna Troi en robe du soir sexy et à une "intervention" maladroite de Wesley sur la passerelle. Ca ne s'invente pas !

Quant aux "invités de l'épisode", il est facile de faire l'esquisse de leur personnalité.
L'évolution de Darryl Adin durant le bouquin se résume en quatre étapes, quatre mots : instructeur, amant, traître et repenti. Le "père" de Tasha devient bientôt son premier amour... Après quelques violations du code de conduite qui lui valent la réputation d'un "bandit de grands chemins", Darryl redevient un héros auréolé de gloire. Sans commentaire...

Si un jour vous souhaitez devenir le maître du monde, retenez bien la leçon que vous donne Nalavia durant le roman. C'est de la "tyranologie appliquée" !
1) On drogue le peuple à son insu en versant dans les réserves d'eau potable un euphorisant.
2) on s'empare de la presse et de la télévision.
3) pour lutter contre les insurgés, on les discrédite en organisant des émeutes sanglantes dont on les rend responsables. On cache ensuite ses activités illicites et ses ambitions derrière un masque souriant et un corps désirable à souhait. Difficile de faire moins subtil.

Quant à l'histoire, elle est très convenue aussi. Celui qui, après trois chapitres, ne devine pas les objectifs de Nalavia et les plans de Darryl et Yar pour la combattre est prié de sortir ! Ceci dit, l'intrigue ne manque pas de point intéressants et inattendus : la trahison de Darryl et son come back sur Trêva peuvent paraître surprenants. Les descriptions des lieux sont plutôt sommaires, mais la planète Trêva ne devrait rien offrir de particulier. Le palais de Nalavia, la forteresse de Darryl sont sans doute à l'image de leurs occupants : classiques, sans surprises et donc simples à imaginer.

En conclusion
Un roman franchement moyen, à lire par curiosité. Les fans de Data et surtout de Tasha y trouveront tout de même des éléments intéressants. C'est un roman standard, acceptable si on en attend rien de novateur ou de surprenant. Peut-être Jean Lorrah aurait-elle dû s'armer d'audace et explorer le passé de Tasha avec plus de détails et d'innovation, sans pour autant trahir le personnage original. Exercice périlleux, évidemment, mais qui aurait sans doute valu plus la peine que ce roman un tantinet incolore.

Références : LORRAH Jean, Les survivants, Fleuve Noir, n°45

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