Le drapeau québécois

            Le matin du 21 janvier 1948, le gouvernement de Maurice Duplessis (qui était alors premier ministre du Québec), adopta le fleurdelisé comme drapeau officiel de la province de Québec. Cette même journée, à 15 heures, on remplaça l'Union Jack qui était sur la tour de l'hôtel du Parlement de Québec, par le nouveau drapeau. Le fleurdelisé avait cependant une longue histoire derrière lui...
            Tout d'abord, sous Louis VII (qui fut roi de 1137 à 1180), les fleurs de lis vinrent orner une bannière d'azur, qui précédait le roi partout où il allait. Puis, dans les environs de l'année 1364, Charles V réduit le nombre de fleurs de lis sur la bannière à trois. Cette nouvelle bannière accompagna les rois de France jusqu'à Henri IV, soit aux environs de 1589.
            En 1534, Jacques Cartier plante sur une croix la bannière à fleurs de lis. Cependant, sur son bateau, flottait le nouveau drapeau de la France, une croix blanche sur un fond rouge. Puis, en 1603, alors que Champlain remonte pour la première fois le Saint-Laurent, son navire abordait un nouveau drapeau, à croix blanche sur fond bleu. À cette époque, les vaisseaux du roi utilisaient cependant un drapeau tout blanc. Ce drapeau a, par la suite, été utilisé dans toutes les villes et tous les postes de traite de Nouvelle-France.
            En 1832, les patriotes décidèrent de créer le drapeau tricolore vert, blanc et rouge. Celui-ci fit son apparition lors de la libération de Ludger Duvernay et de Daniel Trace. De plus, il fut très présent lors des rébellions de 1837 et 1838. Cependant, en voyant sa symbolique révolutionnaire le Montreal Herald recommande de le détruire. Puis, le 24 juin 1848, lors d'un défilé à Québec, on montre le drapeau de Carillon, un immense drapeau qui fut véritablement l'ancêtre du drapeau québécois. Ce drapeau comprenait deux rectangles bleus, séparés par une ligne verticale blanche. Chacun des rectangles était orné de 4 fleurs de lis: une dans chaque coin. De plus, le rectangle de gauche comprenait une image de la Vierge, alors que celui de droite portait les armes du marquis de Beauharnois, ancien gouverneur de la Nouvelle-France.
            En 1854, la France et la Grande-Bretagne s'unirent contre la Russie lors de la guerre de Crimée. Le tricolore français (bleu, blanc et rouge), fut adopté par les Canadiens français quelques années plus tard. Ce drapeau resta le drapeau de tous les francophones canadiens et américains jusqu'au vingtième siècle. Puis, au début du siècle, de nombreux projets pour un nouveau drapeau furent mis en place.
            En 1902, Elphège Filiatrault créa le Carillon, un drapeau comprenant une croix blanche sur un fond bleu ciel ainsi qu'une fleur de lis blanche dans chacun des coins. Ce fut la première version du fleurdelisé québécois. Plusieurs années plus tard, soit durant la seconde guerre mondiale, le drapeau Carillon-Sacré-Coeur est très présent. Puis, peu après la seconde guerre mondiale, René Chaloult continue d'essayer de faire adopter le fleurdelisé. Même si plusieurs personnes sont pour ce projet, d'autres s'y opposent fortement car il craignent que l'adoption du fleurdelisé (qui était auparavent utilisé par les séparatistes) cache des visés séparatistes. Chaloult avait, en effet, décrit la province comme "état français", ce qui prouvait que le séparatisme était très présent à cette époque. Quelques jours avant le 21 janvier 1948, alors que la campagne en faveur du fleurdelisé battait son plein, René Chaloult et Maurice Duplessis se rencontrèrent à deux reprises. Au cours de ces rencontres, ils tentèrent de négocier des modifications sur le drapeau. Entre autres, Duplessis souhaitait pouvoir ajouter les armoiries de la province et une couronne rouge, ou bien une feuille d'érable rouge sur le drapeau. Il trouvait également que le drapeau comportait trop de bleu, ce qui ne représentait pas tous les partis politiques. De plus, Chaloult proposa le redressement des fleurs de lis sur le drapeau.
            Le 21 janvier 1948, à 15 heures, un débat sur l'adoption du fleurdelisé comme drapeau officiel québécois devait avoir lieu. Cependant, le débat fut inutile puisque dès le début du débat, Maurice Duplessis annonca que le fleurdelisé flottait déjà sur la tour de l'hôtel du Parlement. En effet, vers 11 heures ce matin là, Duplessis avait appelé Chaloult pour lui annoncer qu'il ferait flotter le fleurdelisé sur la tour du parlement, à 15 heures. Chaloult avait réussi à obtenir ce qu'il souhaitait. Il promit de ne parler à personne de la décision de Duplessis, et lui dit qu'il lui accorderait le mérite de son geste. Vers 11:15, ce matin là, Duplessis convoqua Wheeler Dupont (qui était président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec) à la salle du Conseil des ministres. Il lui demanda de trouver un fleurdelisé avant 15 heures. Ce fut le commissionnaire Ti-Bi Chamberland qui, dans le plus grand secret, hissa le drapeau sur la tour centrale du Parlement, à 15 heures. Comme le drapeau avec fleurs de lis pointant vers le ciel (ce que Maurice Duplessis souhaitait car c'était l'idéal de l'Union Nationale) n'existait pas encore, ce fut le drapeau avec fleurs de lis pointant vers le centre qui fut hissé. Le fleurdelisé fut finalement accepté comme drapeau officiel du Québec, à condition que les fleurs de lis soient placées en position verticale.
            Le 2 février 1948, l'esquisse officielle du fleurdelisé (avec fleurs de lis pointant vers le ciel) fut achevée. Deux ans plus tard, soit le 9 mars 1950, l'Assemblée législative adopta la loi du drapeau officiel.
            Par ailleurs, la signification du drapeau québécois est fort simple. En effet, en language héraldique il signifie "D'azur à la croix d'argent cantonnée de quatre fleurs de lis du même", ce qui signifie que le drapeau est constitué d'une croix blanche et de quatre fleurs de lis, également blanches, le tout sur un fond bleu. La croix blanche est naturellement le symbole d'une nation catholique. Avec les fleurs de lis, elle représente l'origine française (les fleurs de lis étaient symbole de l'ancienne monarchie française), la langue et les traditions chères aux québécois. Le bleu royal représente, quant à lui, la couleur du blason des souverains de France.