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Dimanche 22 mai 2005

Cher M. Ferland,

J'ai lu votre article dans La Presse, je l'ai bien apprécié et je tiens à vous en féliciter. Enfin, quelqu'un qui s'aperçoit de l'état, quelquefois ahurissant, des étudiants! Je fais partie de ces jeunes. Je suis une singe savante : mon agenda déborde, je travaille de 15 à 20 heures par semaine, je désire performer dans tous les domaines et je vis avec une surdose de stress continuel. J'en suis à ma dernière session au Cégep et je n'en reviens toujours pas!! Comment ai-je réussi? Si je comprends bien le sens de «rendent souvent l'âme», je l'ai rendue à maintes reprises. Les fins de sessions me rendent folle et dépressive. J'ai eu, en fin février et début mars (vous savez? cette partie de l'année où l'on envoie nos demandes à l'Université et où l'on se demande qui est-on dans cette société de performance?), selon Baudelaire, un Spleen épouvantable. Ma vie sentimentale, familiale et collégiale en ont subit un gros coup. Pourquoi moi? Pourquoi pas l'autre? J'ai tant pleuré pour n'importe quoi durant mes 2 années de DEC. Est-ce que ça valait la peine de tant s'investir pour un simple morceau de papier avec un sceau en faux or? Je pense que oui, car je suis performante et obsédée par cette perfection de performance! Suis-je sarcastique et réaliste? En plus, j'ai horreur de la communication, alors je garde tout pour moi, un jour j'en peux plus, j'explose, et tout le monde subit ma violence mauvaise humeur. Ces bonbons que l'on appelle antidépresseurs sont du bonheur et de l'énergie compressés?! Tout le monde devrait en avaler une couple, moi la première. Il y a quelques semaines, j'ai sérieusement pensé à aller voir le médecin, mais lorsque j'en ai parlé à mon copain, il m'a dit qu'il y avait d'autres solutions et que je n'étais pas rendue là. J'aurais du y aller quand même, juste pour le dernier mois de la session, juste pour me remonter le moral, juste pour faire disparaître le Spleen, juste pour ne plus pleurer, juste pour être de meilleure humeur, juste pour mieux performer, juste pour voir, juste pour...

Dans quelques semaines, mon calvaire sera terminé et mon diplôme en mains je partirai en voyage. Deux fantastiques mois en Europe avec la personne que j'aime. Deux mois d'Idéale pour deux ans de Spleen. Ensuite, l'Université, la carrière, peut-être la famille...

« [Je vais] finir par prendre les mêmes remèdes que [mes] parents pour avaler la difficile pilule de la performance à tout prix. Et l'école [ne m'aura] servi que de tremplin vers ce meilleur des mondes de demain où tous performeront et consommeront ad vitam aeternam avec le paradis à la fin des jours. Amen!»

Catherine Mia Hudon-Dufresne, Arts Plastiques Ancienne élève en philo 103 à la session d'hiver 2004.