VIII - AFFAIRE BDIOUI : UNE THÈSE ANTISÉMITE À LYON III |
" La réalité de la presse nous oblige à ne pas rejeter complètement et à ne pas nier l’existence d’un groupe de pression à l’échelle internationale qui manie les mass-médias. (...) Apocryphes ou pas, ce qui est écrit dans "Les Protocoles des Sages de Sion" paraît assez bien correspondre à la réalité des faits étudiés. " Abdelhamid Bdioui, L’Image de l’Arabe et du musulman dans la presse écrite en France (1967-1984), Thèse, université Lyon III. L’affaire Bdioui est ignorée du Rapport Comte. Voir sur le sujet le livre Les Faussaires de l’histoire, éditions Golias, 1999.
1- UN ISLAMISTE SE RÉCLAME DES " PROTOCOLES DES SAGES DE SION " À L’UNIVERSITÉ LYON III.En octobre 1985, un islamiste tunisien, Abdelhamid Bdioui, soutient à Lyon III une thèse intitulée L’Image de l’Arabe et du musulman dans la presse écrite en France (1967-1984). Il y dénonce le MRAP mouvement " judéo-bolchevique " et la LICRA, mouvement " judéo-capitaliste ". Sur la page de garde sont remerciés MM. Roger Deladrière, directeur de la thèse, Ameur Ghedira et Jacques Goudet, professeur d’Italien et président de Lyon III " qui a bien voulu présider le jury ". L’ existence de la thèse Bdioui a été révélée en 1989 par l’organisation antifasciste Article 31-Lyon, à l’occasion des élections tunisiennes auxquelles Bdioui se présente comme candidat islamiste " indépendant ". La revue Politis reprend l’information à l’occasion de l’affaire Notin. Le directeur de la thèse, Roger Deladrière, alors responsable de la section d’arabe de la faculté des langues, déclare : "Cette thèse n’aurait jamais dû être admise à soutenance. J’avais personnellement demandé au président de l’université Jacques Goudet qu’elle ne le soit pas. Il ne m’a pas suivi, et c’est contraint qu’un jury a été constitué et qu’une soutenance a eu lieu" (Politis du 23 mai 1990). Le Président de Lyon III rétorque : "J’ai maintenu la soutenance dans l’intérêt du doctorant. Fonctionnaire tunisien, il avait obtenu l’autorisation de venir en France pour soutenir sa thèse. Le temps était compté. J’ai constaté que si Monsieur Deladrière y était hostile, son point de vue n’était pas partagé par Monsieur Ghedira, le second arabisant du jury. Rien n’interdit à un jury de ne pas décerner le titre de docteur. D’ailleurs je l’avais dit à Abdelhamid Bdioui." Mais le jury a décerné au postulant le titre de docteur pour sa thèse antisémite.
2- L’EXTRÉMISTE BERNARD LUGAN PRÉSIDE LE JURY.En réalité ce n’était pas Jacques Goudet qui présidait le jury, mais Bernard Lugan (voir Affaire Plantin, Affaire Lugan, Affaire Pennaod). Pour l’ancien président de Lyon III : "Les deux arabisants m’ont dit qu’ils voulaient un historien. Africaniste, il était susceptible de s’intéresser à la lecture de cet ouvrage." Quant à Ameur Ghedira, membre du jury cité par Jacques Goudet, on le retrouve au " Centre d’études linguistiques Jacques-Goudet " [sic] avec Jean Haudry, Bruno Gollnisch et Jean-Paul Allard (voir Affaire du jury Roques).
3- LE DOCTEUR BDIOUI TIRE BÉNÉFICE DE SON DIPLÔME EN TUNISIE.Selon Roger Deladrière, "la mention passable est, pour un doctorat, comme une sanction accompagnée de suites administratives et universitaires, en particulier l’interdiction de la diffuser et de la publier telle quelle." Cette explication est analogue à celle donnée par le Rapport Comte pour justifier le DEA Plantin (voir Affaire Plantin). Les enseignants, le Rectorat et le Ministère constateront que, pour certains universitaires, les notes signifient autre chose que leur valeur intrinsèque : un titre de doctorat accompagné de la mention passable est une " sanction ", un DEA accordé avec 11/20 est un " barrage " ! Le travail de Bdioui ne figure pas au fichier central des thèses. Mais il était disponible à la Bibliothèque interuniversitaire de Lyon (avant incendie) sous la cote XG 892.7 5091° BDI. Imprimée en Tunisie par PRIMO Édition (Presses Rapides Intégrées de Monastir), la thèse du nouveau " docteur " circule sous forme de livre.
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