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Critiques de Romans Star Trek


Critiques de Romans Star Trek, par Cat Ilina  


Un roman..., une critique : L'Homme Parfait  

A l'occasion du récent décès de DeForest Kelley, il m'a paru opportun de consacrer cette rubrique à un roman centré sur le personnage de Leonard McCoy. Fleuve Noir a eu l'excellente idée d'en traduire un il y a quelques mois. Et, cerise sur le gâteau, ce roman mérite d'être lu.

Résumé
Quelques mois après sa troublante rencontre avec l'entité V'Ger, l'équipage de l'Enterprise est réquisitionné pour une mission diplomatique. La planète Nova Empyréa est habitée par des êtres humains génétiquement meilleurs que le commun des mortels.

Pour préserver cette particularité, les Empyréens avaient décidé de vivre dans un isolement total. StarFleet, à force de négociations, avait pourtant réussi à installer un poste d'observation sur une partie isolée de la planète dans le but d'étudier un système binaire tout proche.

Aujourd'hui, les Empyrénes demandent que le laboratoire soit démantelé et les scientifiques de la Fédération rapatriés. L'Enterprise, avec à son bord le diplomate génial Marc Rousseau, doit négocier la reconduction du traité qui lie Empyréa et la Fédération et, en cas d'échec, assurer le démantèlement du laboratoire.

Alors qu'ils font route vers la planète, Kirk est déjà confronté à un problème : McCoy est de très mauvaise humeur. Il semble bien connaître Rousseau et la présence de ce dernier à bord du vaisseau le contrarie sérieusement. Jim découvre que McCoy a jadis été très déçu par le comportement de Rousseau lors d'une précédente mission. Les relations entre le médecin et le diplomate sont dès le départ très tendues.

Seuls McCoy et Marc Rousseau sont autorisés par les Empyréens à fouler le sol de leur planète. Spock et Scotty sont téléportés dans le laboratoire pour en préparer le démantèlement.

Tandis que l'ingénieur et le Vulcain se heurte à un Empyréen hautain, McCoy et Rousseau retrouvent la Présidente Elisabeth March qu'ils ont tous deux très bien connue, il y a une vingtaine d'années, lors d'une première mission sur Empyréa. Elisabeth est pessimiste quant à l'avenir des relations entre la Fédération et son monde : un référendum doit décider de la suite des événements et ses concitoyens sont très isolationnistes.

Rousseau s'attelle vite à sa tâche de diplomate. McCoy fait connaissance avec Anna, la fille d'Elisabeth. Cette dernière lui avoue la véritable raison pour laquelle elle l'a convoqué.

Sur Empyréa, les enfants doivent être génétiquement parfaits et passer un test médical à l'âge de dix-huit ans pour prouver cette perfection. S'ils échouent, ils sont exilés ou exécutés. Or, Anna n'a aucune chance de réussir le test. Et pour cause : Anna n'est pas 100% empyréenne. Elle est la fille de McCoy !

Bones décide de faire face à ses responsabilités : il emmènera Anna sur Terre où il prendra en charge son éducation. Mais Anna ne veut pas quitter son monde, même si son petit ami, Ethan, est prêt à la suivre. Ethan, comme certains autres jeunes Empyréens, rêve d'ailleurs que sa planète change et s'ouvre enfin à l'exploration, aux rencontres avec d'autres races.

Bones découvre un traitement qui permettrait à Anna de passer le test mais ledit traitement n'est pas exempt de risques. Anna décide de s'y soumettre. Pendant ce temps, sur Empyréa, Scott et Spock se trouvent confrontés à des actes de sabotages. Ethan passe à l'action pour tenter de forcer les autorités à le laisser quitter son monde-prison...

Avis
Impeccable. Il n'y a pas d'autres mots pour qualifier cet opus livresque Star Trek. Weinstein (qui n'en est pas à son premier roman Star Trek Classique) a cette fois réuni tous les ingrédients pour nous concocter une histoire pleine d'atouts.

Premier aspect du livre, très appréciable à mon avis, est que dès le départ, nous sommes plongés tête la première dans notre univers familier. Jugez plutôt : nous rallions l'Enterprise en route vers une difficile mission diplomatique. N'est-ce pas pour ce genre de tâches que StarFleet a créé ce vaisseau ? Le roman pose également de nombreux thèmes qui ont fait les beaux jours des épisodes de la série classique.

Premier thème : l'amélioration des gènes humains. Comment vit l'homme supérieur dans une société d'hommes supérieurs ? Le livre donne une réponse claire (et naturellement prévisible) : mal !

Il devient arrogant et imbu de lui-même. Il ne parvient pas à éliminer les crimes (doux rêve), Empyréa a ses criminels. Déjà vu ? Oui, puisque ce thème chéri de la science-fiction apparaît déjà dans l'épisode Space Seed. Khan sert de fabuleux exemple aux dangers des manipulations génétiques.
Non, si la dénonciation est la même, la façon de dénoncer est différente. Les Empyréens sont peut-être furieusement chauvins mais ils ne sont pas malveillants. Contrairement à Khan, ils sont à plaindre.

Ils sont étouffés par leurs lois trop rigides qui ne permettent aucun dérapage. Mais surtout, ils perdent le bénéfice de l'IDIC, si enrichissant. Le deuxième thème du roman est donc l'isolationnisme, cette volonté de garder ses oeillères quelles qu'en soient les conséquences.

La grosse surprise du roman est bien sûr d'apprendre que McCoy a une fille ! Honnêtement on s'attendait plutôt à voir Kirk dans cette situation. Mais pas McCoy, ce divorcé bougon qui culpabilise de n'avoir pu élever sa fille Joanna...

On n'imagine très mal Bones avoir eu une liaison durant une autre mission diplomatique. A première vue, l'idée peut paraître étrange. Après Kirk et Spock, le dernier élément du trinôme de base se retrouve avec un enfant illégitime sur les bras.

Et pourquoi pas ? L'idée ne paraît plus absurde quand on sait que Weinstein profite de cette situation pour exploiter une autre facette de sa personnalité. McCoy quitte son côté râleur et bourreau de travail et endosse immédiatement ses responsabilités.

On découvre à quel point l'échec de sa vie familiale lui pèse. Anna est sa seconde chance. En l'emmenant sur Terre, il répare les erreurs qu'il a pu commettre lors de l'éducation de Joanna. Mais surtout, sa réaction face à l'imprévu souligne - si c'était encore nécessaire - que McCoy est avant tout un homme de coeur.

Quand on lit les descriptions d'Elisabeth March, on comprend qu'elle ait pu aimer McCoy. Scientifique comme lui, c'est aussi une femme déterminée. Elle voulait Anna, elle l'a donc mise au monde sans trop se soucier des conséquences. Un acte un tantinet inconscient mais compréhensible : Anna incarne pour Elisabeth, l'espoir de l'ouverture de sa planète vers d'autres mondes.

Les autres personnages sont éclipsés au profit de McCoy. Kirk semble passer au second plan même si sa complicité avec McCoy est bien décrite. Scotty et Spock sont un peu plus présents.

Marc Rousseau n'a pas un grand rôle à jouer non plus et il ne marque pas les mémoires. Il est à l'opposé de McCoy, arriviste, laissant passer ses objectifs avant autrui et très imbu de lui-même. Il n'est guère étonnant que lui et Bones ne soient pas complices !

Autre petit reproche, Anna ne brille pas par son intérêt. Elle est touchante mais sans plus. Par contre, son ami Ethan et les autres jeunes Empyréens sont plus intéressants. Ils doutent de tout, s'interrogent et illustrent bien une jeunesse pleine d'espoir. Même dans les sociétés fermées sur elles-mêmes, certains pensent au changement - et c'est souvent le privilège de la jeunesse.

Autres atouts du roman :
Il est émaillé d'évocations de certains moments inoubliables de la série classique. Comme des anecdotes que les protagonistes évoquent pour le plaisir de se les remettre en mémoire.
L'anecdote de la soupe volante lancée par Spock à la tête de Chapel en est un exemple.

D'autre part, la chronologie me semble très judicieuse : le roman se déroule quelques mois avant "Star Trek II : la colère de Khan". Quelques mois avant que Kirk ne voit resurgir le problème des êtres génétiquement améliorés et quelques mois avant qu'il ne découvre qu'il a un fils illégitime. Coïncidence ? Je me risque à penser que non !

Par contre, si on peut pardonner l'habituelle happy end, on peut regretter que la fin du roman soit quelque peu bâclée. Toutes les situations problématiques sont résolues en même temps et en quelques pages et l'intrigue semble s'écrouler un peu vite. Quant à "l'affaire Anna", j'ai été assez frustrée qu'elle se termine en queue de poisson.

Conclusion
Voici un roman Star Trek qui aurait fait un bon épisode de Star Trek Classique. Son intrigue est bien construite, McCoy y trouve un rôle à sa mesure et l'auteur y dénonce un thème bien de notre époque. Et quand un roman est du même niveau qu'un bon épisode, il mérite qu'on s'y arrête.

Références : WEINSTEIN H., L'homme parfait, Fleuve Noir, n°52, 216 pages.
Titre anglais : The better man, traduit par Prudence Bakouny.

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